18 janvier 2016

Détourner "AU NOM DE TOUS LES MIENS" au profit d'une nouvelle forme de cynisme social...


Le cinéma hollywoodien a réussi à façonner une représentation du monde tout autant amorale qu'exceptionnelle en transformant les conflits de classes sociales ou désignables comme tels en conflits entre des individus qui, certes, portaient des attributs sociaux, mais auxquels on attribuait avant tout des antagonismes de personnes. Ce fût, comme le montre le sociologue Richard Dyer, un tour de force en termes de représentations propres à façonner une certaine vision du monde et donc à repeindre la «réalité en rose». Aujourd’hui, dans nombre de situations sociales ou politiques très quotidiennes, on peut observer une nouvelle évolution dans la rhétorique de la revendication de laquelle on tente de tirer tous les bénéfices symboliques cumulés de "l'ancienne" lutte des classes couplée à des mises en scène très "hollywoodiennes" de conflits inter-individuels qui conduit tel ou tel à prendre la parole soi-disant au nom de tous les siens, de son groupe ou de ce qu’il estime être son centre de gravité social pour faire mine de porter des récriminations qui ne relèvent en réalité que de sa propre et seule situation qu'il espère faire ainsi évoluer favorablement. Dans le fait de prendre la parole au nom d'un collectif qui souvent ne vous a jamais mandaté pour cela mais en prétendant de la sorte "anticiper pour la défense dudit collectif", certains pourront voir là la résolution de ce qui, auparavant, aurait été assimilé à du double-bind (double contrainte), d’autres, plus lucides, comprendront qu’on atteint bien ici l’une des formes les plus achevées du cynisme social. Bien entendu, cette nouvelle rhétorique sociale sera, comme celles qui l'ont précédé, bientôt digérée par Hollywood pour raffiner - n'en doutons pas - les nouveaux "films de société", histoire de renouveler le genre et de complexifier un peu la trame scénaristique. À suivre donc...