26 octobre 2010

ENTRE PLUS QUE MOYEN ET PIRE QUE TOUT ?

«Le deuxième en partant d'la fin, qui ne brille jamais, jamais assez au firmament des moins que rien»

À l’heure où les boutiques de déco vous vendent des parfums d’intérieurs aux doux noms de «Souvenirs d’école» ou «Le temps des portes-plumes» qui vous font vous remémorer grâce à l’odeur distillée de cette colle blanche de notre enfance les dictées plus ou moins réussies et les cours de récréation de l’école primaire, il arrive qu’au détour du flux de ces images du passé, l’on se souvienne de certains moments qu’on pensait avoir enterrés définitivement. Bien décidé à mettre dans les jeunes têtes qu’il a en charge, un début de commencement d’esprit de compétition (qu’il recouvre toujours de l’idéologie de l’esprit sportif où l’on apprend à perdre dans la dignité), l’instituteur décide de diviser sa classe en deux équipes de nombre égal. N’ayant évidemment aucune idée sur comment former lesdites équipes (et tentant d’éviter tout type de discrimination qui pourrait lui être attribué), l’instituteur nomme deux capitaines qui auront, eux, la lourde et légèrement sadique charge de choisir ceux qui composeront leurs équipes. Là de drôle d’enjeux se nouent autour des affinités électives d’abord, puis autour de l’idée de priver l’autre équipe de celui ou celle qui pourrait la faire gagner…

Je n’ai jamais été capitaine, toujours du côté de ceux qui sont choisis, et j’avoue que je conserve bien présente cette ignoble peur d’être celui que l’on tire en dernier, ce qui m’est arrivé tellement tellement souvent. La vie passant, sans doute la morale aidant un petit peu, j’ai durement conquis ma place d’avant-dernier. Nul en sport comme en tout autre type d’activités physiques, la place d’avant-dernier m’a permis néanmoins de conquérir une petite once de confiance en moi, assez grande en tous cas pour m’aider à oublier la sensation attachée au sentiment de celui qui serait choisi en dernier. Et comme le rappelle la magnifique chanson de Clarika «Le pire qui pourrait t'arriver serait d'être un petit peu meilleur, car là - Avant-avant-dernier -, Ce n'est plus du tout fédérateur… Oui mais que toi L'avant-dernier, Tu croises l'éternel second, et de vos destins contrariés, naîtra la plus belle des passions»… Le cinéma est sans doute, avec la littérature, l'un des arts les plus efficaces pour nous replonger dans ces flux de vie et lorsqu'adulte on les ressent de nouveau, on est souvent pris par un sentiment complexe situé à la croisée d'une certaine nostalgie et d'un soulagement évident de ne plus être obligé de vivre ces petites humiliations dont on prétend qu'elles forgent le caractère... Quel caractère ?...