tag:blogger.com,1999:blog-213546302024-03-05T11:02:01.955+01:00socioblog d’emmanuel ethis ///// Le Laboratoire du MerveilleuxLes événements relatés ici se sont vraiment déroulés et les personnes décrites ont toutes existé même si quelquefois elles semblent avoir quelque(s) ressemblance(s) avec des personnages imaginaires qui, comme le cinéma, nous aident "à préserver notre foi dans nos désirs d’un monde éclairé, face aux compromis que nous passons avec la manière dont le monde existe..."Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comBlogger230125tag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-76840610817857087182024-01-05T14:03:00.000+01:002024-01-09T10:31:54.231+01:00L'EAU et L'ILLUSION<p><span style="font-family: georgia;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><span style="font-family: georgia;">"<span style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiHzr-_1lyJdcNY5-hZk8f8kXFMyUElKEFUQBWHDuarHbsmxDHrBcVsptKXpa61A_51A0fdzQBVplIH2AY3sQynCKHTQtVvDBBCyl8rMD8WhHJYso26Ltss7d6-45Gc6FEN5M4Wb-AixMsFQuw12LgXKqWBajqxxFjg_pv8ETi-wFeFWYgsBQ=s694" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="691" data-original-width="694" height="441" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiHzr-_1lyJdcNY5-hZk8f8kXFMyUElKEFUQBWHDuarHbsmxDHrBcVsptKXpa61A_51A0fdzQBVplIH2AY3sQynCKHTQtVvDBBCyl8rMD8WhHJYso26Ltss7d6-45Gc6FEN5M4Wb-AixMsFQuw12LgXKqWBajqxxFjg_pv8ETi-wFeFWYgsBQ=w442-h441" width="442" /></a></span> Vous allez assister à une chose inouïe ! Ouvrez tout grand vos yeux. Voilà… Et maintenant, regardez ! Je commence par verser de l’eau pure dans ce verre… Je dis bien de l’eau pure… A présent, faites bien attention : je commence… Regardez. Voici un cylindre de carton, creux… Creux, vous entendez ? Regardez… Il n’y a rien dedans, n’est-ce pas ! Bon… Je dépose ce cylindre au-dessus du verre… du verre qui contient… qui contient quoi ? De l’eau, de l’eau, parfaitement… Et maintenant, silence ! Faites-bien attention ! Hop… Voilà… c’est fait… A présent, dites-moi s’il vous plaît, ce que contient le verre qui se trouve là-dessous ? Mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest ! C’est de l’eau ! Impossible ! Impossible ! Il réussit bien à le faire, lui ! Bruno, le roi des illusionnistes. Voilà quinze jours que j’assiste à toutes les représentations et que j’essaye de deviner son truc… Hier, je croyais enfin l’avoir trouvé et, au lieu de cela, mille sabords ! De l’eau, de l’eau, de l’eau…</i> "</span></span><p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il faut lire ou relire avec attention ces quelques pages des Sept boules de cristal d’Hergé, dans lesquelles le capitaine Haddock tente de transformer l’eau en vin par l’entremise de quelques passes magiques et d’un matériel identique en tous points à celui du magicien qu’il observe tous les soirs sans relâche. Apparemment sans conséquence, cette scène placée au début du récit de cette aventure de Tintin interpelle pourtant le lecteur sur des questions essentielles d’une profondeur philosophique tout aussi efficace en portée que ludique en partage. </span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Est-ce qu’il suffit d’observer un magicien depuis sa place de spectateur pour comprendre le tour?</span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Est-ce qu’il suffit de posséder le même matériel que lui pour réussir la passe en pratique ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Est-ce qu’il suffit d’imiter pour réussir ? Donner même l’illusion de réussir ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Où se situe le ressort de la connaissance véritable si celle-ci ne vous est pas explicitement transmise dans un cadre propice d’initiation ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Est-ce que la fréquentation assidue d’un tour suffit à se l’approprier ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Où se situe la magie si rien ne provoque l’émotion magique ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’art, d’ailleurs, est-il réductible à cette émotion aussi immédiate soit-elle ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Peut-on, au fond, parler véritablement d’une émotion de la magie et de l’illusion ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quels sont les préalables qui président à l’étonnement face à un numéro ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Est-ce qu’au fond, la naïveté du capitaine Haddock ne relève pas d’une croyance véritable en la magie ou du moins, en un pouvoir porté par ce geste ?</span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La magie en définitive ne serait-elle pas autre chose qu'un concours de circonstances poétiques que l'on est incapable de voir ? </span></span></div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-18493164090497095562024-01-01T10:38:00.000+01:002024-01-09T10:38:55.559+01:00 Discours prononcé lors de l'inauguration du Lycée Mona Ozouf - PLOERMEL<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEixbfIZzSMF1Cs0GRdzvG-9G-w1oQdecEXyD_Ar7TxswLASgWvIn8u4t7u9g_bubOCT7ZgVAahlaed605SNlWgrCAYcqhzs4s1A4kaIhAUbX80hJ2lomx7D1y-wago50jb0n0K_lccrWQaFCyIUB9IWKhdf_fyTa4bKY-efjzaQAq4p0bfp9kYS" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a></div><span style="text-align: justify;"><div style="text-align: left;"><img alt="" data-original-height="330" data-original-width="640" height="331" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEixbfIZzSMF1Cs0GRdzvG-9G-w1oQdecEXyD_Ar7TxswLASgWvIn8u4t7u9g_bubOCT7ZgVAahlaed605SNlWgrCAYcqhzs4s1A4kaIhAUbX80hJ2lomx7D1y-wago50jb0n0K_lccrWQaFCyIUB9IWKhdf_fyTa4bKY-efjzaQAq4p0bfp9kYS=w642-h331" style="font-family: georgia;" width="642" /></div></span><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></span></div><div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr en tant que recteur, c’est important de vous rappeler que le lycée c’est un cadre de travail qui se doit d’être protecteur et qui doit favoriser le bien-être et la réussite de tous nos élèves. J’y suis très attentif et je sais, Monsieur le Proviseur, pouvoir compter sur votre investissement et celui de vos équipes pour y parvenir. Je tiens également à vous remercier car vous vous êtes beaucoup impliqué dans le projet de ce bel établissement que nous venons de visiter.</span></span><p></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="line-height: 24px;">Bien sûr c’est important que je vous dise que cet établissement doit s’inscrire dans les axes majeurs pour notre École</span><span style="line-height: 24px;">, à savoir,</span><span style="line-height: 24px;"> que chaque élève puisse s’y épanouir et y avoir toute sa place. Le rapport au monde de nos élèves s’inscrit aujourd’hui dans un contexte de transition climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés. L’École doit s’adapter à ce contexte en transmettant à nos élèves les grands principes du développement durable qui devront guider leurs choix futurs. Cette sensibilisation va sans aucun doute se construire en vivant au quotidien dans ce lycée lumineux, sobre en énergie et entouré de végétation.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="line-height: 24px;">Bien sûr il faut rappeler que comme partout en Bretagne, nous nous engageons dans le projet «</span><span style="line-height: 24px;"> </span><span style="line-height: 24px;">Bretagne, horizon 2025</span><span style="line-height: 24px;"> </span><span style="line-height: 24px;">»</span><span style="line-height: 24px;">. Je sais, Monsieur le Proviseur, qu’avec vos équipes, votre engagement pour mettre en œuvre la politique éducative de notre belle académie permettra l’enthousiasme des personnels et des élèves. <o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">C’est ainsi que ce bel établissement sera à la hauteur des attentes légitimes de tous les parents et permettra de mener à bien la mission pédagogique, culturelle, artistique, sportive, citoyenne, médicale, sociale ou d’orientation des élèves en fonction des besoins exprimés par chacun des jeunes qui nous sont confiés.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><b><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></b></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr nous portons une attention particulière à chaque territoire breton et en ce sens, la visite de ce jour me semble mettre en lumière une double réussite en matière de politique éducative :<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">- porter la dynamique d’un lieu de formation dans un équilibre social, démographique et territorial,<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">- proposer aux jeunes un accompagnement par des parcours éducatifs de grande qualité.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="line-height: 24px;">Une offre de formation originale est proposée ici, au-delà des filières générales, deux baccalauréats technologiques (technique de laboratoire) et ST2S (techniques sanitaires et sociales) et un BTS économie sociale et familiale. Ce choix permet ainsi de r</span><span style="line-height: 24px;">épondre aux besoins des entreprises de ces secteurs. Les enseignements optionnels ou de spécialités variées viennent compléter cette offre et contribuera, j’en suis certain, à l’attractivité de cet établissement.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr, il faut rappeler que le travail avec notre région et notre président de région est une collaboration étroite. La Région Bretagne est une collectivité bâtisseuse qui investit dans l’École à travers des chantiers comme celui qui nous rassemble aujourd’hui. Et je vous en remercie, Monsieur le Président. Merci pour votre engagement à nos côtés et l’implication de votre institution, prête à innover au bénéfice de tous les jeunes morbihannais. <o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Je souhaite également remercier Madame la vice-présidente, Madame Isabelle Pellerin et ses équipes, avec qui nous échangeons régulièrement autour de nos sujets d’intérêt.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr tout cela est très important mais plus important encore, c’est le sens de tout cela, toute cette énergie, tous ces actes et ces mots pour vous permettre, chers élèves, d’apprendre. Ici au lycée, plus que jamais, vous continuerez à lire des lignes, beaucoup de lignes, mais vous comprendrez aussi <u>ce qui signifie de lire entre les lignes</u>.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Entre ces lignes, vous découvrirez une promesse encore plus belle, la connaissance universelle. Plus que jamais vous apprendrez encore sans doute à gagner en autonomie, à compter, mais aussi à compter sur vous, même à compter pour ceux qui vous aiment, à compter pour faire aussi partie du nombre, et pouvoir aussi sortir de l’ombre.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Comprendre enfin, le plus essentiel, combien la vie peut être belle et se mettre à compter pour elle. <o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Faire la somme de vos différences et vous soustraire à l’ignorance.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Apprendre à écrire votre histoire en appliquant votre écriture, raconter votre propre aventure.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Apprendre à surprendre, enfin tirer la langue sur chaque titre,<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">en n’oubliant jamais qu’écrire son nom sur un cahier, c’est plonger vers sa liberté.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Je dédie ces mots à Mona Ozouf, évidemment, votre « composition française » est aujourd’hui la nôtre. Définitivement, intensément, infiniment, car en lisant entre vos lignes, on comprend que c’est bien à la liberté que nous offre tous les savoirs, que vous nous rappeler et surtout et toujours à ce qui fait de nous des femmes et des hommes de fraternité, c’est notre imagination, c’est notre composition.<o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="line-height: 24px;"><span style="font-family: georgia;">Je vous remercie de votre attention, et tiens à employer ce mot qui sonne si bien quand on l’entend, TRUGAREZ.</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: small;"><o:p></o:p></span></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center;"><br /></p><p align="center" class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center;"><b><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr en tant que recteur, c’est important de vous rappeler que le lycée c’est un cadre de travail qui se doit d’être protecteur et qui doit favoriser le bien-être et la réussite de tous nos élèves. J’y suis très attentif et je sais, Monsieur le Proviseur, pouvoir compter sur votre investissement et celui de vos équipes pour y parvenir. Je tiens également à vous remercier car vous vous êtes beaucoup impliqué dans le projet de ce bel établissement que nous venons de visiter.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr c’est important que je vous dise que cet établissement doit s’inscrire dans les axes majeurs pour notre École</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">, à savoir,</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> que chaque élève puisse s’y épanouir et y avoir toute sa place. Le rapport au monde de nos élèves s’inscrit aujourd’hui dans un contexte de transition climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés. L’École doit s’adapter à ce contexte en transmettant à nos élèves les grands principes du développement durable qui devront guider leurs choix futurs. Cette sensibilisation va sans aucun doute se construire en vivant au quotidien dans ce lycée lumineux, sobre en énergie et entouré de végétation.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr il faut rappeler que comme partout en Bretagne, nous nous engageons dans le projet «</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bretagne, horizon 2025</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">»</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">. Je sais, Monsieur le Proviseur, qu’avec vos équipes, votre engagement pour mettre en œuvre la politique éducative de notre belle académie permettra l’enthousiasme des personnels et des élèves. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">C’est ainsi que ce bel établissement sera à la hauteur des attentes légitimes de tous les parents et permettra de mener à bien la mission pédagogique, culturelle, artistique, sportive, citoyenne, médicale, sociale ou d’orientation des élèves en fonction des besoins exprimés par chacun des jeunes qui nous sont confiés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><b><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr nous portons une attention particulière à chaque territoire breton et en ce sens, la visite de ce jour me semble mettre en lumière une double réussite en matière de politique éducative :<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">- porter la dynamique d’un lieu de formation dans un équilibre social, démographique et territorial,<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">- proposer aux jeunes un accompagnement par des parcours éducatifs de grande qualité.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Une offre de formation originale est proposée ici, au-delà des filières générales, deux baccalauréats technologiques (technique de laboratoire) et ST2S (techniques sanitaires et sociales) et un BTS économie sociale et familiale. Ce choix permet ainsi de r</span><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">épondre aux besoins des entreprises de ces secteurs. Les enseignements optionnels ou de spécialités variées viennent compléter cette offre et contribuera, j’en suis certain, à l’attractivité de cet établissement.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr, il faut rappeler que le travail avec notre région et notre président de région est une collaboration étroite. La Région Bretagne est une collectivité bâtisseuse qui investit dans l’École à travers des chantiers comme celui qui nous rassemble aujourd’hui. Et je vous en remercie, Monsieur le Président. Merci pour votre engagement à nos côtés et l’implication de votre institution, prête à innover au bénéfice de tous les jeunes morbihannais. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Je souhaite également remercier Madame la vice-présidente, Madame Isabelle Pellerin et ses équipes, avec qui nous échangeons régulièrement autour de nos sujets d’intérêt.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr tout cela est très important mais plus important encore, c’est le sens de tout cela, toute cette énergie, tous ces actes et ces mots pour vous permettre, chers élèves, d’apprendre. Ici au lycée, plus que jamais, vous continuerez à lire des lignes, beaucoup de lignes, mais vous comprendrez aussi <u>ce qui signifie de lire entre les lignes</u>.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Entre ces lignes, vous découvrirez une promesse encore plus belle, la connaissance universelle. Plus que jamais vous apprendrez encore sans doute à gagner en autonomie, à compter, mais aussi à compter sur vous, même à compter pour ceux qui vous aiment, à compter pour faire aussi partie du nombre, et pouvoir aussi sortir de l’ombre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Comprendre enfin, le plus essentiel, combien la vie peut être belle et se mettre à compter pour elle. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Faire la somme de vos différences et vous soustraire à l’ignorance.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Apprendre à écrire votre histoire en appliquant votre écriture, raconter votre propre aventure.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Apprendre à surprendre, enfin tirer la langue sur chaque titre,<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">en n’oubliant jamais qu’écrire son nom sur un cahier, c’est plonger vers sa liberté.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Je dédie ces mots à Mona Ozouf, évidemment, votre « composition française » est aujourd’hui la nôtre. Définitivement, intensément, infiniment, car en lisant entre vos lignes, on comprend que c’est bien à la liberté que nous offre tous les savoirs, que vous nous rappeler et surtout et toujours à ce qui fait de nous des femmes et des hommes de fraternité, c’est notre imagination, c’est notre composition.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; font-size: 11pt; line-height: 22px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Baskerville Old Face", serif; font-size: 12pt; line-height: 24px;">Je vous remercie de votre attention, et tiens à employer ce mot qui sonne si bien quand on l’entend, TRUGAREZ.<o:p></o:p></span></p></div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-38626127021063449242023-02-02T08:02:00.006+01:002023-02-02T08:02:52.132+01:00Rôle des institutions culturelles et des pédagogies contextuelles pour renforcer la société de la connaissance<p><span style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; text-align: justify;">Renforcer la société de la connaissance, c’est avant tout réfléchir territorialement à comment investir l’ensemble des temps de la vie et l’éducation artistique et culturelle qui est un levier très efficace dans le cadre de ce déploiement.</span></p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 16px; text-align: justify;"><br /></p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;">En France, en Bretagne, à titre d’exemple, nous avons déployé ce que nous appelons les Aires Marines Educatives. Cela consiste à confier à nos enfants la responsabilité d’une partie du littoral de Bretagne, des plages, des roches,… Nous avons pour ambition de faire de toute la Bretagne une Aire Marine Educative. Nous allons également travailler sur les fleuves avec les Aires Fluviales Educatives, et sur les terres avec les Aires Terrestres Educatives. Si je prends ces exemples très précis c’est qu’ils renvoient à une responsabilisation de nos enfants pour leur environnement, un environnement pour lequel ils s’engagent. </p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 16px; text-align: justify;"><br /></p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;">Cet engagement mobilise bien au-delà de l’école les institutions culturelles et scientifiques de nos territoires car pour décrocher le label « Aires Marines, Aires Fluviales, Aires Terrestres », nos enfants doivent construire un véritable projet avec des partenaires institutionnels. Chaque projet revêt une dimension scientifique pour comprendre comment fonctionne la mer, la place, l’écosystème, la biodiversité,… Une dimension écologique liée au développement durable pour comprendre comment agir pour son territoire et le protéger sur la longue durée… Une dimension d’éducation artistique et culturelle pour se saisir de son territoire et se le représenter, le représenter pour les autres, en parler, se faire ambassadeur de la mer, des fleuves et de la terre, bref reprendre en main un récit commun. Près de 100 000 petits Bretons ont investi ce label des aires marines et des autres aires… Ce que nous construisons avec ces éducations transverses, ce sont bien des sociétés de la transmission et des communautés d’apprenants d’un nouveau genre.</p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 16px; text-align: justify;"><br /></p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;">L’impact de ces expériences est très puissant car elles permettent de construire de nouvelles sociabilités en lien avec les familles, les amis et impliquent de créer aussi des espaces participatifs de qualité entre l’environnement familial, personnel de chaque enfant, et l’environnement éducatif institutionnel, au bénéfice d’une bonne appropriation du parcours éducatif dans son ensemble et ce autour de nos paysages, des paysages qui deviennent ainsi sous nos yeux de véritables espaces participatifs de connaissance. C’est un moyen très utile de renforcer la société de la connaissance car on apprend avec son environnement et pour son environnement. On retrouve là les principes éducatifs chers à John Dewey de l’éducation par l’expérience avec une continuité réelle entre la société et l’éducation dans tous les temps de la vie. Déployant autant des dispositifs d’éducation formelle et non formelle, avec les Aires Marines, « l’école devient ici une forme de vie sociale, une communauté en miniature étroitement liée aux autres modes d’expérience que le groupe vit en dehors de l’école ». </p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 16px; text-align: justify;"><br /></p>
<p style="background-color: white; color: #18376a; font-family: Helvetica; font-size: 12.7px; font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;">Bien sûr, tout ceci implique une formation mutuelle de l’ensemble des acteurs qui interviennent autour de ce type de projets où l’on croise conformément à la Charte de l’Education Artistique et Culturelle expériences et pratiques, rencontres et connaissances. De tels projets ne peuvent aboutir en effet que sur la base d’un engagement mutuel des différents partenaires : communauté éducative et monde culturel, secteur associatif et société civile, Etat et collectivités territoriales, mais aussi environnement familial et amical. Ceci implique enfin que nous mesurions très précisément les «effets éducatifs » de telles expériences sur la longue durée. C’est pourquoi nous allons suivre grâce à l’équipe de recherche de l’Institut National Supérieur de l’Education Artistique et Culturelle (INSEAC) sur dix ou vingt ans une cohorte entière d’élèves pour mesurer comment l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie renforce non seulement la société des connaissances mais participe, en développant la capacité de chaque enfant d’agir sur son environnement, à instruire aussi le sens qu’il peut ainsi donner à sa citoyenneté. Je vous remercie.</p>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-49368349060496645932023-02-02T08:01:00.000+01:002023-02-02T08:01:10.644+01:00 Renforcer les droits de l’homme et soutenir la diversité culturelle dans et à travers les systèmes éducatifs<ul><li style="font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 8px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En 2016, le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Education ont adopté un document essentiel à l’initiative du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle : la Charte de l’éducation artistique et culturelle. Cette charte en dix articles très simples rappelle quelques principes en direction de notre système éducatif et nos institutions culturelles et notamment celui de la préoccupation d’une éducation artistique et culturelle accessible à tous, une éducation à l’art et une éducation par l’art, dans tous les temps de la vie qui permettent à tous de fréquenter des œuvres, rencontrer des artistes, acquérir des connaissances. On retrouve formalisées en principe les préoccupations qui oscillent entre universel et particulier, entre local et global, que l’on se réfère à la DUDH comme aux différents textes de l’Unesco qui jalonnent ces préoccupations entre droit à la culture et droits des cultures. Renforcer ces droits implique donc de renforcer à la fois le droit à la culture et le droit des cultures avec toutes les zones de flous que cela peut comporter tant sur le plan des définitions que sur celui des leviers d’action possibles donc, en conséquence sur la portée réelle en termes d’obligations et de ressources que chaque pays serait susceptible de mettre en oeuvre. En 1970, l’Unesco a estimé que l’article 27 de la DUDH impliquait que les autorités qui ont la charge d’une communauté ont le devoir de fournir à tous ses membres les moyens effectifs de participer à la vie culturelle et non pas seulement celui de respecter leur droit à y prendre part. En 2001, la Déclaration université de l’Unesco sur la diversité culturelle dessine plus précisément un lien entre culture et pluralité des identités et l’expression « identité culturelle » traverse le texte de bord à bord pour aboutir à des contours plus clairs de l’idée de diversité comme le précise l’article 5 de cette déclaration, article qui stipule que « <i>toute personne doit pouvoir s’exprimer, créer et diffuser des oeuvres dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle. Toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles</i> ». L’acception de la culture s’en trouve par-là même élargie car celle-ci ne saurait plus s’entendre sous sa seule acception des beaux-arts ou des belles lettres. Et il faut bien considérer cet élargissement comme une prise en considération de la manière dont on conçoit le temps libre consacré tant à la formation de soi, à son enrichissement, à une émancipation qui est autant personnelle que collective. Pour s’en convaincre, je vous invite à lire le remarquable ouvrage que l’historien Paul Veyne a consacré à Palmyre. Palmyre écrit-il ne ressemble à aucune autre cité de l’empire tant on y sentait souffler un frisson de liberté et de mutliculturalisme où se mêle Aram, Arabie, Perse, Syrie, Hellénisme, Orient et Occident. Métaphoriquement Palmyre nous montre combien tout patchwork culturel loin d’aboutir à l’universelle uniformité ouvre avant tout la voie à l’universalité. Pour le dire avec ses mots « <i>ne connaître, ne vouloir connaître qu’une seule culture, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir</i> ». </span></li><li style="font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 8px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Notre Charte de l’éducation artistique et culturelle ne parle pas explicitement de droits culturels, mais bien d’accessibilité pour tous et se veut pragmatique face à une démocratisation de la culture par trop théorique qu’elle prendrait le risque de ne jamais être atteinte. Ainsi s’appuyant sur l’article 1 de notre Charte de l’EAC, en 2017, le Président de la République française, Emmanuel Macron, dans la lignée de ses prédécesseurs a inscrit l’éducation artistique et culturelle, non seulement dans son programme, mais dans ses chantiers prioritaires en impulsant le 100% EAC, c’est-à-dire en inscrivant l’éducation artistique et culturelle comme une politique publique dotée d’indicateurs spécifiques et partagés par le ministère de la culture et de l’éducation nationale : chorales, lectures silencieuse, lectures à voix haute, réappropriation de son patrimoine de proximité, ciné-clubs, ouvertures aux arts ludiques, orchestres à l’école, artistes en résidence, artistes intervenants,… La politique volontariste de l’Etat et de plus en plus des collectivités territoriales ont sonné la remobilisation de toutes les parties prenantes de l’éducation artistique et culturelle et de l’éducation populaire pour porter cette généralisation à l’échelle nationale du 100% EAC afin de donner et de partager le goût de l’expérience collective de la culture. À cette fin, a été créé notre PASS Culture qui permet de financer des projets d’EAC dès le collège jusqu’à plus de 18 ans démarrant avec des projets collectifs pour s’émanciper avec une part du PASS individuelle. Grandir et s’émanciper avec la culture en faisant confiance à l’individu détenteur du Pass, c’est en ce sens totalement inédit car les jeunes français deviennent, on peut le voir ainsi, de véritables petits mécènes de la culture.</span></li>
<li style="font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 8px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-stretch: normal; line-height: normal;"></span>Le Pass culture devient ainsi un levier de l’EAC pour tous et les projets d’éducation artistique et culturelle prennent ainsi tout leur sens. </span></li>
<li style="font-stretch: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-stretch: normal; line-height: normal;"></span>J’aimerais insister ici sur l’importance que peut revêtir l’expérience commune, l’expérience partagée, mieux encore l’expérience synchronisée de l’éducation artistique et culturelle. Ainsi, en Bretagne, région de France où j’exerce ma mission de recteur, j’ai instauré depuis 3 ans, le quart d’heure de lecture silencieux synchronisé proposant aux 600 000 élèves de Bretagne le vendredi à 13h51 de s’arrêter en même temps, au même moment pour lire durant 15 minutes le livre qu’ils aiment, les professeurs, les administratifs, les techniciens s’arrêtent évidemment en même temps qu’eux pour lire aussi le livre qu’ils aiment. Je vous laisse imaginer les vertus de cette synchronisation. Elle permet une véritable socialisation par la lecture plaisir dans tous nos établissements scolaires. Elle permet à chacun, dans le respect de sa culture et de la diversité de venir dans l’école avec un livre qu’il ou elle aime vraiment, donc d’en parler, de le montrer, de partager ses passions par ce geste de la lecture plaisir, de participer à un élan collectif dans le geste et éminemment respectueux dans le choix, bref de façonner l’esprit d’une immense communauté de lectrices et de lecteurs. Désormais, en collège, j’ai des enseignants qui, grâce au Pass Culture, accompagnent celles et ceux qui n’ont pas de livres à la maison dans une librairie pour apprendre à choisir et donc à acheter le livre qui leur plait. La démarche est vertueuse et complète car, grâce à un dispositif pensé de A à Z et désormais enseigné aux futurs enseignants au sein de notre Institut National Supérieur de l’éducation artistique et culturelle, nous espérons faire de l’EAC un fondamental partagé de l’interministériel jusqu’à l’échelle des plus petites collectivités pour, comme l’écrivait Condorcet en 1792, <i>« ne laisser subsister aucune inégalité qui entraîne de dépendance »</i>. C’est en inventant ainsi des expériences communes partageables et respectueuses de chacun que nous parviendrons, nous en sommes convaincus, à reprendre pied dans un récit collectif ancré dans la diversité culturelle et respectueuse des droits à la culture et des droits des cultures, c’est à dire des droits de l’homme.</span></li></ul>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-41451221398514520502022-02-01T12:29:00.006+01:002022-02-01T12:30:24.045+01:00 France 2030, former et traduire pour relever le défi d’une nation créative<p><span style="text-align: justify;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEh9FoXQZlGlJMSf0a8tCBz7ORV4lACd6fT4Ltsa1M-jqFQUF6DHw9ogz7FcLPj0YSfpqqBBMu1Ul9JoS3kJe6hjDWQbVofdGkQU9VWW527xnUmZnTDx6FQ01g601YNnvmc5aAdVyRTmuPFpigdXCrqjjIvOrUIwiW__UoEzgoVhg4NZ7pcKMA=s999" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="667" data-original-width="999" height="319" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEh9FoXQZlGlJMSf0a8tCBz7ORV4lACd6fT4Ltsa1M-jqFQUF6DHw9ogz7FcLPj0YSfpqqBBMu1Ul9JoS3kJe6hjDWQbVofdGkQU9VWW527xnUmZnTDx6FQ01g601YNnvmc5aAdVyRTmuPFpigdXCrqjjIvOrUIwiW__UoEzgoVhg4NZ7pcKMA=w477-h319" width="477" /></a></div>« <i style="text-align: justify;">Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs </i><span style="text-align: justify;">». Huitième objectif prioritaire présenté par le Président de la République pour inscrire la France de 2030 dans un destin dont la portée devra être internationale. Pour tenir ce rang mondial en termes de contenus, il importe en conséquence, que lesdits contenus possèdent un puissant capital d’exportation, c’est-à-dire des qualités propres pour être désirés dans d’autres aires culturelles que la nôtre. Si ce préalable s’énonce simplement, sa mise en œuvre,</span><span style="text-align: justify;"> plus complexe, implique que nous envisagions avant tout de réinvestir notre « appareil de formation », la manière la plus opérante pour un pays d’accompagner ses transformations. Car produire de nouveaux contenus culturels et créatifs de manière massive – tant sur le plan quantitatif que qualitatif – implique que l’on forme en grand nombre des individus de tous les horizons sociaux et culturels afin de développer notre potentiel de talents envisagés dans la plus large diversité possible. </span><p></p><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;">Une nation créative est une nation dans laquelle on place la créativité comme un fondamental au cœur des apprentissages dès le plus jeune âge. De fait, on multiplie les chances d’éveiller les vocations des futurs professionnels de la création. C’est ce qu’a réussi la Corée du Sud en moins d’une dizaine d’années. C’est ce qui a permis aux pays scandinaves de s’imposer avec des polars qui sont aujourd’hui des modèles du genre. C’est aussi la voie que nous empruntons avec l’emblématique série Lupin produite par <i>Netflix</i>, ou les formidables créatifs de l’animation issus des Gobelins, tous porteurs d’une authentique <i>French Touch </i>exportable. Aussi, pour faire évoluer notre appareil de formation, il faut se reposer sur le diptyque incontournable pour installer une nouvelle génération élargie de créatifs culturels : former et traduire. </div><div style="text-align: justify;"> </div><div style="text-align: justify;">Former, c’est d’abord s’appuyer sur une éducation artistique et culturelle pour tous qui accompagne le développement de l’esprit créatif de tous nos élèves tout au long de leur parcours scolaire. Le « 100% éducation artistique et culturelle » suppose que l’on intègre l’idée que les talents imaginatifs peuvent se révéler partout – et c’est là notre richesse majeure – pour changer le paradigme de la formation. C’est parce que l’on apprend à lire et à écrire à tous les enfants que nous nous donnons une chance de voir surgir des auteurs de n’importe quel milieu social ou culturel. Former, c’est aussi installer des filières d’écriture, non pas dans des écoles spécialisées, mais bien au cœur de tous les établissements d’enseignement supérieur, en formations initiales et continues, en filières générales, technologiques et professionnelles parce que les FASP – les Fictions À Substrat Professionnel – constituent un réservoir inépuisable d’histoires inscrites dans nos réalités. Les plus belles fabriques créatives prennent toujours appui sur un quotidien que l’on sait sublimer par l’entremise de notre imagination. Former, c’est enfin apprendre à traduire. Traduire nos imaginaires en fiction. Traduire nos fictions pour qu’elles soient signifiantes au-delà de nos frontières culturelles propres. « <i><span style="color: #1b1b1b;">Il faut parler (aimer suffit) au moins deux langues </span></i><span style="color: #1b1b1b;">–</span><i><span style="color: #1b1b1b;"> </span></i><span style="color: #1b1b1b;">écrit Barbara Cassin –</span><i><span style="color: #1b1b1b;"> pour savoir qu’on en parle une, que c’est une langue que l’on parle</span></i><span style="color: #1b1b1b;"> ». Cet apprentissage est ludique, par nécessité, indispensable pour rendre intéressants pour le plus grand nombre </span>nos fictions, nos jeux vidéo, nos œuvres et nos productions culturelles cinématographiques et audiovisuelles. Ce n’est pas pour rien que Pasolini pensait que « <i>La traduction, sous tous ses aspects, est l’opération la plus vitale pour l’homme </i>», c’est aussi le cœur de toute œuvre qui aspire à diffuser sa part d’universalisme. </div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-24143339995268255662021-09-08T12:21:00.006+02:002021-09-08T12:22:57.189+02:00La lecture, une grande cause nationale<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtehDe65PK4ANs6MsCCiz9eDMJ1evJlcrthnghuWCgZhCLhPEeOPpDmIKPbFT74CcnyaWb_WPaLsMYXMedKyZi31xeXdj65snD-2uL_xwaX9j3ooKJXNauLP2aR6Jj6RJPWI-F/s820/Children-reading.png.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="312" data-original-width="820" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtehDe65PK4ANs6MsCCiz9eDMJ1evJlcrthnghuWCgZhCLhPEeOPpDmIKPbFT74CcnyaWb_WPaLsMYXMedKyZi31xeXdj65snD-2uL_xwaX9j3ooKJXNauLP2aR6Jj6RJPWI-F/w614-h240/Children-reading.png.webp" width="614" /></span></a></div><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: left;"><br /></div><b><div style="text-align: left;"><br /></div></b></span></span><p></p><p style="text-align: left;"><span style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: georgia;"><br /></span></b></span></p><p style="text-align: left;"><span style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: georgia;"><br /></span></b></span></p><p style="text-align: left;"><span style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: georgia;"><br /></span></b></span></p><p style="text-align: left;"><span style="text-align: justify;"><b><span style="font-family: georgia;"><br /></span></b></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: justify;"><b><br /></b></span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: justify;"><b>Imaginez une école, un collège, un lycée, une université où, une fois par semaine au moins, tout le monde s’arrête, au même instant, sort de son sac un livre qu’il ou elle aime, et se plonge durant quinze minutes dans une lecture silencieuse. Ensemble, chacun son livre. </b>Cette magnifique expérience de la lecture plaisir se généralise depuis trois ans, en Bretagne et ailleurs, et contribue comme jamais à nous réinventer comme un peuple de lecteurs. </span><span style="text-align: justify;">Façonner un temps pour lire ensemble, se resynchroniser dans ce moment de lecture silencieuse, découvrir le livre de son professeur et de tous les adultes de son établissement, cela se p</span><span style="text-align: justify;">rolonge souvent par des discussions denses et profondes sur ce qu’on aime lire et ce qu’on aurait envie de partager ou de faire partager. Parfois, c’est l’envie d’aller à la rencontre de l’auteur du livre, une opportunité qui peut devenir projet si l’auteur est vivant et qu’il accepte de venir nous parler. </span><span style="text-align: justify;">L’envie crée l’envie lorsqu’au détour du livre on décide de découvrir un autre livre du même auteur, puis son œuvre, puis la place de cette œuvre dans l’histoire de la littérature. Lorsque le livre qu’on aime est adapté au cinéma ou dans une série, alors on prend goût à confronter le film au texte. On se forge un esprit critique. La pratique, la rencontre, les connaissances forment les trois piliers de ce que l’on nomme éducation artistique et culturelle (EAC).</span></span></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Au mois de juin, la lecture a été déclarée « grande cause nationale » par le Président de la République. Cela signifie une volonté forte de mettre la lecture au cœur de la vie des Français et porter, évidemment, une attention particulière en direction des plus jeunes et de ceux qui en sont éloignés. Mais cette grande cause nationale doit aussi nous conduire à poser de nouveau – ensemble – une question fondamentale : «qu’est-ce que lire ?» Lire, bien évidemment, c’est d’abord « savoir lire ». Mais lire c’est aussi tenter de comprendre le sens du plaisir que l’on peut trouver dans l’acte de lire. Et ne nous y trompons pas, le plaisir de lire ne découle pas mécaniquement du savoir lire. Comme le résume si bien Erik Orsenna : <b>«lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire. Puis on imagine des mondes»</b>. Chaque mot est pesé. Regarder l’horizon puis imaginer des mondes. Des mondes qui, à leur tour, deviendront des horizons à condition de comprendre combien la lecture est une activité à la fois individuelle et sociale. Elle devient sociale lorsqu’on échange, que l’on parle, que l’on défend un livre, un texte, une phrase que l’on aime et que l’on parvient à comprendre pourquoi ceux-ci font écho en nous, nous aident à nous comprendre nous-même et le monde qui est le nôtre. Et c’est bien là le sens d’une éducation artistique et culturelle qui est avant tout une éducation poétique, c’est-à-dire une éducation où l’on apprend à connaître, pratiquer et aimer dans un même mouvement. </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"> </span></div><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Les chemins qui nous conduisent à aimer la lecture ou à transmettre le goût de lire sont multiples et souvent délicats. Il faut observer ces chemins avec attention et respect, même lorsqu’ils sont plus tortueux que prévu. C’est aussi cela l’objectif de l’EAC, de ce défi majeur qui doit permettre à tous de comprendre notre monde dans tout ce qu’il possède de richesse créative afin d’entretenir l’un de nos biens les plus précieux pour continuer à développer notre pouvoir d’apprendre : <b>l’imagination.