" Vous allez assister à une chose inouïe ! Ouvrez tout grand vos yeux. Voilà… Et maintenant, regardez ! Je commence par verser de l’eau pure dans ce verre… Je dis bien de l’eau pure… A présent, faites bien attention : je commence… Regardez. Voici un cylindre de carton, creux… Creux, vous entendez ? Regardez… Il n’y a rien dedans, n’est-ce pas ! Bon… Je dépose ce cylindre au-dessus du verre… du verre qui contient… qui contient quoi ? De l’eau, de l’eau, parfaitement… Et maintenant, silence ! Faites-bien attention ! Hop… Voilà… c’est fait… A présent, dites-moi s’il vous plaît, ce que contient le verre qui se trouve là-dessous ? Mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest ! C’est de l’eau ! Impossible ! Impossible ! Il réussit bien à le faire, lui ! Bruno, le roi des illusionnistes. Voilà quinze jours que j’assiste à toutes les représentations et que j’essaye de deviner son truc… Hier, je croyais enfin l’avoir trouvé et, au lieu de cela, mille sabords ! De l’eau, de l’eau, de l’eau… "
socioblog d’emmanuel ethis ///// Le Laboratoire du Merveilleux
Les événements relatés ici se sont vraiment déroulés et les personnes décrites ont toutes existé même si quelquefois elles semblent avoir quelque(s) ressemblance(s) avec des personnages imaginaires qui, comme le cinéma, nous aident "à préserver notre foi dans nos désirs d’un monde éclairé, face aux compromis que nous passons avec la manière dont le monde existe..."
05 janvier 2024
L'EAU et L'ILLUSION
01 janvier 2024
Discours prononcé lors de l'inauguration du Lycée Mona Ozouf - PLOERMEL
Bien sûr c’est important que je vous dise que cet établissement doit s’inscrire dans les axes majeurs pour notre École, à savoir, que chaque élève puisse s’y épanouir et y avoir toute sa place. Le rapport au monde de nos élèves s’inscrit aujourd’hui dans un contexte de transition climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés. L’École doit s’adapter à ce contexte en transmettant à nos élèves les grands principes du développement durable qui devront guider leurs choix futurs. Cette sensibilisation va sans aucun doute se construire en vivant au quotidien dans ce lycée lumineux, sobre en énergie et entouré de végétation.
Bien sûr il faut rappeler que comme partout en Bretagne, nous nous engageons dans le projet « Bretagne, horizon 2025 ». Je sais, Monsieur le Proviseur, qu’avec vos équipes, votre engagement pour mettre en œuvre la politique éducative de notre belle académie permettra l’enthousiasme des personnels et des élèves.
C’est ainsi que ce bel établissement sera à la hauteur des attentes légitimes de tous les parents et permettra de mener à bien la mission pédagogique, culturelle, artistique, sportive, citoyenne, médicale, sociale ou d’orientation des élèves en fonction des besoins exprimés par chacun des jeunes qui nous sont confiés.
Bien sûr nous portons une attention particulière à chaque territoire breton et en ce sens, la visite de ce jour me semble mettre en lumière une double réussite en matière de politique éducative :
- porter la dynamique d’un lieu de formation dans un équilibre social, démographique et territorial,
- proposer aux jeunes un accompagnement par des parcours éducatifs de grande qualité.
Une offre de formation originale est proposée ici, au-delà des filières générales, deux baccalauréats technologiques (technique de laboratoire) et ST2S (techniques sanitaires et sociales) et un BTS économie sociale et familiale. Ce choix permet ainsi de répondre aux besoins des entreprises de ces secteurs. Les enseignements optionnels ou de spécialités variées viennent compléter cette offre et contribuera, j’en suis certain, à l’attractivité de cet établissement.
