"Seule la discrétion permet une véritable liberté dans les rapports : tout peut être dit, si on s'interdit juste certaines choses" (Hector Bianciotti)
Passage à l’heure d’été. Réglage des pendules et des montres. Un moment privilégié pour Damien : l’occasion de rappeler au moins vingt fois le 3699 pour ajuster ses trotteuses sur le timbre informé de cet homme et de cette femme qui, tour à tour, énoncent le temps à haute voix. «je suis sûr que ce sont des vrais humains qui causent à l’horloge parlante, pas des voix de synthèse à deux balles, vraie chaleur et joli ton policé d’instit’ de 35 ans. Quand j’étais gamin, y’avait juste une femme qui parlait, j’aimais déjà bien sa voix à elle, je suis sûr qu’elle avait les jambes lisses – quand on est petit, c’est la première proximité physique qu’on a avec les femmes, les jambes ; d’ailleurs elles le savent bien les femmes et entretiennent tout cela savamment en nous prenant sur leurs genoux pour contrer les hommes qui, eux, veulent toujours nous installer sur leurs épaules -… bref, jusqu’à 6 ans, chaque fois qu’il m’arrivait de me retrouver seul chez moi, j’appelais l’horloge parlante, et je peux même avouer que j’ai appris très tôt à lire l’heure grâce à cette femme aux jambes lisses à qui je dois la faveur de quelques regards d’adultes admiratifs de mes précocités temporelles».
Damien aime à jouir de ces euphories conversationnelles qui l’entraînent vers de magnifiques digressions sur le monde où toutes les inconnues qui ont la voix douce au téléphone ont forcément les jambes lisses ; Damien, qui étudie la sociologie des publics des festivals à l'Université d'Avignon, reste persuadé que l’envers du sens est «sensuel avant d’être signifiant». Dans son studio bien éclairé, un grand mur blanc laqué, avec une seule affiche grand format, Jeanne et le garçon formidable : sur l’affiche elle-même, sont stratégiquement épinglées, c’est-à-dire presque invisibles au premier regard, une repro format carte postale du film d’Hitchcock, Le Crime était presque parfait, et une petite photo de famille, large famille pleine de demis frères et sœurs qui entourent le papa ; Damien est le seul qui ne pose pas sur l’image, il semble surpris par le flash, l’oreille rivée sur son cellulaire. «C’est un petit peu ma vie qu’est ramassée là, le cinéma, la famille et le fil de mes mots téléphonés sur lequel vacillent mes actes « funamburlesques »… C’est vrai, j’adore ce portable ; chaque fois qu’il grelotte, moi, j’ai chaud. Mais bon, si je téléphone sur la photo, c’est pas pour faire le cake, c’est juste qu’on venait de me l’offrir ce portable, pour mon anniversaire… Et là, drôle de coïncidence - d’ailleurs, je préfère dire « connivence du hasard » -, car l’après-midi qui suivait, on a maté une rediff du Crime était presque parfait… et pile au moment où Grace Kelly reçoit l’appel qui devait lui être fatal, mon portable se met à sonner… comme dans le film, personne à l’autre bout, ni Ray Miland, ni personne,.. . j’ai été un instant saisi de stupeur avant de remercier ma famille de m’avoir offert un beau téléphone cinématographique et interactif».
Et, c’est armé de ce fabuleux objet que Damien a rencontré «Le Garçon formidable»… «On a tous, un jour, entendu ou vu dans certains des films, là une adresse, là un numéro de téléphone ; on s’est tous dit que ce serait drôle d’appeler ou d’écrire et on a tous des amis qui nous en disuadent sous prétexte que ce sont des coordonnées bidons mises à dispo par les postes et télécommunications pour le cinéma… Moi, j’ai bien écouté Virginie Ledoyen après sa nuit d’amour avec Mathieu Demy, elle se met à chanter son numéro de téléphone ; et – avantage du portable - je l’ai composé aussitôt ce fameux 04.90.16.25.23* !… Une tonalité, trois sonneries, on décroche… Je commence à bredouiller quelques mots à propos du film, un type super cool me répond, m’explique que c’est bien la première fois qu’on l’appelle à ce sujet, qu’il a bien aimé le film lui aussi. Cela nous a fait rire, on a décidé d’aller boire un verre ensemble, nous confiant l’un à l’autre comme on le fait parfois avec des inconnus. Je lui ai parlé du téléphone, de ma passion du cinéma, et lui, il m’a parlé longuement de sa mère, une femme sublimement belle à la voix si douce et aux jambes… si lisses».