</b></span></div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-82993485055149880102021-06-03T13:21:00.006+02:002021-06-03T13:27:51.546+02:00L’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle du Cnam pour suivre la première et la seule formation nationale niveau Master en éducation artistique et culturelle<p style="text-align: center;"><em style="box-sizing: border-box; color: var(--primary-color);"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">Briser des murs, ériger des ponts</span></em></p><div style="box-sizing: border-box;"><p style="box-sizing: border-box; margin: 1em 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><img alt="Plan de coupe de la prison de Guingamp (Crédit : Christophe Batard)" height="188" src="https://www.cnam-inseac.fr/Files/Download/23-9596" style="box-sizing: border-box; max-width: 100%;" width="642" /></span></p><p style="box-sizing: border-box; margin: 1em 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La création de l’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle (Inseac) au sein du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) répond à la volonté conjointe des ministères de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de la Culture et de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, du Conseil Régional de Bretagne, du Département des Côtes-d’Armor, de Guingamp-Paimpol Agglomération, de la Ville de Guingamp et du Conservatoire national des arts et métiers de déployer le premier lieu dédié à la formation, à la recherche à l’animation et la production de ressources en éducation artistique et culturelle (EAC).</span></p><p style="box-sizing: border-box; margin: 1em 0px; text-align: justify;"><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-family: georgia; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;"><br /></span></p><p style="box-sizing: border-box; margin: 1em 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;">Les formations de l'Inseac s'adressent aux étudiantes et étudiants, enseignantes et enseignants, artistes, médiatrices et médiateurs culturels, animatrices et animateurs socio-éducatifs et élues et élus locaux avec pour objectif l’accompagnement au développement des projets d'éducation artistique et culturelle et la création d’un environnement favorable à l’</span><strong style="box-sizing: border-box; caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;">essor de l’EAC sur l'ensemble du territoire national</strong><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;">.</span></span></p><p style="box-sizing: border-box; margin: 1em 0px; text-align: justify;"><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-family: georgia; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;">A la rentrée universitaire de septembre 2021, l'Inseac ouvre deux formations accessibles en formation initiale et continue :</span></p></div><div class="content-box content-box-secondary-alt" style="box-shadow: var(--shadow-set); box-sizing: border-box; margin: 1em 0px; padding: 1.5em 1em;"><ul style="box-sizing: border-box; caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;"><li style="box-sizing: border-box; text-align: justify;"><span color="inherit" style="box-sizing: border-box; font-family: georgia; font-style: italic; font-weight: 800;"><a href="https://www.cnam-inseac.fr/diplome-master-culture-communication-eac" style="box-sizing: border-box; color: inherit; font-style: italic; font-weight: 800;">Master « Culture et communication - Éducation Artistique et Culturelle, Idéation, Dynamiques et Pratiques : Arts et Techniques des Publics, Interactions et Transmission »</a></span></li></ul><div style="text-align: justify;"><span style="color: #333333;"><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); letter-spacing: 0.23999999463558197px;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #333333;"><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); letter-spacing: 0.23999999463558197px;"><br /></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #333333;"><span style="caret-color: rgb(51, 51, 51); letter-spacing: 0.23999999463558197px;">On peut également y suivre une formation niveau BAC+1</span></span></div><p></p><ul style="box-sizing: border-box; caret-color: rgb(51, 51, 51); color: #333333; font-size: 16px; letter-spacing: 0.23999999463558197px;"><li style="box-sizing: border-box; text-align: justify;"><a href="https://www.cnam-inseac.fr/bac-1-agent-accueil-eac" style="box-sizing: border-box; color: inherit; font-style: italic; font-weight: 800;"><span style="font-family: georgia;">Bac +1 « Agent d’accueil des publics de l'Education Artistique et Culturelle »</span></a></li></ul></div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-49602905137164362282021-06-02T14:53:00.013+02:002021-06-07T14:58:31.964+02:00À propos de la généralisation du Pass Culture... Entretien<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i><b></b></i></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: times;"><i><b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidwDSH3UoUlLIDMLWvvg-CI4s2XhxC_M-sXO4QEdey7kzZwE9zsaq-HiUTZcv5HQg4dmzfvZ7Ui5_9AUDngLqnTq4kFx4XH7fYhyphenhyphen4QUG3ZUXTwvyZK5pip-cKr5BJ6C9OD3txC/s756/Capture+d%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran+2021-06-07+a%25CC%2580+14.55.20.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><img border="0" data-original-height="756" data-original-width="730" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidwDSH3UoUlLIDMLWvvg-CI4s2XhxC_M-sXO4QEdey7kzZwE9zsaq-HiUTZcv5HQg4dmzfvZ7Ui5_9AUDngLqnTq4kFx4XH7fYhyphenhyphen4QUG3ZUXTwvyZK5pip-cKr5BJ6C9OD3txC/s320/Capture+d%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran+2021-06-07+a%25CC%2580+14.55.20.png" /></a></b></i></span></div><span style="font-family: times;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-style: italic; font-weight: bold;"><br /></span></div><i><div style="text-align: justify;"><i><b>Généralisé après deux ans d'expérimentation, le Pass culture, <a href="https://www.franceculture.fr/politique/emmanuel-macron-je-veux-creer-un-pass-culturel-tous-les-jeunes-18-ans-auront-500-euros" rev="en_rl_none" title="A"><span style="color: #065588;">promesse de campagne d'Emmanuel Macron</span></a>, est présenté par l'Élysée comme le chantier culturel prioritaire de son quinquennat. Pour l'officialiser, le chef de l'État a fait un déplacement ce vendredi 21 mai à Nevers, dans la <a href="https://www.gouvernement.fr/les-actions-du-gouvernement/culture/pass-culture-toute-la-culture-dans-votre-main" rev="en_rl_none" title="A"><span style="color: #065588;">Nièvre, un des quatorze départements</span></a> où l'application géolocalisée a été testée.</b></i></div></i></span><p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;">Tous les jeunes âgés de 18 ans peuvent à présent s’inscrire sur le <a href="https://pass.culture.fr/" rev="en_rl_none" title="A"><span style="color: #065588;">site pass.culture.fr</span></a>, télécharger ce "GPS de la culture" et, pendant 24 mois, bénéficier de spectacles, musées, films, livres, ou pratiques artistiques près de chez eux, et aussi d’offres en ligne : abonnement presse et magazines, musique, jeux vidéo, avec pour les offres numériques un plafond fixé à 100 euros et des entreprises françaises privilégiés, comme Deezer et OCS. Les géants américains Netflix et Amazon ne font pas partie des partenaires. </span><span style="font-family: times;">De 500 euros au total, pendant la phase d’expérimentation, le montant passe à </span><b style="font-family: times;">300 euros</b><span style="font-family: times;">. Mais cette réduction sera finalement bientôt compensée. </span><b style="font-family: times;">En janvier 2022, un nouveau volet du Pass culture sera mis en place pour plus de trois millions de jeunes supplémentaires</b><span style="font-family: times;"> : les collégiens et lycéens, avant leurs 18 ans, pourront en effet, de la quatrième à la terminale, bénéficier d’un crédit, lissé sur cinq ans, de 200 euros et seront guidés, dans leurs dépenses, par leurs professeurs. </span><span style="font-family: times;">Les questions de médiation et de diversification des activités culturelles ont été étudiées de près pour améliorer le Pass culture, pour ajuster son utilisation, pour davantage l’éditorialiser, avec des recommandations et l'affichage de propositions alternatives, aux recherches faites spontanément : proposition d’un théâtre ou d’un musée à un jeune venu pour un jeu vidéo, par exemple. </span><span style="font-family: times;">Et sur le terrain, pour les publics les plus éloignés en zone rurale et les plus défavorisés dans les QPV, Quartiers prioritaires de la politique de la ville, des partenariats ont été signés avec le réseau des missions locales ou encore avec les écoles de la deuxième chance, pour les jeunes sans emploi ni qualification. </span><span style="font-family: times;">Le Pass culture est déjà une réalité partout en Bretagne dont les quatre départements ont participé à la phase d'expérimentation et avec succès, selon </span><b style="font-family: times;"><a href="https://www.franceculture.fr/personne-emmanuel-ethis.html" rev="en_rl_none" title="A"><span style="color: #065588;">Emmanuel Ethis</span></a></b><span style="font-family: times;">, recteur de l’académie de Bretagne et vice-président du </span><a href="https://www.education.gouv.fr/le-haut-conseil-de-l-education-artistique-et-culturelle-11552" rev="en_rl_none" style="font-family: times;" title="A"><span style="color: #065588;">Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle</span></a><span style="font-family: times;">.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">De 500 euros pendant la phase d'expérimentation, le montant du Pass Culture passe ce 21 mai 2021, à 300 euros pour tous les jeunes âgés de 18 ans, avec un plafond fixé à 100 euros pour les offres numériques.• Crédits : <i>Ministère de la Culture</i></span></span></div><div style="text-align: justify;"><b><span><span style="font-family: times;">L’expérimentation du Pass culture a ciblé 150 000 jeunes de 18 ans et dans votre région, en Bretagne, on peut parler déjà de généralisation et faire un bilan ? </span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">On a commencé par le Finistère et depuis quelque temps, c'est toute la Bretagne en effet qui expérimente le Pass. Et on peut dire que c'est un vrai succès, avec plus de 66 000 bénéficiaires inscrits, soit près de 92% des jeunes de 18 ans qui se sont lancés dans cette expérience dans la région. Sachant qu'au fond la Bretagne présente un passé très intéressant d'éducation populaire et d'éducation artistique et culturelle, très ancrées dans les habitudes des jeunes Bretons. Quand je dis succès, c'est parce que cela a permis une démultiplication d'un certain nombre de pratiques, en favorisant des "premières fois". </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">C'est un travail qui a été mené main dans la main avec la Direction régionale des affaires culturelles. Des coordinateurs sont allés voir les lieux visés. Il y a donc eu un travail de médiation important pour pouvoir sensibiliser tout le monde. Une information et donc vraiment des possibilités de "premières fois" qui ont été organisées, comme une "première fois" au théâtre pour certains de nos usagers. Et puis un bilan que l'on retrouve sur le plan national, sur l'achat de livres, la sortie au cinéma, dans cette hiérarchie qui ressemble au reste de la France avant que ce ne soit généralisé ailleurs. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Les livres sont en tête toujours et particulièrement pendant la crise sanitaire puisqu'en Bretagne les librairies ont très bien fonctionné sur le Pass, avec 76% des dépenses durant les mois de fermeture des lieux culturels. La musique, le cinéma et l'audiovisuel arrivent ensuite, avec des taux de 10 à 12%. Après, on voit que pour ceux qui ont dépensé le plus sur leur Pass, de véritables stratégies sont imaginées. J'ai rencontré pas mal de jeunes qui m'ont dit s'en être servis pour l'achat d'un instrument de musique, des partitions et aussi pour des sorties collectives. C'est un point qu'il ne faut pas négliger. Le Pass culture, en plus de son usage individuel, permet aux jeunes de 18 ans de s'associer collectivement pour faire des sorties ensemble. L'aspect sociabilité-socialisation joue à plein.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><b><span><span style="font-family: times;">Il y a eu, selon vous, une vrai diversification des activités culturelles ?</span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Oui, cette diversification a plutôt bien fonctionné, en effet. Je pense que le Pass culture permet aussi cette petite prise de risque qui fait que l'on va voir des choses auxquelles on n'était pas habitué. On fait des choses, sans doute que nous n'aurions pas faites si nous n'avions pas cette possibilité d'avoir un Pass. En tout cas, c'est ce que nous disent souvent ceux qui vont sur des territoires de découverte. Un quart des répondants en Bretagne, par exemple, ont participé à leur premier concert grâce au Pass culture.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><b><span><span style="font-family: times;">Les publics les plus éloignés, en zone rurale et les plus défavorisés, dans les QPV, Quartiers prioritaires de la politique de la Ville, ont-ils bien été pris en compte, comme l’assure l’Élysée ? Ce sont des publics qu’il a fallu chercher, mobiliser, accompagner ?</span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">D'après ce que nous disent les chargés de mission Pass culture, les pratiques ne sont pas moins élevées chez les bénéficiaires des QPV : 8,5% des inscrits, proportion similaire à celle des jeunes de 18 ans résidant dans ces quartiers, au niveau national. Mais c'est vrai qu'ils sont plus difficiles à toucher, à mobiliser. Le travail de médiation, d'accompagnement est tout à fait nécessaire sur l'information auprès des MJC, des points information jeunesse, des missions locales, des maisons solidaires rurales... nous sommes sur tous les territoires. En Bretagne, des volontaires de service civique ont été spécifiquement recrutés, par la Direction régionale des affaires culturelles, pour jouer le rôle de médiateurs, faire ce travail auprès de ces territoires. Je pense que c'est d'ailleurs une dimension qu'il ne faudra pas oublier par la suite. La dimension de la médiation et de celle qui permet effectivement d'avoir des informations régulières sur le Pass. La dimension de sociabilisation est très importante et cela doit être accompagnée, évidemment. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Pour les zones rurales, le public est éloigné peut-être en termes d'accessibilité à certains équipements culturels, mais il n'est pas du tout éloigné de la culture. J'ai pu voir en Centre Bretagne, dans les territoires ruraux, des jeunes qui utilisent évidemment le Pass culture, parce que pour eux c'est une opportunité. À travers déjà les offres numériques, même si elles sont plafonnées, mais aussi justement par rapport au fait d'aller acheter des livres en librairie, les ramener chez soi. Le plus important au fond, depuis qu'on travaille en sociologie de la culture, c'est l'initiation aux pratiques de sortie. Aller acheter un livre en librairie, c'est aussi une pratique de sortie. Il faut la considérer ainsi. C'est une belle manière d'envisager les choses en matière culturelle. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><b><span><span style="font-family: times;">Mais pour ces populations-là, les questions de transport et de déplacement ne sont-elles pas cruciales ?</span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Absolument. Mais elle concerne à peu près tous les enjeux de socialisation, qu'il s'agisse de se rendre au lycée, à l'université. C'est une constante. Et là, pour le coup, c'est vrai que c'est un enjeu à prendre en considération. Il faut savoir qu'aujourd'hui la région Bretagne a entamé une réflexion pour que les sorties culturelles liées au Pass culture soient associées à ces questions de transport et de déplacement, notamment pour les sorties en soirée ou les sorties en festivals. Mais si c'est quelque chose qui relève d'un aspect matériel, il faut vraiment savoir aussi que ce qui motive avant tout, c'est l'objectif qu'on tente d'atteindre à travers le Pass, c'est-à-dire la pratique culturelle ou la pratique artistique, puisqu'il y a aussi des pratiques artistiques qui se développent grâce au Pass.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">En tout cas, les jeunes que j'ai rencontrés et qui étaient à fond dans l'utilisation de leur Pass, ceux qui avaient déjà leurs stratégies pour le dépenser jusqu'au bout, sont des jeunes extrêmement débrouillards. À chaque fois, ils trouvent des manières de faire pour pouvoir se déplacer, notamment par le covoiturage, par les TER, qui sont des outils qu'ils ont l'habitude de pratiquer en général. Ces partenariats, évidemment, sont importants pour nous. Il s'agit d'élargir l'offre de transport pour pouvoir accéder aux propositions culturelles faites sur le Pass. Mais les deux sont profondément liés. Je pense qu'il sera très important de continuer ce travail qui consiste à avoir des propositions culturelles, avec des possibilités claires de se déplacer pour pouvoir y accéder.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><b><span><span style="font-family: times;">Un nouveau volet du Pass culture va être mis en place en janvier prochain pour les collégiens et lycéens, de la quatrième à la terminale. Que pensez-vous de cette intégration de l'application dans le parcours d’éducation artistique et culturelle des scolaires, de cette volonté d’appropriation de l’outil numérique dès l’âge de 13 ou 14 ans ?</span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Aujourd'hui, l'outil numérique est très présent chez nos jeunes. Nos ministères sont très attentifs et engagés sur l'initiation et tout le travail fait dans nos collèges et lycées autour des pratiques du numérique. Et la période de confinement que nous avons vécue montre à quel point l'outil numérique, quand il est bien utilisé, peut être un outil de démocratisation formidable. Donc, oui, le fait que les collégiens vont pouvoir bénéficier de 25 euros par élève en quatrième et en troisième et les lycéens de 50 euros par élève par an, de la seconde à la terminale, c'est l'enjeu de ce Pass élargi. C'est une manière de construire des sorties collectives, de travailler sur des projets d'éducation artistique et culturelle, en lien avec les établissements et les structures culturelles ou les artistes. Et je peux vous dire que le travail fait avec les rectorats et la Direction régionale des affaires culturelles compte beaucoup pour pouvoir consolider ces propositions. C'est vraiment quelque chose de tout à fait essentiel, parce que c'est une initiation. Quand on cherche par un Pass à une démocratisation de la culture qui vise aussi à ces questions d'égalité devant la culture et les pratiques artistiques, je tiens à dire que c'est vraiment l'enjeu majeur. On voit que les inégalités culturelles se posent et se reposent systématiquement. Travailler sur cette initiation à la sortie culturelle, au projet d'éducation artistique et culturelle, c'est ce qui permettra de garantir par la suite, effectivement, des publics citoyens de demain.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Quand on devient citoyen et qu'on s'émancipe par rapport à nos pratiques culturelles, on est amené à faire des choix. Il est important que les jeunes très tôt explorent aussi bien les expériences collectives au niveau scolaire que des expériences individuelles, pour leur capital culturel, pour se construire et se distinguer quelquefois des autres. Les étudiants utilisent beaucoup le Pass quand ils arrivent à l'université et quand ils s'éloignent du milieu familial pour prendre leur émancipation qui est souvent aussi une émancipation culturelle. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Le Pass culture est perçu souvent chez les jeunes comme un beau signe de confiance. Ce n'est pas rien comme enveloppe financière à dépenser. Ce n'est pas rien comme enveloppe financière consacrée aux arts et à la culture. Et je pense que c'est assez stimulant pour eux d'imaginer que eux-mêmes, qui ont bien entendu aussi des discours pendant la crise sanitaire, puissent se sentir parfaitement acteurs de nouvelles pratiques culturelles en sortie de confinement, acteurs à part entière, d'où qu'ils soient, en participant à la culture de notre pays. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><b><span><span style="font-family: times;">Plus de quatre millions de jeunes vont pouvoir bénéficier du Pass culture, à partir de janvier 2022. N'est-ce pas considérable ?</span></span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">C'est considérable, mais c'est aussi la moindre des choses dans un pays qui porte si fort que le nôtre ses valeurs des arts et de la culture. Penser à ce que seront les publics de demain, dans cinq ans, dans dix ans, cela se prépare très tôt, le plus tôt possible si l'on veut s'éviter à l'avenir des déceptions, dans les constats sociologiques de "ce sont toujours les mêmes qui vont à la culture ou qui sont présents à la fête culturelle". </span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><br /></span></div><div marginbottom="0" paddingbottom="0" style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: times;">Dans les trajectoires à la fois pédagogiques et dans la trajectoire de chaque jeune, c'est le plus tôt possible que l'on construit aussi cet appétit de culture qui ne demande qu'à se développer. Il n'y a rien de pire qu'un jeune qui ne peut pas accéder à une proposition culturelle simplement parce qu'il n'en aurait pas les moyens ou parce qu'il n'aurait pas cette curiosité d'aller plus loin. Et on voit combien à la fois l'éducation joue un rôle pour pouvoir s'élever, mais aussi pour le partage et la possibilité d'accès. C'est quelque chose qui doit être engageant et engagé le plus tôt possible, quels que soient les niveaux sociaux. Cette diffusion essentielle que permettra le Pass culture est en tout cas vraiment une belle promesse d'espoir !</span><span style="font-family: georgia;"> </span></span></div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-64633444127495559682021-03-04T11:35:00.001+01:002021-03-11T11:02:34.899+01:00L'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE, principe actif et référence internationale des politiques culturelles (Extraits de la Postface de l'ouvrage coordonné par Eric Fourreau)<div class="03Titregrascp12">
<i><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">« La jeunesse constitue un extraordinaire élément d’optimisme, car elle sent d’instinct que l’adversité n’est que temporaire et qu’une période continue de malchance est tout aussi improbable que le sentier tout droit et étroit de la vertu. » </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Charlie Chaplin</span></span></i></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0XxjxMnPLEZV8QBHwxow4LSWPBRMhdP36fB8ioehugPULo19a1W0cATpJSPA6-8h824S9B0irqHnfJJDZyw3l909QgfWPATfsdVDo7JuepuJcc6KLYhXIXks1tjamFwvVdo9O/s1600/livre-couv1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0XxjxMnPLEZV8QBHwxow4LSWPBRMhdP36fB8ioehugPULo19a1W0cATpJSPA6-8h824S9B0irqHnfJJDZyw3l909QgfWPATfsdVDo7JuepuJcc6KLYhXIXks1tjamFwvVdo9O/s400/livre-couv1.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Mai 2018. France. Bourg-Saint-Andéol. Lors d’une rencontre consacrée à la signature d’une convention départementale pour le développement de l’éducation artistique et culturelle en Ardèche, un département français qui a inscrit ce projet dans la stratégie territoriale de ses intercommunalités de communes, un des acteurs culturels présents lance une question à l’assemblée : « À vous entendre, faut-il comprendre que demain, pour monter un projet artistique, si l’on veut des financements, il faudra obligatoirement mettre en avant un argumentaire consacré à l’éducation artistique et culturelle pour les habitants ? Est-ce que c’est devenu l’alpha et l’oméga des politiques publiques en France en matière culturelle ? » </b></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mai 1975. Venezuela. Caracas. Dans un garage, un économiste et musicien – José Antonio Abreu – réunit 11 enfants autour d’une idée simple qu’il va ériger en principe politique : faire de la musique en collectivité un droit pour tous. Selon Abreu, nous portons tous un potentiel artistique. Si nous apprenons à développer le potentiel de chacun plutôt que de ne soutenir que les talents repérés comme exceptionnels, alors nous apprendrons de concert à développer les capacités spécifiques de chaque enfant. La musique n’est plus un art réservé à quelques-uns, elle se conçoit comme un moyen d’expression à part entière et, comme le langage, on peut la développer à des niveaux différents en adoptant une approche individualisée, et cela surtout si l’on commence dès la petite enfance. El Sistema va ainsi devenir un programme d’éducation artistique et culturelle qui va transformer le pays : </span><span style="background-color: white; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">« </span><em style="font-family: georgia, "times new roman", serif;"><span style="font-style: normal;">Depuis quarante ans, affirme le directeur général d’El Sistema, à peu près 2 millions d’enfants ont bénéficié du programme d’éducation musicale. Et nous pensons que cela a vraiment changé la vie des gens. Avant, il était compliqué d’avoir un accès à l’art, la culture. Maintenant cela se démocratise. Les gens savent ce que signifie la musique, et pas seulement les enfants, aussi leurs frères et sœurs, leurs parents, leurs voisins. Tout le monde sait quand quelqu’un fait partie d’un orchestre d’El Sistema et c’est une grande source de fierté. Maintenant, le Venezuela est perçu comme un pays d’excellence musicale, et cela a eu beaucoup d’impact sur la société en général.</span></em><span class="apple-converted-space" style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"> » </span></span><span class="apple-converted-space" style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white;"><b>Ce que nous montrent ces deux témoignages, comme ce que nous ont présenté les textes de cet ouvrage, c’est que l’éducation artistique et culturelle, pour exister, doit avant tout être porteuse de sens pour un pays, une nation, une société tout entière</b>. Ce sens ne saurait être dilué, détourné ou privatisé, ni dans les projets, ni dans les structures, ni dans de trop complexes dispositifs d’administration ou de médiation. L’EAC porteuse de sens, cela signifie qu’elle s’inscrit, voire qu’elle s’impose au cœur du récit d’un territoire, qui peut se raconter grâce à elle tant pour ceux qui la vivent que pour ceux qui la portent sur le plan politique. </span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avec la fin des idéologies totalitaires et le développement de l’économie numérique, beaucoup de pays ont mis la culture au cœur de leur politique. Que ce soit en Amérique latine, dans une perspective de reconstruction sociale, en Asie pour développer l’économie ou dans le monde arabe pour renouer avec un récit national et offrir des perspectives à la jeunesse. L’EAC constitue à chaque fois le socle de ces politiques culturelles. Cela n’est pas étranger au fait que l’agenda culturel proposé en 2007 par la Commission européenne reconnaît la valeur de l’éducation artistique et culturelle. Par la résolution du 24 mars 2009, à propos des études artistiques dans l’Union européenne, le Parlement européen formule des recommandations fondamentales pour le développement de l’éducation artistique, et appelle à une meilleure coordination des politiques en matière d’éducation artistique à l’échelle de l’UE. Dans la même optique, l’« agenda de Séoul » proposé lors de la 2</span><sup style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">e</sup><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">conférence mondiale de l’Unesco de mai 2010 sur l’éducation artistique, en présence de plus de 650 représentants officiels et experts en éducation artistique venus de 95 pays, s’articule autour de trois objectifs principaux pour le développement de l’EAC, objectifs interdépendants et communs à tous les pays et à tous les acteurs et environnements : </span></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<br />
<ul>
<li><b style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">s’assurer que l’EAC soit accessible à tous en tant que composante fondamentale et durable du renouveau qualitatif de l’éducation ;</b></li>
<li><b style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">s’assurer que la conception et la transmission des activités et des programmes liés à l’EAC soient de grande qualité ;</b></li>
<li><b style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">appliquer les principes et pratiques de l’EAC pour contribuer à relever les défis sociaux et culturels du monde contemporain. </b></li>
</ul>
</div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<br /></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Tout est écrit !</b><o:p></o:p></span></div>
</div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<br /></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La France a de nombreux atouts à faire valoir en matière d’éducation artistique et culturelle sur le plan international, ne serait-ce que par l’image de référence pour l’art et la culture qu’elle conserve dans de nombreux pays. Ainsi, les sollicitations des partenaires sur les questions d’EAC se font de plus en plus nombreuses. Pour exemple, des ateliers franco-taiwanais sur l’EAC ont été organisés à l’automne 2017 avec le ministère de la Culture, et en mars 2018 cela a été au tour de Singapour d’accueillir un séminaire d’échange avec de grands établissements culturels français sur cette thématique. Plusieurs pays d’Amérique latine, comme le Mexique, le Chili ou l’Argentine, sont demandeurs d’échange avec la France sur ces problématiques. En juin 2018, le ministère de la Culture accueille dans le cadre de son programme « Courants du monde » une quinzaine de professionnels étrangers dans un séminaire sur cette thématique spécifique pour venir échanger avec des professionnels du ministère et différents opérateurs associatifs et culturels. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Mais nous ne saurions nous contenter de ces exemples emblématiques et nous avons tout intérêt à profiter également de l’expérience de nos partenaires étrangers.</b> En particulier en changeant la donne sur cette séparation qui reste forte en France entre soutien institutionnel à la culture et éducation populaire. Nous aurions là tout à gagner à nous inspirer d’expériences étrangères où cette frontière n’existe pas, comme en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud ou au Mozambique. L’éducation à l’art et par l’art pratiquée dans les pays du Nord de l’Europe est aussi un modèle inspirant. Lors des journées d’étude des conservatoires de France, Helena Maffli, présidente de l’Union européenne des écoles de musique (EMU), expliquait que la force de l’éducation artistique en Finlande plonge ses racines dans la tradition musicale. Le réseau des écoles de musique couvre tout le pays, et depuis cinquante ans des centaines d’écoles publiques abritent des classes spéciales à profil musical. Dans le sillage de la musique, les autres arts ont suivi, ainsi que la spécialisation et l’autonomie des établissements scolaires pour déterminer leur propre profil pédagogique et développer et choisir leurs méthodes d’enseignement, tout en respectant le plan national. Dans les écoles de musique, 36 % des élèves ont entre 0 et 6 ans et suivent des cours d’éveil musical, ce qui donne une base solide pour la suite de la formation et créer un rapport personnel et durable avec la musique. Le modèle de collaboration entre les disciplines artistiques en Finlande est le fruit d’une concertation entre les éducateurs et enseignants qui fonctionne dans une dynamique « bottom-up ». </span><b style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">C’est au reste ce que soulignent bien le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, lorsqu’ils rappellent tout l’intérêt des partenariats entre les écoles et les bibliothèques dans notre pays, ou lorsqu’ils projettent de déployer, au-delà d’une rentrée en musique dans tous les établissements scolaires, un « plan chorale » pour chaque école et chaque collège en partenariat avec des structures culturelles professionnelles. </b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il en va de même pour les projets construits en lien avec le <i>Labo des histoires</i>, dévolu au développement de l’écriture et de la lecture. </span></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>L’expérience internationale de l’éducation artistique et culturelle, c’est avant tout une inflexion dans notre manière d’envisager les bonnes pratiques</b>, point sur lequel </span><a href="https://www.blogger.com/null" name="_GoBack" style="font-family: georgia, "times new roman", serif;"></a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Helena Maffli insiste lorsqu’elle cite les écoles hongroises, tchèques, slovaques ou bulgares, des écoles où la cohabitation entre musique « savante » et traditionnelle est pratiquée. Les traditions régionales et folkloriques sont enseignées avec une excellence pédagogique et connaissent un rayonnement exceptionnel, au même niveau que la musique ou la danse classique et parfois au-delà. Ainsi, en Bulgarie, la technique vocale particulière à ce pays et les traditions régionales sont enseignées aux enfants et aux jeunes dans les écoles. De fait, la prise de conscience de l’importance de l’EAC est parfois plus ancienne dans des pays où la politique culturelle est moins structurée qu’en France, pays où souvent de nombreuses initiatives privées ou associatives ont pu voir le jour, en commençant par la dynamisation consubstantielle de l’éducation. On compte parmi ces pays Belgique, Danemark, Norvège, Autriche, Malte et Irlande, où des organisations et des réseaux d’artistes et de structures culturelles ont été créés pour encourager l’EAC et mieux la valoriser. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Que ce soit pour la richesse des corpus artistiques à faire connaître, au-delà des grands maîtres classiques européens ou des civilisations disparues, ou pour mener un dialogue avec d’autres pratiques qui peuvent la nourrir, l’éducation artistique et culturelle telle que nous la concevons en France en nous frottant aux expériences internationales gagne à poser à nouveau ses fondamentaux, surtout lorsque Emmanuel Macron, le président de la République, inscrit en tête de sa politique culturelle un pourcentage simple qui résonne bien plus qu’un simple slogan : le 100 % EAC. Une nécessité, un rappel à l’ordre, une convocation du sens des projets que nous menons en direction de notre jeunesse, des familles, des amis, des collectifs et des artistes qui font vivre l’art et la culture dans notre pays. En 2016, la France s’est dotée d’une charte pour l’éducation artistique et culturelle</span><sup style="font-family: georgia, "times new roman", serif;"><span style="background-color: yellow; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">1</span></sup><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">en 10 points afin de rendre explicite en des mots simples son ambition qualitative qui, articulée à l’objectif 100 % EAC, est propre à réinscrire durablement notre art et notre culture dans notre histoire, une aventure de coresponsabilité entre tous les acteurs qui contribuent à construire et réaliser cette ambition. </span><b style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">Cette coresponsabilité vers le 100 % EAC devrait bel et bien constituer l’alpha et l’oméga d’une nouvelle référence internationale, si elle parvient à donner à tous les mêmes bases, la même confiance en soi, pour que chacun puisse raconter une expérience esthétique commune dans laquelle il pourra inscrire l’histoire éclairée d’un citoyen du monde : la sienne. </b></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<br /></div>
<div class="07Notedebdpcp08">
<b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: x-small;">Note<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="07Notedebdpcp08">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small;">1. http://eduscol.education.fr/cid105396/charte-pour-education-artistique-culturelle.html</span><o:p></o:p></span></div>
<div class="06Txtcourantcp10">
<br /></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-44859927514648263432021-03-03T15:25:00.000+01:002021-03-11T11:00:20.201+01:00NOSTALGIE DU VIDÉOCLUB, le temps des choix sans algorithme<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjsAu_PI0v6ZtK9rPD-r21CG9Frx0X2uGQVJ00oSP5aNA02UI0wnaXrbbobcSArKpEIUjUbnGV031khLOrHMJExYvJbJf9jBF6ueJLIAwqigX0uUMz-BDXtBiKF5MbAnnERlxq/s1600/La_Folle_Journee_de_Ferris_Bueller.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: left;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1175" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjsAu_PI0v6ZtK9rPD-r21CG9Frx0X2uGQVJ00oSP5aNA02UI0wnaXrbbobcSArKpEIUjUbnGV031khLOrHMJExYvJbJf9jBF6ueJLIAwqigX0uUMz-BDXtBiKF5MbAnnERlxq/s640/La_Folle_Journee_de_Ferris_Bueller.jpg" width="467" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"><b>La plupart de ces lieux ont
aujourd’hui disparu, emportés par l’offre surabondante de services numériques
qui promettent l’immédiateté, la disponibilité et l’accès à un catalogue de
films avec lequel aucun lieu « en dur » ne serait en mesure de
rivaliser. </b>Pour la génération des années 1980/1990 qui a connu et
fréquenté les vidéoclubs de quartier au moment de leur apogée, persiste
cependant une authentique nostalgie de ces espaces, à la fois tous différents
et tous pareils, où l’enjeu primordial était, la plupart du temps, de trouver
la ou les VHS qui permettraient de passer un bon moment seul ou entre amis. L’objectif
était atteint lorsque l’on découvrait la « perle », c’est-à-dire le
film dont souvent la sortie en salles ne lui avait pas permis de culminer en
tête du box-office, mais qui, pourtant, aux yeux de ces nouveaux spectateurs
vidéophiles du samedi soir, fourmillait d’une inventivité scénaristique
incroyable, d’un art de la réplique inégalé ou était la promesse d’une nouvelle
avant-garde artistique qui n’attendait que leur regard avant que d’être révélée
au grand public et à la critique à qui cela avait échappé. Très vite, les
habitués des vidéoclubs se les sont figuré comme de véritables cavernes d’Ali Baba
où ils allaient pouvoir développer une sagacité cinéphilique bien différente de
la cinéphilie légitime et de la critique officielle. C’est, entre autres, ce
qui justifie le sentiment de nostalgie vis-à-vis des anciens vidéoclubs de
quartier : d’une part, ils représentaient l’utopie de posséder une
totalité culturelle délimitée par les quatre murs du magasin et l’agencement de
leurs étales ; d’autre part, ils matérialisaient la promesse de se forger,
par et pour soi-même, une culture cinéphilique d’apparence informelle, mais
maîtrisée, c’est-à-dire loin de la fatalité en termes de choix imposée par ces
non-lieux : ceux de la programmation nationale des complexes cinématographiques
ou ceux la consécration télévisée portée par l’entremise du « fameux »
film du dimanche soir.</span></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
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<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sans doute la particularité la
plus singulière du vidéoclub était-elle de posséder très peu voire un seul
exemplaire des VHS des films qu’il proposait, ce qui avait pour conséquence cardinale
d’encourager de façon incidente la curiosité des adeptes du lieu. En effet, il
était courant que la nouveauté, très recherchée par le tout-venant de la
clientèle, était déjà sortie, qu’elle n’avait toujours pas été rapportée ou bien
été réservée « au moins pour les trois jours à venir », qu’il fallait
bien se rabattre sur « autre chose » pour occuper ses « soirées -vidéopizzas ».
