Lorsqu'il arrive que vous soyez tristes à mourir, vous avez trois moyens d'échapper à la douleur qui serre le coeur et la gorge : 1° Vous saouler : le vin demeure le plus ancien et de loin le meilleur des psychotropes; 2° Prendre du Lexomil, de L'Equanil, du Tranxène, etc. Cela ne donne pas la cirrhose, mais est moins efficace que le vin; 3° Ecouter du Mozart ou Michael Jackson, même (voire surtout) si c'est en sol mineur amer ou si ce sont les derniers concertos de piano pour Mozart ou Ben pour Jackson. Ce n'est pas les "sentiments" qui "exprime" la musique qui soulagent, mais la forme, la grâce, quand même les sentiments exprimés seraient désespérés. La musique agit sur les "nerfs" autant qu'elle est expression. Dans la Nausée, Sartre a écrit trois sottises en quatre lignes : "Ma tante me disait : Chopin m'a été d'un grand secours à la mort de ton oncle. Quelle erreur ! La musique se fout bien de nous, elle est éternelle et indifférente à la beauté". Cela fait trois sottises : Chopin n'est pas un sentimental de la tristesse, mais un Bach sans le contrepoint. Ensuite la musique ne "console" pas en élevant au dessus du temporel, mais en agissant sur les nerfs. Enfin, cette action vient de sa forme (Beethoven, trop heurté, ne soulage pas, même dans la 7e symphonie). Cette couche physiologique n'est pas le seul aspect, mais n'en existe pas moins (il en est de même du "cadre de vie", cafardeux ou apaisant, dans l'art de l'architecte).
(Extraits d'une conversation avec Paul Veyne / imerec)
Les événements relatés ici se sont vraiment déroulés et les personnes décrites ont toutes existé même si quelquefois elles semblent avoir quelque(s) ressemblance(s) avec des personnages imaginaires qui, comme le cinéma, nous aident "à préserver notre foi dans nos désirs d’un monde éclairé, face aux compromis que nous passons avec la manière dont le monde existe..."
07 mars 2009
02 mars 2009
LE CINÉMA DOPÉ PAR LA CRISE
«La crise renforce le désir du spectacle collectif»
Propos recueillis par Léna Lutaud
article paru dans le Figaro du 2 mars 2009
«Le cinéma, par définition, est très ancré dans son époque et porte souvent aspirations et inquiétudes» (EE).
Pour Emmanuel Ethis*, président de l'université d'Avignon et sociologue du cinéma et des publics, les spectateurs vont au cinéma pour «s'interroger sur (leur) destin collectif».
Le Figaro - Comment expliquez-vous cette ruée dans les salles de cinéma ?
Emmanuel Ethis - C'est un phénomène sociologique observé régulièrement en temps de crise. Tout a commencé dans les années 1920 quand les salles se sont mises à projeter non plus des documentaires, mais des films qui racontent des histoires. Le premier à noter la convergence dans les salles avec l'état de l'économie a été le sociologue allemand Sigfried Kracauer en 1933. C'est un phénomène mondial. Le cinéma, par définition, est très ancré dans son époque et porte souvent aspirations et inquiétudes. C'est pourquoi il a toujours été jusqu'à aujourd'hui un vecteur essentiel pour être en prise avec son temps. C'est ce que viennent chercher les spectateurs au cinéma, et ce plus fortement encore quand il existe un climat incertain dans notre société comme c'est le cas aujourd'hui.
Quel type de film profite le plus de la crise ?
Ce sont plutôt des films qui traitent des liens sociaux, du vivre ensemble avec ceux qui nous sont proches, LOL, Benjamin Button ou avec l'autre au sens le plus large du mot, Twilight. Qu'ils soient drôles ou dramatiques, ces films mettent souvent en valeur notre humanité en questionnant systématiquement l'idée du « vivre ensemble », ce que l'on avait vu s'exprimer précocement dans Les Ch'tis.
Y a-t-il une spécificité française ?
Pas vraiment, on remarque que les périodes de crise ouvrent souvent sur des thématiques cinématographiques très communes mondialement. Alors que certains pays sont dans la logique d'un repli sur soi, le cinéma à l'inverse apparaît comme l'une des plus solides fenêtres d'ouverture sur l'autre.