Les événements relatés ici se sont vraiment déroulés et les personnes décrites ont toutes existé même si quelquefois elles semblent avoir quelque(s) ressemblance(s) avec des personnages imaginaires qui, comme le cinéma, nous aident "à préserver notre foi dans nos désirs d’un monde éclairé, face aux compromis que nous passons avec la manière dont le monde existe..."
26 janvier 2012
23 janvier 2012
CANNES 2011 : LA VRAIE DISPARITION D’ELISABETH TAYLOR
«Si un simulacre présentait tous les traits du simulacre, il s’abolirait comme simulacre, du moment même où il atteindrait la perfection mimétique» (Marc Angenot)
En 1955, le sociologue Edgar Morin explique avec justesse qu’à Cannes, on vient mesurer l’écart entre ce que sont les stars dans la vraie vie et les icônes que le cinéma fait d’elles. Mais il faut imaginer que les choses vont souvent plus loin. L’amour du cinéma, la cinéphilie prennent ici des formes bien plus prononcées. Et, un Morin qui reviendrait aujourd’hui pourrait fort bien mesurer la notoriété, la force de l’image des stars dans ce que les spectateurs s’approprient desdites stars. Dans l’euphorie du lieu, on joue à exister, on joue sur l’image et il n’est pas rare de distinguer ici ou là des passions cinéphiliques qui s’expriment dans des tentatives d’emprunt d’images et de simulacres. Parmi les festivaliers, des sosies plus ou moins réussis recherchent à Cannes ce qui n’y est jamais délivré : bien plus qu’une identité de spectateur ou de cinéphile, une identité sociale qui se confondrait avec la fiction cinématographique dont la manifestation fait étalage. Au demeurant, dans ce jeu d’images, l’on se prête toujours à confondre des reflets plus ou moins feints de Catherine Deneuve. Il en va de même pour Faye Dunaway
L’actrice était à Cannes pour présenter ce 12 mai, Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg (1970) dans une copie restaurée. Copie restaurée. Le film a eu beaucoup de mal à démarrer pour cause de problèmes de son. La copie neuve crachotait… Problème de passage au numérique,… Bref… Les spectateurs au troisième redémarrage du film manifestaient leur exaspération et avec une élégance sans pareil, Faye Dunaway se mit à signer des autographes, histoire de faire patienter l’assistance. Face à elle, un certain nombre de femmes qui, sans être de francs sosies, affichaient, une même coiffure, une même douceur, une même élégance dans la façon de se draper d’un châle. L’identité se portait là dans un style et une légèreté. Cannes appelle cette question des identités reconstruites à coups de petits scalpels identitaires touchants qui nous rappellent comment se façonnent normes et différences.
Pour les sociologues habitués du Festival cependant, un constat est patent cette année. En effet, depuis les origines du Festival, l’actrice qui se voyait la plus fréquemment « copiée » et « co-pillée » était Elisabeth Taylor. Cannes pouvait ainsi compter parmi ses spectatrices quelques dizaines d’Elisabeth déclinées. Cette année, elles ont toutes disparues. Impossible de retrouver un quelconque éclat myosotis dans les yeux de ces dames qui venaient ici vieillir avec leur idole. Lorsqu’une vraie star s’éteint, c’est aussi un modèle qui s’évanouit. Elle fait disparaître avec elle toutes celles qui s’appuyaient sur son image pour exister. Et, quand bien même un sosie d’Elisabeth Taylor serait là que nous ne le verrions pas. En sociologie, nous appelons cela un horizon d’attentes construit et reconstruit indéfiniment dans le regard de chacun d’entre nous, un regard, qui, de fait, sait aussi faire disparaître ici de cet horizon celles et ceux dont nous savons fort bien qu’ils ne seront plus jamais au rendez-vous.