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’était là autant d’occasions où s’inaugurèrent
bon nombre de carrières cinéphiliques pour les membres du club les assidus et
les plus réguliers. Le fait d’évoluer physiquement entre des étagères couvertes
de VHS, celui de choisir son film après avoir consulté le verso de la jaquette
sur lequel figuraient le genre, les acteurs, le réalisateur, de lire le résumé
du récit, celui de discuter du film avec le responsable du club ou avec
d’autres clients présents dans le magasin et susceptibles d’apporter leur expertise,
tous ces actes constituaient en eux-mêmes le rituel parfaitement rodé et
fondateur de la démarche active de la plupart des publics du vidéoclub. <b>Que
toutes ces œuvres soient exposées les unes à côté des autres sur un terrain
d’égale visibilité, qu’elles ne soient pas assorties d’une note d’appréciation
à la clé ou de commentaire a priori, que ce ne soit pas un algorithme qui se
substitue à la sociabilité d’une recommandation entre pairs, tout contribuait à
faire de nos vidéoclubs de quartier une véritable petite institution
rousseauiste, c’est-à-dire un lieu où tout visiteur pouvait décoder en
transparence le contexte et le sens social de ce qui allait motiver ses actes
et ses choix culturels.</b></span></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
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<br /></div>
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<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Durant près de vingt ans, de
façon presqu’imperceptible, la petite communauté des membres de vidéoclubs de
quartier avait élaboré, sans l’objectiver sur le moment, ce qui pouvait
s’apparenter à une pragmatique induite d’une nouvelle cinéphilie populaire.
Celle-ci avait su façonner une socialisation et une pratique régulées dans la
vie de ses membres. Guidée par l’esprit positif de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Feel Good Culture</i> du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Buddy Movie</i>,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>elle s’était constitué sa propre
hiérarchisation des œuvres, avait ciselé leurs lettres de noblesse à des films
qui, sans elle, auraient été passées à l’étrillage assuré de l’histoire
cinématographique académique. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">The Thing, Ferris
Bueller’s Day off, The Lost Boys, Robocop, Stand by me, The Breakfast Club,
Clerks, Aliens, Last Action Hero, Point Break, True Romance, Ricochet, Pulp
Fiction, Operation Dragon, Indiana Jones 2, Rocky 3, The Fugitive, Jaws
2,…</i> Grâce aux spectateurs des vidéoclubs, ces films ont trouvé une
notoriété accidentelle en inventant un lien non intimidant, non pas contre,
mais avec le panthéon règlementé du cinéma légitime, permettant à ce dernier de
se repenser depuis l’espace démocratique des petites boutiques de VHS de prêt.
Ces petites boutiques ont transformés nombre de salons domestiques en de
véritables forums de débats sans modérateur autour de la qualité de ces films
dont la principale prétention était de mettre du ludique au cœur de nos
cultures visuelles. En 2008, alors même qu’ils avaient bien entamé leur
processus de disparition, le réalisateur Michel Gondry leur consacre un film
hommage cocasse qui met en scène des tenanciers de vidéoclubs contraints à
retourner par leurs propres moyens les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">SOS
fantômes </i>et autres <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Miss Daisy et son
chauffeur</i> le jour où ils découvrent qu’à cause d’un phénomène magnétique
toutes les cassettes de leur magasin ont été effacées. Les films ainsi
« retournés » vont rencontrer un succès sans pareil auprès des
clients du vidéoclub. <b>Avec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Soyez sympa,
rembobinez,</i> Michel Gondry fait plus qu’écrire le manifeste posthume d’une pratique
culturelle tombée en désuétude, il nous rappelle que parfois, alors que la
diversité culturelle s’exprime sous nos yeux, nous ne savons ni chausser les
lunettes qui conviennent pour la reconnaître, ni faire d’un projet au succès
inopiné une ambition commune et partagée.</b> On y pense et puis, on oublie.</span></div>
</div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-87549963245351463232021-03-02T15:05:00.000+01:002021-03-11T11:01:43.477+01:00L'EXHIBITION DES CICATRICES<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-style: italic;">"Levons notre verre aux femmes qui boivent et qui fument !"</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-weight: bold;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEVzxWWshlfAoqnFQuaw3KqVZlcU2QQLeMpLvRu2Tp3mi2g7spjtYCyA0FV1x596pQS7Pw_wn6PbHYrUbIu83KaKJ3HmDEmH3YN82PwyB_gcGwnHFkLwNJTsZBMTXc51ll_8Ul/s1600/maxresdefault.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="342" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEVzxWWshlfAoqnFQuaw3KqVZlcU2QQLeMpLvRu2Tp3mi2g7spjtYCyA0FV1x596pQS7Pw_wn6PbHYrUbIu83KaKJ3HmDEmH3YN82PwyB_gcGwnHFkLwNJTsZBMTXc51ll_8Ul/s400/maxresdefault.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-weight: bold;">Déjà l’été… Un mois que la climatisation tourne à plein régime dans le bureau. Celle qu’on surnomme Pépette voit peu à peu ses collègues partir en congés avec leurs régularités sans failles, leurs volontés de croire qu’ils les ont bien méritées ces chères vacances, leurs destinations banales à mourir. Même Lucienne va refaire le coup du «je vais dans les Vosges», alors qu’elle va se faire liposucer les bourrelets. Pépette, elle, ne partira pas. Elle joue de cette fausse ironie teintée d’orgueil pour déclarer qu’elle préfère se faire « lofter que lifter ». En réalité, Pépette conserve d’étranges séquelles qui datent de l’été de ses 21 ans. L’été de la sortie des <span style="font-style: italic;"><a href="http://www.dailymotion.com/video/xx0a5_les-dents-de-la-mer-1975_blog">Dents de la mer</a></span>. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">«</span><i style="font-family: Georgia, 'Times New Roman', serif;">Jamais je n’ai pu m’en remettre, j’y pense tout le temps quand je commence à recevoir ces cartes postales de plages que m’envoient mes collègues. D’ailleurs ces cartes, je ne les lis même pas, un vague coup d’œil dessus et ça suffit à me refiler l’angoisse : la mer bleue sous un soleil radieux n’aura jamais plus d’autre résonance pour moi que celle d’une peur primitive, d’un danger omniprésent, d’un grand requin blanc obstiné, vorace et terriblement malin. Là, sur leur sable chaud, tous ces vacanciers allongés en bronzing ressemblent à des aubergines qu’on expose côte à côte sur les marchés, les plus mûres pouvant être consommées dans la journée, ce que le requin sait bien… Et moi je sais que le requin le sait, et d’ailleurs tout le monde sait que le requin le sait… Mais ça veut jouer les braves, ça se croit plus intelligent en maillot de bain que la bête à la peau rugueuse. Quel plaisir peut-on encore ressentir en 2001 à nager dans une mer profonde, d’où peut surgir n’importe quel animal qui respire dans l’eau, lui,… un animal qui peut vous emporter comme il veut, lui… Vingt cinq ans que je continue aux premières chaleurs de l’été à me repasser toutes les nuits cette vision atroce que nous a donnée Spielberg en jouant de sa caméra subjective pour figurer le requin qui se rapproche par en dessous de la silhouette de cette fille qui nage, offerte, servie, et parfaitement marinée…</i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">».</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-weight: bold;">Les publicités filmées contre le tabagisme visent à impressionner leurs spectateurs en les amenant à renoncer définitivement au tabac dans leur quotidien, c’est-à-dire à devenir, au terme de leur sevrage, spectateurs des autres fumeurs.</span> Ce statut de supra-spectatrice des plages et des nageurs en mer, Pépette l’a conquis à son insu, à cause de ce grand blanc qui l’a pétrifié et qui lui a valu – elle le rappelle en souriant – son surnom : «<i>Pépette c’est la petite chienne noire qui joue avec un adolescent sur la plage au début de l’histoire; il lui lance un bâton vers la mer, la chienne plonge et ne reviendra jamais… Bien sûr, j’ai conscience que tout cela est ridicule, qu’il faudrait que je dépasse mes peurs comme dans le film Richard Dreyfus et Robert Shaw. Mais eux en ont les moyens… Comme eux, j’aurais aimé vivre ce moment si précieux et si important où, à huis clos dans la cabine de leur bateau, ils dévoilent tour à tour leurs morsures de requin un peu comme des petits garçons comparent la taille de leur zizi pour conjurer mutuellement leurs névroses… Mais moi je n’ai rien à montrer… et ça le pire, c’est ce que je regrette le plus car, j’en suis convaincu, dans la vie, les cicatrices les plus lourdes à porter restent à coup sûr, celles qu’il nous est matériellement impossible exhiber. Entendez-le comme vous voulez…</i>».</span></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-5921179412158763872020-11-16T11:22:00.000+01:002020-11-17T10:08:46.391+01:00Les choses derrière les choses qui sont derrière…<p class="MsoNormal" style="font-family: calibri, sans-serif; line-height: 10pt; margin: 0cm 49.35pt 0.0001pt 5cm; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Schoolbook", serif; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: calibri, sans-serif; line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Schoolbook", serif; font-size: 11pt;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: "Century Schoolbook", serif; font-size: 11pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgADrw2ah_9v_GPRyHSLZRRd738O0ZclQI-wBbAIuzcDYmiTGP9GqX581fcK5zlDQuE0KtFMqqX5FVssZhxpc-hWgmzs0FIkqkFtGlm1mlXel5mGFMrVSskotaj8rmyuLF5XltI/s404/119085381_10157796285873014_6374234390926992910_o.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="298" data-original-width="404" height="369" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgADrw2ah_9v_GPRyHSLZRRd738O0ZclQI-wBbAIuzcDYmiTGP9GqX581fcK5zlDQuE0KtFMqqX5FVssZhxpc-hWgmzs0FIkqkFtGlm1mlXel5mGFMrVSskotaj8rmyuLF5XltI/w500-h369/119085381_10157796285873014_6374234390926992910_o.jpg" width="500" /></a></span></div><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt;">Vendredi 17 Janvier 2019, Rennes, Les Champs Libres. Première séance décentralisée du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle. Le ministre de la culture Franck Riester conclut son discours d’introduction. Face à lui, plus de cent soixante-dix représentants des collectivités venus de toute la Bretagne. Du jamais vu pour une séance publique du Haut Conseil. La Région représentée par son premier vice-président Jean-Michel Le Boulanger lève la main et prend la parole au nom de tous pour expliquer au ministre pourquoi la Bretagne souhaite se porter volontaire pour devenir la « Région pilote » sur le plan national afin d’expérimenter le « 100% éducation artistique et culturelle » pour toute sa jeunesse et plus largement pour tous ses habitants, en d’autres mots, faire de l’éducation artistique et culturelle une véritable politique publique majeure de son territoire et éprouver des pratiques propres à inspirer les autres régions de France. Dans le même mouvement, la Bretagne va plaider pour l’installation du futur Institut National Supérieur de l’Éducation Artistique et Culturelle destiné à former acteurs de l’enseignement et de la culture de toute la France, au cœur des Côtes d’Armor, à Guingamp, ainsi que la généralisation de l’expérimentation du Pass-Culture dans chacun de ses départements. Derrière cette manifestation d’intérêt pour l’éducation artistique et culturelle, la Bretagne se rassemble, en réalité, autour de « sa » signature, une signature qui constitue l’un de ses fondamentaux : le sens pragmatique d’un collectif apte à se réunir autour d’un objectif politique innovant et partagé lorsque l’opportunité d’améliorer le destin du territoire tout entier se présente. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt;">Assis tout au fond de la salle et surplombant l’assemblée, Gwendal tente d’attraper tout ce qui se dit dans un petit carnet de croquis Moleskine corné sur presque toute son épaisseur. Il s’est invité lui-même à cette séance sans y être convié car le sujet le passionne. Gwendal est professeur dans un lycée professionnel en centre Bretagne. Ses élèves, en grande partie issus de la ruralité, ont toujours obtenu des résultats au baccalauréat bien au-dessus de la moyenne nationale. Gwendal est assez fier de raconter comment son établissement relève de façon exemplaire de ce que certains ont appelé le « miracle breton » de l’excellence scolaire, celui-là même qui inscrit les jeunes Bretons dans un parcours de réussite reconnu sur le plan national pour l’obtention du bac. Gwendal sait que cette excellence est dans la conscience de tous, il vient de l’entendre encore dans un des discours d’introduction de la séance à laquelle il assiste avec en fer de lance les mots si sensibles de Mona Ozouf sur le sujet. Gwendal sait aussi que cette excellence est le résultat d’une histoire sociale et politique dans laquelle l’École a permis aux anciennes générations de se fixer un horizon commun et de s’accorder sur cette promesse d’un avenir meilleur qui passerait par l’école. Cependant, Gwendal sait aussi que cet horizon qui a permis d’atteindre cette conscience et cette matérialisation de l’excellence reste encore un horizon lointain pour certains, notamment pour les élèves issus des milieux les plus défavorisés. C’est pour ça qu’il a poussé la porte de cette séance consacrée à l’éducation artistique et culturelle, pour assister en témoin discret à ce qui résonne chez lui comme un moment politique majeur, celui par lequel le « miracle breton » peut sans doute franchir un nouveau cap pour s’élargir vraiment à tous. C’est du moins ce qu’il traduit à l’écoute des présentations qui s’enchaînent et où il est question d’égalité devant les arts et la culture, d’humanité dans le partage des « codes sociaux » par l’art, d’un territoire qui se socialiserait par la lecture, la musique et toutes les formes artistiques à portée. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt;">Durant les sept heures qu’aura duré le Haut Conseil de l’Éducation Artistique et Culturelle, Gwendal demeurera carré dans son siège. Plus de quarante pages de Moleskine noircies, trois ou quatre déchirées et froissées et une, déposée sur sa place au moment où il quittera la salle, bien en vue, immanquable et titrée </span><i style="font-size: 11pt;">Synthèse de ma journée en guise de remerciements, les choses qui sont derrière les choses qui sont derrière</i><span style="font-size: 11pt;"> :</span></div></span><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière l’excellence scolaire en Bretagne, une fierté, partagée, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette réussite, parfois, des oubliés, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ces oubliés, des interrogations, toujours les mêmes, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ces interrogations, des inquiétudes,<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ces inquiétudes, des projets, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ces projets, une véritable lutte contre la reproduction des inégalités, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette lutte contre les inégalités, une socialisation par les arts et la culture, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette socialisation, jamais plus d’oubliés, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette socialisation, une éducation artistique et culturelle pour tous, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette éducation artistique et culturelle, le partage des codes de l’être ensemble,<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ces codes de l’être ensemble partagés, un nouvel espoir, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ce nouvel espoir, un nouvel esprit, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière ce nouvel esprit, une bienveillance qui ne se paie pas de mots, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette bienveillance, une promesse d’avenir, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cette promesse d’avenir, un horizon, <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Derrière cet horizon, un territoire qui fait sens,<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Il faut toujours regarder les choses qui sont derrière les choses qui sont derrière, </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">La Bretagne est une terre ludique où l’on sait bien cela depuis toujours, </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">L’éducation artistique et culturelle y devient une boussole révélatrice de tous les talents,</span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">Ce n’est pas les talents pour eux-mêmes qui sont une richesse, c’est la manière dont on sait les reconnaître qui compte, </span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;">La Bretagne est cette terre de la reconnaissance de tous les parcours où, à l’instar de Pythagore, l’on sait bien qu’un homme n’est jamais si grand que lorsqu’il est à genou pour aider un enfant. <o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 42.55pt; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia; font-size: 11pt;"> </span></i></p><p class="MsoNormal" style="font-family: calibri, sans-serif; line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt 219.75pt;"><br /></p>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-81604308018769134922020-11-15T14:38:00.000+01:002020-11-17T10:09:41.507+01:00L'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE, un moyen essentiel pour contrer les inégalités invisibles<div class="row rte" style="box-sizing: border-box; color: #4d4d4d; margin: 0px auto; max-width: 980px; min-width: 0px; padding: 0px; width: 646.796875px; zoom: 1;">
<div style="box-sizing: border-box; line-height: 1.6; margin-bottom: 10px; padding: 0px; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM-P2rLahledwTFA1POdWNpmPxNnfLxjyX5m7utCofltysV_7M6iZ_aXlHvSnT3fvNDdj7Oja58uzxQYBai-ku4PpYOIk2ZEKygQgrCPZ90q25M00r18SzeloYvXp12Ir-JSt3/s1600/a_l_ecole_des_arts_et_de_la_culture_2018-2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="583" data-original-width="348" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM-P2rLahledwTFA1POdWNpmPxNnfLxjyX5m7utCofltysV_7M6iZ_aXlHvSnT3fvNDdj7Oja58uzxQYBai-ku4PpYOIk2ZEKygQgrCPZ90q25M00r18SzeloYvXp12Ir-JSt3/s1600/a_l_ecole_des_arts_et_de_la_culture_2018-2.jpg" /></a></div>
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">En France, l’Éducation artistique et culturelle (ou EAC) est l’une des politiques publiques contemporaines, formulée au début des années 2000, qui bénéficie d’une attention devenue significative, tant de la part d’acteurs culturels et éducatifs que de chercheurs en sciences humaines et sociales. Institutionnellement, elle a été appréhendée dès 2000 avec le plan Jack Lang « Éducation artistique et culturelle », conçu avec le ministère de la Culture et qui préfigure le projet qui voit ensuite le jour en 2005. Elle a également été appréhendée à partir des <a href="http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Education-artistique-et-culturelle/Textes-de-reference" rel="noopener" style="box-sizing: border-box; color: #676767; line-height: inherit; position: relative; text-decoration: none; transition: all 0.2s ease;" target="_blank">« orientations sur la politique d’éducation artistique et culturelle des ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de la Culture et de la Communication ».</a> Celui-ci s’est notamment traduit par la création en 2005 d’un <a href="https://www.education.gouv.fr/cid116035/le-haut-conseil-a-l-education-artistique-et-culturelle.html" style="box-sizing: border-box; color: #676767; line-height: inherit; position: relative; text-decoration: none; transition: all 0.2s ease;">Haut Conseil</a> rassemblant les parties prenantes de l’EAC : des représentants des six ministères concernés (Culture ; Éducation nationale et Jeunesse ; Enseignement supérieur ; Cohésion des territoires ; Agriculture, Solidarités et Santé), des représentants au titre des différents types de collectivités territoriales, des personnalités qualifiées du monde de la recherche et de la culture, des représentants de parents d’élèves. Ensemble, elles forment une chaîne de coopération telle que l’entend Howard Becker dans <span style="box-sizing: border-box; font-style: italic; line-height: inherit;">Les Mondes de l’art </span>(1982) : artistes et acteurs culturels, tutelles et collectivités territoriales, chercheurs, enseignants et parents d’élèves. Ces parties prenantes composent un collectif voulu représentatif du milieu scolaire : « L’EAC porteuse de sens, cela signifie qu’elle s’inscrit, voire qu’elle s’impose, au cœur du récit d’un territoire, qui peut se raconter grâce à elle tant pour ceux qui la vivent que ceux qui la portent sur le plan politique ». Le Haut Conseil de l’EAC a présenté publiquement une charte élaborée par ses membres, en juillet 2016, pendant le Festival d’Avignon. Cette charte est un document de référence qui s’adresse à l’ensemble des acteurs souhaitant entreprendre un projet d’EAC, le définissant de façon compréhensible par tous. Elle comprend dix articles et donne un cadre référentiel, institutionnel et politique à l’EAC, sous la tutelle conjointe des ministères de la Culture et de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.</span></div>
<div style="box-sizing: border-box; line-height: 1.6; margin-bottom: 10px; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Progressivement, les structures culturelles et les associations qui, déjà, portent des actions sur leurs territoires, se sont approprié l’appellation Éducation artistique et culturelle et l’ont revendiquée à l’instar du Festival d’Avignon et des Rencontres trans musicales de Rennes. Elle devient une formule partagée, sur laquelle s’accordent des institutions et s’appuient des projets divers, tant locaux que nationaux, publics ou associatifs, qui traduisent néanmoins une volonté d’un nouveau rapport au public, qu’il soit scolaire ou adulte à travers une EAC souhaitée « tout au long de la vie » par les tutelles. L’EAC est une manière de repenser la relation aux publics de la culture, et de prendre en compte le caractère processuel de la construction de la carrière de spectateur. L’EAC repose sur un principe d’éducation <span style="box-sizing: border-box; font-style: italic; line-height: inherit;">à</span> l’art et d’éducation <span style="box-sizing: border-box; font-style: italic; line-height: inherit;">par</span> l’art, non sans rappeler la dimension et la force données à l’expérience esthétique dans l’ouvrage de John Dewey, <span style="box-sizing: border-box; font-style: italic; line-height: inherit;">L’Art comme expérience</span> (1934). Elle est ainsi pensée comme <span style="box-sizing: border-box; font-style: italic; line-height: inherit;">une </span>expérience. Autrement dit, « lorsque le matériau qui fait l’objet de l’expérience va jusqu’au bout de sa réalisation. C’est à ce moment-là seulement que l’expérience est intégrée dans un flux global, tout en se distinguant d’autres expériences. Il peut s’agir d’une situation quelle qu’elle soit […] qui est conclue si harmonieusement que son terme est un parachèvement et non une cessation ».</span></div>
<div style="box-sizing: border-box; line-height: 1.6; margin-bottom: 10px; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Du point de vue de la recherche, entendue au sens large, l’EAC est l’ensemble des voies de transmission, permettant de voir, de faire et d’interpréter avec les expériences (Bordeaux, 2017). Cette définition repose sur trois piliers (repris implicitement dans la Charte de l’EAC) : la rencontre, la connaissance et la pratique, accessibles à toutes et tous. Les approches théoriques, et de surcroît les observations de terrain, notamment sur des terrains de grands festivals, invitent à dépasser ces trois piliers que sont la rencontre, la connaissance et la pratique, constitutifs d’une définition classique, institutionnelle et <span style="box-sizing: border-box; font-style: italic; line-height: inherit;">in fine</span> restreinte de l’EAC. Cette dernière, telle qu’elle se pense et se déploie, pose aussi la question de la formation de l’identité culturelle et, plus encore, de l’autonomie des individus sans se restreindre à une seule et même forme artistique, voire à procéder à une hiérarchisation des œuvres et des expériences esthétiques. En cela, elle a pour objectif de participer à la constitution des goûts de la personne, qui, entendus au sens de la sociologie des champs, signifient « se découvrir et découvrir ce que l’on veut, ce que l’on avait à dire et qu’on ne savait pas dire et que par conséquent, on ne savait pas » (Bourdieu). Une telle définition permet de considérer la relation artistique et culturelle comme dépassement de la rencontre avec l’œuvre, c’est-à-dire sans impliquer de pratique artistique, en prenant conjointement en compte la part d’intime qui se joue dans la relation à l’art tout autant que le rôle de prétexte qu’elle peut jouer, dans la prise de parole et dans la prise d’autonomie. Par cette définition, et en soutien à l’article 10 de la Charte de l’EAC, il s’agit ici de rendre compte des idéaux sur lesquels l’EAC s’appuie, du point de vue institutionnel et pour le corps social, de comprendre comment elle prend forme dans la société, dans et en dehors de l’école, et d’identifier les nouvelles questions qu’elle soulève à l’endroit des destinataires de cette politique culturelle. </span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Dans son ouvrage </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">L’Éducation populaire et le théâtre</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">, le sociologue Jean-Louis Fabiani (2008) explique que les ministères de la Culture d’André Malraux (1959-1969), puis de Jack Lang (1981-1986 ; 1988-1993), ont centralisé l’intention des politiques culturelles, et donc des actions qui en ont découlé, sur la fréquentation des chefs d’œuvre et le processus de création artistique, donnant une moindre légitimité à l’animation culturelle et, finalement, à l’éducation populaire. Dans les deux cas, l’éducation </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">à</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art et </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">par</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art a une place moindre. La vision de la relation </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">à</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art et </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">par</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art décentre aujourd’husi l’enjeu de la dimension spectatorielle, qui devient un enjeu parmi d’autres. La prise de parole, la constitution d’un groupe, la pratique, le voyage, la prise de confiance sont apportés par des dispositifs d’éducation artistique, n’amputant ni la pratique ni l’amour de l’art, mais lui redonnant son rôle social. La création d’espaces et de moyens de discussions sont des objectifs centraux de l’EAC, incluant l’éducation </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">par</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art autant que l’éducation </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">à</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art qui nous rappellent le souci d’Ernst Gombrich (1909-2001), énoncé dans son introduction de l’</span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">Histoire de l’art </span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> : « S’il n’y a pas de mauvaise raison d’aimer une œuvre d’art, il existe quelquefois de mauvaises raisons de la rejeter ». </span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">L’EAC comme traduction contemporaine d’un souci de démocratisation culturelle partage un ensemble d’idéaux et de pratiques avec l’éducation populaire. L’une comme l’autre prennent d’abord forme depuis l’engagement d’individus dans plusieurs sphères et à différents niveaux. Les observations directes d’initiatives locales et personnelles de mise en œuvre de tels projets (participation à des projets culturels et artistiques, résidences de territoires, rencontres pluri-acteurs, ateliers de création, sorties culturelles…) conduisent à penser que les déterminations personnelles de certains acteurs culturels ou/et acteurs de l’Éducation nationale font naître les projets d’EAC. Pensons par exemple à la manière dont les Rencontres trans musicales de Rennes ont évolué depuis les années 2000, passant d’une démarche d’action culturelle, fondée au départ sur l’invitation à la participation, à une démarche d’EAC, croisant expérience, rencontre et pratique artistique. Le développement de résidences de territoire sur quatre ans, autant que l’intérêt pour la rencontre en amont, l’expérience commune, et la documentation de cette dernière, sont des exemples significatifs. Cependant, l’importance de l’engagement associatif, éducatif et culturel doit s’accompagner d’une considération et d’une prise en charge au niveau politique de ce qui est en voie d’institutionnalisation. La principale raison de penser l’EAC de manière transversale réside dans le fait de ne pas reproduire ce qui s’est constitué de manière incrémentale en limites de la démocratisation culturelle : que l’éducation </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">par </span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">l’art était forcément induite par l’éducation </span><span style="box-sizing: border-box; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-style: italic; line-height: inherit;">à</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> l’art. À ce titre, l’EAC s’appuierait sur un modèle d’action qui la précède, dont elle s’inspire en même temps qu’elle s’en émancipe grâce aux enseignements tirés de ses limites. </span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Une des principales discontinuités de l’EAC vis-à-vis de la démocratisation culturelle, telle qu’initiée dans les années 1980, qui s’est ensuite essoufflée dans les années 1990, est sûrement le rapport au temps dans la relation à l’art et la culture. Si la fréquentation et l’expérience des œuvres restent l’un de ses enjeux, celles-ci prennent leur sens dans un processus de construction de la relation entre une œuvre et un public. De la connaissance au savoir et de la rencontre avec l’œuvre à la relation à l’art, telles sont les étapes que l’EAC entend amener. </span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">L’expérience artistique s’inscrit dans un parcours scolaire, mais aussi dans un parcours de vie en étant envisagée dans un temps long. C’est ainsi que le discours institutionnel fait valoir que le cercle familial doit aussi être intégré à la réflexion sur ce qu’est un parcours de public de l’art. L’émancipation et l’autonomie, plus qu’une rupture avec son groupe social d’appartenance, doivent aussi soutenir des dynamiques de transmission à l’intérieur même de ce cercle. La volonté de dépasser la fréquentation temporelle de l’art et de construire des relations entre des personnes et des institutions, des objets culturels ou entre des personnes par le biais d’objets et/ou de pratiques, invitent alors à repenser les enjeux temporels et spatiaux de l’EAC. L’idée de proposer une EAC tout au long de la vie est ambitieuse car elle n’est possible que dans l’acceptation de ces enjeux au long cours. P</span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">our ce faire, la co-construction de ces dispositifs, et donc plus largement d’une politique publique, relève d’un engagement à plusieurs échelles : sphères décisionnaires, Éducation nationale, institutions culturelles, sociales, médicales ou encore carcérales, mais aussi les publics eux-mêmes. Afin d’éviter l’imposition, et pour que chacun et chacune élaborent des projets, la formation à tous les niveaux doit accompagner des démarches d’EAC si elle est entendue comme une prise d’autonomie. Formations et dispositifs de médiation (par dispositif est entendu ici l’ensemble des actions réalisées dans une démarche d’EAC) doivent ainsi faire l’objet d’études et de recherches. Incluant différentes parties prenantes, pour être pérennes, ils doivent correspondre aux besoins et attentes de chacune d’entre elles. La réinvention de ces dispositifs, notamment pour que les publics concernés s’en emparent, doit se fonder sur des connaissances, et plus encore des savoirs ; des savoirs pouvant être appréhendés à travers une démarche ludique, c’est-à-dire à partir d’autant de manières de « déconstruire » un objet culturel afin de faciliter ses appropriations.</span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br /></span></div>
<div style="box-sizing: border-box; line-height: 1.6; margin-bottom: 10px; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">L’EAC est « totale » lorsqu’elle se déplace dans et hors des lieux de création, dans et hors les établissements scolaires, au sein des familles, des groupes de pairs de toute personne qui fait l’expérience de l’artistique et culturelle. Comme le souligne Jean-Louis Fabiani (2008 : 13) dans son ouvrage sur l’éducation populaire et le théâtre, « si l’on a aujourd’hui les moyens de procéder à des analyses très convaincantes des mondes de production des œuvres, la question, bien plus complexe, de leurs appropriations successives par des publics hétérogènes a laissé de côté la question essentielle de la nature de l’expérience esthétique ». Aussi les acteurs de l’éducation artistique – les artistes, les associations, l’État, les collectivités, les enseignants, mais aussi le Haut Conseil de l’EAC – doivent-ils se munir de données sur ces publics, d’outils et de techniques afin de produire une connaissance sur le périmètre de leur action, souvent plus large que celui de leurs objectifs de départ. Celle-ci doit faire l’objet de recherches afin d’avoir la place et la légitimité de l’innovation. Surtout, elle doit pouvoir répondre à la problématique des disparités : que chaque personne soit assez instruite pour ne pas se soumettre à d’autres raisons qui ne seraient pas la sienne. Cette liberté et cette autonomie sont les conséquences d’une instruction publique au sens où Nicolas de Condorcet (1743-1794) l’entendait : une obligation de la société à l’égard de ses citoyens. <b>Une obligation qui doit « ne laisser subsister aucune inégalité qui entraîne de dépendance »</b> (Condorcet, 1792) si elle veut parvenir à constituer un patrimoine et des valeurs communs à toutes et tous. </span></div>
</div>
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><br /></span><div style="text-align: justify;">
</div>