Bien sûr, il faut rappeler que le travail avec notre région et notre président de région est une collaboration étroite. La Région Bretagne est une collectivité bâtisseuse qui investit dans l’École à travers des chantiers comme celui qui nous rassemble aujourd’hui. Et je vous en remercie, Monsieur le Président. Merci pour votre engagement à nos côtés et l’implication de votre institution, prête à innover au bénéfice de tous les jeunes morbihannais.
Je souhaite également remercier Madame la vice-présidente, Madame Isabelle Pellerin et ses équipes, avec qui nous échangeons régulièrement autour de nos sujets d’intérêt.
Bien sûr tout cela est très important mais plus important encore, c’est le sens de tout cela, toute cette énergie, tous ces actes et ces mots pour vous permettre, chers élèves, d’apprendre. Ici au lycée, plus que jamais, vous continuerez à lire des lignes, beaucoup de lignes, mais vous comprendrez aussi ce qui signifie de lire entre les lignes.
Entre ces lignes, vous découvrirez une promesse encore plus belle, la connaissance universelle. Plus que jamais vous apprendrez encore sans doute à gagner en autonomie, à compter, mais aussi à compter sur vous, même à compter pour ceux qui vous aiment, à compter pour faire aussi partie du nombre, et pouvoir aussi sortir de l’ombre.
Comprendre enfin, le plus essentiel, combien la vie peut être belle et se mettre à compter pour elle.
Faire la somme de vos différences et vous soustraire à l’ignorance.
Apprendre à écrire votre histoire en appliquant votre écriture, raconter votre propre aventure.
Apprendre à surprendre, enfin tirer la langue sur chaque titre,
en n’oubliant jamais qu’écrire son nom sur un cahier, c’est plonger vers sa liberté.
Je dédie ces mots à Mona Ozouf, évidemment, votre « composition française » est aujourd’hui la nôtre. Définitivement, intensément, infiniment, car en lisant entre vos lignes, on comprend que c’est bien à la liberté que nous offre tous les savoirs, que vous nous rappeler et surtout et toujours à ce qui fait de nous des femmes et des hommes de fraternité, c’est notre imagination, c’est notre composition.
Je vous remercie de votre attention, et tiens à employer ce mot qui sonne si bien quand on l’entend, TRUGAREZ.
Bien sûr en tant que recteur, c’est important de vous rappeler que le lycée c’est un cadre de travail qui se doit d’être protecteur et qui doit favoriser le bien-être et la réussite de tous nos élèves. J’y suis très attentif et je sais, Monsieur le Proviseur, pouvoir compter sur votre investissement et celui de vos équipes pour y parvenir. Je tiens également à vous remercier car vous vous êtes beaucoup impliqué dans le projet de ce bel établissement que nous venons de visiter.
Bien sûr c’est important que je vous dise que cet établissement doit s’inscrire dans les axes majeurs pour notre École, à savoir, que chaque élève puisse s’y épanouir et y avoir toute sa place. Le rapport au monde de nos élèves s’inscrit aujourd’hui dans un contexte de transition climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés. L’École doit s’adapter à ce contexte en transmettant à nos élèves les grands principes du développement durable qui devront guider leurs choix futurs. Cette sensibilisation va sans aucun doute se construire en vivant au quotidien dans ce lycée lumineux, sobre en énergie et entouré de végétation.
Bien sûr il faut rappeler que comme partout en Bretagne, nous nous engageons dans le projet « Bretagne, horizon 2025 ». Je sais, Monsieur le Proviseur, qu’avec vos équipes, votre engagement pour mettre en œuvre la politique éducative de notre belle académie permettra l’enthousiasme des personnels et des élèves.
C’est ainsi que ce bel établissement sera à la hauteur des attentes légitimes de tous les parents et permettra de mener à bien la mission pédagogique, culturelle, artistique, sportive, citoyenne, médicale, sociale ou d’orientation des élèves en fonction des besoins exprimés par chacun des jeunes qui nous sont confiés.