Pourquoi le public réagit-il ainsi ?
En temps de crise, le public a besoin de se rassurer en retrouvant les autres au sein d'un collectif fort, toutes origines sociales confondues. Le cinéma est le loisir qui permet le plus facilement de le faire. On va au cinéma pour s'interroger sur nos destins collectifs. Le public est d'autant plus rassuré que les histoires diffusées sur le grand écran sont souvent dramatisées. Je remarque d'ailleurs que le public s'élargit. Ceux qui allaient déjà au cinéma y vont encore plus. Dans les salles, on voit de plus en plus d'urbains, de seniors et de jeunes. La crise renforce le désir du spectacle collectif. Le cinéma permet de s'interroger sur notre monde au sein d'un collectif et de réfléchir ensemble aux réponses qu'on peut y apporter. C'est un art social par excellence dans une société qui semble cultiver les individualismes.
[http://www.lefigaro.fr/cinema/2009/02/28/03002-20090228ARTFIG00662-la-crise-dope-le-cinema-.php]
Propos recueillis par Léna Lutaud
article paru dans le Figaro du 2 mars 2009
«Le cinéma, par définition, est très ancré dans son époque et porte souvent aspirations et inquiétudes» (EE).
Pour Emmanuel Ethis*, président de l'université d'Avignon et sociologue du cinéma et des publics, les spectateurs vont au cinéma pour «s'interroger sur (leur) destin collectif».
Le Figaro - Comment expliquez-vous cette ruée dans les salles de cinéma ?
Emmanuel Ethis - C'est un phénomène sociologique observé régulièrement en temps de crise. Tout a commencé dans les années 1920 quand les salles se sont mises à projeter non plus des documentaires, mais des films qui racontent des histoires. Le premier à noter la convergence dans les salles avec l'état de l'économie a été le sociologue allemand Sigfried Kracauer en 1933. C'est un phénomène mondial. Le cinéma, par définition, est très ancré dans son époque et porte souvent aspirations et inquiétudes. C'est pourquoi il a toujours été jusqu'à aujourd'hui un vecteur essentiel pour être en prise avec son temps. C'est ce que viennent chercher les spectateurs au cinéma, et ce plus fortement encore quand il existe un climat incertain dans notre société comme c'est le cas aujourd'hui.
Quel type de film profite le plus de la crise ?
Ce sont plutôt des films qui traitent des liens sociaux, du vivre ensemble avec ceux qui nous sont proches, LOL, Benjamin Button ou avec l'autre au sens le plus large du mot, Twilight. Qu'ils soient drôles ou dramatiques, ces films mettent souvent en valeur notre humanité en questionnant systématiquement l'idée du « vivre ensemble », ce que l'on avait vu s'exprimer précocement dans Les Ch'tis.
Y a-t-il une spécificité française ?
Pas vraiment, on remarque que les périodes de crise ouvrent souvent sur des thématiques cinématographiques très communes mondialement. Alors que certains pays sont dans la logique d'un repli sur soi, le cinéma à l'inverse apparaît comme l'une des plus solides fenêtres d'ouverture sur l'autre.
Pourquoi le public réagit-il ainsi ?
En temps de crise, le public a besoin de se rassurer en retrouvant les autres au sein d'un collectif fort, toutes origines sociales confondues. Le cinéma est le loisir qui permet le plus facilement de le faire. On va au cinéma pour s'interroger sur nos destins collectifs. Le public est d'autant plus rassuré que les histoires diffusées sur le grand écran sont souvent dramatisées. Je remarque d'ailleurs que le public s'élargit. Ceux qui allaient déjà au cinéma y vont encore plus. Dans les salles, on voit de plus en plus d'urbains, de seniors et de jeunes. La crise renforce le désir du spectacle collectif. Le cinéma permet de s'interroger sur notre monde au sein d'un collectif et de réfléchir ensemble aux réponses qu'on peut y apporter. C'est un art social par excellence dans une société qui semble cultiver les individualismes.
[http://www.lefigaro.fr/cinema/2009/02/28/03002-20090228ARTFIG00662-la-crise-dope-le-cinema-.php]
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