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<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><i><span style="font-size: x-small;">Merci à Camille Royon, Lauriane Guillou, Damien Malinas et Raphael Roth pour cette très belle notice que l'on retrouvera en version complète dans le publictionnaire <b><a href="http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/education-artistique-et-culturelle/">en cliquant ici</a></b> </span></i>!</span></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-7532790469064550302020-10-21T19:21:00.003+02:002020-10-23T16:06:34.467+02:00 Discours d’hommage à Samuel PATY prononcé à Rennes le 21 octobre 2020 <p style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; text-align: justify;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIS1p2NEx-fuEPj3abWyuXFBLB3awbC1TVq6WgVCaCdxMMyoyekSiA2Rsr5nG6AMmDmLRy40qcsGGEyWJv4omxiBQ7sUurhDs-LzOtZuUHriF_E5QIGqr8_fZy-R6m6cCvppbT/s404/Samuel-Paty-prof-et-martyr.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="404" data-original-width="319" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIS1p2NEx-fuEPj3abWyuXFBLB3awbC1TVq6WgVCaCdxMMyoyekSiA2Rsr5nG6AMmDmLRy40qcsGGEyWJv4omxiBQ7sUurhDs-LzOtZuUHriF_E5QIGqr8_fZy-R6m6cCvppbT/w253-h320/Samuel-Paty-prof-et-martyr.jpg" width="253" /></a></div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span face="-webkit-standard, serif" style="font-family: georgia;">Mesdames et Messieurs, </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia;">Chers collègues, </span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span face="-webkit-standard, serif"><span style="font-family: georgia;">Chers amis,</span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span face="-webkit-standard, serif"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia, serif;"><b>S’il est une chose que tous, nous avons en commun, c’est bien le souvenir d’un professeur qui a marqué notre vie, voire qui a changé le cours de celle-ci. </b>En ce qui me concerne, je pense que je n’aurais jamais été devant vous à prononcer ce discours si je n’avais pas rencontré Paul Veyne, grand historien spécialiste de l’histoire romaine. Paul Veyne m’a tout autant marqué par sa verve, sa liberté d’esprit, son affranchissement avec les conventions universitaires que pour ses textes, ses mots. </span><b style="font-family: georgia, serif;">« <i>La réalité</i> – écrit-il - <i>est plus forte que toutes les descriptions qu’on peut en donner ; et il faut avouer que l’atrocité, lorsqu’on la vit, dépasse toutes les idées qu’on pouvait s’en faire. En revanche, quand il s’agit de valeurs ou de croyance, c’est le contraire qui est vrai : la réalité est très inférieure aux représentations qu’elle donne d’elle-même et aux idéaux qu’elle professe</i> ».</b><span style="font-family: georgia, serif;"> Je pense que ces mots font aujourd’hui particulièrement sens, ici et maintenant.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span face="-webkit-standard, serif"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia, serif;">Car oui, nos professeurs, tous les professeurs de France, enseignent non seulement des connaissances, ils incarnent, dès le premier jour où ils franchissent le seuil de la salle de classe, ces idéaux et ces valeurs qu’il professent, ces idéaux et ces valeurs qui, non seulement guident leurs actions, mais sont souvent des idéaux ou des valeurs auxquels ils ont recours lorsqu’il leur arrive de douter comme tout un chacun, de douter lorsque surgit une question à laquelle nous ne nous attendions pas, de douter lorsque nous sommes pris dans le fil d’un échange où les mots semblent nous manquer…</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Curieux monde qui attend de nous que nous soyons performants tout le temps, que nous ayons des réponses à chaque question quelle que soit la manière dont elle se formule, curieux monde où l’on espère malgré tout exister en tant qu’individu pour et à travers toutes les facettes de ce que nous sommes ou de ce que nous pensons être, curieux monde bien étrange parfois, où les coachs de développement personnel font fortune et où leurs livres qui prétendent nous apprendre à gérer nos émotions et nos vies occuperont bientôt plus de place dans nos librairies et nos surfaces culturelles que la littérature, les ouvrages scolaires ou universitaires, la bande dessinée, les livres d’art ou de culture.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Ce monde, notre monde, est celui où chacun semble être dans son couloir de nage sans se soucier de savoir où en sont ceux qui nagent dans le couloir d’à côté.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;"><b>Ce monde, notre monde, est celui où l’on est obligé de rappeler que l’obligation de scolarité n’est pas une contrainte mais un horizon de socialisation positif pour apprendre l’une des choses les plus précieuses que nous enseigne l’École de la République : l’ouverture vers les autres,</b> le vivre et l’être ensemble, sans espèce de distinction pour celles et ceux qu’elle accueille, d’où qu’ils viennent, quel que soit leur milieu, leur culture, leur religion, leur aspirations, leur orientation sexuelle ou politique. Une autre historienne Mona Ozouf décrit bien cette école comme le cœur de l’entreprise républicaine, le temple neuf d’une humanité libérée de Dieu où on professe la perfectibilité indéfinie et la prise de l’homme sur son destin. « <b><i>Certes</i> - ajoute Mona Ozouf -, <i>ma petite école de Plouha au cœur de la Bretagne n’usait pas de termes aussi vastes ; elle n’en délivrait pas moins la même promesse</i> »</b>. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia, serif;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia, serif;">Dans les différents portraits qui sont faits aujourd’hui d’un autre historien, l’homme dont nous honorons ce soir la mémoire, j’ai l’impression de reconnaître chaque professeur, c’est-à-dire la manière dont chaque professeur, par-delà son enseignement, incarne les valeurs qui nous réunissent, ces promesses dont parle Mona Ozouf, et vis-à-vis desquelles lorsqu’elles leur sont transmises, les élèves, nos enfants, nous sont toujours reconnaissants. Ainsi donc, Samuel PATY est-il décrit par ses élèves comme un professeur atypique.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Les élèves se souviennent d’un professionnel « <i>investi dans son travail, discret, tout en étant proche de ses élèves</i> ».</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Un lycéen explique qu’il n’a jamais oublié les jeans de Monsieur Paty, ses chemisettes roses à manches courtes, son écriture en pattes de mouches et ses cours sur la Révolution française, mais surtout les débats qu’il lançait lors des cours d’éducation civique. <i>« Il nous invitait, il faisait en sorte qu’on n’ait pas un avis tranché. Il ne s’agissait pas de répéter, mais on devait préparer des arguments. C’est l’enseignant qui m’a montré la voie !</i> ».</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">« <i>Tous les vendredis, il faisait une petite blague à ses élèves pour qu’ils partent en week-end dans la bonne humeur ». « Et, Quand vous arriviez en retard, vous n’étiez pas à l’abri d’une vanne bien placée</i> ».</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Au-delà de sa bonne humeur, c'est sa bienveillance qui a marqué les esprits. « <i>Il était plein de bonnes intentions, c'était un gentil, un humaniste, détaille une ancienne élève au Bois d'Aulne. Il était attentif aux problèmes de chacun. Que cela concerne les enseignements ou nos problèmes personnels quand on lui en faisait part</i> ».</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Une collégienne harcelée pour son orientation sexuelle témoigne : « <i>Ma scolarité était une horreur. Mais grâce à monsieur Paty, c'était moins le cas</i> ». Prévenu des attaques dont elle était la cible, le professeur lui propose de rester dans sa classe à la récréation. « Il m'a évité pas mal de problèmes ». Lui, de toute façon, doit y rester, lui dit-il, il a des « copies à corriger ». En vérité, il passera de longues récréations à l'écouter, à dénouer les angoisses qui pourrissent les nuits de la jeune fille.<b> « <i>Il était très préoccupé par mes problèmes, mais avait toujours de bons conseils. Toujours les bons mots, raconte-t-elle. Par la suite, quand il entendait une remarque agressive contre moi en cours, il intervenait immédiatement pour me protéger</i> »</b>.</span><span face="-webkit-standard, serif"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span face="-webkit-standard, serif"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><b><span style="font-family: georgia, serif;">Nous nous reconnaissons toujours dans les personnes à qui nous rendons hommage, le temps de l’hommage, bien sûr, et souvent au-delà de ce temps. Nous parlerons, bien sûr, de Samuel Paty le 2 novembre, durant cette journée de rentrée qui aura une consonance si particulière.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Nous nous disons tous qu’il faudra nous souvenir, qu’il faudra tirer les leçons de tout cela et puis, nous continuerons, nous devrons continuer, chaque jour, sans le lyrisme des discours, simplement parce que nous savons que le respect de l’autre donne tout son sens à nos missions de service public, où la lutte contre toutes les inégalités et toutes les formes de discrimination reste notre plus bel horizon.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Peut-être nous nous regarderons débattre, peut-être trouverons-nous parfois ces débats un peu vains au regard des réalités qui sont les nôtres.</span></b><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Peut-être nous interrogerons-nous sur le sens de l’égalité pour tous, sur ce que nous appelons la fraternité.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Peut-être nous dirons-nous que ce n’est pas une ligne de plus dans une circulaire, ni un mur plus haut de quelques centimètres pour clôturer l’école, qui nous protégera.</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Car ce que nous enseignent nos professeurs, c’est bien cela, qu’il ne s’agit pas de défendre nos valeurs, armés d’un vocabulaire guerrier, mais bien de faire vivre au quotidien ces valeurs, l’égalité, la fraternité, la liberté, la laïcïté qui ne sont jamais des abstractions à l’École, car nos écoles, nos collèges, nos lycées, nos universités sont tous bel et bien des petites républiques. Nos valeurs non seulement s’y matérialisent ; mieux : elles s’y transmettent, elles s’y partagent, elles s’y chantent aussi. On y pense et puis parfois, on oublie…</span><span face="-webkit-standard, serif"> </span><span style="font-family: georgia, serif;">Je vous remercie toutes et tous, d’être venus ce soir rendre hommage à Samuel Paty, et, à travers cet hommage, à tout ce que nous croyons tous : <b>le pouvoir singulier et profond que recèlent notre faculté d’apprendre tout comme celle d’enseigner. N’oublions jamais cela lorsqu’il nous faudra à notre tour raconter cette histoire. Ce pouvoir d’apprendre et d’enseigner est le plus beau qui soit, car c’est le seul qui, sans doute, nous permet – encore et encore – de croire autant en nous-mêmes qu’en nos idéaux. Vive la République ! Vive la France !</b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Calibri, sans-serif; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia, serif;"><b><br /></b></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: georgia, serif; font-size: x-small;"><i><span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> <span> </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></i></span><i>Académie de Rennes, 21 octobre 2020, 19 h </i></p></div>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-20243337849538344912020-04-15T19:44:00.002+02:002020-04-29T10:27:28.873+02:00À propos de l’annulation des Festivals : quelles conséquences pour le public ?<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7GC7OIbviBzeMSmjEPnt5eeDspS9p2gL1qUnK_sXx1RKhHxebFdRegah1qtx-vGWZJboE-bmQceJbNq46J5guGPAmTg3A-n5oudsU2NvYb_qkpFDvr3O3nRojQh3G10QhZmvE/s1600/Unknown.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></a></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHIOGMBbh9ko4pxxz0KCRbSIp2E11gYFKGs8FlFuGSWYaeOSBxKR5ur0QRWZGtsdztXginT1YSRZY-FY5uzYUTE18Y-0UZyt51OYuf17pJbOEY0epXfUMt9IYRMW6Hk5kJLe2Y/s1600/images.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="276" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHIOGMBbh9ko4pxxz0KCRbSIp2E11gYFKGs8FlFuGSWYaeOSBxKR5ur0QRWZGtsdztXginT1YSRZY-FY5uzYUTE18Y-0UZyt51OYuf17pJbOEY0epXfUMt9IYRMW6Hk5kJLe2Y/s400/images.jpeg" width="400" /></a></div>
<span style="font-size: 11pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Ce n’est pas la première fois que des festivals sont annulés, mais c’est la première fois qu’ils le sont tous en même temps et durant la même période pour des raisons relevant d’une crise sanitaire, donc pour une raison qui ne suppose pas le débat mais un respect et une citoyenneté qui ne se paient pas de mots. </b></span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt; text-align: justify;">En ce qui concerne les publics, peu de conséquence à prévoir donc sur leur fidélité qui restera acquise aux institutions qu’ils fréquentent depuis longtemps. C’est du moins ce que sous-tendent tous les retours qui nous reviennent des publics des « grands » festivals d’été. Cependant, les spectateurs habitués nous font comprendre qu’ils sont très attentifs aux manières d’annuler, aux discours institutionnels des festivals et de leurs responsables. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt; font-weight: bold; text-align: justify;">Pourquoi très attentifs ?</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt; text-align: justify;"> Parce que ce sont précisément des festivals culturels et artistiques et que ces derniers sont porteurs de valeurs éthiques et morales. On entend dans leurs mots et dans leurs discours, la manière dont ils se situent et font vivre les valeurs de solidarité, de compréhension, d’humanité.</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 11pt;">De fait, les publics sont eux-mêmes très compréhensifs vis-à-vis des artistes et des intermittents du spectacle, des créations et des arts qu’ils cultivent et retrouveront les lieux de représentations </span><span style="font-size: 11pt; font-weight: bold;">si leur propre pouvoir économique n’est pas remis en question</span><span style="font-size: 11pt;">. </span><span style="font-size: 11pt; font-weight: bold;">Tout est lié.</span><span style="font-size: 11pt;"> Et c’est parce que tout est lié que l’attention aux valeurs et aux positionnements des uns et des autres sont si singuliers en ce moment. Il n’y a de festivals irresponsables face à la solidarité nécessaire que nous vivons tous. Après la stupeur, le déni et la compréhension, tout le monde comprend bien le sens de la réinvention utile de nos pratiques et de la sociabilité qu’elles supposeront demain pour les festivals, bien sûr, mais pour l’ensemble de leurs partenaires dont font évidemment partie </span><span style="font-size: 11pt; font-weight: bold;">les publics de la culture</span><span style="font-size: 11pt;">.</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 11pt;">Demeurent des questions plus philosophiques et anthropologiques liées à la vie, à la « carrière » des spectateurs et des publics d’aujourd’hui : pour beaucoup les festivals sont des rendez-vous qui rythment la vie sociale des pratiques culturelles annuelles. Ce n’est pas simplement </span><span style="font-size: 11pt; font-style: italic;">rater une séance ou une soirée</span><span style="font-size: 11pt;">, mais quelque chose qui correspond aux saisons, aux éditions, à ce qui constitue « l’identité » même des spectateurs. </span><span style="font-size: 11pt; font-weight: bold;">Pour certains cela aurait été une première fois, pour d’autres d’ailleurs, une dernière fois.</span><span style="font-size: 11pt;"> Cette question du renouvellement des publics sera reposée à nouveau, en d’autres termes, avec d’autres enjeux qui dépendront de la manière dont nous saurons nous repenser la question de la transmission et de l’éducation dans les mois qui viennent. </span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt;">Il ne faut surtout pas oublier qu’au-delà de leur programmation, les festivals sont surtout des lieux de rencontres et de confrontation depuis lesquels on prend plaisir à se repenser - ensemble - depuis les représentations du monde que nous offrent les artistes. En ce sens, les festivals sont devenus, en quelque sorte, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt; font-weight: bold;">de véritables outils d’éducation artistique et culturels tout au long de la vie</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt;"> : pratiques, rencontres et consolidations de notre connaissance du monde. Cette dimension, invisible mais redoutablement efficace, prendra sans nul doute tout son sens dans les années à venir. <b>De fait, l’annulation fonctionne comme un «supra-événement» qui marquera et devra, elle aussi, être intégrée à sa manière la mémoire des publics et leur désir de reprendre le chemin des festivals </b></span><span style="font-size: 11pt; text-align: justify;">(*).</span><br />
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<span style="font-size: 11pt;"> </span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: 11pt;"><span style="font-size: 10pt; font-style: italic; text-align: justify;">(*) Les étudiants du Master Culture et Communication de l’université d’Avignon et leurs enseignants chercheurs ont ainsi mis en place une veille des « annulations », sur la communication qui accompagnent cette dernière, sur les stratégies de l’après et sur le sens inhérent aux discours qui accompagnent sur la durée la manière dont l’avenir se repensera aussi depuis des événements qui n’ont pu avoir lieu.</span><b>.</b></span></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-2101294246128138822020-03-10T10:49:00.003+01:002020-03-24T17:33:15.453+01:00La Leçon de comédien de MAX VON SYDOW présentée par Emmanuel Ethis (Avignon 2005)<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAqV6BnFm3XyOG4liuFDac9Gf6XcYn2L4EH6szcE2b-F0eoJRoAm6QkJw8iWq96lmZcGSJMF6GfNBLoFFZhYUxmLSAjCcMEefYZUJK-L_LmbtHaYz_2MJYd9iSFPivPbX9vn9F/s1600/max-von-sydow_getty.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="987" data-original-width="639" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAqV6BnFm3XyOG4liuFDac9Gf6XcYn2L4EH6szcE2b-F0eoJRoAm6QkJw8iWq96lmZcGSJMF6GfNBLoFFZhYUxmLSAjCcMEefYZUJK-L_LmbtHaYz_2MJYd9iSFPivPbX9vn9F/s640/max-von-sydow_getty.jpg" width="412" /></span></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;"><b>Emmanuel ETHIS</b> : <i>Nous sommes très émus en ce 9 juillet 2005 de recevoir dans le grand Amphithéâtre de notre Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse l’un des plus grands serviteurs de l’Art du Comédien: Monsieur Max Von Sydow. </i><span style="font-style: italic;">Il y a deux ans, en 2003, lorsque le Festival d’Avignon fut annulé, une porte merveilleuse dans notre cité avignonnaise était cependant demeurée ouverte : celle de la Maison Jean Vilar qui inaugurait cette année-là une exposition au titre sujet aux interprétations et aux promesses multiples : «</span><i style="background-color: transparent;">Avignon, un rêve que nous faisons tous». </i><i style="background-color: transparent;">S’il est vrai qu’Avignon est un rêve que nous faisons tous, nous savons aussi, nous qui vivons le Festival au plus près de la communauté des spectateurs, que nous ne faisons pas tous le même rêve d’Avignon. C’est, au reste, ce qui définit l’identité même de ce festival, la rencontre de nos désirs conjugués de vivre, plus intensément qu’ailleurs, la condition de spectateur et de public. </i></span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-style: italic;">La mise en place de ces leçons magistrales dans notre université participe pleinement à cette volonté de désir et de rencontres qu’Avignon a su éveiller chez ceux qui reviennent chaque année au festival. Mais nous avons voulu qu’ici ces leçons puissent répondre à une attente du public qui s’est fait de plus en plus pressant chaque année : celle de la transmission, la transmission d’une passion pour l’art de la scène qui lie entre-elles à Avignon, plus qu’avant, les différentes générations d’artistes et les différentes générations de spectateurs. Je sais que le Festival a longtemps rêvé qu’Ingmar Bergman vienne à Avignon. Mais ce rêve ne s’est jamais concrétisé. Cela redouble d’autant la joie qui est la nôtre aujourd’hui de recevoir son plus grand et plus bel interprète, Max von Sydow. Tous ceux qui ont croisé son chemin connaissent à la fois son immense professionnalisme et son humanité empreinte de modestie, qui, à eux seuls, justifient que nous écoutions la leçon que nous allons suivre aujourd’hui. </span></span><span style="background-color: white; color: #444444; font-style: italic;">Dans un des mémentos qu’il a écrits en 1954, Jean Vilar parle de Gérard Philippe jouant Ruy Blas. Il le décrit comme son interprète, indiquant plus que jouant, qui était beau. De cette beauté qui accorde au visage — je le cite — à la taille et aux gestes d’un comédien doué, une interprétation débarrassée des appoggiatures trop personnelles et qui, confiant et fidèle, se laisse guider par les vertus, par l’humanité et par les bonheurs d’un texte inspiré. Je pense que ce dont il est question dans les mots de Vilar correspond à la plus simple et à la plus merveilleuse manière d’accueillir la parole de Max von Sydow à cette tribune : Monsieur von Sydow, nous nous réjouissons maintenant de vous écouter.</span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
<span style="background-color: white; color: #444444;"></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Max VON SYDOW</b> : <b>C’est avec une immense émotion que je suis aujourd’hui devant vous, ici en Avignon, ville légendaire du théâtre. À mon grand regret, je n’ai jamais eu le privilège de voir Jean Vilar au travail ni d’assister à une de ses créations. </b>Mon respect et mon admiration pour tout ce qu’il a fait, pour ce que le théâtre français contemporain fait et pour tout ce que le festival d’Avignon offre ici chaque été, tout cela est profondément ancré dans mon cœur. Me trouver ici dans le cadre de l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse, ajoute encore à mon émotion,<b> car je suis pratiquement né dans une université. Mon père était professeur de l’Université de Lund en Suède. Son sujet était le folklore scandinave et Irlandais. Pendant mon enfance il m’a raconté toutes les légendes, les contes de fées, les grandes aventures du monde. Et je remercie l’Université et tout particulièrement le sociologue de la culture Emmanuel Ethis qui m’a incité à donner cette leçon de comédien dans ces murs, à l’ouverture de cette édition du Festival d’Avignon. Je vis depuis plusieurs années en France, et j’ai eu l’honneur de pouvoir prendre la nationalité française. </b>J’en suis très fier, comme je suis fier d’être européen. Malheureusement, ce n’est pas pour autant que je maîtrise mieux la langue française. J’espère que vous serez indulgent avec moi. Mais<b> je tenais à faire cette leçon en Français.</b></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">
</span></span>
</b></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>
<span style="background-color: white; color: #444444;"></span></b></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><b>Alors… JOUER LA COMÉDIE, QU’EST CE QUE C’EST ? </b></i></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">
</span></span></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="caret-color: rgb(68, 68, 68); color: #444444;"><br /></span></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
<span style="background-color: white; color: #444444;"></span></span></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">En fait pour vous donner une réelle « master class » sur le jeu de comédien, j’aurais besoin d’une scène, de comédiens et d’un texte. Et aussi de quelque temps pour la préparation ! Comme rien de cela n’est disponible aujourd’hui, je vais faire quelque chose d’autre. Je vais essayer de vous donner mon point de vue sur ma profession-la vue d’un comédien ou d’un acteur sur sa profession ou peut-être devrais-je dire sur sa vocation ? Car être comédien, ce n’est pas vraiment une profession, plutôt une vocation, une manière de vivre, — peut-être de survivre. <span style="background-color: transparent; color: #444444;"><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">C’est l’ultime fuite de la réalité, mais aussi un genre de thérapie mentale, une bouée de sauvetage. C’est un voyage d’exploration, un voyage à la recherche d’une identité — à la recherche de la vie et de la grande inspiration. Chaque comédien a son idée. Je vais essayer de vous donner la mienne. J’ai bien peur de devoir mettre en garde l’audience féminine, car mon point de vue peut leur paraître strictement masculin… Et pour cause</span></span><span style="background-color: white; color: #444444;"> </span><span style="background-color: white; color: #444444;">!</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">
</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="caret-color: rgb(68, 68, 68); color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
<span style="background-color: white; color: #444444;"></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZq1asrRwrEOAvVw2uIJqlIRoRVUgDiJf0jDVOog6rIv6eOmnGcjOIv323dvuAOzu1BSL0Lcj02PGtks95Z4Jc0SdsJ3F4bBJOahu3ik6N-aI_7cWkpVZs5I15lqn_6YL35oGb/s1600/pelle-the-conqueror-1987-002-max-von-sydow-with-boy-in-his-arms.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="760" data-original-width="948" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZq1asrRwrEOAvVw2uIJqlIRoRVUgDiJf0jDVOog6rIv6eOmnGcjOIv323dvuAOzu1BSL0Lcj02PGtks95Z4Jc0SdsJ3F4bBJOahu3ik6N-aI_7cWkpVZs5I15lqn_6YL35oGb/s400/pelle-the-conqueror-1987-002-max-von-sydow-with-boy-in-his-arms.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">Bien, <b>je suis un comédien. Je suis aussi un acteur. Mon éducation professionnelle a eu lieu principalement au théâtre en Suède. Pour moi, il n’y a pas de grande différence entre jouer au théâtre et jouer dans un film. seulement quelques détails. Au théâtre, par exemple vous devez vous projeter jusqu’au public du dernier balcon, dans un film vous avez la possibilité d’avoir des gros plans Au théâtre la communication avec votre public est directe. Vous pouvez « travailler » votre public ; il peut vous stimuler, vous inspirer, mais aussi vous déranger. </b>Dans un film vous devez tenir compte des machines, - caméra et micro etc. et surtout vous n’avez pas de retour immédiat. <span style="background-color: white;">Et quoique vous fassiez face à la caméra, cela sera monté, peut-être changé, voir même totalement supprimé. </span>Si une prise n’est pas satisfaisante vous pouvez toujours la refaire et essayer d’améliorer votre performance. Au théâtre vous avez seulement une chance lors de la représentation pour montrer votre interprétation. Vos films peuvent vous survivre. Mais votre travail au théâtre n’existe plus dès que le rideau tombe. C’est une expérience du moment présent, de l’éphémère. Jouer dans un film est certes très excitant, mais moi, je préfère le théâtre. La plupart des professions artistiques sont facilement définissable. La peinture, la sculpture… L’art de la musique, de la danse, l’art d’écrire des poèmes, des histoires, des drames. L’art de diriger une pièce de théâtre, de faire un film etc… <b>Mais l ’art du comédien ? Qu’est-ce que c’est ?... Est-ce que jouer un rôle est vraiment un art ? <span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">N’est-ce pas simplement une façon d’interpréter un caractère donné</span><span style="background-color: white;"> </span><span style="background-color: white;">? Très peu d’acteurs écrivent leurs propres rôles. Etre Molière ou Shakespeare n’est pas donné à tout le monde. </span>La plupart d’entre nous interprète ce que d’autres ont écrit. Un comédien sans rôle n’est rien d’autre qu’un instrument de musique silencieux. Comme un violon posé sur une table. </b>Bien sûr… un Stradivarius est très beau, mais là sur la table, il ne chante pas. Le comédien existe en tant que comédien juste quand il joue. </span></span><span style="background-color: white; color: #444444;">Il y a une chose qui fait que le jeu du comédien est différent de toutes les autres formes d’art. C’est qu’en fait nous sommes, nous, notre propre instrument. C’est notre propre corps et notre propre voix. Et le résultat, le produit fini est ce que nous décidons de faire avec notre corps et notre voix dans le cadre de la pièce. Et le comédien ne peut pas — comme le peintre, le compositeur, l’écrivain — présenter son interprétation comme quelque chose séparé de lui-même. Le public ne pourra jamais connaître la lisière entre moi et le rôle que j’interprète. Les critiques ne pourront jamais définir si ce que je montre est ma propre création ou si j’ai été très influencé par le metteur en scène. Si le travail du comédien est un art cela en fait un art très personnel. Parce que nous sommes tout le temps intimement impliqué, corps et âme. Il y a un petit problème quand on parle de jouer la comédie. Il n’y a pas de terminologie propre. Il n’y a pas de vocabulaire spécial pour décrire correctement le travail d’un comédien de telle façon que chacun puisse comprendre de quoi il s’agit. Aucun mots pour analyser le résultat final. Et c’est pour cela que <b>les comédiens sont rarement contents de la façon dont les critiques parlent d’eux, que ce soit négatif ou positif. Et comme vous êtes vous-même totalement impliqué dans ce que vous faites, c’est toujours très difficile de lire les critiques particulièrement lorsqu’il s’agit de critique de théâtre. Car envers et contre tout, chaque soir vous devez recommencer à jouer, tout en étant conscient du point de vue de Monsieur X, Y et Z. C’est pour cela que beaucoup de comédiens refusent de lire les critiques tant que la pièce n’est pas terminée. Je suis l’un de ceux-ci. </b>Avec un film, c’est autre chose : le film est toujours fini depuis des mois, voir une année, voir même plus. Alors les critiques…</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il y a bien sûr différentes méthodes, différentes écoles pour apprendre à jouer la comédie.La plus connue est probablement The Actor’s Studio à New york que je ne connais pas, mais qui a formé de très nombreux comédiens et acteurs intéressants..Il y a eu et il y a de grands professeurs pour les comédiens : Lee Strassberg, Stella Adler, Dario Fo, Ariane Mnouchkine, pour n’en nommer que quelques un. Sans oublier celui qui a inspiré tant d’entre nous : le grand Konstantin Stanislavskij. Quand j’étais jeune, j’ai bien sûr, lu son livre sur le travail d’un comédien, et récemment lors de mon premier voyage à Moscou, j’ai visité sa maison et son petit studio. Cette expérience m’a ému aux larmes. Les critiques mettent souvent des étiquettes sur les comédiens. Ils se servent de définitions et emploient par exemple les mots de « comédien intellectuel », et de « comédien émotionnel ». Ils parlent aussi de « comédien à forte personnalité »… Je pense que pour eux ces derniers sont des comédiens qui sont juste eux-mêmes ; quelque soit le rôle qu’ils interprètent et qui sont très contrariés si le metteur en scène leur demande de raser leur belle moustache. Ils sont exactement les mêmes dans chaque nouvelle pièce, chaque nouveau film, mais en fait c’est aussi ce que nous attendons d’eux. Nous les aimons comme ça et admirons leur grand charisme. Le comédien émotionnel est celui qui ne croit pas trop au travail préparatoire, mais qui a besoin d’être « dans l’ambiance » pour pouvoir jouer. Pour lui, les émotions sont plus importantes que la technique. Si il doit montrer de l’agressivité sur scène, il peut devenir dangereux. Une fois j’ai eu le plaisir de jouer Achille dans la pièce de Shakespeare, — Troïlus et Cressida — avec en face de moi, dans le rôle d’Hector un comédien merveilleux, mais très émotionnel. Chaque soir, <b>je mourrais de peur quand arrivait la grande scène du duel. Cependant, je réussis, je ne sais pas comment à en sortir indemne. Mais ma pauvre doublure, qui, dû me remplacer lorsque je fus malade, n’eut pas la même chance….Il y laissa… son pouce gauche ! Le comédien émotionnel représente l’idée romantique du comédien. Celui qui connaît la voie secrète de la création, celui qui reçoit une sorte d’inspiration divine quand il en a besoin et qui est capable de maintenir tout cela aussi longtemps que dure la pièce.</b> Je présume que nombre d’entre nous souhaitent maîtriser certains de ces talents secrets. </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGptvWjSnvnsk3arxl4kqOqlbYWJhSlXc-cP791-h00h7-TqPIOkVTQA8kr6hcy-rupz4EjvhWhq3phF5c5RMao6iE3D_Rme7XAWDK28K7N4-MPnluIAOG72Cpcuec7ldlSR2D/s1600/4275e2eaad0581949f651bd506a07b54.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="500" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGptvWjSnvnsk3arxl4kqOqlbYWJhSlXc-cP791-h00h7-TqPIOkVTQA8kr6hcy-rupz4EjvhWhq3phF5c5RMao6iE3D_Rme7XAWDK28K7N4-MPnluIAOG72Cpcuec7ldlSR2D/s400/4275e2eaad0581949f651bd506a07b54.jpg" width="285" /></a></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;">Et <b>à propos du « comédien intellectuel » ? </b></span><span style="background-color: white; color: #444444;"><b>Quand j’ai débuté, j’étais un jeune homme plein de rêves romantiques sur ce que je voulais faire et comment je voulais le faire.. J’étais très impressionné par le groupe de comédiens distingués qui à cette époque jouait à Dramaten à Stockholm, l’équivalent de la Comédie Française. </b>Je passais toujours mon temps libre dans l’obscurité, tout là-haut au troisième balcon, à les regarder répéter et ainsi je pouvais suivre l’évolution de leurs interprétations. </span><span style="color: #444444;">Il y avait un comédien que j’admirai plus que les autres. Il s’appelait Lars Hanson. Il avait interprété tous les grands rôles du répertoire. Il avait une présence sur la scène absolument extraordinaire qui vous captivait quoiqu’il fasse ou dise…. Même quand il ne faisait rien. Les jeunes acteurs qui avaient déjà eu le privilège de travailler avec lui, me parlait de sa façon de se préparer pour un rôle, comment il lisait et recherchait tout ce qui avait trait à l’écrivain, au sujet de la pièce, à ses racines historiques, etc.. On disait que Monsieur Hanson se contrôlait totalement sur scène, qu’il ne laissait aucune place à l’inspiration du moment et je croyais tout cela mot à mot. Et je décidai de devenir juste comme lui : «</span><span style="background-color: white; color: #444444;"> un comédien intellectuel ». Dans mes premiers rôles je l’ai probablement imité scandaleusement. Mais je n’étais pas le seul. Lars Hanson a influencé toute une génération de comédiens Suédois. J’admire toujours profondément ce que Monsieur Hanson a fait fin des années 40 et début 50. Et je suis très reconnaissant de ce qu’il m’a inspiré. Mais au fil des années, j’ai changé d’avis. Je ne crois pas du tout qu’il était 100 % un comédien intellectuel. Je sais aussi que moi, je ne le suis pas. Et je doute vraiment qu’un bon comédien puisse l’être. </span><span style="background-color: white; color: #444444;">Bien sûr, <b>nous avons tous l’ambition artistique de suivre une certaine voie. Nous analysons, nous spéculons, nous planifions, nous essayons diverses solutions. Tout à fait rationnellement, tout a fait « intellectuellement ». Mais c’est impossible d’étouffer complètement nos émotions personnelles, — notre intelligence émotionnelle, impossible de contrôler notre subconscient ou même d’apprécier ce que le rôle que nous jouons aura comme répercussion émotionnelle sur nous. </b>Nous pouvons très bien avoir enfoui au fond de nous de vieux traumatismes, oubliés depuis longtemps, ou même les échos de triomphes anciens, et d’un seul coup, tout cela peut remonter à la surface et affecter notre façon de réagir et de penser. Même si j’ai une idée précise de ce que je veux faire avec mon rôle, je ne peux jamais savoir ce que le rôle et l’histoire dont il fait partie vont éveiller dans mon subconscient. Peut-être ils vont m’inspirer énormément ou au contraire me déranger profondément Que je le veuille ou non, cela peut bloquer tous mes moyens d’expression. Dans une pièce de théâtre, ou dans un film, nous avons un temps limité pour faire ce que nous sommes supposés de faire. Nous sommes une partie d’une histoire où le temps a été compressé. Nous ne travaillons pas en temps réel, mais en temps compressé. Notre ambition est de faire que cette partie de temps compressé soit aussi parfaite que possible. <b>Nous voulons créer « le moment parfait ». Parfait… pour être capable d’émouvoir, suggérer, amuser, provoquer etc… Et pour réussir nous devons être parfaitement préparé mentalement et physiquement et bien savoir ce que nous voulons faire de ce moment. Cela serait un risque beaucoup trop grand de tout laisser à la merci d’une éventuelle inspiration. </b></span><span style="background-color: white; color: #444444;"><b>Si je veux créer le « moment parfait, », bien sûr, je dois naturellement connaître complètement toutes les techniques du théâtre bien connaître les bases. Tout un tas de trucs plutôt ennuyeux, mais néanmoins très importants. </b>Toutes ces choses que les écoles de théâtre essayent de nous enseigner. Par exemple, la façon de respirer correctement quand vous avez beaucoup de choses à dire. Ne forcez pas sur vos cordes vocales et sur les muscles de votre gorge. Respirer avec votre abdomen, et non avec votre poitrine. Comment articuler… Comment parler distinctement de façon à ce que tout le public puisse entendre ce que vous dites. Il se trouve que je suis né au Sud : Sud de la Suède, et dans cette région les gens parlent avec un accent qui pour le reste des Suédois peut être un peu ridicule. Et, pour pouvoir entrer au conservatoire, j’ai dû perdre totalement cet accent, et apprendre disons « le Suédois Royal ». Naturellement savoir parler un patois, un dialecte, c’est très bien, mais sur scène il est aussi indispensable d’être capable de parler correctement sa langue maternelle. Mais, revenons à la technique. Autres exemples : apprendre comment se déplacer sur scène, bouger, dans des pièces historiques pour lesquelles probablement vous portez un costume d’époque. Comment saluer avec un tricorne, comment porter une toge, comment se servir d’une canne, une épée, un parapluie, une boîte de tabac à priser, un mouchoir… etc. Et à propos de gestes : attention : un geste doit toujours précéder les mots. En d’autres termes, <b>respecter l’ordre suivant : Idée — geste - mots. Et pas