On nous l’a présenté comme un « Sous Da Vinci Code »… Elle est là, elle arrive : voici la Saga de l’été de France 2 : la Prophétie d’Avignon sera tournée à… Avignon avec l’excellente nouvelle Fanny Ardant, l'actrice Louise Monot, repérée dans la non moins excellente série « La vie devant nous » où elle a quelque peu torturé nos non-moins excellents sociocomédiens Samuel Perche et Gianni Giardinelli. Louise Monot doit avoir un petit goût pour la torture car elle sait se rendre parfaitement agaçante… Pour mémoire, c’est elle qui incarne la jeune fille qu’on découvre tous les jours de la semaine sous sa douche pour la marque Bourjois. J’ai toujours eu la sensation que cette pub était un gag et ne serait susceptible que de faire baisser les ventes de gel douche Bourjois tant l’hystérie que ce produit semble provoquer chez Louise Monot - formidablement belle et calme dans la vie – pourrait être sujette à contagion chez tous ses futures utilisatrices/utilisateurs.
Pour l’heure, on nous annonce que Louise incarnera la conservatrice du Palais des Papes. Une conservatrice de fiction puisque le Palais reste en quête, lui, d’une véritable conservatrice puisque ce poste vient d'être libéré par son ancienne conservatrice avec qui Louise Monot possède entretient de troublantes ressemblances physiques.
Tous les sites des alentours sont mis à contribution : le Palais donc, la Chartreuse, mais également l’Université d’Avignon. Premier jour de tournage dans notre belle institution transformée pour l’occasion en A.E.I. : Agence Européenne de l’Intelligence, une sorte de FBI à la française nous a-t-on dit… Curieux paradoxe car on a précisément décroché le drapeau français de notre fronton pour y mettre le drapeau anglais. Toujours drôle de voir comment une fiction vous aide à voir ce que le quotidien fait disparaître : les symboles qui nous constituent. Car transformer l’université se fait à l’économie de décor, juste en tendant quelques bannières…
Tout cela se fait sans heurt ; nos étudiants continuent à circuler normalement. Les enseignements se déroulent entre quelques coups de feu. Convention oblige : il a fallu cependant déplacer Le colloque sur le purgatoire organisé par Guillaume Cuchet de la salle des thèses (devenue bureau du chef de l’AEI) vers l’amphi AT05, un très beau colloque qui a accueilli la présidente de l’EHESS Danièle Hervieu-Léger qui a offert à son auditoire une très belle conférence intitulée : « Entre négation et personnalisation : la gestion du mourir dans l’ultra-modernité » ; notre cher Jacques Chiffoleau était également de la partie et est intervenu autour du « Temps purgatoire et désenchantement du monde (vers 1280 – vers 1520) »…Je ne peux m’empêcher ce jour de penser à notre cher ami Jean-Louis Fabiani qui a quitté pour quelques jours Berlin pour donner son propre séminaire dans la maison parisienne de l’EHESS. Un très beau sujet en perspective sur l’attribution : « Comment reconnaître un tableau lorsqu’on n’en connaît ni l’origine ni l’auteur ? Comment garantir l’authenticité d’une image que l’on pense être l’œuvre d’un maître ? La question appartient à la fois à l’histoire de l’art scientifique et au domaine de l’expertise. Décider de l’attribution d’une œuvre à un auteur, à une école ou à une époque revient le plus souvent à sceller son destin, à moins qu’une controverse ne survienne après coup qui remet en question le choix initial. L’histoire des œuvres est pleine de revirements, de changements de cap et de scandales retentissants qui transforment le sort, mais quelquefois aussi le sens, des images. Il suffit d’évoquer l’émotion suscitée par la désattribution de l’Homme au casque d’or, fleuron de la Gemäldegalerie de Berlin, dont il est exclu aujourd’hui qu’il soit de Rembrandt. Les changements d’attribution peuvent avoir des effets énormes sur le marché de l’art. Ils contribuent aussi à faire et à défaire la réputation des experts. L’attribution des œuvres d’art est un jeu politique : en intégrant des œuvres à des écoles ou à des traditions nationales, quelquefois sans preuve, on contribue à construire des artefacts susceptibles de réorienter notre vision des œuvres. ». Le blog de notre ami nous rapporte ses impressions parisiennes qui sont toutes aussi animées que nos journées « prophétiques avignonnaises » : « A l’EHESS, j’ai dû attendre que mes collègues qui donnaient le cours de 11H à 13h veuillent bien, sur ma pression insistante, libérer la salle vers 13H10 pour que je puisse faire mon métier. Ils ne m’ont pas salué, bien que j’aie été fort aimable, comme à l’habitude : c’est une attitude impensable en Allemagne. La veille, j’avais été encore plus heurté : dînant dans le quartier du Marais, j’ai dû affronter les élucubrations de