par Emmanuel Ethis et Damien Malinas
En 1955, le sociologue Edgar Morin explique avec justesse qu’à Cannes, on vient mesurer l’écart entre ce que sont les stars dans la vraie vie et les icônes que le cinéma fait d’elles. Mais il faut imaginer que les choses vont souvent plus loin. L’amour du cinéma, la cinéphilie prennent ici des formes bien plus prononcées. Et, un Morin qui reviendrait aujourd’hui pourrait fort bien mesurer la notoriété, la force de l’image des stars dans ce que les spectateurs s’approprient desdites stars. Dans l’euphorie du lieu, on joue à exister, on joue sur l’image et il n’est pas rare de distinguer ici ou là des passions cinéphiliques qui s’expriment dans des tentatives d’emprunt d’images et de simulacres. Parmi les festivaliers, des sosies plus ou moins réussis recherchent à Cannes ce qui n’y est jamais délivré : bien plus qu’une identité de spectateur ou de cinéphile, une identité sociale qui se confondrait avec la fiction cinématographique dont la manifestation fait étalage. Au demeurant, dans ce jeu d’images, l’on se prête toujours à confondre des reflets plus ou moins feints de Catherine Deneuve. Il en va de même pour Faye Dunaway
L’actrice était à Cannes pour présenter ce 12 mai, Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg (1970) dans une copie restaurée. Copie restaurée. Le film a eu beaucoup de mal à démarrer pour cause de problèmes de son. La copie neuve crachotait… Problème de passage au numérique,… Bref… Les spectateurs au troisième redémarrage du film manifestaient leur exaspération et avec une élégance sans pareil, Faye Dunaway se mit à signer des autographes, histoire de faire patienter l’assistance. Face à elle, un certain nombre de femmes qui, sans être de francs sosies, affichaient, une même coiffure, une même douceur, une même élégance dans la façon de se draper d’un châle. L’identité se portait là dans un style et une légèreté. Cannes appelle cette question des identités reconstruites à coups de petits scalpels identitaires touchants qui nous rappellent comment se façonnent normes et différences.
Pour les sociologues habitués du Festival cependant, un constat est patent cette année. En effet, depuis les origines du Festival, l’actrice qui se voyait la plus fréquemment « copiée » et « co-pillée » était Elisabeth Taylor. Cannes pouvait ainsi compter parmi ses spectatrices quelques dizaines d’Elisabeth déclinées. Cette année, elles ont toutes disparues. Impossible de retrouver un quelconque éclat myosotis dans les yeux de ces dames qui venaient ici vieillir avec leur idole. Lorsqu’une vraie star s’éteint, c’est aussi un modèle qui s’évanouit. Elle fait disparaître avec elle toutes celles qui s’appuyaient sur son image pour exister. Et, quand bien même un sosie d’Elisabeth Taylor serait là que nous ne le verrions pas. En sociologie, nous appelons cela un horizon d’attentes construit et reconstruit indéfiniment dans le regard de chacun d’entre nous, un regard, qui, de fait, sait aussi faire disparaître ici de cet horizon celles et ceux dont nous savons fort bien qu’ils ne seront plus jamais au rendez-vous.
par Emmanuel Ethis et Damien Malinas
12 janvier 2012
不能说的秘密, le secret qui ne peut être dit
不能说的秘密, « Le Secret qui ne peut être dit » est un film taïwanais réalisé en 2007 par le musicien et acteur Jay Chou, diffusé et récompensé dans les festivals du monde entier sous le titre Secret. Le secret dont il est question ici est au cœur d’une histoire d’amour qui se déroule dans une université qui forme des étudiants doués en musique et particulièrement en piano. Lorsqu’il arrive sur le campus, Ye Xianglun entend une troublante mélodie interprétée par Lu Xiaoyu, une remarquable joueuse de piano. Il n’en saura pas plus sur cette musique car elle lui dit qu’il s’agit d’un secret qui ne peut être dit. Du fait d’un quiproquo, Xianglun va embrasser une autre fille Qing Yi, Xiaoyu va disparaître pendant cinq mois et ce jusqu’au jour de la remise des diplômes puis disparaît de nouveau. Xianglun va alors découvrir que celle qu’il aime était en réalité étudiante dans cette université en 1979, soit près de 20 ans auparavant. Pourquoi ce retour à l’université de Xiago sous les traits de l’étudiante qu’elle était vingt ans plus tôt ? Quel secret Xiaogo partage-t-elle avec Xianglun à l’insu de ce dernier et qui risque de disparaître à jamais le jour où l’on détruira le bâtiment dans lequel se trouve le plus vieux piano de l’université ? Ce que nous laisse découvrir la romance onirique de Jay Chou, c’est le sens du parcours qui nous conduit à revenir sur les lieux de notre université si l’on pense que, quelques années plus tard, on sera mieux en mesure de saisir, quand elle existe, cette part enfouie voire secrète de ce que nous sommes et que la période de nos études a commencé à nous dévoiler.