dans un autre sens. Vous tendez votre bras, vous indiquez la porte et vous dites : « foutez le camp » ! </b></span><b><span style="color: #444444;">Et pas dans un autre ordre. Cela affaiblirait l’action et même serait un peu ridicule. Nous voyons souvent des hommes politiques à la télévision qui ne connaissent pas cette règle. Quand ils parlent spontanément, sans préparation, (si, si, cela est possible</span><span style="color: #444444;"> </span><span style="color: #444444;">!), les gestes viennent à la bonne place. </span></b><span style="background-color: white; color: #444444;"><b>Mais quand l’orateur a son texte écrit sur un prompteur et qu’il s’est exercé avant de le lire face caméra, ses éventuels gestes tombent rarement au bon moment. </b>Pensez-y la prochaine fois que vous les regarderez…</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bien souvent les gens me demandent : « Que dois-je faire pour devenir un bon comédien ? » En fait, le problème est que pour bien jouer, il faut beaucoup s’exercer. C’est vraiment presque impossible de donner en théorie des conseils techniques sur l’art de jouer la comédie. Alors travaillez, travaillez. Si vous n’avez pas d’offres, essayez de trouver des amis dans la même situation que la vôtre, choisissez un texte et travaillez ensemble analysez, répétez, discutez, expérimentez. Travaillez tant que possible. Et regardez le monde autour de vous, regardez comment les gens se comportent, et bien sûr, regardez les bons comédiens. Les gens me disent souvent comme ils sont impressionnés par les comédiens qui sont capables d’apprendre des textes sans fin. <b>Ils pensent que pour être un comédien un des talents indispensable est d’avoir une très bonne mémoire. C’est une idée fausse. N’importe qui avec une intelligence normale, et une certaine capacité de concentration peut apprendre un très long rôle par cœur, sans difficulté. C ’est seulement une question de technique. Tout d’abord, vous avez plein de temps, au moins un mois pour vous préparer. Ensuite il y a de très nombreux facteurs extérieurs, qui vont vous aider à rappeler les mots. Simplement le fait que ce soit un dialogue, avec questions et réponses facilite l’apprentissage. </b>Et puis il y a les mouvements, que vous faites sur scène et ceux que font vos partenaires. Les textes écrits en vers et les rimes facilitent encore plus l’apprentissage. Les alexandrins de Molière par exemple sont merveilleux. Non, ce n’est pas important pour un comédien d’avoir une mémoire exceptionnelle. Mais il y a une qualité qui est indispensable : la patience. Nous devons passer beaucoup de temps à attendre, attendre notre moment pour entrer en scène ou pour être appelé sur le plateau. Attendre, attendre ! Attendre le grand succès… Jouer un rôle est vraiment une affaire de concentration à plusieurs niveaux. Déjà Stanislavsij en parlait beaucoup, et il avait raison. La concentration est d’une importance vitale parce que sur scène, vous devez vous focaliser totalement sur votre rôle et oublier tout le reste. Et cela, ce n’est pas facile… Il y aura autour de vous toujours tant de chose pour vous distraire. <span style="background-color: transparent;"><span style="color: #444444;"><span style="background-color: white;">Tout d’abord, vous devez vous débarrasser de vos propres distractions. Pendant que vous jouez, vous devez totalement vous oublier vous même. Pour être capable d’avoir les pensées de votre rôle, vous devez oublier tous vos soucis personnels, vos jalousies et vos vanités. </span></span></span><span style="background-color: transparent;">Oubliez que vous avez reçu ce matin une lettre d’huissier. Arrêtez d’être narcissique</span> ! Personne ne se soucie de savoir si votre profil gauche est plus remarquable que le droit. <span style="background-color: transparent;">Et oubliez votre ambition d’obtenir un de ces grands prix</span> ! Molière, César, Oscar… Si vous en obtenez un, très bien, mais cela ne doit pas être votre but quand vous jouez. Et essayer aussi d’oublier la jalousie envers votre collègue qui lui a obtenu un rôle plus important que le vôtre. Vous êtes sur scène pour donner le meilleur de vous, pour être bien intégré dans l’ensemble de la pièce et raconter l’histoire de la façon la plus claire et la plus captivante possible. Et vous avez aussi à surmonter toutes les distractions techniques. Le décor, par exemple, peut être très gênant. Esthétique certes, mais pas du tout fonctionnel. Ou vous pouvez avoir à porter un costume très inconfortable. Mais en dépit de tout vous devez garder votre concentration. J’étais dans un film « Au delà de vos rêves » avec Robin Williams, et l’on m’a fait porter un très long manteau en vraie fourrure de buffle, si long qu’il traînait sur le sol. Il devait peser au moins 20 kilos. J’ai même dû nager avec le manteau. Vous imaginez comment de sortir de l’eau ! Presque impossible. Je me suis battu pour garder ma concentration, mais finalement j’ai fait un drame. Et la costumière me fabriqua un mini manteau pour les plans moyens et les gros plans. Dans le film de David Lynch, Dune, je devais porter un costume en caoutchouc qui avait été directement moulé sur mon corps et bien sûr sans aucune ventilation. C’était épuisant, Pire qu ’un sauna Suédois… et j’ai perdu 6 kilos, pendant le tournage. Mais concentration… <b>Ou encore vous devez jouer avec un animal. Dans le dernier James Bond de Sean Connery, Jamais plus jamais, j’avais un très long monologue pendant lequel je devais caresser un adorable petit chaton blanc angora. J’étais bien préparé, j’ai dit mon texte sans une faute… à la première prise. Mais le chat n’assumait absolument pas son rôle. Pareil à la deuxième prise, la troisième, la quatrième, la cinquième, à la sixième j’ai commencé à me déconcentrer, et c’est devenu de pire en pire… A la vingt sixième prise le chat était génial, mais moi j’avais perdu toute ma spontanéité. Le directeur ordonna « print ». Au final, la majeure partie de cette scène fut coupée. </b>Autre distraction : jouer avec un jeune enfant. Adorable certes, mais manquant totalement d’intérêt pour la scène et sans aptitude à se concentrer. Après la seconde répétition, il ne cache pas son ennui. Mais vous, — vous —, devez gardez votre concentration.</span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je vous ai parlé déjà du grand Lars Hanson. Je me souviens d’avoir assisté à ses répétitions de la pièce d’Auguste Strindberg, La grande route. À la fin de la pièce, il y a une scène où l’Etranger, — le rôle de Monsieur Hanson —, rencontre sa fille qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années et qui ne le reconnaît pas. La petite fille qui avait été choisie pour le rôle faisait tout de travers et Monsieur Hanson et le metteur en scène se mettaient de plus en plus en colère Finalement Hanson suggéra d’oublier complètement la petite fille et proposa de jouer la scène tout seul. Ce qu’il fit avec une grande simplicité. La scène devint très émouvante. Aujourd’hui encore je me souviens des mots qu’il prononça et de sa façon de les dire. Il y a des comédiens qui croient à une identification totale sur scène. Pas moi. <b>Dans mon esprit, une totale identification signifie perte de contrôle artistique – et en plus probablement aussi perte de bon sens. Tout simplement, je ne pense pas que l’identification totale sur scène soit possible. D’autre part, le plein contrôle sur scène n’est pas non plus possible. Mais néanmoins, je suis là pour obtenir cet effet. En d’autres mots, il faut trouver un équilibre concret entre les deux, une interaction maniable entre volonté et instinct. Je ne suis pas le rôle, je joue le rôle. Mais bien sûr c’est merveilleux si le public m’oublie et ne voit que mon rôle. Après tout, c’est mon but, cela je ne peux pas le nier. On m’a très souvent demandé si c’était difficile de « sortir « de mon rôle quand ma performance est finie. Ou si ma femme est fatiguée de vivre avec un tueur professionnel, un exorciste, le diable ou Jésus… </b><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;"><b>Chose étonnante, les journalistes me demandent souvent ce genre de questions. Ce qui dénote leur ignorance sur le travail de comédien. </b>Voici ma réponse : sur scène, j’interprète mon personnage, je joue mon rôle et quand le rideau tombe j’arrête de jouer. D’accord si vous voulez je «</span><span style="background-color: white;"> </span><span style="background-color: white;">sors</span><span style="background-color: white;"> </span><span style="background-color: white;">» de mon personnage. Je suis totalement moi. </span>Je peux rester un peu préoccupé par le personnage, mais je suis moi. C’est une illusion courante de penser que les comédiens deviennent réellement les personnages qu’ils interprètent. Les attachés de presse des compagnies de films encouragent cette idée fausse. Et la presse people suit tout cela avec un grand enthousiasme Et il y a bien sûr des comédiens qui aiment prétendre qu’ils sont aussi leur personnage hors scène.</span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><div style="text-align: justify;">
Je vais vous confier quelque chose : quand j’étais jeune, et que je travaillais au théâtre en Suède, voici ce que pouvait être mon jour de travail : 9h/10H30, répétition ou enregistrement d’une pièce pour la radio, où j’interprète Jederman. 11h/16H, répétition de la pièce qui sera jouée au théâtre dans un mois où là je suis le Général Saint Pé. 16H30/18H Je suis le Capitaine Grant pour un spectacle enfantin. Et finalement à 20H je suis Alceste. Vous comprenez, j’espère, qu’il est indispensable pour moi, de vraiment « sortir “de mes personnages les uns après les autres. Et de retour à la maison, je suis bien trop fatigué pour être autre que moi-même. Répéter une pièce où vous avez un rôle important est un engagement presque total. C’est un peu comme si on vous avez donné une énigme à résoudre et vous n’aurez pas de paix tant que vous n’aurez pas trouvé la réponse adéquate. Je ne peux pas vous dire que j’ai une méthode précise dont je me sers pour chaque pièce. Je pense que mon choix se détermine d’après le rôle que je suis amené à jouer et le style de la pièce. Mais il y a tout de même quelques règles de base que je suis à chaque fois. Par exemple : toujours commencer sur la voie vers une identification maximale, en appelant le rôle ‘Je’ au lieu de ‘Il’. Même si je ne serai jamais complètement le caractère. Il vaut mieux garder le sens subjectif dès le tout début. Je lis et relis la pièce encore et encore. Mon but est de connaître non pas seulement mon rôle, mais toute la pièce comme si je l’avais écrite moi-même. Et bien sûr connaître mes répliques par cœur est sous entendu..Et le plus tôt sera le mieux. Je n’ai pas à aimer le caractère de mon rôle, mais je dois le comprendre, comprendre ce qu’il veut faire de sa vie et pourquoi il a choisi ce chemin pour arriver à son but. Je dois comprendre ses sentiments vis à vis de son entourage, et pourquoi il réagit de la façon qu’il fait. Mon imagination et mon empathie pour lui vont m’aider à avancer. Je dois essayer de me rendre réceptif et sentimentalement disponible.<b> Libre de tout préjudice et très tolérant. Naturellement je dois imaginer les racines psychologiques de mon rôle. Que lui est-il arrivé avant que notre histoire commence ? Par quoi a-t-il été influencé ? Quels sont ses rêves ? J e peux me baser sur la pièce et sur ma connaissance personnelle de la vie. Et pendant cette recherche psychologique, je peux trouver quelque chose de ma propre vie, quelque chose que j’ai en commun avec le rôle, un trait de caractère peut être ; ou quelque chose qui arrive dans la pièce, que j’ai vécu moi-même ou que quelqu’un proche de moi a vécu. Ces marques de reconnaissance personnelle peuvent être des points de départ intéressant. Ils me rassurent : le rôle et moi, sommes un peu ‘parent’</b>.</div>
</span><div style="text-align: justify;">
<span style="caret-color: rgb(68, 68, 68); color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoDiw8F_b537VzKTE3K1iRGdvhAg-URbY1SbGHKaoGhXhA8Z-WtbUGkdIOweA6MzMh9ThHPsHuJcT1FqqLb7you1KMWfPy5dWLg17PMGoiyUhCFXIVKM5biCgPBtmdzV9Y9U0Y/s1600/4yxrumox2rxkh5oxupeeigkqoly-534.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1067" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoDiw8F_b537VzKTE3K1iRGdvhAg-URbY1SbGHKaoGhXhA8Z-WtbUGkdIOweA6MzMh9ThHPsHuJcT1FqqLb7you1KMWfPy5dWLg17PMGoiyUhCFXIVKM5biCgPBtmdzV9Y9U0Y/s400/4yxrumox2rxkh5oxupeeigkqoly-534.jpg" width="266" /></a></div>
Alors, comment je me sers de ces différents points ?</div>
</span><div style="color: #444444; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white;">J’essaie de m’en servir de marche pied. </span><span style="background-color: white;">Grâce à eux, j’ ’essaye de comprendre le reste de la personnalité de mon rôle. C’est un peu comme si je tissais des liens de compréhension de plus en plus solides. Je parle de la préparation, bien sûr. Pendant le spectacle, je dois être libre de mon propre ego, et de mes souvenirs personnels. Parce qu’à ce stade final, je ne dois avoir aucune autre pensées que celle de mon rôle. Je dois décider — et cela est très important — ce que veut mon personnage à chaque apparition. Oubliez ce qu’il peut ressentir, oubliez ses émotions. Concentrez-vous juste sur ce qu’il veut. ‘Je veux’ doit être mon mantra de base. Quand tous les comédiens, qui sont ensemble dans une scène savent ce à quoi ils veulent parvenir, quand toutes ces volontés individuelles se heurtent, c’est à ce moment précis que naissent les émotions et qu’elles se développent. Et c’est à ce stade que le vrai drame est créé. Mais qu’en est – il de la manière de camper un personnage ? Soyez simple. Essayer de ne pas faire plus que ce qui est nécessaire. La simplicité est une vertu. Exemple : le dialogue, ou la situation montre que je suis malade, que j’ai la tuberculose ou bien que je suis ivre mort. Je n’ai pas à le montrer pendant toute la scène. N’oubliez pas qu’un homme ivre fait souvent tout ce qu’il peut pour apparaître sobre.</span></span></div>
<span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><div style="text-align: justify;">
Et une règle d’or : n’imitez jamais ce que vous avez fait hier soir. Souvenez-vous juste ce que votre personnage veut à tel moment précis et foncez. Même si vous avez l’intention de suivre une méthode dans votre travail, vous devez rester flexible face aux autres comédiens. Votre façon de réagir à ce qui arrive sur scène dépend aussi beaucoup de comment vos collègues interprètent leurs rôles. Un accès de colère très violent de la part de votre partenaire appelle une réaction plus forte de votre côté. Et vice et versa. Et aussi — ce que le metteur en scène attend de vous. Il y a des metteurs en scène qui d’avance ont tout planifié dans le moindre détail. Il y en a d’autres qui vous laissent du temps, qui vous donnent beaucoup de liberté, et qui ne disent rien tant qu’ils n’ont pas vu ce que leur donne les comédiens et comment ils établissent les rapports entre eux.. Il y a quelques années, j<b>’ai eu un rôle dans un film écrit et dirigé par Woody Allen : Hannah et ses sœurs. J’ai été très étonné de voir la façon dont il travaillait. Chaque scène était arrangée avec les doublures lumière, pas avec les acteurs. Ceux-ci n’étaient appelés sur le plateau, que lorsque l’équipe caméra et celle du son étaient parfaitement prêts. À ce moment les doublures lumière montraient aux acteurs leurs mouvements sur le plateau en fonction des mouvements de la caméra. Puis c’étaient aux acteurs d’essayer de cadrer avec le modèle proposé. Monsieur Allen ne nous demandait jamais notre point de vue. Nous devions simplement nous adapter. J’ai eu des difficultés les premiers jours. </b>Mais j’ai bientôt réalisé que j’avais quand même beaucoup de liberté dans les limites imposées. </div>
</span><div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444;"><div style="text-align: justify;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJBqz7MIBcOFyjeUxicHU-5kcYfb_Y3IQmeEWJBst1_WFydRh80KcoevOMeN3KCHssdzrUGXR3kMLUEon5ry7rj_w59zoSAMmcX-vSm2fvg2o7hiIDSfLv5B2X1uGom28CQqTi/s1600/Max.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="400" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJBqz7MIBcOFyjeUxicHU-5kcYfb_Y3IQmeEWJBst1_WFydRh80KcoevOMeN3KCHssdzrUGXR3kMLUEon5ry7rj_w59zoSAMmcX-vSm2fvg2o7hiIDSfLv5B2X1uGom28CQqTi/s320/Max.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Max Von Sydow, Catherine Brelet et Damien Malinas<br />
Maison Jean Vilar - Avignon 2005</td></tr>
</tbody></table>
En réfléchissant à ma longue carrière, j’ai essayé de trouver où et quand j’ai fait mes propres découvertes et appris quelque chose sur ce qu’est jouer la comédie. C’est très clair pour moi, j’ai acquis les bases quand j’ai quitté le Conservatoire. Mais je n’ai pour ainsi dire pas de mémoire de conseils spéciaux de la part de mes professeurs. Ce fut en travaillant sur le tas, et en jouant les différentes scènes classiques, que j’ai eu un aperçu sur ce qu’il fallait ou pas. Mais aussi, je me suis beaucoup enrichi en regardant le travail des grands comédiens. Et naturellement chaque rôle vous enseigne quelque chose. Chaque nouveau caractère vous apporte un plus. Dans le métier de comédien, le merveilleux est le fait que vous ne saurez jamais tout, que vous ne maîtriserez jamais tout, jamais. Chaque nouveau rôle est un nouveau challenge, un nouveau commencement. Cela vous garde curieux, et jeune. J’ai eu le plaisir de travailler avec de très grands metteurs en scène de théâtre et de films pendant des années, mais en fait, il y en a très peu qui restent gravés dans ma mémoire comme m’ayant donné des nouveaux conseils. Bien que je suis sûre que nombre d’entre eux l’ont fait. <b>J’ai eu le bonheur de travailler à plusieurs reprises avec le Maître Suédois — Ingmar Bergman — tant pour le théâtre que pour le cinéma. Il n’est pas musicien, mais, il a acquis une solide éducation musicale et il a le sens et l’amour profond de la musique. Sa manière d’orchestrer une pièce de théâtre ou un film ressemble beaucoup pour moi au travail d’un chef d’orchestre. Il est toujours très bien préparé. C’est avec une grande minutie qu’il arrange les scènes. Il donne rarement aux comédiens une analyse de leur caractère ou des ordres concernant leur interprétation. Mais son ‘blocking’ comme disent les Anglais, — c’est à dire ses instructions concernant les mouvements sur scène : du point A au point B, quand s’asseoir quand avancer vers son partenaire, quand l’embrasser, quand lui donner une gifle, quand sortir, quand mourir… etc. Ces instructions sont toujours très précises et éloquentes. Cela donne immédiatement aux comédiens un rythme psychologique qui dévoile l’essence de la scène.</b> Il est toujours en avance sur ses comédiens, mais ouvert à toute bonne suggestion. Il peut être très dominant, très possessif, très manipulateur. Mais toujours ‘insupportablement’ génial. Il a une incroyable aptitude à stimuler ses comédiens et ses techniciens, à partager son enthousiasme pour la pièce ou le film. Sa ponctualité est légendaire. Et son absolue discipline de travail incroyable..Le moindre petit bruit est absolument interdit pendant les répétitions, mais pendant les pauses, pour le thé — moment sacré — le rire est de mise. Son sens de l’humour est des plus agréable. Monsieur Bergman est sans aucun doute la personne, qui m’a le plus influencé que ce soit pour le cinéma ou le théâtre. Et je suis très heureux d’avoir aujourd’hui la possibilité de vous dire que mon admiration pour lui et ma gratitude à son égard sont sans limite.</div>
</span></span><div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="background-color: white; color: #444444;"><div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Alors, un bon comédien, qu’est ce que c’est ? Qu’est-ce qu’un bon comédien ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. J’ai vu des acteurs très doués et très cultivés, interpréter techniquement à la perfection un rôle, mais qui en fait étaient ennuyeux. J’ai aussi vu de jeunes débutants sans aucune base et faisant plein de choses de travers, mais profondément intéressant. Bien sûr, l’apparence d’un comédien n’est pas totalement sans importance. Il n’a pas à être de façon frappante beau mais il devra au moins être assez intéressant pour que le spectateur puisse s’identifier avec lui. Mais ce que je pense vraiment être le plus important est l’énergie, la vitalité. Un comédien qui ne respire pas l’énergie devient facilement ennuyeux. Même si il ne se sert pas de cette énergie tout le temps il devra montrer que derrière cette façade de contrôle il y a une réserve d’énergie qui a tout moment peut être libérée. Un bon comédien doit être capable de captiver son public à chaque instant. La tâche d’un comédien est de divertir, de faire rire ou pleurer les gens, de les faire s’évader de leurs soucis pour un moment, de leur donner quelques heures de suspense. Mais aussi peut être parfois de les faire réfléchir sur eux mêmes, donner à leurs idées, à leur vie, à leurs relations un nouvel éclairage. Jouer la comédie est vraiment une ‘activité’ profondément intéressante. Face à face avec mon public quand la communication est parfaite, quand il y a une réelle osmose ; cela crée des moments magiques, jouissants. Parfois j’ai l’impression d’être en apesanteur, comme si ensemble nous nous élevons dans les airs sur les ailes de l’imagination et d’une compréhension réciproque. <b>Quel grand privilège de pouvoir travailler avec les énigmes et les caprices du genre humain, d’avoir pour compagnons personnels les grands caractères de la littérature et de l’histoire du monde, d’avoir un théâtre ou un studio de cinéma comme cour de récréation ou comme chaire et l’imagination comme outil le plus important. Mais je me demande encore : jouer la comédie est-ce un art ? Je ne sais toujours pas… Bien… peut-être… quelquefois… C’est à vous, public, de décider.</b> Merci.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="background-color: white; color: #444444;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: xx-small;"><i>Cette leçon a été donnée dans le grand amphithéâtre de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse le 9 juillet 2005 par Max Von Sydow invité et présenté par Emmanuel ETHIS, Professeur des Universités et vice-président de l’Université. À l’issue de cette leçon, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication, lui a remis les insignes de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.</i></span></span></div>
</span></span>Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-12466655228765445642019-12-23T12:15:00.001+01:002019-12-23T13:38:11.168+01:00VOIR L'ASCENSION DE SKYWALKER et vivre (enfin)…<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: x-small;">« <i>Dans le flux inévitable, quelque chose demeure. Dans la permanence la plus accablante, s’échappe un élément qui devient flux.</i> » (Alfred North Whitehead, <i>Procès et réalité</i>) </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMOP3ho3AHt0wXwqGUTCTvkjrp_nRx4A_94ExsxrkWpVdW-Jt_hgEhyphenhyphenXmCZI8RSlX_E0Hc2eqnWwsnPLrb9od-oje2ia4ano5CT09ejSGIsRyKIzpXvyhkD3Dr-I9xoAPhP6-B/s1600/original.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="500" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMOP3ho3AHt0wXwqGUTCTvkjrp_nRx4A_94ExsxrkWpVdW-Jt_hgEhyphenhyphenXmCZI8RSlX_E0Hc2eqnWwsnPLrb9od-oje2ia4ano5CT09ejSGIsRyKIzpXvyhkD3Dr-I9xoAPhP6-B/s400/original.gif" width="400" /></a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Dans <i>L’Usine à images</i>, un ouvrage qui rassemble ses principaux textes, on découvre combien le poète et philosophe iconoclaste, Ricciotto Canudo pressent dans la gestuelle des acteurs hollywoodiens des origines l’un des principes cardinaux qui va fonder, au propre comme au figuré, le sens de l’art cinématographique. </b>Selon lui, le septième art se façonne ainsi en « prescrivant » par le biais du grand écran des attitudes et des pauses humaines susceptibles de prétendre à l’universalité et va, comme jamais auparavant, impulser une force inédite et cinétique à nos mythes et à leur circulation. Pour être plus juste, il faudrait dire que le cinéma (ré) invente nos mythes, comme la philosophie le langage ou les sciences physiques la nature qui lui préexiste. Aussi, est-ce la représentation d’un baiser qui, sans doute, va s’imposer comme le geste inaugural le plus puissant et le plus maîtrisé où l’on peut apprécier dans toutes ses dimensions la capacité pétrifiante et durable de l’imagerie cinématographique à se distiller dans la conscience ses publics. Ce baiser est un « baiser manifeste » qui subsume toutes les aspirations, toutes les inspirations du cinéma qui se déportent dans ce geste d’amour filmé, animé, et même réanimé. Ce baiser date de 1937, c’est celui de Floriant, le Prince charmant du long métrage d’animation de Walt Disney, <i>Blanche-Neige et les sept nains</i>. À la fin du film, l’homme en cape découvre Blanche-Neige, sans vie, allongée dans son cercueil, entourée de ses sept compagnons qui la pleurent. Elle a succombé, comme tant d’autres avant elle, parce qu’elle a croqué une pomme empoisonnée, « la » pomme empoisonnée. Mais le baiser de Floriant va ramener Blanche-Neige à la vie. <b>Et, cette résurrection-là, quarante-deux ans après <i>la sortie des usines Lumière à Lyon</i>, va bel et bien installer le cinéma dans son siècle comme cet instrument privilégié de « rédemption de la réalité matérielle » — pour reprendre les mots du théoricien Siegfried Kracauer —, un instrument avec lequel percevoir ce « flux de la vie » qui, dès lors, viendra alimenter nos imaginaires en conscience.</b><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><i>Ego sum resurrectio et vita </i>: je suis la résurrection et la vie ! </b>En mettant en scène le baiser du Prince Floriant, c’est bien à un nouveau miracle chrétien de la résurrection que Walt Disney va donner corps en renvoyant ses publics sur leur capacité à croire ce qu’ils voient. Par-là même, il part du postulat selon lequel il est nécessaire de dealer une sorte de pacte implicite avec les spectateurs qu’il prend au sérieux, c’est-à-dire qu’il les conçoit, des plus jeunes aux plus âgés, comme de véritables Saint-Thomas en puissance. Puisque vous ne croyez que ce que vous voyez, si je vous fais témoins de l’incroyable, est-ce que quelque chose changera en vous ? Bien sûr on peut être prompts à disqualifier Blanche-Neige au prétexte qu’il s’agit d’un dessin animé, d’une fable, d’une histoire. Mais le tour de force de Walt Disney, c’est d’avoir permis, le temps d’un film, à un public familial d’éprouver l’expérience conceptualisée par l’écrivain britannique Samuel Taylor Coleridge, celle d’une suspension consentie de l’incrédulité (<i>Willing suspension of disbelief</i>), poussée ici dans ses derniers retranchements. Le propre de notre foi poétique revient dans ces moments précis à « <i><span style="background-color: white;">puiser au fond de notre nature intime une humanité aussi bien qu’une vraisemblance que nous transférerions à ces créatures de l’imagination, de qualité suffisante pour frapper de suspension, ponctuellement et délibérément, l’incrédulité</span></i><span style="background-color: white;"> ». <b>Nous apprenons beaucoup sur nous-mêmes chaque fois que nous expérimentons les limites de notre suspension consentie de l’incrédulité. En ce sens, le cinéma demeure un art qui dépend autant de ses spectateurs que de ses narrateurs, tout comme la littérature, le théâtre ou le conte. Il n’est pas une réalité virtuelle. Il n’a de cesse d’interroger encore et encore notre faculté de croire, à faire croire, à symboliser et à faire symboliser. Lorsqu’un film nous bouleverse, nous fait ressentir quelque chose qu’on ne parvient pas totalement à décrire, nous sommes toujours enclins à inciter notre entourage à aller le voir plutôt que de dévoiler les ressorts d’une intrigue qui ne fera sens qu’à l’écran. </b>Nous pressentons toujours ce qu’un film a de précieux, si précieux d’ailleurs, qu’il est difficile de recommander ledit film sans mettre à l’épreuve notre tentation de spoiler. Le <i>spoileur</i> est celui qui sait et qui sait qu’en révélant ce qu’il sait, il diminuera d’autant le plaisir de celui à qui il fait ses révélations. Il y a cependant une exception à cette règle, si le <i>spoileur</i> est convaincu qu’il est important d’attirer votre attention sur un moment précis, s’il s’agit de créer une attente afin que vous puissiez jouir pleinement de celui-ci, c’est-à-dire mieux le saisir dans toutes ses dimensions. </span>Si vous n’avez jamais vu de films de vampires et que l’on vous explique que dans les films de vampires, les vampires se reconnaissent au fait qu’ils ne se reflètent pas dans les miroirs, si, de surcroît, on ajoute que s’ils ne se reflètent pas, c’est aussi parce qu’ils sont la traduction de notre part ténébreuse et que c’est pour cela qu’il n’y a que notre image dans le miroir, alors l’activité de spoiler participe à vous faire accéder à un seuil de compréhension et de signification symboliques certain, voire utile. Spoiler peut ainsi se rapporter à cette louable intention si chère à Jean-Jacques Rousseau et qui consiste à tenter d’habiter le monde avec « la conscience de l’autre ».<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjti7t5IpPNmA645siIFiuBtD21Urj8CiYQqJAf2GNfgJeACqtBHcyq2NUZCKF9jHxf1wF8YGTOomoIyrviaTPf_0EseOkRpt4RbiklLeFEpYO5uNWMTQzh9NLHDXCm4BW2_xpn/s1600/B9716707231Z.1_20180824144500_000%252BGFKBTDMVB.1-0.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="613" height="325" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjti7t5IpPNmA645siIFiuBtD21Urj8CiYQqJAf2GNfgJeACqtBHcyq2NUZCKF9jHxf1wF8YGTOomoIyrviaTPf_0EseOkRpt4RbiklLeFEpYO5uNWMTQzh9NLHDXCm4BW2_xpn/s400/B9716707231Z.1_20180824144500_000%252BGFKBTDMVB.1-0.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quarante-deux ans après le film de Georges Lucas, le dernier chapitre de la franchise <i>Star Wars</i> — <i>Star Wars IX, l’ascension de Skywalker</i> — réalisé par J.J. Abrams et produit par la Walt Disney Pictures, est supposé clôturer cette saga, qui, comme Blanche-Neige en son temps, peut se prévaloir d’être devenu tant un phénomène planétaire que « trans et inter » générationnel. Comme Blanche-Neige, cet ultime film se conclut par un baiser. Après de multiples combats, dont un affrontement final qu’ils mènent côte à côte contre les Siths et l’Empereur Palpatine, Ben Solo — ex-Kylo Ren — retrouve Rey, l’héroïne victorieuse, allongée à même le sol, sans vie. Elle n’a pas survécu à la bataille suprême. Aussi va-t-il utiliser toute sa force pour la ramener à la vie. C’est à cet instant que Rey décide d’embrasser Ben Solo qui, lui, ne survivra pas à ce baiser et dont le corps va disparaître et s’évaporer comme celui de tant de valeureux Jedis avant lui. <b>Comment ne pas entrevoir dans ce baiser l’ambition flagrante du réalisateur et de la firme Disney de porter dans la gestuelle de ce baiser de mort à la fois la récapitulation de tous les baisers miraculeux que le Prince Floriant avait inauguré en offrant une seconde vie à Blanche-Neige, mais également, dans la symétrie même de ses effets, une manière de signifier non seulement la fin de la saga, mais la fin d’un siècle de cinéma hollywoodien ? </b>En disparaissant, Kylo Ren/Ben Solo nous rappelle qu’un miracle ne peut avoir lieu qu’une fois, que la gestuelle du baiser de cinéma est le signe d’un autre temps, que les mythes aussi peuvent s’évanouir ou pour le moins s’épuiser. <i>Star Wars</i> est devenue, un peu malgré elle, cette merveilleuse totalité testamentaire de tout ce que le cinéma a porté y compris la représentation d’un monde ingouvernable où les démocraties n’ont de cesse d’être menacées, où la révolution semble permanente, où un seul mythe susceptible d’expliquer le monde ne peut jamais suffire, où notre besoin de consolation est évidemment impossible à rassasier. Avec Star Wars, on a pu matérialiser devant nos yeux le seul véritable miroir de ce <i>Héros aux mille et un visages </i>théorisé par Joseph Campbell, un miroir dans lequel, nous sommes nous, publics et spectateurs de cinéma, les seuls à nous refléter. Ces mille et un visages sont aussi ceux de ces fans qui se travestissent pour aller voir le film, tantôt en Jedis, tantôt en Empereur, en Princesse Leïa, en Dark Maul ou Dark Vador. <i>Star Wars</i> a permis de dévoiler une part de notre identité, de nous faire croire à chaque fois que nous sortions de la salle de cinéma que nous étions potentiellement habités par la Force, que peut-être nous avions encore un cheminement initiatique à effectuer pour passer du bon côté de la Force. Dans <i>Édifier un monde. Interventions</i>, <span style="background-color: white;">Annah Arendt déclare : «<i> L’un des grands avantages de notre temps, c’est ce qu’a dit René Char : “Notre héritage n’est précédé d’aucun testament” (</i></span><i>Les Feuillets d’Hypnos</i><i><span style="background-color: white; background-position: initial initial; background-repeat: initial initial;">, écrits entre 1943 et 1944). Cela veut dire que nous sommes entièrement libres d’utiliser où que nous le voulions les expériences et les pensées du passé (…). Cette liberté (…) ne repose que sur la conviction que chaque être humain en tant qu’être pensant peut réfléchir aussi bien que moi et peut former son propre jugement s’il le veut. Ce qu’on ne sait pas, c’est comment faire naître ce désir en lui. Réfléchir, cela signifie de toujours penser de manière critique, cela signifie que chaque pensée sape ce qu’il y a en fait de règles rigides et de convictions générales </span></i><span style="background-color: white;">». <b>En s’achevant <i>Star Wars</i> nous livre, à l’instar de René Char, un testament cinématographique dont nous sommes désormais les héritiers, libres de ne plus être asservis à la prochaine sortie au cinéma, libres de penser que définitivement, le monde nous appartient.</b></span></span><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="background-color: white;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif; font-size: x-small;">(CE TEXTE SERA LE DERNIER PUBLIÉ SUR CE BLOG, IL VIENT LUI AUSSI CONCLURE CETTE AVENTURE DU <i>MAKING-OFF DU SPECTATEUR</i> QUI COMPREND 220 TEXTES AU TOTAL ET QUI RESTERONT CONSULTABLES. MERCI DE VOTRE FIDÉLITÉ)</span></span></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-89980454509850057802019-12-21T10:49:00.000+01:002019-12-23T13:39:05.759+01:00TRAVOLTA ET MOI : l'essence, du sens pour l'existence?<!--[if gte mso 9]><xml>
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<!--StartFragment-->
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyY5GQ34hrbm-08EEApAlnGBEDXWONz_9AzT0Je2wt0mj-PiekOnWV-RzrdTXsm4MEZ5A-cK-jgEZgZ38WudztO4NABBaaxLRF3e2I77d9FA59xSTM6Rg3XgjUH4T5eUOigzP6/s1600/593109-avant-john-travolta-c-etait-637x0-2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></a></div>
<div class="MsoNormal">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1O6pCTzeAX6lve1gWqKY8cFC5e89o8Bf7PD7lJumlKEy8oOR5BWoHC4IvCo1jHERlSX2_K_XxEoVFB-05etqbfsIu66FjDVQp9SVVFik5eXpaTCJth-coGIbeVuCGXuxiA8_T/s1600/d206df63f201f96a76ddbcd7f138ebcc.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: left;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1O6pCTzeAX6lve1gWqKY8cFC5e89o8Bf7PD7lJumlKEy8oOR5BWoHC4IvCo1jHERlSX2_K_XxEoVFB-05etqbfsIu66FjDVQp9SVVFik5eXpaTCJth-coGIbeVuCGXuxiA8_T/s1600/d206df63f201f96a76ddbcd7f138ebcc.jpg" /></span></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>On se souvient de l’idée fondatrice de l’existentialisme de
Jean-Paul Sartre -<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> l’existence
précède l’essence </i>- selon laquelle aucun d’entre nous ne serait le
résultat de déterminants, ou «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">prédéterminé</i>»,
mais pourrait, au contraire, choisir ce qu’il souhaite devenir.</b> C’est même dans
l’acception de cette idée qu’on expérimenterait les contours de la liberté
individuelle tant en tant que notion qu’en tant que valeur. Dans un article
publié dans la revue <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Science</i> le 10 mai
2013 par un groupe de neuroscientifiques mené par Julia Freund et intitulé
« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Emergence of individuality in
genetically indentical mice </i>», on découvre comment ces derniers réinterrogent
à nouveaux frais cette question de la liberté individuelle par l’entremise
d’une observation animalière en laboratoire. En plaçant ensemble quarante
souris génétiquement identiques dans une très grande cage dès leur naissance,
ils se sont demandés si, au bout de quelque temps, certaines se
différencieraient par leurs comportements. Or, c’est bien ce dont ils furent
les témoins car certaines développèrent en trois mois une inclination pour
explorer leur cage alors que les autres se cantonnèrent à une zone très limitée.