ma voisine de table, qui, non contente de m’envoyer la fumée de ses Royale dans le nez pendant tout le repas, a réussi à me dire que Bourdieu, s’il n’était que modérément antisémite, avait surtout le tort d’avoir soutenu une association homosexuelle, Aides (sic), que Pierre Vidal-Naquet était un salaud, et que Jacques Revel, qu’elle avait vu à mes côtés lors d’un colloque, était soporifique. Quant à moi, elle ne se souvenait plus de ce que j’avais dit. Elle a ajouté que Berlin était une ville atroce, à la fois trop au Nord et trop à l’Est, que tous les Allemands de l’Est étaient des délateurs-nés et qu’en plus ils avaient des canalisations au plomb. Je n’ai pas osé lui dire que je faisais des dons mensuels à Aides et que je n’étais pas pour autant antisémite, mais j’ai fini par péter les plombs (berlinois) au moment où elle a conclu en disant qu’Alain Finkielkraut était un grand philosophe. Berlin trop au Nord, trop à l’Est : avec ce genre de personne, on a immédiatement envie de prendre un aller simple pour Thulè ou pour Oulan-Bator. Les étudiants ont été adorables et le vendredi a sauvé le reste de mon séjour : une dame, qui était avant moi chez le médecin, sachant que je devais rentrer à Berlin rapidement, m’a laissé sa place alors qu’elle attendait depuis plus de deux heures. La docteure avait dû procéder à deux hospitalisations en urgence. À la sortie, j’ai dit à l’aimable patiente que je lui vouerais une reconnaissance infinie et elle m’a répondu que l’infini, c’était peut-être un peu vaste pour moi. Elle me rappelait à la juste mesure. J’en ai conclu que la vie méritait d’être vécue, même à Paris un jour de pluie, et je remercie à nouveau ma bienfaitrice inconnue, qui habite Clamart ». Le blog de Jean-Louis Fabiani (http://fabiani.blog.lemonde.fr/) demeure pour moi un lieu où l’on se réconcilie toujours avec la vie. C’est sa force : il nous aide à fixer des pensées qui nous traversent quotidiennement en les trempant d’analyses sociologiques et anthropologiques propres à nous rappeler que le travail intellectuel, le vrai, est un travail de chaque instant.
J’ignore parfaitement comment se terminera la prophétie d’Avignon. De toute évidence, comme les squatters de la médiapensée Finkielkraut, Henri-Lévy ou autres Onfray, on la retrouvera bien sur nos écrans de télévision… Cet été pour se décontracter et nous rafraîchir les idées dit-on… Que dire, sinon qu'on espère que Louise Monot tirera son épingle du jeu à laquelle la conduit cette prophétie auto-réalisatrice selon la formule de Merton ? À part cela, rien qui ne vaille même que l’on y accroche une critique. C’est ainsi… Sans doute me souviendrais-je en ouvrant mon programme télé de cette drôle de semaine qui s’est conclue par ce vendredi 9 mars 2007. Une semaine où le producteur de la prophétie d’Avignon m’a menacé de faire intervenir contre moi Patrick de Carolis, en personne, « un homme qui a le bras long », si je ne libérais pas à l’heure la salle des thèses pour que le tournage ait lieu sous prétexte de mettre 60 personnes au chômage techniques (intermittents qui, au demeurant, ont décidé de faire grève ce lundi 12 mars) ; une semaine où j’ai fait connaissance avec de très bons collègues historiens ; une semaine où mes étudiants m’ont offert de belles satisfactions en préparant avec Damien Malinas et Virginie Spies le futur colloque sur le cinéma et les sciences sociales qui aura lieu au Palais des papes ; une semaine où l’on a commencé à travailler avec notre nouveau professeur du département des Sciences de l’Information et de la Communication, Yves Jeanneret ; une semaine où les choses se sont accélérées pour l’organisation du colloque de mes collègues anglicistes qui aura lieu en mai ; une semaine où j’ai dû renoncer à aller faire une conférence en Égypte pour préparer les futures commissions de spécialistes où l’on recrutera forcément d’excellents nouveaux collègues ; longue conversation avec Fernand Téxier, le recteur de l'université Senghor : Paul Tolila présent à Alexandrie va assurer le coup ; une semaine où j’ai commencé à écrire un chapitre d’ouvrage sur les techniques d’entretien et leurs usages ; une semaine où j’ai donné un cours d’une journée très intéressante (pour moi et je l’espère pour eux) à de futurs directeurs techniques du Monde du Spectacle à l’ISTS ; une semaine où l’on a mis au point avec Yves Jeanneret, Jean Davallon, Virginie Spies et Damien Malinas notre nouvelle formule de masters ; bref une semaine universitaire on ne peut plus normale…
Pendant ce temps-là Louise Monot et ses amis de l’Agence Européenne de l’Intelligence répétaient. Luxe inouï qui ne nous est jamais permis dans cette belle et authentique agence européenne de l’intelligence qu’est l’université.