Bien sûr nous portons une attention particulière à chaque territoire breton et en ce sens, la visite de ce jour me semble mettre en lumière une double réussite en matière de politique éducative :
- porter la dynamique d’un lieu de formation dans un équilibre social, démographique et territorial,
- proposer aux jeunes un accompagnement par des parcours éducatifs de grande qualité.
Une offre de formation originale est proposée ici, au-delà des filières générales, deux baccalauréats technologiques (technique de laboratoire) et ST2S (techniques sanitaires et sociales) et un BTS économie sociale et familiale. Ce choix permet ainsi de répondre aux besoins des entreprises de ces secteurs. Les enseignements optionnels ou de spécialités variées viennent compléter cette offre et contribuera, j’en suis certain, à l’attractivité de cet établissement.
Bien sûr, il faut rappeler que le travail avec notre région et notre président de région est une collaboration étroite. La Région Bretagne est une collectivité bâtisseuse qui investit dans l’École à travers des chantiers comme celui qui nous rassemble aujourd’hui. Et je vous en remercie, Monsieur le Président. Merci pour votre engagement à nos côtés et l’implication de votre institution, prête à innover au bénéfice de tous les jeunes morbihannais.
Je souhaite également remercier Madame la vice-présidente, Madame Isabelle Pellerin et ses équipes, avec qui nous échangeons régulièrement autour de nos sujets d’intérêt.
Bien sûr tout cela est très important mais plus important encore, c’est le sens de tout cela, toute cette énergie, tous ces actes et ces mots pour vous permettre, chers élèves, d’apprendre. Ici au lycée, plus que jamais, vous continuerez à lire des lignes, beaucoup de lignes, mais vous comprendrez aussi ce qui signifie de lire entre les lignes.
Entre ces lignes, vous découvrirez une promesse encore plus belle, la connaissance universelle. Plus que jamais vous apprendrez encore sans doute à gagner en autonomie, à compter, mais aussi à compter sur vous, même à compter pour ceux qui vous aiment, à compter pour faire aussi partie du nombre, et pouvoir aussi sortir de l’ombre.
Comprendre enfin, le plus essentiel, combien la vie peut être belle et se mettre à compter pour elle.
Faire la somme de vos différences et vous soustraire à l’ignorance.
Apprendre à écrire votre histoire en appliquant votre écriture, raconter votre propre aventure.
Apprendre à surprendre, enfin tirer la langue sur chaque titre,
en n’oubliant jamais qu’écrire son nom sur un cahier, c’est plonger vers sa liberté.
Je dédie ces mots à Mona Ozouf, évidemment, votre « composition française » est aujourd’hui la nôtre. Définitivement, intensément, infiniment, car en lisant entre vos lignes, on comprend que c’est bien à la liberté que nous offre tous les savoirs, que vous nous rappeler et surtout et toujours à ce qui fait de nous des femmes et des hommes de fraternité, c’est notre imagination, c’est notre composition.
Je vous remercie de votre attention, et tiens à employer ce mot qui sonne si bien quand on l’entend, TRUGAREZ.
02 février 2023
Rôle des institutions culturelles et des pédagogies contextuelles pour renforcer la société de la connaissance
Renforcer la société de la connaissance, c’est avant tout réfléchir territorialement à comment investir l’ensemble des temps de la vie et l’éducation artistique et culturelle qui est un levier très efficace dans le cadre de ce déploiement.
En France, en Bretagne, à titre d’exemple, nous avons déployé ce que nous appelons les Aires Marines Educatives. Cela consiste à confier à nos enfants la responsabilité d’une partie du littoral de Bretagne, des plages, des roches,… Nous avons pour ambition de faire de toute la Bretagne une Aire Marine Educative. Nous allons également travailler sur les fleuves avec les Aires Fluviales Educatives, et sur les terres avec les Aires Terrestres Educatives. Si je prends ces exemples très précis c’est qu’ils renvoient à une responsabilisation de nos enfants pour leur environnement, un environnement pour lequel ils s’engagent.