Il fût également constater que les souris « exploratrices »
produisirent plus de neurones dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’hippocampe</i>,
siège de la mémoire du cerveau. De fait, les chercheurs conclurent très
« sartriennement » que chaque action transforme son auteur et ce
indépendamment de son patrimoine génétique et de son milieu.</span></div>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
</div>
</div>
<div class="MsoNormal">
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les sciences sociales ont, pour leur part, démontré depuis
longtemps que plus nous vivons d’expériences dans notre vie, plus nous sommes
aptes à réagir à une diversité de situations nouvelles. De là à penser qu’on
conquiert notre liberté individuelle au sens où l’entend Sartre dès lors qu’on
a l’esprit aventurier, <b>c’est peut-être précisément s’aventurer un peu loin sans
tenir compte de nos représentations de nous-mêmes, de notre volonté, des effets
édifiants qu’ont sur nous l’éducation et la culture, mais aussi l’idéologie de
la liberté individuelle et de l’individualisme qui nous prépare à penser que
nous sommes tous uniques et différents. </b></span><span class="Apple-style-span" style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au reste, nous y sommes si bien préparés qu’une fois cette
donnée intégrée, nous allons passer le reste de notre vie à nous étonner, voire
nous passionner de toutes les ressemblances que nous nous découvrons avec
autrui. Mieux, nous recherchons nos similitudes au point d’en faire quelquefois
une quête existentielle. Il n’est d’ailleurs pas absurde de penser que le succès
de l’art cinématographique tient en partie à ce qu’il nous offre de modèles
formidables humains en situation qui fonctionnent comme autant de balises
d’identification. </span></span></div>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sur un plan plus personnel, depuis que je suis enfant, combien m’ont
dit que je ressemblais singulièrement au John Travolta de </span><i style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">la Fièvre du Samedi soir</i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> ou au Tom Hanks de </span><i style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Forest Gump</i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">? Je ne les compte plus. Désormais, chaque fois
qu’on me le dit, je feins l’étonnement ce qui renforce le plaisir de celle ou
celui pense avoir mis au jour une ressemblance qui m’aurait échappé jusqu’alors.
Au delà, de ces petites jouissances des similitudes quotidiennes, je pense, qu’en
définitive, il s’agit de relativiser la théorie sartrienne, non pour la brûler,
mais pour la resituer dans le cours de notre vie. </span><b style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Oui, l’existence précède vraisemblablement
l’essence jusqu’au moment où l’on a compris qui l’on est réellement. Une fois
accomplie cette (re)connaissance de soi minimale, nous partons à la conquête de
toutes les ressemblances que nous entretenons avec les autres. L’essence vient alors
donner un sens à cette quête du « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">même
dans l’autre </i>» qui va jalonner, en partie, le trajet du reste de notre
existence... La recherche de notre essence commune...</b></span></div>
</div>
</div>
</div>
<!--EndFragment-->Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-53499249438821493672019-12-20T18:25:00.000+01:002019-12-23T13:39:33.315+01:00SOLSTICE d'HIVER : Dumbo, le vol de l’enfance et de la fatalité<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small; text-align: justify;"><i><b>"On ne doit jamais écrire que de ce qu'on aime. L'oubli et le silence sont la punition qu'on inflige à ce qu'on a trouvé laid et commun dans la promenade à travers la vie" (Renan)</b></i></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small; text-align: justify;"><i><b><br /></b></i></span></span>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0aUw09o5e2cgdr0mHzhfa6S_AbXACDPm3IZ4oPJYc3zsquNHl5q3f6AXzRLed1azu0fAH0MQpytFgg2QNy5dnlVXdPZxjat5p7_BQfYn2SIVmw78SR_HyzBOxQ7Fzo2913zu1/s1600/14690832_1410113989007545_2966389286917689196_n.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="343" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0aUw09o5e2cgdr0mHzhfa6S_AbXACDPm3IZ4oPJYc3zsquNHl5q3f6AXzRLed1azu0fAH0MQpytFgg2QNy5dnlVXdPZxjat5p7_BQfYn2SIVmw78SR_HyzBOxQ7Fzo2913zu1/s400/14690832_1410113989007545_2966389286917689196_n.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="text-align: justify;"><b>Voilà.
C’est mon anniversaire. J’ai sept ans. Tout rond. Nous sommes un 21 décembre.
Depuis deux ans déjà, je connais le mot qui caractérise cette journée particulière dans le
calendrier. C'est sans doute ce qui conduisit Madame Gédras, une de mes premières institutrices, à penser - à tort - que, bien que "réservé et prenant rarement la parole", je possédais "malgré tout un p'tit dico sympa</b></span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="text-align: justify;"><b> dans la tête" pour mon âge: «SOLSTICE
d’Hiver». </b>Pas simple à prononcer pour un gamin au palais déformé par
le pouce qu’il suce depuis le début de sa vie. «SOLSTICE d’Hiver». C'est le jour le plus court de l’année, le jour de mon anniversaire. J’ai sept ans et ce
jour est un grand jour, car j’ai l’impression que j’entre pour une fois dans la
cour des grands, car mes parents m’ont réservé une surprise qui va transformer
le reste de ma vie. Définitivement. J’en suis conscient au moment même où je vis ce moment. Ma première sortie au cinéma. Au cinéma de la grande ville – Compiègne —,
située à une quinzaine de kilomètres de Longueil-Annel, le village de mon
enfance lorsqu'on emprunte la route de la forêt en passant par la carrière de
l’Armistice. J’aime ce parcours où parfois des biches traversent la route en bondissant exactement comme l'image sur les panneaux de la signalétique routière. Accélération.</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"> Il faut arriver à l'heure. Impatient de franchir pour la première fois les portes du Celtic. J’ai le souvenir d’être passé déjà deux ou
trois fois devant ce cinéma majestueux diapré d'affiches colorées et d'une façade éclairée comme un arbre de Noël toute l'année. "C’est le cinéma pour les grands !" me rappelle mon père avant d'entrer. Je suis grand. Je vais voir </span><i style="font-family: Georgia, 'Times New Roman', serif; text-align: justify;">Dumbo, l’éléphant volant</i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<div style="text-align: left;">
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour
être sûrs de ne rien louper de l'envol du petit pachyderme, mes parents ont pris
des tickets pour le balcon, tout au bord. Je pose les coudes sur la rambarde, me penche
pour regarder les gens s’installer en bas. "À l’orchestre " me dit ma
mère. Bizarre, car il n’y a pas de musiciens. "Oui, c’est comme
ça. S’il devait y en avoir, ils iraient en bas". Tout est rouge dans le
grand cinéma. La salle est immense. Fauteuils rouges, moquettes rouges,
luminaires dorés. Une dame habillée en rouge de promène entre les rangs de
l’orchestre avec des confiseries et surtout des glaces Miko.
« Ne t’en fais pas, elle passe aussi par le balcon, mais après. Tu vois –
ajoute ma mère – c’est bien le balcon, car nous quand on termine nos glaces, le
film a déjà commencé. En bas, ils les ont déjà finis. Quand je pense qu’ils
paient leurs places plus cher…» Je suis d’accord avec ma mère, mon
héroïne. Je crois que j’avais compris avant même de sortir de la petite enfance
combien mes parents prenaient toujours un soin inouï à rendre la réalité
plus belle en valorisant tout ce à quoi nous pouvions avoir accès, un peu comme le
résultat d’une expédition merveilleuse. Tout ce décor, ces gens assis derrière,
dessous, ces dames aux glaces, ces fauteuils de grands en velours, ces
strapontins faits pour les retardataires, cette douce chaleur, cet écran
publicitaire fascinant qui faisait la promotion de tous les grands magasins de
la ville qui s’enroulait doucement sur lui-même pour laisser place à l’écran
blanc, tout était jouissance et jubilation. Les luminaires se tamisent et font
place au noir. Seul le panneau marqué « sortie » au-dessus de la
porte reste allumé. Je me demande pourquoi. J’aurai préféré le noir total en
guise de plénitude. Mais le film démarre et mon attention oublie peu à peu la
«sortie». « Walt Disney ! C’est le monsieur qui a fait le
film. Il porte la même petite moustache que ton père. Tu sais c’est le monsieur
qu’on voit dans l’émission de Pierre Tchernia à la télé ». <b>J’ai du mal à
fixer mon attention sur le film. Pas facile. Ce n’est pas que c’est trop long,
mais au contraire, c’est trop rapide. Je vois Dumbo tout petit, le bébé
éléphant, et j’aimerai que l’image se fige pour me permettre de le regarder
plus longtemps, pour me donner le temps de rêver sur chacune de ses péripéties.
Je comprends qu’il est comme moi. Petit. Comme moi, il a une maman qui prend
soin de lui et le protège. Plus jamais je ne regarderais ma mère de la même
manière après ce film, car je saisis vraiment ce que signifie « protéger
son fils ».</b></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dumbo
rêve, Dumbo vole, Dumbo est malmené par des corbeaux. Trop de choses pour moi
dans la vie de Dumbo. Et où a-t-il dégoté un train dont la locomotive possède
une tête et une casquette de contrôleur ? Bizarre tout cela. Tout comme la
musique et les chansons. Je ne sais si j’aime ou pas. Mais cela m’intrigue
vraiment. Je pleure quand Dumbo pleure. J’ai peur quand Dumbo a peur. Je crois
que je ne parviens cependant pas à m’identifier à l’éléphanteau, car je suis
certain que je ne voudrais pas vivre ce qu’il vit. Fin. J’ai sept ans. C’est
mon anniversaire. Nous sortons du cinéma. Il fait nuit. C’est la journée la
plus courte de l’année. La neige commence à tomber. Il faut rentrer pour manger
le gâteau d’anniversaire. Une génoise faite par ma mère avec de la confiture de
fraises au cœur et une jolie coque de chocolat. Je pense à Dumbo qui n’en
mangera pas. Je pense à cette drôle de plume qui lui permettait de voler et à
ses oreilles trop grandes. « Est-ce que j’ai quelque chose de trop grand
moi, ou de trop petit ? Est-ce qu’il y a des corbeaux qui se sont déjà
moqués de moi ? Oui, je crois, je crois bien, parce que je n’ai jamais été
super doué pour jouer à quoi que ce soit dans la cour de récré. Parce que cela
me donne ce que les adultes appellent des complexes. Je suis le plus
merveilleux pour mes parents, mais j’ai bien conscience qu’ils me regardent
comme la mère de Dumbo. Mes copains, même mon meilleur ami, Jérôme, sont tous
bien plus forts que moi, en sport, à l’école et je suis timide, bien trop
timide même si je tente de séduire mon institutrice avec mon “SOLSTICE d’Hiver”.
Je sais déjà que je la dupe, que c’est une tactique qui vise à me différencier
un peu, pour me faire remarquer. Dumbo ne me ressemble pas, et pourtant je vis déjà son calvaire. </span><b style="font-family: Georgia, 'Times New Roman', serif;">J’ai
sept ans et j’ai déjà souvent eu envie de mourir. Car, à la différence de
Dumbo, aucun talent ne m’a été révélé. Je ne sais pas voler. Je n’ai rien qui
me permette d’exister au milieu des autres. Rien, sauf peut-être la conscience
précoce de tout cela. Jacques Chardonne décrit ce sentiment singulier par le
mot de “fatalité”. C’est bien cela. Ce qui nous permet de survivre à l’enfance,
ce n’est pas une quelconque forme de courage, c’est la fatalité…
Et parfois les corbeaux.</b></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-justify: inter-ideograph;">
<o:p></o:p></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-92064536871081216072019-06-04T13:58:00.000+02:002019-06-04T22:24:39.104+02:00MINDHUNTER, la théorie de la déviance durkheimienne mise en série<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2f71QXvJecTPghI6lAw3CNKmv5_DnfKjhrm2_W3G1mGaWnQo98y1X_fykhyphenhyphenuVsKNZ-Uf62AdqtGfUSDe4GNi1f_sU4lZWAPay-8l64BapfqWcvX2oJcOu86gn4az9PnuIWm59/s1600/mindhunter-photo-mindhunter-saison-1-1001739.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: left;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="909" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2f71QXvJecTPghI6lAw3CNKmv5_DnfKjhrm2_W3G1mGaWnQo98y1X_fykhyphenhyphenuVsKNZ-Uf62AdqtGfUSDe4GNi1f_sU4lZWAPay-8l64BapfqWcvX2oJcOu86gn4az9PnuIWm59/s640/mindhunter-photo-mindhunter-saison-1-1001739.jpg" width="483" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: left;">
<div style="text-align: justify;">
<i>Pour JLF</i><br />
<b><br /></b>
<b>Vendredi
13 octobre 2017, Netflix lance une nouvelle série réalisée par David Fincher,
co-produite par Charlize Theron et intitulée <i><a href="https://youtu.be/UKyrF5LiaUM">Mindhunter</a></i>. Elle est l’adaptation du livre éponyme <i>Mind Hunter: Inside the FBI’s Elite
Serial Crime Unit</i> co-écrit par Mark Olshaker et John E. Douglas. Retour
quarante ans plus tôt sur les routes des Etats-Unis, des routes que vont
parcourir les deux protagonistes principaux de cette histoire
« vraie » - l’agent spécial Holden Ford et l’agent spécial Bill Tench
– à la rencontre de tueurs qui ne se sont pas encore vus affublés du
qualificatif « sérial ». Et pour cause, le projet de nos deux agents
est de comprendre l’origine des motivations de ces monstres afin, espèrent-ils,
de prévenir de futurs crimes du même ordre morbide. Car, c’est un constat,
quelques décennies auparavant, les raisons de tuer étaient, la plupart du temps,
explicables, c’est-à-dire qu’elles avaient une composante «rationnelle» :
on tuait pour se venger, par amour ou par haine, pour voler, pour survivre,
pour se défendre, etc… Ce qui s’en suivait relevait aussi d’un cheminement
régulé et rationnel : on enquêtait pour trouver le tueur, on l’arrêtait,
on le jugeait et on prononçait la sentence. Les méthodes, toutes droites issues
de la traque policière du XIXe siècle, avaient, certes, évolué, mais sans que
leur paradigme soit réellement remis en question, à l’image des romans
d’enquêtes, sauce Conan Doyle ou Christie, qui, aussi « trépidants » qu’ils
fussent, n’avaient jusqu’alors jamais soulevé de véritables questionnements sociologiques à proprement
parler (à l'exception du talentueux et poignant <i>De Sang-froid</i> signé Truman Capote en 1966 qui esquissait, en journaliste,
une enquête de terrain qu’on qualifierait aujourd’hui de
« compréhensive »).</b></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: left;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: left;">
<div style="text-align: justify;">
<i>Mindhunter</i>
commence, <i>de facto</i>, sur le terrain. Une prise d’otages tourne court en
s’achevant par le suicide du tortionnaire alors même que l’agent Holden Ford espérait déboucher sur une autre issue<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>par le biais du dialogue qui, par conséquent, tourne court lui aussi. Ce
dernier est alors muté à Quantico pour y donner des cours de négociations
intégrant à l’occasion de cette fausse promotion les limites de ses
compétences, ou plus précisément des méthodes en vigueur. A proximité d’un
campus, il fait la rencontre d’une étudiante en thèse de sociologie qui lui
ouvre les yeux sur les théories du français Émile Durkheim, théories qui vont
ébranler en profondeur la vision et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">in
fine</i> la manière dont Holden Ford va désormais envisager les situations
criminelles et les criminels eux-mêmes. Le sociologue français pourrait
s’étonner en visionnant la série que le héros ait recours à Durkheim plutôt
qu’à Robert K. Merton ou mieux encore Howard Becker dont le célèbre Outsiders
avait été édité dès 1963 offrant sans doute plus de prises avec une vision
américaine de la déviance et de ce que la société américaine conceptualisait
l’idée de « transgression ». <b>Formulons donc l’hypothèse que soit notre étudiante devait être en début de son cursus de thèse, soit, ce qui paraît plus probable, la
place de Durkheim sur les campus de la côte Est États-Unis, était à l'époque proportionnelle
à l’exotisme historique d’une pensée plus philosophique que pragmatique, et
donc, plus transposable à la criminologie des faits étudiés. </b></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: left;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
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<!--EndFragment--><br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: left;">
<div style="text-align: justify;">
Va
pour Durkheim. Voici ce qu’il déclare dans les <i>Règles de la Méthode
sociologique</i> en 1894, une déclaration qui remplit à la perfection son rôle
provocateur et intriguant et qui résume en creux – à y regarder de près – la
trame qui va intéresser toute l’œuvre du réalisateur David Fincher :
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="color: #1c1c1c;">le
crime ne s'observe pas seulement dans la plupart des sociétés de telle ou telle
espèce, mais dans toutes les sociétés de tous les types. Il n'en est pas où il
n'existe une criminalité. Elle change de forme, les actes qui sont ainsi
qualifiés ne sont pas partout les mêmes ; mais, partout et toujours, il y
a eu des hommes qui se conduisaient de manière à attirer sur eux la répression
pénale. […] Il n'est donc pas de phénomène qui présente de la manière la plus
irrécusée tous les symptômes de la normalité, puisqu'il apparaît comme
étroitement lié aux conditions de toute vie collective. Faire du crime une
maladie sociale, ce serait admettre que la maladie n'est pas quelque chose
d'accidentel, mais, au contraire, dérive, dans certains cas, de la constitution
fondamentale de l'être vivant ; ce serait effacer toute distinction entre
le physiologique et le pathologique. […] Classer le crime parmi les phénomènes
de sociologie normale, ce n'est pas seulement dire qu'il est un phénomène
inévitable quoique regrettable, dû à l'incorrigible méchanceté des
hommes ; c'est affirmer qu'il est un facteur de la santé publique, une
partie intégrante de toute société saine. Ce résultat est, au premier abord,
assez surprenant pour qu'il nous ait nous-même déconcerté et pendant longtemps.
Cependant, une fois que l'on a dominé cette première impression de surprise, il
n'est pas difficile de trouver les raisons qui expliquent cette </span><span style="color: black;">normalité, et, du même coup, la confirment. En premier
lieu,<span class="apple-converted-space"> </span>le crime est normal<span class="apple-converted-space"> </span>parce qu'une société qui en serait
exempte est tout à fait impossible</span></i><span style="color: black;">».