Un petit tour sur ma boîte mail où les hasards ne semblent décidément ne pas être des coïncidences pour découvrir un SPAM associé à la marque Bourjois ! On y découvre le témoignage de Sandra, 21 ans : « je suis de Besançon et je suis assistante territoriale et révérais de ressembler à l’actrice Louise Monot. J'adore le basket, le hand, le foot, le rugby, la musique, sortir, voyager... Je suis également accro au produit de beauté et je suis assez gourmande !! Témoignage : Quoi de plus agréable que d’avoir une peau douce au toucher !! Eh bien grâce au gel douche Doux Gommage de Bourjois Grain de Beauté, c’est possible !!! J’ai découvert ce produit dans l’armoire de salle de bains de maman. En effet, elle achète toujours plein de gels douches différents à l’avance. j’ai donc décidé d’essayer celui-ci. Tout d’abord, le flacon en lui même. Il est de couleur vert pomme et le capuchon et de couleur orange. Avec bien sûr la petite boule dorée de tous les produits Bourjois. Ce gel douche contient 200 ml de produit. Bon, et si on en venait au but ? C’est-à-dire le test de ce produit. Allez, hop, direction ma baignoire ! Après avoir réglé l’eau à bonne température, je prends ma fleur de douche et je verse du produit dessus. La couleur est totalement différente des autres gels douches. En effet, elle est vert claire avec des petites boules de couleurs vertes plus foncées à l’intérieur. Ces petites boules, ce sont de la poudre d’argile douce. C’est grâce à elle que le gommage pourra avoir lieu. En effet, elles vont permettre de gommer les cellules mortes de ma peau et de les éliminer en douceur. Bon, je commence mon petit nettoyage. C’est très agréable. L’odeur est agréable et e produit ne gratte pas et l’on ne sent même pas que l’on se fait un gommage. Après m'être bien lavée de partout (heureusement d’ailleurs), il est temps de passer au rinçage. Le gel douche s’élimine très bien et je remarque déjà que ma peau est beaucoup plus douce qu’avant. Après mettre bien sécher la peau, je remarque que cette impression de douceur est réellement bien fondée ! Ma peau est vraiment beaucoup plus douce au toucher et plus lisse. Ca fait vraiment plaisir de voir qu’un gel douche à de telles vertus !! De plus, ma peau est délicatement parfumée, ce qui ne déplaît pas à une certaine personne !! Eh non, pas mon chéri mais mon meilleur copain !!! Ce gel douche est à utiliser de préférence tout les jours afin d’éliminer toutes les cellules mortes de notre peau. N’oubliez pas d’insister à certains endroits où la peau est plus sèche et plus dure, comme les talons et les coudes. Je vous signale aussi que ce produit est testé sous contrôle dermatologique. Alors, pour faire plaisir et avoir une belle peau toute douce, vous savez ce qu’il vous reste à faire ??? De plus, je pense que cela ne déplaira pas non plus à votre chéri ! »Merci Sandra, un grand merci : la vertu de ton témoignage n’est certes pas de nous réconcilier avec la vie, mais de nous rappeler à l’essentiel : il faut être propre pour de ne pas déplaire et se souvenir de cette merveilleuse maxime de Sacha Guitry : « le peu que je sais, c’est à mon ignorance que je le dois ». Je suis persuadé que tu aurais été inspirée par le colloque sur le purgatoire qui, au fond, ne fonctionne pas autrement grosse douche mais sans le gel "BourGEois"...