Cet engagement mobilise bien au-delà de l’école les institutions culturelles et scientifiques de nos territoires car pour décrocher le label « Aires Marines, Aires Fluviales, Aires Terrestres », nos enfants doivent construire un véritable projet avec des partenaires institutionnels. Chaque projet revêt une dimension scientifique pour comprendre comment fonctionne la mer, la place, l’écosystème, la biodiversité,… Une dimension écologique liée au développement durable pour comprendre comment agir pour son territoire et le protéger sur la longue durée… Une dimension d’éducation artistique et culturelle pour se saisir de son territoire et se le représenter, le représenter pour les autres, en parler, se faire ambassadeur de la mer, des fleuves et de la terre, bref reprendre en main un récit commun. Près de 100 000 petits Bretons ont investi ce label des aires marines et des autres aires… Ce que nous construisons avec ces éducations transverses, ce sont bien des sociétés de la transmission et des communautés d’apprenants d’un nouveau genre.
L’impact de ces expériences est très puissant car elles permettent de construire de nouvelles sociabilités en lien avec les familles, les amis et impliquent de créer aussi des espaces participatifs de qualité entre l’environnement familial, personnel de chaque enfant, et l’environnement éducatif institutionnel, au bénéfice d’une bonne appropriation du parcours éducatif dans son ensemble et ce autour de nos paysages, des paysages qui deviennent ainsi sous nos yeux de véritables espaces participatifs de connaissance. C’est un moyen très utile de renforcer la société de la connaissance car on apprend avec son environnement et pour son environnement. On retrouve là les principes éducatifs chers à John Dewey de l’éducation par l’expérience avec une continuité réelle entre la société et l’éducation dans tous les temps de la vie. Déployant autant des dispositifs d’éducation formelle et non formelle, avec les Aires Marines, « l’école devient ici une forme de vie sociale, une communauté en miniature étroitement liée aux autres modes d’expérience que le groupe vit en dehors de l’école ».
Bien sûr, tout ceci implique une formation mutuelle de l’ensemble des acteurs qui interviennent autour de ce type de projets où l’on croise conformément à la Charte de l’Education Artistique et Culturelle expériences et pratiques, rencontres et connaissances. De tels projets ne peuvent aboutir en effet que sur la base d’un engagement mutuel des différents partenaires : communauté éducative et monde culturel, secteur associatif et société civile, Etat et collectivités territoriales, mais aussi environnement familial et amical. Ceci implique enfin que nous mesurions très précisément les «effets éducatifs » de telles expériences sur la longue durée. C’est pourquoi nous allons suivre grâce à l’équipe de recherche de l’Institut National Supérieur de l’Education Artistique et Culturelle (INSEAC) sur dix ou vingt ans une cohorte entière d’élèves pour mesurer comment l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie renforce non seulement la société des connaissances mais participe, en développant la capacité de chaque enfant d’agir sur son environnement, à instruire aussi le sens qu’il peut ainsi donner à sa citoyenneté. Je vous remercie.