07 janvier 2012
ENTRER À L'UNIVERSITÉ, la fin d'une "Toy Story"
Entrer à l’université, c’est tenter de se faire reconnaître avec l’enveloppe sociale que nous pressentons pouvoir endosser pour notre future vie d’adulte, c’est commencer à prendre goût à ce sentiment d’exister qui implique que nous en finissions avec toutes les réminiscences de notre enfance et peu importe que ces dernières nous laissent un bon ou un mauvais souvenir, c’est apprendre à dire adieu aux amis avec qui nous avons grandi, à ceux à qui nous avions pourtant juré que nous ne les quitterions jamais. Une déchirure. La première de toutes ces épreuves qui vont s’enchaîner et dont nous devinons qu’il va désormais falloir les affronter vraiment seul. Nous rangeons "une bonne fois pour toute", parfois le cœur serré, tous ces jouets qui nous ont si bien accompagné dans nos moments de solitude. Et c’est en les mettant hors de notre vue que nous touchons à l’incontournable nécessité de nous mettre du même coup, nous aussi, hors de leur portée. Force est de constater que ces jouets sont les derniers à connaître toutes nos fantaisies d’enfance lorsque, sans pudeur, nous leur parlions de tout en feignant d’ignorer que c’est d’abord à nous-mêmes que nous étions en train de parler.
[extrait de l'ouvrage Films de campus par Emmanuel Ethis et Damien Malinas à paraître en 2012 chez Armand Colin]
[extrait de l'ouvrage Films de campus par Emmanuel Ethis et Damien Malinas à paraître en 2012 chez Armand Colin]
03 janvier 2012
THE FRENCH FLOCK TO A FEEL-GOOD MOVIE By Maïa De la Baume
PARIS — When it was released last month, “Intouchables” seemed an unremarkable, lowbrow French comedy, a small-budget film with actors little known outside France hamming it up in a story about a stodgy, disabled aristocrat and the good-humored ex-con whom he hires as his aide. But only four weeks after its release the movie has attracted about 11 million viewers, almost 17 percent of the French population, and critics say it is on course to unseat “Welcome to the Sticks” as one of France’s largest-ever box office success. Since its debut the sometimes slapstick, sometimes poignant, always audience-friendly comedy has led the box office in France, ahead of movies that are already hits, including Steven Spielberg’s “Tintin” and “The Twilight Saga: Breaking Dawn — Part 1.” “It was an enormous surprise,” said Eric Toledano who directed “Intouchables” with Olivier Nakache. The movie was released without fanfare, and “we didn’t expect that it would create such buzz,” Mr. Toledano added. “Intouchables,” or “The Untouchables,” is based on the true story of Philippe Pozzo di Borgo, a wealthy businessman who was left a quadriplegic after a paragliding accident, and his aide, Abdel Sellou, an unemployed, Algerian-born resident of a lower-class suburb, or banlieue, near Paris. (The film recreates Mr. Sellou as a young black man from the housing projects.) The script is centered on the bond that grows between the two. Philippe, played by François Cluzet, is a cultured, well-mannered man who listens to classical music and writes love letters filled with poetry. His counterpoint, Driss, played by Omar Sy, is a hotheaded sort who smokes marijuana, likes Earth, Wind and Fire, and enjoys massages from Chinese prostitutes. For different reasons the characters are lost and lonely, and they end up helping to enrich each other’s lives. “This epic of the tall black and the little white guy is tenderly funny and a true achievement,” said a recent editorial in Le Monde. Some commentators even compared the buoyant humor of “Intouchables” to Frank Capra’s movies.
“It’s well written and well told,” Emmanuel Ethis, a sociologist who specializes in cinema and is the president of the University of Avignon, said in an interview. “It tells a lot about the permanent value of living together in harmony.” Distribution rights for the film have now been sold in 40 countries, including the United States, where the movie is to be released next summer. Harvey Weinstein, the producer who brought “The Artist,” another French film, to American screens last month, recently purchased remake rights. “The movie galvanized people,” Mr. Ethis said. “People came out of the movie deeply moved, and with the impression that they had met wonderful human beings.”Critics have praised the movie for its combination of broad humor and a humanist message, and its ability to poke mild fun at a physical disability. But the film also largely relies on the cheeky nature of Driss, who plays on the stereotyped image of the ignorant loser from the banlieue. In one scene Philippe asks Driss if he knows who Hector Berlioz is. Driss sarcastically answers that Berlioz is a neighborhood in his hometown, playing on the rich man’s expectation that his friend would not have heard of the composer. Critics here have praised “Intouchables” for its spirited punch lines and Mr. Sy’s remarkable, energetic performance, calling the film an antidote to the doldrums of economic recession, a feel-good movie “à la française” in a country rarely viewed — from the outside at least — as having mastered the art of comedy. Many acknowledged that the film’s narratives and lively pace contrasted with the easy humor and often messy scripts of traditional French comedies.“Neglected since the Nouvelle Vague, screenplays have become essential again,” Le Figaro’s reviewer wrote.