L’ambition troublante et durkheimienne de David Fincher est de rompre lui aussi avec la
tradition des enquêtes criminelles qui continuent aujourd'hui encore de ruisseler jusqu'à l'écoeurement sur nos écrans. Par l'entremise de sa série, le réalisateur de <i>Zodiac</i> préfère ausculter la société américaine des années 70 pour elle-même et, par parenthèse, la
société d’aujourd’hui, via le prisme des anomies sociétales d’où l’on entrevoit
la fabrique sociale des criminels. <b>Cette ambition est, elle aussi,
compréhensive, subtile dans son traitement, tout comme la place accordée aux entretiens, faits de maladresse et
d’approximation, nous montrent, en définitive, le sens de tout combat
scientifique dès l’instant où l’on tente de changer de point de vue, de méthode
et de briser la cloche de verre de nos mentalités. C’est, au reste, ce qu’exprime
avec justesse l’historien Paul Veyne lorsqu’il écrit dans <i>Les Grecs ont-ils cru
à leurs mythes</i> que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">les hommes ne
trouvent pas la vérité : ils la font, comme ils font leurs histoires, et
elles le leur rendent bien</i>». </b></span><span style="font-family: "times"; font-size: 10.0pt;"><o:p></o:p></span></div>
</div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-14537901953136842822019-04-17T16:45:00.000+02:002019-04-18T11:24:47.217+02:00LE CINEMA, CET ART SUBTIL DU RENDEZ-VOUS<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">«Rendez-vous au Paradis, si l'idée a son charme, à quoi pense-t'elle quand elle me dit, d'venir avec mon arme, oh elle est d'une beauté extrême, dans ses bras je n'suis plus le même, je préfère nier que je l'aime et pourtant je la suivrait sans faire de problème, rendez-vous elle me dit rendez-vous, d'accord je me rends»</span></i><br />
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtOuLYFZ3MpkxkCR4P_E7qSGN50W5b9f4wbvV5PTGsXtHjVMf-mHrAiTcjC-ZgJgsRlW604oCsyvLxbgI_G1ykXMQk1IaJkIpWrwSLAlS7r_Lgl10Ut_VC8hDQMP-wW6b1eKMT/s1600/57471741_2034141829969033_8431069356653281280_n.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="600" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtOuLYFZ3MpkxkCR4P_E7qSGN50W5b9f4wbvV5PTGsXtHjVMf-mHrAiTcjC-ZgJgsRlW604oCsyvLxbgI_G1ykXMQk1IaJkIpWrwSLAlS7r_Lgl10Ut_VC8hDQMP-wW6b1eKMT/s640/57471741_2034141829969033_8431069356653281280_n.jpg" width="480" /></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b style="font-family: Georgia, 'Times New Roman', serif;">Lorsqu’on tente de faire de la sociologie des publics, en l’occurrence des publics du cinéma, on s’interroge sur ce que font les spectateurs du cinéma avec le cinéma. Pour le dire autrement on se demande qu’est-ce qui lie les publics à leur pratique du cinéma (tout en sachant, bien entendu, qu’il n’y a pas que le cinéma dans la vie et qu’il s’agit aussi de penser les relations entre le cinéma et la vie lorsqu’on se lance dans une analyse d’une pratique singulière comme la pratique du cinéma) ?</b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> Cette question, posées ainsi, va bien au-delà des traditionnelles analyses sur les fréquentations ou sur le box-office. Elle s’intéresse aux motivations profondes des individus qui se nourissent de cinéma et nous incite à explorer aujourd’hui comment fonctionne notre relation avec le cinéma le plus large du mot. Ceci nous oblige à prendre en compte aujourd’hui une pratique déclinée et négociée en fonction de la multiplicité des supports technologiques qui permettent au cinéma de prendre place dans notre quotidien : cinéma en salle, cinéma en DVD, téléchargement de films, piratage, achat d’objet ou de documents relatifs au cinéma, fabrication personnelle et montage de films, usage des fonctions caméra des téléphones portables et surtout sociabilités cinématographiques plurielles. </span><b style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">La sociologie du cinéma a pour mission de s’intéresser aux individus et de faire surgir le sens que revêt la pratique du cinéma dans leur vie.</b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> En ce sens, il ne s’agit pas simplement d’élaborer des courbes de fréquentation centrées sur les films ou sur l’année cinématographique, mais sur la vie des spectateurs que l’on étudie. Le Centre National de la Cinématographie différencie pour sa part trois types de comportements : les spectateurs occasionnels (qui vont au cinéma moins d’une fois par mois), les spectateurs réguliers (qui vont au cinéma au moins une fois par mois) et les spectateurs assidus (qui vont au cinéma au moins une fois par semaine). Dans le cadre d’une étude menée depuis 15 ans dans le cadre du Centre avignonnais du Centre Norbert Elias , on s’attache non seulement à relier ces modes de fréquentation à spectateurs identifiés que l’on suit dans le temps en portant un attention prononcée aux moindres variations de leurs rythmes de fréquentation pour tenter d’expliquer et de comprendre ce qui correspond, en général, à une transformation de comportement culturel. </span></span><b style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Prenons pour illustrer ce que l’on peut entendre par transformation d’un comportement culturel un exemple concret. </b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Jean-Michel est un spectateur d’Avignon dont nous suivons la pratique en continu depuis cinq ans. Sa pratique en salle qui avait été comptabilisée comme régulière les trois premières années, puis elle est passée à assidue l’année dernière et à occasionnelle cette année. Bien entendu nous avons tous bien conscience que nous ne sommes pas déterminés pour toute notre vie à être des spectateurs marqués par leurs rythmes de fréquentation , mais un changement aussi brutal peut être riche en enseignements si l’on tente de comprendre à quoi il se réfère comme on va le découvrir à travers cet extrait de l’entretien mené avec Jean-Michel : - «est-ce que l’année dernière les films sont devenus extrêmement bons et extrêmement bons en nombre et est-ce cette année les bons films sont devenus rares pour expliquer cette variation?» </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Jean-Michel : « non, non, je n’ai jamais connu dans ma carrière de spectateur de mauvaises années, non, non, c’est juste moi qui ne vois plus les choses de la même manière». </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- «Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?»[…] </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Après quelques minutes d’hésitation, Jean-Michel se livre pour rendre expliquable ce que ses courbes de fréquentation personnelles ont trahi : « Bon je vous jure depuis que je suis adolescent, je suis dingue de cinoche, je voyais tout, je lisais tout, j’avais plus de 3000 VHS à la maison, j’ai renouvelé une à une ces VHS dès que je trouvais ces films en DVD, je télécharge, je pirate, tout… et quand j’ai rencontré ma femme, je suis devenu ce que vous appelez un régulier : c’était un pacte entre nous, je t’accompagne au théâtre une fois tous les trois mois si tu m’accompagnes au cinéma au moins une fois par mois. J’ai adoré devenir ce régulier-là car plus que tout je pouvais échanger, parler, discuter, mesurer mes goûts avec celle que j’aimais. Pour une tonne de raisons, on s’est quitté l’an dernier et pour me consoler, je me suis remis à retourner en salle trois, quatre fois par semaine, quelquefois j’allais voir trois fois le même film. Mais cela m’a occupé, pas consolé. Chez moi je m’endormais devant mes DVD, je zappais de plus en plus mes films piratés, le plaisir cinématographique s’estompait. Je n’avais plus ma femme pour en parler, pour partager, toutes nos sorties cinéma, toutes nos soirées TV à la maison étaient conçues comme un « rendez-vous » Le « rendez-vous » n’ayant plus de sens, le cinéma a perdu pour moi sa saveur, à regret, j’espère que cela reviendra un jour, je l’espère vraiment ! ». </span><b style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Des témoignages sur l’évolution d’une carrière de spectateur comme celle de Jean-Michel, nous en avons enregistré des centaines et tous font état du fait que leur pratique du cinéma, aussi passionnée soit-elle, est toujours reliée à une manière d’être, une manière d’envisager la vie, une volonté de trouver dans le cinéma une façon d’être relié à autrui et d’atteindre dans un objet de culture le sens d’un partage. </b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En d’autres mots, on peut dire que le cinéma, quelles que soient ses formes de pratique, renvoie systématiquement, si l’on y réfléchit un tant soit peu chaussé des lunettes du sociologue , à l’idée de « rendez-vous » sous toutes ses formes. Si l’on veut réfléchir comme l’a proposé le Festival International du Film de Cannes lors de son 60ème anniversaire à ce que sera le public de demain, il faut donc se demander avant toute chose comment évoluera le sens des « rendez-vous » que l’on prendra avec, par ou pour le cinéma. Pour mieux comprendre ce que l’on entend par l’idée du « rendez-vous cinématographique », il faut d’abord récapituler ce que le monde du cinéma a rarement fait hors des chiffres secs du box-office : s’intéresser à ce que signifient la pratique effective des publics de cinéma et son évolution. En ce sens, un coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire des pratiques du cinéma n’est, de fait, pas inutile.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><i><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></b>
<b><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La mise en place des premiers « rendez-vous » cinématographiques : le cinéma en salles</span></i></b></span><br />
<b><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></b></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">
</span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En 1903, dans la première édition du catalogue qu’il distribue aux passants pour les inciter à venir voir ses films, le cinéaste Georges Méliès écrit en guise d’auto-présentation : « Georges Méliès a été le premier à faire des films cinématographiques composés de scènes artificiellement arrangées, et cette création a donné une nouvelle vie à un commerce agonisant ». Le cinéma n’est pas encore une industrie, juste une invention, et ses charmes étaient surtout documentaires. Il s’est réinventé en insufflant des histoires, des narrations, de la fiction et ce sont ces fictions qui vont redéfinir un nouveau public. On se donne « rendez-vous » aux projections pour être le premier à voir le voyage dans la lune et son obus astronomique qui tombe dans l’œil du satellite ! À la sortie de ses projections, on se met à raconter à ceux qui ne l’ont pas vu l’Homme à la tête de caoutchouc, les Quatre cents farces du diable : le cinématographe ne se contente plus de montrer, il s’installe dans la narration de ces étranges fables enregistrées sur pellicule, et l’on trouve là une belle occasion de multiplier les conversations pour raconter à d’autres ce que l’on a vu sur l’écran. Et c’est aussi parce que les mots des histoires que l’on rapporte ne parviennent pas à épuiser la magie de ces actualités mystérieuses qu’il faut se rendre au cinéma. Les curieux occasionnels deviennent des spectateurs, et ces spectateurs qui reviennent au cinéma et qui convainquent d’autres d’y aller vont peu à peu former une audience. Aussi, c’est à destination d’un public élargi, où les bourgeois commencent à côtoyer le peuple, que les frères Lafitte vont créer la société du Film d’Art et inventer en 1908 l’ensemble des éléments qui encadrent la projection d’un film : l’information, la promotion, les annonces, les reportages sur les lieux de tournage et la critique cinématographique. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On ignore souvent ce fait : c’est bien la volonté de quelques-uns qui ont fait le pari sur l’avenir d’un public de cinéma qui les a obligés à inventer d’un coup, en une fois, quasiment tout le dispositif promotionnel de base pour faire de la projection, de la programmation et de la salle de cinéma un moment de rendez-vous social. Cela ne s’appelle pas encore « marketing », mais tout est là en germe pour faire exister dans un espace et dans un calendrier sociaux le rendez-vous cinématographique. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">À la fin des années cinquante, en France, tout le monde se rend à la salle de cinéma, c’est devenu le « rendez-vous » culturel le plus populaire et l’on atteint en 1957, un niveau de fréquentation historique avec 440 millions d’entrées (à titre de comparaison, depuis le début du XXIe siècle, nous oscillons entre 175 et 200 millions d’entrées). À l’aune de ce grand écart historique, on comprend d’autant mieux pourquoi à partir des années 1970, face à la soi-disant concurrence de la télévision, le problème du cinéma s’est pensé comme le problème de l’avenir de la salle. Là encore, le sociologue peut rétrospectivement s’étonner que se contente encore de parler de fréquentations, mais que l’industrie cinématographique et son appareil marketing réfléchissent peu sur la notion même de public et de spectateurs comme on peut le faire dans d’autres pratiques culturelles. Pour le dire autrement, on semble plus réagir à l’époque à des effets de fréquentations, qu’anticiper sur une réflexion quant à l’évolution des pratiques. Pour enfoncer définitivement le clou et insister sur les mots, je pourrais dire que le cinéma quel que soit son mode de diffusion repose sur le devenir d’un public participant et non d’une audience faite d’individus rassemblés en un lieu et un moment précis. C’est pourquoi « la salle » aujourd’hui encore permet de mettre à plat, ou du moins d’objectiver, le sens du rendez-vous cinématographique. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme le souligne le cinéaste iranien Abbas Kiarostami : « Assis dans une salle de cinéma, nous sommes livrés au seul endroit où nous sommes à ce point liés et séparés l’un de l’autre. C’est le miracle du rendez-vous cinématographique ». La salle est devenue à tous les sens du mot le lieu des possibles, le rendez-vous des logiques culturelles, économiques, urbaines et sociales. La salle de cinéma, en tant qu’espace public, est traversée par ces logiques qui viennent la singulariser profondément. Et, c’est là un des paradoxes du cinéma : s’il se pense comme doté d’une vocation universelle quant à sa diffusion, cette diffusion demeure irrémédiablement une diffusion située, territorialement appropriée par des spectateurs qui vont voir un film dans « leur » cinéma. Et c’est une des raisons pour lesquelles, le mot « cinéma » a pris très vite plusieurs sens métonymiques désignant à la fois la production cinématographique et « la salle où l’on projette des films ». C’est aussi une des raisons pour laquelle la salle demeure une référence qui définit la pratique de la salle comme une pratique où s’ancre la valeur de l’objet « film » auquel on a affaire. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En tant qu’espace public virtuel, internet est traversé, d’une manière assez stricte, par les mêmes questions relatives aux logiques économiques, culturelles et sociales qui sont apportées par les publics qui le fréquentent et qui s’y donnent, là encore souvent « rendez-vous » et sont susceptibles de créer par ce biais des habitudes, un attachement qui va singulariser leur pratique et surtout – j’insiste sur ce point – qui va fabriquer leurs émotions et leur mémoire de spectateurs. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Attachement, émotion et mémoire sont indéfectiblement liés à la pratique du cinéma qui a beaucoup à voir avec la pratique amoureuse et qui pose les mêmes problèmes quant aux notions de fidélité et d’assiduité, fidélité et assiduité qui ne sont pas de purs synonymes. Là encore, la métaphore amoureuse aide à comprendre cette distinction sociologique de comportement : en amour, on peut être fidèle sans être assidu et inversement être assidu sans être fidèle. De même on peut être fidèle à tel ou tel cinéma sans être assidu, et être assidu à telle ou telle pratique cinématographique sans y être fidèle. Les chiffres de fréquentation du cinéma ou de la consommation de cinéma ne nous donnent une idée que de ce que représente l’assiduité des publics, mais pas leur fidélité pourtant beaucoup plus intéressante car beaucoup plus structurante d’une pratique, là encore vécue comme un rendez-vous avec le cinéma. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au reste, une partie du cinéma commercial a interprété très étroitement la nécessité de fidéliser un public en démultipliant les opus, les suites mais surtout, contrairement à ce qui se faisait dans les années quatre-vingt, en proposant des suites qui sont un rendez-vous qui s’engage sur le plan de la surenchère et sur l’invention plus que sur les retrouvailles. Un deuxième rendez-vous est toujours plus compliqué que le premier car il ne repose plus sur l’idée de surprise, mais sur le jeu possible face à ce qu’on connaît, un jeu où le capital de familiarité doit être intégré au plaisir que l’on est censé trouver. Les produits dérivés ancrés sur le prestige de certaines productions cinématographiques participent à la construction de cette familiarité : jeux vidéo en tête, objets en résine, affiches de cinéma, bandes originales de films qui sont devenus des prolongements à part entière de l’œuvre dans notre quotidien. Si la plupart des films sont en mesure de toucher un large spectre générationnel aujourd’hui, les produits dérivés quand ils existent, ciblent particulièrement les 15-35 ans. La cible est juste, et pour cause. La formation et l’éducation au rendez-vous cinématographique se forment dans cet espace générationnel. D’où l’immense responsabilité pour l’avenir de(s) cinéma(s) pensés dans leur diversité culturelle du mode de sensibilisation qui se fera auprès des adolescents et des jeunes adultes, c’est-à-dire, des spectateurs qui sont en train de prendre leur autonomie en tant que public, en tant que critique également car c’est à ce moment précis que se raffinent leurs goûts et donc leurs pratiques. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L’histoire des publics de cinéma a longtemps été marquée par un arrière-plan d’initiation, de partage, voire d’éducation : Là encore un clin d’œil historique nous permet de nous souvenir qu’au moment de son histoire dans les années 1910-1930 où le cinéma devient de plus en plus ambitieux pour raconter des histoires, notamment en adaptant des grandes œuvres littéraires ou théâtrales, il fallait élargir ses publics, inventer de nouveaux spectateurs et accueillir une frange populaire non habituée à la salle. C’est pourquoi, pour garantir le succès de ces nouveaux films que l’on qualifie à l’époque de « films d’arts », ce sont les directeurs des nouvelles scènes cinématographiques vont se lancer, eux-mêmes, dans ce qu’on appellerait aujourd’hui une « politique d’éducation » de leurs publics. L’idée en est fort simple : pour que chacun puisse jouir du spectacle de la salle de cinéma, il ne suffit pas de promouvoir le fait que le public a tous les droits, mais que s’imposent à lui un certain nombre de devoirs. À titre d’exemple, les cinémas Gaumont vont imprimer sur leurs programmes et projeter en guise d’ouverture de leurs séances, les dix commandements du « Bon spectateur » qui font, certes sourire aujourd’hui, par leur candeur :</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Chaque semaine au Cinéma, tu chercheras ton agrément,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-De bons fauteuils tu retiendras pour toi, ta femme et tes enfants,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Bien à l’heure tu arriveras pour voir les films entièrement,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Au vestiaire tu remettras ce qui te semble embarrassant,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Sous tes pieds point n’écraseras les pieds des voisins de ton rang,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Les titres tout bas tu liras car tout haut c’est plutôt gênant ,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Comme au théâtre à la fin tu applaudiras pour montrer ton contentement,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Ton plaisir tu ne trouveras qu’en un bon établissement,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Celui-ci tu le connaîtras, il est de Gaumont le client,</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-Et très fidèle tu lui seras, il t’en donnera pour ton argent.</span></i><br />
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">
</span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Rétrospectivement, on peut dire que la « politique d’éducation » mise en place par les exploitants de salles de cinéma va permettre à un public issu des classes sociales populaires et moyennes d’acquérir les codes sociaux minimaux nécessaires à vivre dans de bonnes conditions la projection cinématographique et encore une fois de prendre au sérieux le rendez-vous avec le cinéma et avec ceux qui le pratiquent. </span>Domestication et disciplinarisation des publics, diffusion de films dont l’histoire devient de plus en plus dense et la durée de plus en plus longue et construction de salles de prestige dévolues au plaisir du spectateur, sont les trois principaux facteurs qui se conjuguent pour façonner l’âge d’or des cinémas entre les années dix-neuf cent vingt et dix-neuf cent soixante-dix. En Europe comme aux États-Unis, les enquêtes menées auprès des spectateurs nous apprennent que « voir un film de cinéma » compte alors tout autant que le fait « se rendre au cinéma et d’être dans une salle ». Les noms des salles, eux-mêmes sont porteurs de promesse d’évasion et de rêves : L’Escurial, l’Olympia, le Rialto, Le Majestic, le Grand Rex, l’Alhambra. Dans une célèbre enquête sociologique, celle de Glasgow, faite récemment auprès de spectateurs qui ont connu cette époque, on relève que plus d’un tiers des personnes interrogées reconnaissent avoir fréquenté leur salle de cinéma favorite sans se préoccuper réellement de ce qui y était programmé. Un peu à la manière de ces voyageurs qui ont pris un jour l’Orient Express conservent un souvenir parfois plus prégnant du train que du voyage pour lequel ils l’ont emprunté, les spectateurs de l’âge d’or du cinéma sont capables, des années plus tard, de décrire souvent plus précisément leur salle de cinéma préférée que les films qu’ils y ont vu. La teneur des témoignages est très proche de celle de Pierre Tchernia lorsqu’il nous livre dans un livre récent la teneur de sa relation au cinéma de son enfance le Magic Ciné : « En ces temps sans télévision, en 1930-1931, il y avait deux cent douze cinémas à Paris. Je me souviens du Fantasio, de l’Éden, du Roxy, et surtout de MON cinéma : le Magic Ciné. C’était une salle de mille deux cents places, avec des premiers rangs à sièges de bois abattants : un ressort solide les remettait droits quand on se relevait, ce qui produisait un claquement sec et sonore. […] Derrière, il y avait des sièges de velours, et tout au fond, des loges. Ajoutez sur la façade des entourages lumineux autour des affiches, une petite sonnette grelottante, une dame qui vend des tickets, un monsieur qui les déchire, et vous avez un cinéma des années 1930 à 1960. […] C’est là qu’on venait voir les photos du prochain programme, c’est là qu’on avait rendez-vous, on y avait nos habitudes, on y avait nos places, on y avait nos rêves. J’allais au Magic Ciné le jeudi avec des copains ou le mercredi soir avec mes parents (car le lendemain matin, jeudi, je pouvais dormir). Quand mon père disait, le mardi : « Le film qui passe au Magic a l’air bien, on va y aller », j’étais jouasse, j’étais même vachement jouasse ». Là encore, on entend bien comment le cinéma s’était installé dans le quotidien des individus pour rythmer la vie sociale et surtout encore une fois créer des occasions de rendez-vous et de discussions autour de ces films que l’on voit tantôt en famille, tantôt avec ses copains, tantôt dans le cadre d’une sortie à deux. On le comprend déjà ici, tout ce qui ce passe dans le film lui-lême compte tout autant que ce qui se passe en dehors du film mais qui est enclenché par le cinéma : les sociabilités cinématographiques.</span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><b style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;"><i>Les nouvelles sociabilités cinématographiques</i></b></b></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Les sociabilités cinématographiques que la salle de cinéma a organisé en rationalisant le concept même de rendez-vous : un lieu, un horaire, un programme, une programmation, une rencontre, une sociabilité. Ce dernier point est cardinal car c’est surtout parce que les films fournissent socialement la plus formidable des occasions de se connaître, d’éprouver son jugement de goût avec celui des autres, de reconnaître ceux qui aiment les mêmes choses que la sortie au cinéma demeure et ce de très loin la pratique dominante en matière de sortie culturelle. Ce que la sociologie des publics de cinéma nous apprend, c’est que la valeur que quelqu’un accorde à une œuvre cinématographique est très dépendante de la valeur que d’autres personnes lui accordent, sinon cette œuvre n’existe pas . C’est une des raisons, d’ailleurs qui fait que se développent aujourd’hui, ces publics socialement construits depuis une offre cinématographique précise et clairement identifiée : les publics de festivals. Depuis 10 ans le nombre de festivals de cinéma a été multiplié par 5 sur tout le territoire européen, et d’après les plus récentes données, le public des festivals correspond à 10 % du public du cinéma en salle. Ceux-ci semblent concurrencer très directement les programmations des salles d’art et d’essais. Là encore, si l’on tente de comprendre le sens de cette concurrence d’un point de vue sociologique, on admettra assez vite, que ces festivals trient leurs spectateurs sur la base d’un rendez-vous social autour d'une programmation exigeante qui leur donnent une double satisfaction : celle de rencontrer le cinéma qu’ils affectionnent, d’une part, et d’autre part, de rencontrer ceux qui affectionnent le même cinéma qu’eux. Lorsqu’on énonce quelques intitulés de festivals, on imagine par défaut en arrière-plan a priori les publics qui sont supposés les fréquenter : festival du film romantique de Cabourg, festival du film policier de Cognac, Les inattendus, festival des films très indépendants de Lyon, festival des films très courts, festival international des films « pour éveiller les regards », festival du film Gay et lesbien de Paris, festival du making-off, festival du film web amateur, festival des films différents de paris, festival international du court-métrage étudiant de Cergy Pontoise, Festival International du Film de Cannes ! </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il se crée souvent, on le constate, une véritable identification entre le découpage des thématiques des festivals et ceux qui les fréquentent. En ce sens, ce qui vole en éclat pour comprendre les publics de demain, c’est avant l’idée de « grand public ». Celle-ci disparaît au profit des communautés de spectateurs qui souhaitent faire lien derrière des propositions cinématographiques singulières. Il nous faut noter là l’importance qu’il y a à comprendre cette économie qu’on appelle l’économie des singularités. La recherche d’un bon film n’est pas simple. Le bon film doit apparaître comme une singularité pour le spectateur qui se reconnaît en lui. Mais le cinéma suppose toujours une incertitude sur sa propre qualité : contrairement aux produits marchands habituels, il faut obligatoirement le goûter pour avoir un avis définitif sur lui. Et avant de l’avoir vu, on continue à le faire exister dans un espace qui est celui de l’incertitude. C’est pourquoi pour que le marché du film fonctionne, deux choses demeurent nécessaires : la première, l’organisation d’un rendez-vous avec le film, intervention de la critique, de la publicité, des acteurs, de la promotion, des auteurs ; la seconde, la primauté de la concurrence par la qualité des œuvres plutôt que par le prix qu’on est prêt à y mettre pour y accéder. C’est une des raisons pour lesquelles le sémiologue Christian Metz assimilait notre relation aux films que nous aimons à une relation presque fétichiste. Elle se dédouane du prix qu’on est prêt à y mettre dans un sens – celui d’acheter des DVD sous coffret collectors qui valent jusqu’à 15 fois le prix d’une place en salles – ou inversement dans un autre sens – celui de pirater des films en avant-première-. </span><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;">Là encore, on le comprend, c’est un collectif, une communauté qui va élaborer la valeur que l’on accorde à un film. L’arrivée d’internet a considérablement transformé les modes de participation à l’élaboration de cette valeur. Si avant « en payant sa place, le spectateur s’approprie non seulement un siège, mais un regard ; regard dont l’identité le constitue pendant la durée d’un film, le dote d’un rôle, d’une contenance, d’un emploi », le rôle du spectateur se démultiplie dans les forums consacrés au cinéma. Là se dessine le jeu conversationnel des cybercinéphiles, un jeu où se détermine une inter-reconnaissance qui nous permet de rencontrer tour à tour sur le web : les mangeurs de pop-corn ou newbie (ce sont les nouveaux arrivants ou touristes aux propos émotionnellement enthousiastes mais non argumentés) ; les cybercinéphiles sérieux (qui, eux argumentent leurs propos en s’appuyant sur les qualités intrinsèques du film) ; les pointures (qui font partie des anciens et qui maîtrisent à la fois les codes de la cyberculture et ceux de la cinéphilie traditionnelle) ; en dernier lieu, l’on peut rencontrer aussi et comme partout les manchots (qui refusent de s’engager dans le jeu conversationnel). Internet, mais aussi aujourd’hui le téléphone portable, ont permis, après la télévision, le magnétoscope, les lecteurs-enregistreurs de DVD aux uns et aux autres de s’impliquer directement dans le rapport le plus personnel qui soit avec le cinéma et ceci ouvre de merveilleuses perspectives pour les films qui n’auraient pu trouver la reconnaissance qu’ils méritent en salles : on a vu ces dernières années se créent des festivals de cinéma sur le web : un des très beaux exemples nous est offert par Fluxus, le festival créé en l’an 2000 au Brésil qui est un festival de "cinéma" entièrement en ligne qui souhaite faire du web un lieu de rencontres entre différents supports et langues, ainsi qu'un lieu de diffusion pour toutes les formes d'images en mouvement : E-cinema (fictions, vidéos expérimentales), Anémic (animations), doc (documentaires) et Interactifs (net-art et œuvres interactives). Dans l’espace de ses sélections, on se rend compte que même là, les films de cinéma de qualité argentique sont souvent ceux qui continuent d'offrir le plus d'émotions. Un détour par Fluxus permet de comprendre de quoi sera fait le cinéma demain. Et peut-être de ceux qui s’y retrouvent. Là encore l’idée de rendez-vous prévaut et les horaires précis des séances de projection proposées sur le monde virtuel Second Life participent bien à cette dynamique générale. Ce que l’on voit bel et bien se mettre en place c’est l’ensemble d’une économie des pratiques et donc d’une économie tout court qui spécialise les publics et segmente les propositions qu’on leur adresse autour de rendez-vous qui leur ressemblent, et pour cause : au regard de ce qui vient d’être avancé, on comprend que s’il désire continuer d’exister pour les publics de demain, le cinéma devra continuer à réunir les qualités nécessaires pour demeurer un sujet propre à servir les trois principales «lois de la démocratie conversationnelle» : la loi du «tour de rôle» : tout le monde peut dire quelque chose sur le cinéma, tout le monde peut tenter de répondre à la question «Et toi, c’est quoi le dernier film qui t’a plu ?» . Aucun autre art ne permet cela aussi fortement. La deuxième loi de l’art de la conversation suppose que chacun puisse distinguer dans les paroles de l’autre, ce qui relève d’une affirmation de soi, comment les films disent des choses de nous que nous ne pouvons dire autrement. La troisième et dernière loi de la conversation porte sur le langage que l’on emploie pour parler d’un sujet. Si tout le monde ne trouve pas les mots techniques pour parler économie ou politique, en revanche, on trouve toujours des mots pour qualifier un film, ce qui en fait un sujet très démocratique. Au reste, ceux qui conçoivent les sites de rencontres sur internet, tel le très fameux meetic, ne s’y sont pas trompés. Le cinéma et le film préféré figurent parmi les principales questions pour dire à la personne que l’on convoite ce que nous sommes. C’est au reste ainsi que fonctionne désormais notre enquêté Jean-Michel que nous évoquions au début de ce texte pour tenter de faire une nouvelle rencontre. Mieux encore, on peut énoncer un chiffre édifiant : 91 % des premiers rendez-vous effectués avec une personne rencontrée sur un site ont pour objet une sortie une sortie… au cinéma.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour conclure, il s’agit donc d’insister sur le fait que les changements technologiques qui accompagnent l’évolution des modes de fréquentation du cinéma doivent être attentifs à cette donnée de l’art conversationnel que doit continuer à porter les films sinon les rendez-vous qu’ils soient en salles, devant un écran de télévision, devant un écran d’ordinateur ou sur l’écran de son téléphone cellulaire perdront leur quintessence sociale : l’un des tout premiers gestes quand quelque chose nous plaît, même si l’écran est miniature, est bien de se tourner vers ceux qui nous entourent pour leur dire « regarde ! ou viens voir ! ». Dernier point, les possibilités offertes par les nouvelles technologies permettent à tous de s’approprier aisément aujourd’hui les moyens de filmer, monter des images filmées, scénarisées ou simplement captées par un téléphone portable. Si cela ne transforme pas les pratiques en elles-mêmes, cela, en revanche façonne le regard des spectateurs qui deviennent des spectateurs-acteurs. Et, il ne faut pas en douter, ces phénomènes feront des publics de demain, non pas des réalisateurs, mais des experts attentifs et avertis capable de mieux voir et de mieux parler encore de leur passion qui trouve de nouvelles voies de partage comme c’est le cas sur Youtube. En effet, la nouvelle expertise spectatorielle permet d’exacerber, de potentialiser l’autonomie du jugement, du regard des publics et surtout des échanges qu’ils engendrent autour des cinq composantes que sont la qualité technique, l’originalité, d’une œuvre, la force des récits qu’elle porte, ce que ces récits disent de nous, nous apprennent de nous-même et l’émotion qu’ils sont en mesure de susciter. Ce sont ces composantes qui sont aujourd’hui discutées et qui font le succès d’un film N’en doutons pas, le cinéma continuera à se définir bel et bien par le(s) partage(s) qu’il autorise et par la manière dont il nous permet de nous valoriser lorsqu’on énonce les films qui comptent pour nous. On se « retrouvera » pour aller au cinéma dans la « vraie vie » sur Youtube en composant avec l’art subtil du « rendez-vous » et c’est bien la façon dont le rendez-vous se déroule qui impliquera le fait qu’on en sollicitera un autre, puis le suivant.</span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "times" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: x-small;">(Une version de ce texte a été publiée dans le N° 154 de la Revue Communication et Langages)</span></i></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-71396690092370390062019-02-06T10:37:00.001+01:002019-02-06T11:17:25.094+01:00RENNES 2019 : Séance plénière du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle, quelques ressources utiles<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuJ1TOj07Dc335lPwqH9wrht4y8oEHAa9GeeY0v5YOoPWlmt8CSVsjTRWXxUoFpROce2Fa8YxopJqmULgOggcD-x_o-B6PXgCuK02Xa0mgk4O4JDUeGCZ6heQY04ElODcxLTpv/s1600/IMG_1231.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1205" data-original-width="1600" height="481" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuJ1TOj07Dc335lPwqH9wrht4y8oEHAa9GeeY0v5YOoPWlmt8CSVsjTRWXxUoFpROce2Fa8YxopJqmULgOggcD-x_o-B6PXgCuK02Xa0mgk4O4JDUeGCZ6heQY04ElODcxLTpv/s640/IMG_1231.jpg" width="640" /></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Discours de Franck Riester, Ministre de la Culture</b></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Monsieur le président de Rennes Métropole, cher Emmanuel Couet,<br />Madame la rectrice de l’Académie de Rennes, chère Armande Le Pellec Muller,<br />Monsieur le directeur régional des affaires culturelles de Bretagne, cher Michel Roussel,<br />Monsieur le vice-président du Haut Conseil, cher Emmanuel Ethis,<br />Mesdames et messieurs les maires,<br />Mesdames et messieurs les élus,<br />Mesdames et messieurs,</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Je suis très heureux de vous rencontrer aujourd’hui, pour mon premier Haut Conseil de l’Education Artistique et Culturelle.<br />Très heureux qu’il adopte ce format inédit.<br />C’est la première fois qu’il s’ouvre aux élus du territoire dans lequel il se réunit.<br />Nous pouvons nous en réjouir.<br />S’ouvrir, rassembler, associer les énergies et les bonnes volontés : c’est la vocation du HCEAC – et je vous remercie d’être fidèle à cette vocation, monsieur le vice-président, cher Emmanuel Ethis.<br />Cette ouverture est cohérente avec ses missions.<br />Il doit s’ouvrir pour pouvoir mettre en avant les meilleures pratiques développées dans les territoires, pour pouvoir valoriser au mieux l’éducation artistique et culturelle, pour pouvoir sensibiliser à ses bienfaits.<br />Les bienfaits de l’EAC, vous les connaissez.<br />La pratique d’un art développe les capacités cognitives des enfants – leur écoute, leur concentration – et, in fine, améliore leurs résultats scolaires et leur confiance en eux.<br />La généraliser, c’est un enjeu de justice sociale.<br />Voilà pourquoi c’est une priorité absolue de mon ministère.<br />Mon ambition est claire : c’est de faire de l’éducation artistique et culturelle un droit pour tous.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Je veux que 100% des enfants y aient accès.<br />Pour cela, nous déploierons l’EAC à l’école, mais aussi hors école – j’y reviendrai.<br />Parce qu’elle ne doit pas concerner qu’une partie des enfants, ou qu’une partie de la société ; elle doit tous nous concerner.<br />C’est la philosophie qui guide le 100% EAC – pour lequel vous êtes de plus en plus nombreux à vous engager.<br />Je vous en félicite, et je remercie la ville de Cannes qui a montré la voie : merci, chère Maud Boissac, que je sais parmi nous et que je salue.<br />Je sais qu’il vous manque encore quelques pourcents pour arriver à 100… mais on va dire que c’est bon, on y est !<br />Eh bien, de la même manière que l’EAC ne doit pas concerner qu’une partie des enfants, elle ne doit pas concerner qu’une partie des élus.<br />Elle ne doit pas concerner qu’une partie de nos territoires.<br />Elle doit concerner la France tout entière.<br />Cet objectif de 100% EAC, ce doit être l’objectif de 100% des villes ; de 100% des départements ; de 100% des régions.<br />Cela implique de communiquer, de sensibiliser, de mobiliser. D’aller vers les villes et vers les territoires.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />C’est ce que nous faisons aujourd’hui, dans cette belle terre de Bretagne…<br />Une région que je sais particulièrement novatrice en matière de développement d’instances de coopération et de concertation.<br />Et nous n’allons pas nous arrêter là.<br />Nos prochaines séances plénières prendront le même format : nous y associerons systématiquement les élus du territoire dans lequel nous nous trouvons.<br />De manière générale, au-delà de nos séances plénières, il est temps de sonner la mobilisation des territoires et des artistes.<br />Cela vaut pour l’éducation artistique et culturelle, comme pour l’ensemble des politiques de la culture.<br />Les politiques de la culture, ce ne sont pas que de grands mots, de grandes idées.<br />Ce sont des actions, des rencontres, des personnes.<br />Ce sont des artistes, des élus, des acteurs culturels, des établissements scolaires, qui s’engagent, partout en France, à travers des projets propres à chaque territoire.<br />C’est pourquoi nos politiques doivent partir des territoires, et non être appliquées à ces territoires.<br />Elles ne doivent pas chercher à être uniformes dans tout le pays.<br />Le rôle de l’Etat, c’est de travailler avec les professionnels – de la culture et de l’éducation –, avec les territoires ; de les écouter ; de leur faire confiance.<br />C’est d’encadrer, de guider, d’accompagner les initiatives territoriales.<br />D’où l’importance des directions régionales des affaires culturelles, que je souhaite conforter afin de pleinement appuyer l’action de mon ministère.<br />Elles sont nos bras armés sur les territoires.<br />Elles doivent travailler avec toutes celles et tous ceux qui s’engagent pour la culture, en particulier en matière d’EAC.<br />Ce sont les élus locaux et les collectivités, bien sûr…<br />…mais ce sont aussi les artistes, les créateurs.<br />Cette généralisation, nécessairement, passe par l’école.<br />J’y travaille en étroite coopération avec le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer.<br />Elle passe par l’école, et elle passe par tous les arts.<br />Nous avons décidé de mettre l’accent sur la musique.<br />Et je suis très heureux que nous signions – enfin ! – la charte du « plan chorales », à l’issue de cette matinée.<br />Elle va aider au pilotage territorial et national du déploiement des chorales.<br />Pour développer les chorales, les enseignants ne sont pas seuls. Ils sont aidés par de formidables initiatives, telles « Vox », le MOOC du chant choral lancé par Radio France en septembre.<br />Les autres arts ne sont pas en reste. Nous faisons notamment entrer le cinéma à l’école…<br />Par la plateforme cinema.lesite.tv, que nous avons lancée avec Jean-Michel Blanquer en novembre.<br />Elle donne accès à des films de patrimoine et permet aux élèves de s’ouvrir au 7e Art.<br />Mais aussi par « l’Atelier cinéma » : il s’agit d’un kit, qui permettra d’apprendre aux élèves les rudiments de la réalisation et du montage d’un film.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Ils seront prochainement distribués dans toutes les écoles et tous les collèges de France.<br />Je compte également déployer l’EAC hors école, tout au long de la vie, sur tous les temps et tous les lieux de vie.<br />Parce que la culture peut reconstruire du lien, réduire l’isolement, offrir un repère, chacun doit pouvoir y accéder, où qu’il soit, d’où qu’il vienne.<br />Mon ministère est attaché à développer l’éducation artistique et culturelle dans l’enseignement supérieur, dans les établissements pénitenciers, les hôpitaux, les entreprises, mais également en lien avec les associations de solidarité et les structures d’éducation populaire.<br />A cet effet, des conventions existent, notamment entre le ministère de la Culture et celui de la Santé ; ou entre le ministère de la Culture et le ministère de la Justice.<br />Je souhaite les remobiliser. Pour faire de la pratique artistique un droit ; et pour faire de sa généralisation, une réalité.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Ressources essentielles les à la journée du HCEAC à Rennes </b></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrIPwtT-ORKQ-8eDVI6VpWjJx0zO5qjSLmzIszP8iXCRsZvFULbx43FdN5SbWLeev9W5Mkuf6TekZIi-xyVg4Wqx_sF4Juo_2frRsK6phnlh9knRWxEKcIl42GvZRbKfx1a_sX/s1600/IMG_5278.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1248" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrIPwtT-ORKQ-8eDVI6VpWjJx0zO5qjSLmzIszP8iXCRsZvFULbx43FdN5SbWLeev9W5Mkuf6TekZIi-xyVg4Wqx_sF4Juo_2frRsK6phnlh9knRWxEKcIl42GvZRbKfx1a_sX/s400/IMG_5278.JPG" width="311" /></a></div>