Renforcer les droits de l’homme et soutenir la diversité culturelle dans et à travers les systèmes éducatifs
- En 2016, le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Education ont adopté un document essentiel à l’initiative du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle : la Charte de l’éducation artistique et culturelle. Cette charte en dix articles très simples rappelle quelques principes en direction de notre système éducatif et nos institutions culturelles et notamment celui de la préoccupation d’une éducation artistique et culturelle accessible à tous, une éducation à l’art et une éducation par l’art, dans tous les temps de la vie qui permettent à tous de fréquenter des œuvres, rencontrer des artistes, acquérir des connaissances. On retrouve formalisées en principe les préoccupations qui oscillent entre universel et particulier, entre local et global, que l’on se réfère à la DUDH comme aux différents textes de l’Unesco qui jalonnent ces préoccupations entre droit à la culture et droits des cultures. Renforcer ces droits implique donc de renforcer à la fois le droit à la culture et le droit des cultures avec toutes les zones de flous que cela peut comporter tant sur le plan des définitions que sur celui des leviers d’action possibles donc, en conséquence sur la portée réelle en termes d’obligations et de ressources que chaque pays serait susceptible de mettre en oeuvre. En 1970, l’Unesco a estimé que l’article 27 de la DUDH impliquait que les autorités qui ont la charge d’une communauté ont le devoir de fournir à tous ses membres les moyens effectifs de participer à la vie culturelle et non pas seulement celui de respecter leur droit à y prendre part. En 2001, la Déclaration université de l’Unesco sur la diversité culturelle dessine plus précisément un lien entre culture et pluralité des identités et l’expression « identité culturelle » traverse le texte de bord à bord pour aboutir à des contours plus clairs de l’idée de diversité comme le précise l’article 5 de cette déclaration, article qui stipule que « toute personne doit pouvoir s’exprimer, créer et diffuser des oeuvres dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle. Toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles ». L’acception de la culture s’en trouve par-là même élargie car celle-ci ne saurait plus s’entendre sous sa seule acception des beaux-arts ou des belles lettres. Et il faut bien considérer cet élargissement comme une prise en considération de la manière dont on conçoit le temps libre consacré tant à la formation de soi, à son enrichissement, à une émancipation qui est autant personnelle que collective. Pour s’en convaincre, je vous invite à lire le remarquable ouvrage que l’historien Paul Veyne a consacré à Palmyre. Palmyre écrit-il ne ressemble à aucune autre cité de l’empire tant on y sentait souffler un frisson de liberté et de mutliculturalisme où se mêle Aram, Arabie, Perse, Syrie, Hellénisme, Orient et Occident. Métaphoriquement Palmyre nous montre combien tout patchwork culturel loin d’aboutir à l’universelle uniformité ouvre avant tout la voie à l’universalité. Pour le dire avec ses mots « ne connaître, ne vouloir connaître qu’une seule culture, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir ».
- Notre Charte de l’éducation artistique et culturelle ne parle pas explicitement de droits culturels, mais bien d’accessibilité pour tous et se veut pragmatique face à une démocratisation de la culture par trop théorique qu’elle prendrait le risque de ne jamais être atteinte. Ainsi s’appuyant sur l’article 1 de notre Charte de l’EAC, en 2017, le Président de la République française, Emmanuel Macron, dans la lignée de ses prédécesseurs a inscrit l’éducation artistique et culturelle, non seulement dans son programme, mais dans ses chantiers prioritaires en impulsant le 100% EAC, c’est-à-dire en inscrivant l’éducation artistique et culturelle comme une politique publique dotée d’indicateurs spécifiques et partagés par le ministère de la culture et de l’éducation nationale : chorales, lectures silencieuse, lectures à voix haute, réappropriation de son patrimoine de proximité, ciné-clubs, ouvertures aux arts ludiques, orchestres à l’école, artistes en résidence, artistes intervenants,… La politique volontariste de l’Etat et de plus en plus des collectivités territoriales ont sonné la remobilisation de toutes les parties prenantes de l’éducation artistique et culturelle et de l’éducation populaire pour porter cette généralisation à l’échelle nationale du 100% EAC afin de donner et de partager le goût de l’expérience collective de la culture. À cette fin, a été créé notre PASS Culture qui permet de financer des projets d’EAC dès le collège jusqu’à plus de 18 ans démarrant avec des projets collectifs pour s’émanciper avec une part du PASS individuelle. Grandir et s’émanciper avec la culture en faisant confiance à l’individu détenteur du Pass, c’est en ce sens totalement inédit car les jeunes français deviennent, on peut le voir ainsi, de véritables petits mécènes de la culture.
- Le Pass culture devient ainsi un levier de l’EAC pour tous et les projets d’éducation artistique et culturelle prennent ainsi tout leur sens.
