"C'est un petit livre que l'on peut glisser dans sa poche pour le lire en picorant : "La petite fabrique du spectateur, être et devenir festivalier à Cannes et à Avignon". Soit une série de textes courts publiés en leur temps par "Synopsis" (regrets éternels) et par Libération et rassemblés pour la première fois par Emmanuel Ethis. Autant de portraits et d'analyses d'une position si particulière, celle du spectateur. Pour Cannes spécifiquement, ils sont au nombre de 13, soit 13 petits précipités sociologiques réalisés à chaud, in vivo durant une édition comme une autre du Festival. Ils s'appellent Antonin, Gary (né une année où le Festival attendait un autre Gary sur ses marches avant d'être annulé pour cause d'enva&hissement de la Pologne par Hitler...), Damien qui a trouvé son "garçon formidable" à lui en composant un numéro de téléphone entendu dans le film du même nom, ou bien encore Sylviane, l'infirmière et future médecin qui est née au cinéma ou presque avec "La Grande bouffe",... On vous laisse le soin de les découvrir tant ils sont savoureux, étonnants et même parfois déconcertants. Tous inversent la vision d'un spectateur passif, amorphe et non-créatif. Tous donnent raison à Régis Debray qui s'inquiète depuis longtemps d'une mise en accusation du spectateur dont la position généralement assise révélerait la nature conservatrice voire réactionnaire.
"Tous créateurs" serait le slogan des Modernes. Oui, mais, comme le suggérait le médiologue inspiré, à force de vouloir vider la salle de spectacle au profit de sa seule scène, qui regardera, écoutera, comprendra les artistes et sera ému, bouleversé, déstabilisé par eux ? Bonne question en effet. Et pour que le spectacle soit, il faut aussi des spectateurs ! A trop l'oublier, les partisans de l'art par tous et partourt finiront bien par culpabiliser les spectateurs. Ce qui serait un comble. alors, oui, ces portraits de festivaliers cannois à la fois singuliers et normaux nous réjouissent et nous donnent envie de les retrouver dans quelques petites semaines sur la Croisette."
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Les événements relatés ici se sont vraiment déroulés et les personnes décrites ont toutes existé même si quelquefois elles semblent avoir quelque(s) ressemblance(s) avec des personnages imaginaires qui, comme le cinéma, nous aident "à préserver notre foi dans nos désirs d’un monde éclairé, face aux compromis que nous passons avec la manière dont le monde existe..."