<span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span>
<span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span>
<span style="background-color: white; color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Vous trouverez quelques ressources essentielles en suivant les liens suivants :</i></span><br />
<span style="color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="http://capradio.ac-nice.fr/index.php/2019/01/19/les-seances-hceac-a-rennes">Les podcasts de la séance plénière et interviews du Ministre de la Culture, Franck Riester et d’autres personnalités et acteurs de l’EAC, sur le site de Cap' Radio, la web radio de l'académie de Nice</a></span><br />
<span style="color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="http://www2.ac-nice.fr/cid138105/seance-pleniere-du-haut-conseil-de-l-education-artistique-et-culturelle-a-rennes.html">Une page sur le site de l'académie de Nice où vous trouverez les informations utiles sur la journée</a> </span><br />
<span style="color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #444444; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://twitter.com/hceac">Et enfin quelques tweets relatant le déroulé de la journée sur le compte Twitter du HCEAC</a> </span><br />
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<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><b><br /></b></span></span>
<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><b><br /></b></span></span>
<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><b>Conclusion d'Emmanuel Ethis, Vice-Président du HCEAC</b></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;">Chers Membres du HCEAC,<br />Chers Invités,<br />Chers Partenaires,<br /><br />Je tenais à vous remercier pour votre présence à la séance qui s’est tenue vendredi dernier à Rennes. C’était la première «vraie» séance décentralisée de notre Conseil voulue par nos ministres en lien étroit avec les élus des territoires. Beaucoup d’entre vous m’ont fait part du très grand intérêt à entendre les préoccupations des élus pour étayer les travaux de nos groupes de travail.<br /><br /><b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">La Région Bretagne, la ville de Rennes, ainsi que nombreux maires des villes et présidents de département ont exprimé le souhait de faire de ce territoire</span></b> historiquement impliqué dans les questions de l’éducation artistique et culturelle, <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">un territoire « pilote »</span></b>, ce qui est évidemment une très bonne chose car sans la volonté des territoires, il est difficile de structurer une action durable. Le Ministre a été très réceptif à cette proposition qui correspond bien à notre philosophie. Au reste, les différentes enquêtes sociologiques qui concernent la Bretagne montrent que cette dynamique est à l’œuvre.<br />Je pense que <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">nous allons mieux ouvrir le HCEAC aux territoires en proposant à nos ministres d'installer un collège de trente territoires éducation artistique et culturelle</span></b> que nous réunirons spécifiquement deux fois par an et <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">un collège « jeunes » composé de trente jeunes</span></b> (un jeune par académie) que nous réunirons une fois par an.<br />Il faudra également établir un programme des séances <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">en territoires à long terme de manière à ce que toutes les régions puissent participer</span></b> à nos séances suivant le modèle « Rennes ».<br />D’autres questions m’ont été remontées : la question du <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">mécénat</span></b> et des modes de financement de l’éducation artistique et culturelle, la question de la <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">démocratisation des horaires d’ouvertures</span></b> et d’accès des lieux culturels (suite à l’intervention de Sylvie Robert).<br />Le Ministre nous a saisi en fin de matinée de <b><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">la question du Pass Culture</span></b>.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: #444444;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKpUhsem65G7vD7lR_0p6KmGtdb-lxH73TT0GBDjvpgk7LWiTsYT9bCBjOKZ7zQF6R-0eSXrBTAwdypMMenyYY5kTbhzdoQmb6xo10irITGruSDD7UnuW6fCbbYc54xTefryGf/s1600/IMG_5277.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1125" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKpUhsem65G7vD7lR_0p6KmGtdb-lxH73TT0GBDjvpgk7LWiTsYT9bCBjOKZ7zQF6R-0eSXrBTAwdypMMenyYY5kTbhzdoQmb6xo10irITGruSDD7UnuW6fCbbYc54xTefryGf/s400/IMG_5277.JPG" width="280" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #444444; font-size: x-small;"><i>Je remercie en votre nom tous les intervenants. Beaucoup d’entre vous m’ont envoyé des messages pour manifester leur satisfaction au regard de l’ensemble des interventions : Béatrice Macé, Damien Malinas et Raphaël Roth pour la présentation du dispositif intégré de l’éducation artistique et culturelle allant jusqu’à l’évaluation et l’ouverture sur la recherche (respect entier de la charte), Marc-Olivier à qui nous proposeront de revenir pour le déploiement du Plan Chorales, Juliette Mant pour la présentation du dispositif éducation artistique et culturelle de la SACEM dont on a pu observer qu’en tant que partenaire de l’éducation artistique et culturelle, il se déploie sur de nombreuses dimensions, la sénatrice Sylvie Robert qui nous a montré combien les bibliothèques sont un équipement essentiel en phase avec de nombreuses expériences d'éducation artistique et culturelle et qui interrogent en profondeur le temps social de nos équipements culturel. Je vous remercie une nouvelle fois, ainsi que nos invités, nos partenaires et je remercie Mathilde, Florence et Matthieu pour la préparation de ces séances, ainsi que Lilia Parisot et Loïc Sumien de l’Académie de Nice qui nous ont permis de façonner quelques ressources sonores essentielles. Je remercie Corinne Poulain qui dirige les Champs Libres et ses équipes qui nous ont remarquablement accompagné durant toute cette journée. Je remercie enfin la Rectrice de Bretagne et le DRAC qui nous ont permis que cette journée soit très ancrée sur les projets développer en Région. </i></span><br /><br /><br /><br /><br /><span style="color: #444444; font-size: small;">Voici enfin un lien utile pour prolonger notre <span style="caret-color: rgb(68, 68, 68);">réflexion</span> sur le 100% EAC :</span><br /><br /><span style="color: #444444; font-size: small;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 30.0pt; mso-list: l0 level1 lfo1; tab-stops: list 36.0pt; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]--><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: small;"><span style="color: #444444;">·<span style="font-stretch: normal; line-height: normal;"> </span></span><!--[endif]--><span style="color: #444444;">Le n°125 de l’abécédaire des institutions intitulé <i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">Culture pour tous</span></i> : <a href="https://www.labecedaire.fr/editions/labecedaire-des-institutions-cahier-125" target="_blank"><span style="border: 1pt none; color: black; padding: 0cm;">https://www.labecedaire.fr/editions/labecedaire-des-institutions-cahier-125</span></a><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-25898812626899739922019-02-05T09:48:00.000+01:002019-02-06T07:44:26.683+01:00ALFRED TATE EST-IL UN SAGE ? ou comment interpréter le message dont est porteur un personnage qui est tout le temps d’accord avec tout le monde...<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; font-size: x-small;"><span style="font-style: italic;">"Les quatre choses dont le Maître était exempt : il était sans idée (privilégiée), sans nécessité (prédéterminée), sans position (arrêtée) et sans moi (particulier)" (Confucius, Entretiens, IX, 4</span>.)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIgFmRMASq5y-vPFgILSyt04-8X4hOAjz4F_hd6YVj5rELSvVSwJYv0wwZckIjUS_SKFXUkbxBJ_4RemPq1qu78xZ654tgsicgIsyVYNGVjMcynhzgkWdhdMEGTBGWn3Z8wMQs/s1600/ma-sorciere-bien-aimee_195541_1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdb6KulaqWOYh6fd4shQQsiCZ4bBoVbO7adCn_67_2MFiBR9nl8yGkPYUzEZYkIf1HMVKO1Bw4X_epzyF3DfwMl1wXzyTxyg9GjyIhT6sfa7P_MoyOyk9j0t3zSg_7R8FYhM9d/s1600/MV5BMTc3NTU5NDgxN15BMl5BanBnXkFtZTYwODk4OTE2._V1._SX360_SY450_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdb6KulaqWOYh6fd4shQQsiCZ4bBoVbO7adCn_67_2MFiBR9nl8yGkPYUzEZYkIf1HMVKO1Bw4X_epzyF3DfwMl1wXzyTxyg9GjyIhT6sfa7P_MoyOyk9j0t3zSg_7R8FYhM9d/s1600/MV5BMTc3NTU5NDgxN15BMl5BanBnXkFtZTYwODk4OTE2._V1._SX360_SY450_.jpg" /></a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-weight: bold;">Faire des enquêtes sociologiques sur la réception des œuvres, quelles que soient ces œuvres, ménage toujours son lot de surprises.</span> Mieux, ces enquêtes nous permettent lorsqu’on les mène l’esprit ouvert, c’est-à-dire en écoutant vraiment comment des publics réels vivent leur relation à telle ou telle œuvre, de mettre au jour des interprétations qui agrègent des regards plus minoritaires mais cependant très cohérents. Au reste, on peut s’amuser à revoir, relire, re-parcourir lesdites œuvres en tentant d’épouser ces regards minoritaires si tant est que nous ne partagions pas initialement ces regards. Et c’est un exercice passionnant que de redécouvrir des œuvres dont on croyait avoir épuisé les significations avec un œil nouveau éclairant par voie de conséquence d’autres expressions – c’est souvent le cas - de la nature humaine. <span style="font-weight: bold;">Depuis que l’offre télévisuelle s’est élargie grâce aux chaînes du câble et du satellite, on est en mesure de recroiser régulièrement sur nos écrans Alfred Tate le patron de Jean-Pierre Stevens un « mortel au caractère » bien trempé qui a décidé de faire sa vie avec une sorcière, Samantha, héroïne de la série <span style="font-style: italic;">ma Sorcière bien-aimée</span>.</span> Alfred Tate dirige une boîte de pub <i>McMann & Tate</i> apparemment en vogue en charge de penser les campagnes publicitaires de produits tantôt purement américains censés améliorer le confort de tous, tantôt étrangers, mais qu’il s’agit d’américaniser pour les mettre au goût du grand public d’Amérique du Nord. Samantha la sorcière a donc, pour sa part, choisi d’épouser le créatif de l’agence – Jean-Pierre – un mortel qui lui demande de renoncer à ses pouvoirs et d’effectuer toutes les tâches ménagères avec ses propres moyens. Le message omniprésent et récurrent de la série, chaque spectateur le comprend très vite, est : <span style="font-weight: bold;">entrez dans la société de consommation et la vie sera plus simple, plus facile ; même les sorcières peuvent renoncer à la magie car l’ingéniosité des inventeurs d’aujourd’hui est bien supérieure au coup de baguette magique de n’importe quel magicien. Tout monde s’efforce d’y croire, bien sûr, et le rôle de l’agence de pub d’Alfred Tate est central comme fabrique du « faire croire ».</span></span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans M</span><span style="font-style: italic;">a Sorcière bien-aimée</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, on doit « faire croire » au produit, mais surtout en finir avec la magie dont on a de cesse de constater paradoxalement l’efficacité. </span><span style="font-weight: bold;">Au premier abord, Alfred Tate est un candide terre-à-terre pétri de rationalité : même s’il voit qu’il se produit des choses étranges autour de lui, il ne doute jamais de rien.</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> Alfred Tate, en tant que patron d’Agence de pub, est tout sauf créatif. Pire, on tente de nous le présenter comme lâche, pleutre, voire cynique et avant tout tourné vers la réussite de ses affaires et ce, au détriment de tous. Même s’il sait que les produits dont il est censé assurer la promotion ne sont pas meilleurs que les autres, il a conscience que la survie de sa boîte tient au fait que tout le monde continue à croire dur comme fer que la pub sert bel et bien à faire vendre en s’appuyant sur un nom, une marque, un logo et que ses créatifs, à l’image de Jean-Pierre Stevens, vont pouvoir révéler à tous la véritable valeur desdits produits. </span><span style="font-weight: bold;">Alfred Tate apparaît comme un homme désabusé, toujours d’accord avec ses clients, prêt à tout pour leur faire plaisir, prêt à humilier Jean-Pierre Stevens pour être en phase avec leur désir.</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> Apparemment, Alfred Tate ne croit pas à ses créatifs, qu’il n’a de cesse de vendre pourtant comme étant les meilleurs ! Les scénarios de </span><span style="font-style: italic;">Ma Sorcière bien-aimée</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> se ressemblent tous car le dénouement a toujours lieu de la même manière : </span><span style="font-style: italic;">Jean-Pierre Stevens va vivre nombre d’affrontements et de péripéties dans sa vie privée avec toute la clique de sorciers qui compose la famille de Samantha et ce sont ses affrontements et ces péripéties, voire Samantha elle-même, qui vont lui inspirer la campagne de publicité sur laquelle il est supposé plancher</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. C’est, selon une récente enquête sur la réception des séries TV, c</span><span style="font-weight: bold;">e que 95% des spectateurs avancent lorsqu’on leur demande de résumer <i>Ma Sorcière bien-aimée</i>. Les mêmes spectateurs considèrent Alfred Tate comme un personnage secondaire autant vil que crédule, en bref, le «mortel» dans tous ses travers.</span></span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pourtant il existerait pour certains d’entre nous, un autre Alfred Tate. En effet, </span><span style="font-weight: bold;">3% de spectateurs de notre enquête décryptent <span style="font-style: italic;">Ma Sorcière bien-aimée</span> avec d’autres lunettes. Loin d’être une interprétation aberrante, leur vision de la série nous permet, au demeurant, de la revoir avec leurs lunettes et donc de la redécouvrir sous un autre jour. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ces derniers pensent, en effet, qu’Alfred Tate joue un rôle central car il ne serait en réalité dupe de rien : sage entre tous, il ne croit pas plus en la société de consommation qu’en la pub et la communication, mais sait que le monde tourne fatalement ainsi, tout comme, il sait très bien parfaitement et depuis toujours que Jean-Pierre Stevens est bien marié à une sorcière. Cependant, </span><span style="font-weight: bold;">Alfred Tate n’ignore pas qu’il n’y a rien à gagner à proclamer qu’il est au courant du secret de Jean-Pierre et Samantha et, selon nos 3% de spectateurs, faire croire qu’il ne se rend compte de rien relèverait d’un choix assumé, à la fois pour le respect de la vie privée de son collaborateur, mais aussi parce qu’il sait que pour bien communiquer, il est nécessaire d’être ouvert, ou en d’autres mots, d’être en mesure de tolérer toutes les manifestations de ce que les anthropologues nomment l’altérité</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Oui, pour ces spectateurs-là, Alfred Tate est un </span><span style="font-weight: bold;">relativiste culturel de première main</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, qui ne perd plus son temps à agir pour transformer le monde, mais qui l’accepte tel qu’il est. Pour lui, la communication et la publicité ne seraient, au reste, que des moyens de décorer le quotidien pour le rendre acceptable, et le seul défi qui vaudrait à ses yeux serait de mettre ses clients, ses publicistes et les consommateurs d’accord entre eux. Alfred Tate défendrait, de la sorte, une certaine idée de la paix et de la sérénité sociales et </span><span style="font-weight: bold;">sa volonté d’être d’accord tout le temps avec tout le monde apparaîtrait dès lors, non comme une veulerie, mais comme une manière de s’effacer devant l’autre et de le respecter</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Ceux qui ont lu le très beau livre de François Julien, </span><span style="font-style: italic;">Un sage est sans idée ou l'autre de la philosophie</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, dans lequel il montre combien </span><span style="font-weight: bold;">la production des idéologies est, selon certains philosophes tels que Confucius, antithétique à l’accès à la sagesse, ceux-là seront sans doute d’accord avec les 3% de spectateurs de<span style="font-style: italic;"> Ma Sorcière bien-aimée</span> pour admettre, une bonne fois pour toutes, qu’Alfred Tate est bel et bien l’un de nos premiers sages postmodernes…</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="font-weight: bold;">Ceux qui n’en sont pas convaincu n’ont plus qu’à revoir l’intégrale de <span style="font-style: italic;">Ma Sorcière bien-aimée</span> en attribuant à Tate ce caractère omniscient. L’expérience est édifiante : non seulement ça marche, mais de surcroît, il nous est très difficile ensuite de faire le cheminement dans l’autre sens, impossible de ré-adopter le point de vue majoritaire de la première vision de <span style="font-style: italic;">Ma sorcière bien-aimée</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Rien de mystérieux donc dans la réception des objets culturels, juste un peu de magie recelée - il ne faut pas en douter - dans le « pouvoir » des œuvres.</span></span></div>
Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-34721039795394145842019-01-15T16:16:00.000+01:002019-02-06T07:46:29.906+01:00REINVENTER LES CONDITIONS DE L'INVENTION D'UNE POLITIQUE CULTURELLE : un droit à l’expérience esthétique pour tous, racontable par chacun...<!--[if gte mso 9]><xml>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="MsoNormal">
<b><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-bidi-font-size: 6.5pt; mso-fareast-language: FR;">Est-ce qu’un État peut encore inventer en matière culturelle ? J’ai
posé cette question à l’ensemble d’une promotion d’étudiants en master
« stratégie du développement culturel » de l’université d’Avignon<sup>1</sup>.
Leur réponse : un grand « oui », massif et sans équivoque.</span></b><b><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-fareast-language: FR;"> </span></b><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-bidi-font-size: 6.5pt; mso-fareast-language: FR;">En revanche,
lorsque je leur ai demandé quelle était, selon eux, la mesure la plus
emblématique prise par un État en matière de culture ces dernières années, plus
des deux tiers ont opté pour un exemple, non pas issu des politiques
culturelles françaises qu’ils connaissent pourtant bien, mais de l’histoire
italienne récente : le 15 septembre 2016, tous les Italiens âgés de
18 ans se sont vu ouvrir la possibilité de recevoir 500 euros de bonus
culturel. Cette mesure, portée par le chef du gouvernement italien Matteo
Renzi, est présentée comme exceptionnelle pour la jeunesse et pour son
pays : « Pour chaque euro investi dans la sécurité, il doit y avoir
1 euro en plus investi dans la culture. Ils sèment la terreur, nous
répondons par la culture. Ils détruisent les statues, nous aimons l’art. Ils
détruisent les livres, nous sommes le pays des bibliothèques. Nous ne
changerons jamais notre mode de vie, ils capituleront avant. » C’est en
décembre 2015, juste après les attentats de Paris, que cette idée a germé dans
une Italie encore marquée par ses « années de plomb » et la folie
meurtrière des Brigades rouges qui, entre 1969 et 1978, a provoqué la mort de
362 personnes. Encore sous le choc de l’abomination de ce terrorisme-là, la
mémoire collective de toute une nation quitte à peine l’espace de l’émotion
pour tenter d’accéder à celui d’une volonté de comprendre les sinistres
événements qui jalonnent son histoire récente. Nul doute que cette mémoire
collective soit réactivée par les blessures françaises de 2015 et de 2016 pour
inspirer aux gouvernants italiens cette idée politique selon laquelle la lutte
contre les radicalisations extrémistes passe aussi et avant tout par
l’acquisition d’une bonne et belle culture générale. L’art, rappellent-ils,
constitue un lien patriotique en Italie.<br />
<br />
En prenant cette mesure, c’est l’ambition de voir toute une génération se
construire autour d’une identité nationale forgée dans l’espace d’une culture
positive, commune et partagée. Passé l’étonnement médiatique et le cadre un peu
complexe de sa mise en œuvre, on peut parier néanmoins sur le fait que certains
analystes « fines bouches » y trouveront à redire, prétendant qu’une
telle mesure ne constitue pas en soi une véritable politique culturelle, voire
qu’il ne s’agit là que d’un effet d’annonce de circonstance. Au reste, on
entrevoit bien comment, en France, les critiques les plus opiniâtres seraient
susceptibles d’aiguiser leur argumentaire au regard de l’histoire de nos
politiques culturelles si une telle mesure était prise dans notre pays. Lucides
et passionnés, mes étudiants se sont mis à imaginer sur-le-champ nombre de
points d’achoppement qui, selon eux, ne manqueraient pas de surgir, et ont
conclu assez vite sur le fait qu’ils ne prendraient pas grand risque à gager
sur au moins trois d’entre eux. Premier point : on avancerait que la
mesure est catégorielle, parce qu’elle ne touche que les jeunes qui viennent
d’avoir 18 ans. Deuxième point : on se défierait d’une mesure qui est
aveugle, car comment savoir ce que nos jeunes feront en réalité de ce bonus
culturel, comment être certain qu’ils auront des pratiques
« vraiment » culturelles ? Troisième point d’achoppement :
les plus lobbyistes de nos critiques – il en existe – défendraient l’idée selon
laquelle on fait ce cadeau aux jeunes alors même que certaines structures
culturelles ont un mal fou à boucler leur budget, et que cette mesure ne
résulte que d’un calcul démagogique voire électoraliste.</span><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-fareast-language: FR;"> </span><b><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-bidi-font-size: 6.5pt; mso-fareast-language: FR;">Inventer un nouveau
dispositif, une nouvelle mesure, une nouvelle politique en matière culturelle
en France semble presque mission impossible, non pas du fait d’un manque
d’imagination, mais plutôt d’un embastillement dans un réseau corseté de
servitudes, de certitudes et d’immobilismes propre à décourager toute
innovation ambitieuse.</span></b><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-bidi-font-size: 6.5pt; mso-fareast-language: FR;"><br />
</span><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-fareast-language: FR;"><br />
Pourtant, l’énoncé de la mesure exposée par Matteo Renzi mérite toute notre
attention, tout comme les critiques majeures qu’elle est susceptible d’appeler.
En effet, à y regarder de près, dans sa formulation ce dispositif constitue le
terreau certain d’une politique visionnaire, car l’invention en matière
culturelle doit se penser à l’aune de ses publics et non de ses structures,
elle doit s’élaborer sans préjuger de ce que ses publics supposés en feront, et
elle doit, en dernier lieu, porter la promesse d’une appropriation plurielle et
autonome assumée par ceux qui en sont les bénéficiaires. Si l’invention reste
possible en matière culturelle, donc en matière politique, elle doit avoir pour
objectif de travailler sur ce « champ de dispersion des langages » dont
parle Roland Barthes, pour participer, sans naïveté, dans son expression
explicite comme dans ses formes administrées, à un projet d’édification que
l’on pourrait énoncer comme une volonté partagée de faire (re)naître en chacun
d’entre nous un </span><span style="font-family: "georgia"; mso-fareast-language: FR;">désir d’unité culturelle joyeuse<span style="color: #444444;">. Pas simple
cependant de réunir les conditions de l’invention. Tout d’abord, parce que nous
ne partageons pas tous la même conception de ce que recouvre le mot
« culture » ; ensuite, parce que la légitimité du politique à
apporter de l’innovation culturelle se découvre toujours comme intrinsèquement
fragile dès lors qu’elle peut se révéler comme le fait d’un prince pour qui il
est souvent plus facile d’inaugurer un nouvel équipement que de s’essayer à
rebattre les lourdes cartes de la démocratisation culturelle. <b>C’est fort de ce double constat qu’il
s’agit de repenser les conditions de l’invention en matière de culture pour
l’État, une invention qui tient plus au travail de coordination des structures
et des dispositifs pour tendre vers une ambition politique partagée qu’à une
ixième trouvaille dont l’obsolescence serait programmée par la complexité même
de sa justification. </b></span></span><span style="color: #444444; font-family: "georgia"; mso-bidi-font-size: 6.5pt; mso-fareast-language: FR;"><br />
<i><br />
[La suite de cet article est à retrouver dans la Revue Nectart en date de
janvier 2017]</i></span><span style="font-family: "georgia"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-language: FR;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<!--EndFragment-->Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-21354630.post-11766985022270204762018-12-26T14:38:00.002+01:002018-12-28T00:54:48.530+01:00LA VICTORINE, lieu de tous les possibles pour l’éducation artistique et culturelle au cinéma<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheQltNgqjKKttE5e9sW6jEHyzXNWdAbBGClfmXcKeIT2Ix_FeUF5tK37-oCKDftdJS9qTEBKs7qeteUSMAohRuL6U2HVoXuH5lmultd9MfarA3cT8E5Co5ucnc9UieFwhwDBeL/s1600/8452152A-E867-47FB-B2EC-856F82901C88.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1070" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheQltNgqjKKttE5e9sW6jEHyzXNWdAbBGClfmXcKeIT2Ix_FeUF5tK37-oCKDftdJS9qTEBKs7qeteUSMAohRuL6U2HVoXuH5lmultd9MfarA3cT8E5Co5ucnc9UieFwhwDBeL/s640/8452152A-E867-47FB-B2EC-856F82901C88.jpeg" width="425" /></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le cinéma est la pratique culturelle la plus populaire car elle est, sans doute aussi, la plus démocratique qui soit. Elle a connu dans les années 1960 un véritable âge d’or grâce aux ciné-clubs qui ont fait œuvre structurante pour diffuser une culture cinématographique tant auprès de ces passionnés qui se voient dotés de l’attribut de « cinéphiles » que de ce public l’on dote du qualificatif de « grand » du fait de la diversité sociale et générationnelle qu’il recouvre. Dès 1905, la connaissance du cinéma s’élabore d’abord via le matériel publicitaire avec lequel on faisait sa promotion aux abords des salles. Dans les années qui suivront l’avènement du cinéma parlant, ce sont les magazines plus ou moins spécialisés, les émissions de radios puis de télévision qui deviendront les supports privilégiés pour faire vivre les films hors projection. Et pour cause, à l’inverse des acteurs du cinéma muet, les stars ont désormais une voix et sont en mesure de prendre la parole. Grâce aux festivals naissants, on les redécouvre aussi en chair et en os, et plus encore, en strass et en paillettes, foulant aux pieds tapis rouges et franchissant marches et escaliers comme à Cannes, la manifestation mondiale qui va donner le ton et imposer la norme de ces rencontres. L’Olympe est à portée de mains et de regards. Le cinéma prend corps dans une nouvelle réalité palpable. Face à celles qui, apprêtées par Dior, Chanel ou Balmain, se hissent chaque soir en projection officielle, d’autres, plus dévêtues, espèrent, sous le soleil du jour, être repérées sur une plage par l’entremise d’un regard ou d’une photo flatteuse. La proximité du monde du cinéma et du monde tout court semble rendre les choses envisageables, concevables, imaginables. Mais comme le dit l’un des personnages de la Nuit américaine, <i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">« Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, pas de temps mort. Les films avancent comme des trains, tu comprends, comme des trains dans la nuit. Des gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail, dans notre travail de cinéma ».</span></i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">La contiguïté entretenue par Cannes entre l’art et la vie n’a souvent été qu’illusion fugace. Sauf lorsque la Côte d’Azur s’envisageait d’abord comme un lieu de tournage susceptible de précipiter hasards et coïncidences. Avec les Studios de la Victorine installés à Nice, c’était le tout premier privilège concret que de posséder une usine à rêve près de chez soi afin de permettre, entre autres, à de belles histoires de naître. En faufilant la métaphore du personnage de Truffaut, le cinéma devenait une opportunité pensable car attaché à un territoire d’où l’on pouvait « prendre le train ». <i>« Les choses s’accrochent... Comme des wagons, l’histoire avance sur ses rails, le public voyageur ne quitte pas le train, il se laisse véhiculer du point de départ au terminus et il traverse des paysages qui sont des émotions ».</i>Si, l’on conçoit très bien que la culture cinématographique puisse s’acquérir de n’importe où, en voyant des films, en lisant livres et revues sur le cinéma, en consultant plateformes et sites consacrés au 7<sup>e</sup>art, il nous faut concevoir qu’une</span>éducation artistique et culturelle au cinéma, qui a la chance de se construire non loin d’un plateau de tournage ou un studio de cinéma ouvre, pour sa part, des perspectives inédites tant en termes de connaissances des métiers de l’image, qu’en termes de rencontres, mais aussi de pratiques. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">Quand la Victorine éduque la Marquise</span></i></b><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C’est en 1939 qu’aurait dû avoir lieu la première édition du Festival de Cannes, une édition annulée alors qu’on apprend l’invasion de la Pologne par Hitler. Cette même année, celle qui trente ans plus tard deviendra l’une des héroïnes les plus populaires du cinéma français, la petite Jocelyne Mercier, voit le jour à Nice. Sa famille détient non seulement l’une des pharmacies les plus célèbres de la ville, mais également des laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques depuis plusieurs générations. En tant que fille ainée, son destin semble donc dessiné : elle reprendra l’affaire familiale. Pourtant, enfant, elle rêve de toute autre chose. La petite Jocelyne espère, en effet, devenir danseuse, et même une danseuse étoile. C’est dans sa quinzième année qu’une opportunité professionnelle se présente à elle puisqu’elle interprétera précisément le rôle d’une danseuse dans un film de Jean Boyer J’avais 7 filles. Le film est tourné en partie aux Studios de la Victorine et Jocelyne y fera sa première grande rencontre artistique car le premier rôle du film n’est autre que Maurice Chevalier. Bien qu’elle n’ait alors qu’une seule petite prestation à son actif, Jocelyne prend confiance en elle, voit défiler tous celles et ceux qui viennent séjourner à Nice pour tourner à la Victorine, se dit que tout est possible et va opposer à sa famille un refus catégorique pour suivre les études qui auraient dû lui permettre de reprendre l’affaire familiale. À 17 ans, elle part pour Paris afin de rejoindre les Ballets de Roland Petit, puis intègre la compagnie des Ballets de la Tour Eiffel, une compagnie qui disparaitra quelques mois plus tard, faute d’argent. Jocelyne persévère dans son apprentissage artistique en suivant quelques cours d’art dramatique de Solange Sicard et tente de lancer sa carrière au théâtre cette fois. Ce n’est pourtant pas à Paris que son destin va prendre une tournure décisive, mais bien à Nice, grâce à la Victorine, même si l’actrice, lorsqu’elle se remémore son histoire, préfère placer celle-ci sous le signe du « plus pur des hasards ». Qu’importe, on sait bien que « <i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">L’adolescence ne laisse un bon souvenir qu’aux adultes ayant mauvaise mémoire »</span></i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">. Ce qu’écrit Jocelyne dans ses mémoires, c’est donc qu’en 1956, alors qu’elle revient chez ses parents pour les fêtes de fin d’année, elle va rencontrer dans Nice, « par le plus pur des hasards », deux personnes qui vont bouleverser sa vie : le scénariste Michel Audiard et le réalisateur Denis de la Patellière. La Victorine n’est évidemment pas étrangère à cette rencontre « fortuite ». Les deux compères s’apprêtent à y tourner <i>Retour de manivelle</i>, un film dans lequel il ne leur manque qu’une personne pour incarner le rôle de Jeanne, une femme de chambre, aux côtés de Michèle Morgan et Danièle Gélin. Dans un premier temps, Jocelyne va refuser cette proposition, convaincue qu’elle ne doit désormais ne se consacrer qu’à la danse. Mais son père parvient à la convaincre. Jocelyne a dix-huit ans, elle se pique au jeu du grand écran. Sa rencontre à Nice avec Michèle Morgan sera déterminante au point qu’elle lui empruntera ce prénom qui est aussi celui de sa jeune sœur décédée à l’âge de cinq ans. Jocelyne Mercier devient ainsi Michèle Mercier et va enchaîner les tournages dans le monde entier jusqu’à se voir consacrer, en 1964, par le rôle d’<i>Angélique, Marquise des Anges </i>comme l’une des stars les plus populaires du cinéma français, une popularité qui reste intacte à chaque rediffusion de la quadrilogie des <i>Angélique </i>sur le petit écran. De cet exemple, certes édifiant, qui conduisit la future Michèle Mercier de la baie des Anges à la Marquise des Anges, on entrevoit comment la Victorine ont pu jouer un rôle qui relève bien d’un parcours d’éducation artistique et culturelle pour nombre de jeunes niçois de la grande époque des studios à l’heure où l’idée même d’éducation artistique et culturelle ne figure dans aucun programme scolaire ou universitaire, à l’heure où seule l’éducation populaire, plutôt tournée vers un public d’adultes, commence à faire reconnaître l’importance de la culture comme levier majeur pour l’émancipation de tous. </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><i>Retour de Manivelle</i></b><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Depuis l’été 2016, la France a adopté sa charte de l’Éducation artistique et culturelle qui fait désormais référence et qui présente l’Éducation artistique et culturelle comme devant être accessible à tous. Cette dernière relève autant d’une éducation à l’art que d’une éducation par l’art et repose sur trois piliers fondateurs : le pilier des connaissances culturelles, le pilier des pratiques artistique et culturelle et le pilier des rencontres avec les artistes ou les acteurs du monde culturel. Or, c’est presque un paradoxe que le cinéma est à la fois la pratique culturelle la plus populaire et celle qui est sans doute la plus éloignée de ses spectateurs sur le plan artistique. En effet, les studios sont souvent une abstraction pour le public même si aujourd’hui des parcs comme Disneyland Paris en font une attraction touristique et proposent à leurs visiteurs d’approcher les modes professionnels de fabrication des films de cinéma. Il n’en reste pas moins que ces expériences sont loin d’être légion et que rares sont les lieux en France où l’on peut vivre l’expérience cinématographique en art. Rares sont les élèves qui, dans leur collège ou leur lycée, sont en mesure de se projeter dans une carrière relevant des mondes de l’image car tout aussi rares sont pour eux les occasions de rencontrer des réalisateurs, des acteurs, de se dire que ces métiers sont du ressort de professions qui pourraient leur être accessibles. Le monde du cinéma est d’ailleurs tout à fait conscient de cette distance, une distance qu’il n’a de cesse de tenter de combler en réalisant nombre de films dont le sujet cardinal est « le monde du cinéma » : <i>Chantons sous la pluie, The Majestic, Qui veut la peau de Roger Rabbit, Les ensorcelés, Ça tourne à Manhattan, Huit et demi, Body Double, Irma Vep, Étreintes brisées, Inland Empire, Hollywood Ending, The Last Movie, Le Mépris, Je hais les acteurs, </i>tous ces films tiennent un discours pédagogique, voire épistémologique, sur le cinéma en tentant de nous entrouvrir les coulisses des tournages de films. Mais sous doute le plus emblématique de ces films a-t-il été tourné aux studios de la Victorine et pour cause, son synopsis porte sur un réalisateur, à moitié sourd, qui tourne un film intitulé <i>Je vous présente Paméla</i>aux studios de la Victorine. Le synopsis fonctionne telle une mise en abime perpétuelle sur ce qu’est le monde du cinéma, « <i>une unanimité de façade, un univers de faux-semblants où on passe son temps à s’embrasser</i> » comme le résume très bien la réplique d’un des personnages, la femme de Lajoie, le régisseur : « <i>Qu’est-ce que c’est que ce cinéma ? Qu’est-ce que c’est que ce métier où tout le monde couche avec tout le monde ? Où tout le monde se tutoie, où tout le monde ment. Mais qu’est-ce que c’est ? Vous trouvez ça normal ?</i> » D’une mise en abime sur l’art à la vie, il n’y a qu’un pas à franchir : celui de la réalité incarnée d’un studio. En restaurant les studios de la Victorine, c’est plus qu’un lieu mythique de tournage qu’on rouvre. C’est l’accès immédiat à une part du patrimoine de notre industrie culturelle, un vecteur de tous les possibles cinématographiques. Rencontres, pratiques, connaissances réunies dans un même lieu consacrera <i>de facto</i>les Studios de la Victorine comme un accès d’exception pour instruire des parcours d’éducation artistique et culturelle aussi inspirants qu’a pu l’être celui de Michèle Mercier pour celles et ceux qui, à Nice ou ailleurs, connaissent son histoire, car oui, comme le dit encore et toujours le réalisateur de <i>La Nuit américaine </i>: « <i>la vie a beaucoup plus d’imagination que le cinéma »</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 15pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;">
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Emmanuel ETHIShttp://www.blogger.com/profile/05971294450107370108noreply@blogger.com