17 août 2009

LE VOLEUR DE BAISERS

« Ce qui m’intrigue le plus dans les films, et surtout dans les films où il y a du suspense, les films d’action comme j’ai entendu dire – entre parenthèses je m’demande ce que ce serait un film « d’inaction »,… parce que pour moi, y’a toujours de l’action, même quand c’est Cousteau qui filme une tanche, mais bon -… Ce qui m’intrigue donc dans ces films-là, c’est cette espèce d’issue de secours à deux francs qu’« ils» utilisent quand le héros est poursuivi par plein de méchants et qu’il tente de leur échapper en passant inaperçu : car le mec, je sais pas comment il fait, et où ceux qui écrivent l’histoire ils ont déjà vu ça, mais le mec, il trouve toujours sur son chemin une nana vachement mimie qu’est plantée là, sortie d’on ne sait où, qu’il va prendre dans ses bras sans qu’elle, elle soit plus étonnée que ça ; et là, tout ruisselant de sueur, forcément à bout de souffle, il va se mettre à l’embrasser comme si de rien n’était, le temps que ses ennemis s’éloignent… Moi, je trouve ça génial de nous demander de croire à tout ça, c’est carrément plus fantastique que je ne sais quelle histoire de vampires qui hypnotisent les femmes avant de leur sucer le sang… tu imagines, toi, des poursuivants qui te traquent et qui ne repèrent rien, alors que quand même, quand des gens dans les rues de la vraie vie se roulent la mégapelle du siècle, tout le monde les mâte, qu’on soit gêné ou pas, on les mâte, et c’est vraiment pas le super-plan pour pas se faire remarquer… »

Antonin demeure fasciné par cette figure filmique du baiser saisi dans la course-poursuite, ce baiser qui est censé tirer d’affaires un héros en position difficile et ce, en épousant les lèvres d’une fille sublime (au reste quand elle ne l’est pas – sublime - Antonin a remarqué qu’on le lui faisait ressentir, en se moquant un peu d’elle, en ayant recours à une sorte de « c’est toujours ça de gagner » pour cette fille qui doit pas se faire embrasser tous les jours par un aussi beau mec que notre héros) : double bénéfice donc, pour le héros du film qui montre justement par la possibilité qu’il a de récolter ces bénéfices-là, à quel point il est différent du commun des mortels. Bond est mille fois plus surprenant dans sa faculté de séduire que dans ses cascades inouïes, « c’est surtout pour cela que ça craint pas trop de prendre des vieux acteurs pour 007 – précise Antonin -, car ces vieux-là ont en plus du pouvoir de séduire, l’expérience de ce pouvoir, des pros quoi… ».

Antonin égrène ainsi tout une liste d’acteurs qu’on maintient à l’état de séducteur jusqu’à leur mort… « Une catégorie bien à part, qu’on peut repérer dès le plus jeune âge et qui sont capables de voler des baisers à n’importe qui,… Même Brad Pitt se fait voler, on peut dire ça comme ça, un baiser intense par le séducteur Tom Cruise dans Entretien avec un vampire… Ah ! Tom Cruise, j’aimerais bien devenir lui et j’ m’exerce tous les jours pour y arriver». Et effectivement l’entraînement d’Antonin est intensif : ce que confirme sa maman parfois fière, parfois déroutée, c’est que les plus jolies petites filles de l’école communale ont presque toutes été tourmentées par ce Cruise en herbe, aspirant voleur de baisers en plein apprentissage. Déroute compréhensible lorsqu’on sait qu’au delà de son discours disert, notre expert ès-ciné-séduction fêtera demain son dixième anniversaire, et ce qu’il appelle lui-même, sans jamais avoir vu Truffaut, ses « premières belles années de baisers volés ».