That was a reference to the traditional codes of the 1960s New Wave, in which filmmakers “praised the absolute supremacy of the mise en scène and made no secrets that they despised screenplays,” as Philippe Labro, a columnist at Le Figaro put it, noting that “Intouchables” is “far from the lazy and vulgar comedies such as ‘Camping,’ ” a 2006 film about campers in southern France. For more ambitious critics “Intouchables” is an example of a new type of French comedy, with the rise of a generation of filmmakers and producers eager to tell a story in a realistic way and gently mock often dramatic themes. In recent years several bittersweet comedies — “comédies dramatiques” — with strong narratives have met with considerable success, including “Little White Lies,” from last year, about friendship, set at a vacation home, and this year’s “Declaration of War,” which features an atypical couple struggling with their child’s cancer and is France’s entry for best foreign-language Oscar. For Mr. Toledano, the director, French audiences are being drawn to more audacious, even cheeky comedies. “They are tired of American series that are more of an entertainment than a challenge.” But “Intouchables” has also been criticized for its idealistic vision of a world without social gaps, where an aristocrat can befriend an ex-con. The newspaper Libération denounced “the dictatorship of emotion as a camouflage to the total absence of thought,” while Variety pointed at what it called the film’s primitive racism, describing Driss as “a role barely removed from the jolly house slave of yore.” The movie, Variety’s writer added, “flings about the kind of Uncle Tom racism one hopes has permanently exited American screens.”
“It’s well written and well told,” Emmanuel Ethis, a sociologist who specializes in cinema and is the president of the University of Avignon, said in an interview. “It tells a lot about the permanent value of living together in harmony.” Distribution rights for the film have now been sold in 40 countries, including the United States, where the movie is to be released next summer. Harvey Weinstein, the producer who brought “The Artist,” another French film, to American screens last month, recently purchased remake rights. “The movie galvanized people,” Mr. Ethis said. “People came out of the movie deeply moved, and with the impression that they had met wonderful human beings.”Critics have praised the movie for its combination of broad humor and a humanist message, and its ability to poke mild fun at a physical disability. But the film also largely relies on the cheeky nature of Driss, who plays on the stereotyped image of the ignorant loser from the banlieue. In one scene Philippe asks Driss if he knows who Hector Berlioz is. Driss sarcastically answers that Berlioz is a neighborhood in his hometown, playing on the rich man’s expectation that his friend would not have heard of the composer. Critics here have praised “Intouchables” for its spirited punch lines and Mr. Sy’s remarkable, energetic performance, calling the film an antidote to the doldrums of economic recession, a feel-good movie “à la française” in a country rarely viewed — from the outside at least — as having mastered the art of comedy. Many acknowledged that the film’s narratives and lively pace contrasted with the easy humor and often messy scripts of traditional French comedies.“Neglected since the Nouvelle Vague, screenplays have become essential again,” Le Figaro’s reviewer wrote.
That was a reference to the traditional codes of the 1960s New Wave, in which filmmakers “praised the absolute supremacy of the mise en scène and made no secrets that they despised screenplays,” as Philippe Labro, a columnist at Le Figaro put it, noting that “Intouchables” is “far from the lazy and vulgar comedies such as ‘Camping,’ ” a 2006 film about campers in southern France. For more ambitious critics “Intouchables” is an example of a new type of French comedy, with the rise of a generation of filmmakers and producers eager to tell a story in a realistic way and gently mock often dramatic themes. In recent years several bittersweet comedies — “comédies dramatiques” — with strong narratives have met with considerable success, including “Little White Lies,” from last year, about friendship, set at a vacation home, and this year’s “Declaration of War,” which features an atypical couple struggling with their child’s cancer and is France’s entry for best foreign-language Oscar. For Mr. Toledano, the director, French audiences are being drawn to more audacious, even cheeky comedies. “They are tired of American series that are more of an entertainment than a challenge.” But “Intouchables” has also been criticized for its idealistic vision of a world without social gaps, where an aristocrat can befriend an ex-con. The newspaper Libération denounced “the dictatorship of emotion as a camouflage to the total absence of thought,” while Variety pointed at what it called the film’s primitive racism, describing Driss as “a role barely removed from the jolly house slave of yore.” The movie, Variety’s writer added, “flings about the kind of Uncle Tom racism one hopes has permanently exited American screens.”
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