- J’aimerais insister ici sur l’importance que peut revêtir l’expérience commune, l’expérience partagée, mieux encore l’expérience synchronisée de l’éducation artistique et culturelle. Ainsi, en Bretagne, région de France où j’exerce ma mission de recteur, j’ai instauré depuis 3 ans, le quart d’heure de lecture silencieux synchronisé proposant aux 600 000 élèves de Bretagne le vendredi à 13h51 de s’arrêter en même temps, au même moment pour lire durant 15 minutes le livre qu’ils aiment, les professeurs, les administratifs, les techniciens s’arrêtent évidemment en même temps qu’eux pour lire aussi le livre qu’ils aiment. Je vous laisse imaginer les vertus de cette synchronisation. Elle permet une véritable socialisation par la lecture plaisir dans tous nos établissements scolaires. Elle permet à chacun, dans le respect de sa culture et de la diversité de venir dans l’école avec un livre qu’il ou elle aime vraiment, donc d’en parler, de le montrer, de partager ses passions par ce geste de la lecture plaisir, de participer à un élan collectif dans le geste et éminemment respectueux dans le choix, bref de façonner l’esprit d’une immense communauté de lectrices et de lecteurs. Désormais, en collège, j’ai des enseignants qui, grâce au Pass Culture, accompagnent celles et ceux qui n’ont pas de livres à la maison dans une librairie pour apprendre à choisir et donc à acheter le livre qui leur plait. La démarche est vertueuse et complète car, grâce à un dispositif pensé de A à Z et désormais enseigné aux futurs enseignants au sein de notre Institut National Supérieur de l’éducation artistique et culturelle, nous espérons faire de l’EAC un fondamental partagé de l’interministériel jusqu’à l’échelle des plus petites collectivités pour, comme l’écrivait Condorcet en 1792, « ne laisser subsister aucune inégalité qui entraîne de dépendance ». C’est en inventant ainsi des expériences communes partageables et respectueuses de chacun que nous parviendrons, nous en sommes convaincus, à reprendre pied dans un récit collectif ancré dans la diversité culturelle et respectueuse des droits à la culture et des droits des cultures, c’est à dire des droits de l’homme.
01 février 2022
France 2030, former et traduire pour relever le défi d’une nation créative
« Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs ». Huitième objectif prioritaire présenté par le Président de la République pour inscrire la France de 2030 dans un destin dont la portée devra être internationale. Pour tenir ce rang mondial en termes de contenus, il importe en conséquence, que lesdits contenus possèdent un puissant capital d’exportation, c’est-à-dire des qualités propres pour être désirés dans d’autres aires culturelles que la nôtre. Si ce préalable s’énonce simplement, sa mise en œuvre, plus complexe, implique que nous envisagions avant tout de réinvestir notre « appareil de formation », la manière la plus opérante pour un pays d’accompagner ses transformations. Car produire de nouveaux contenus culturels et créatifs de manière massive – tant sur le plan quantitatif que qualitatif – implique que l’on forme en grand nombre des individus de tous les horizons sociaux et culturels afin de développer notre potentiel de talents envisagés dans la plus large diversité possible.
08 septembre 2021
La lecture, une grande cause nationale
Imaginez une école, un collège, un lycée, une université où, une fois par semaine au moins, tout le monde s’arrête, au même instant, sort de son sac un livre qu’il ou elle aime, et se plonge durant quinze minutes dans une lecture silencieuse. Ensemble, chacun son livre. Cette magnifique expérience de la lecture plaisir se généralise depuis trois ans, en Bretagne et ailleurs, et contribue comme jamais à nous réinventer comme un peuple de lecteurs. Façonner un temps pour lire ensemble, se resynchroniser dans ce moment de lecture silencieuse, découvrir le livre de son professeur et de tous les adultes de son établissement, cela se prolonge souvent par des discussions denses et profondes sur ce qu’on aime lire et ce qu’on aurait envie de partager ou de faire partager. Parfois, c’est l’envie d’aller à la rencontre de l’auteur du livre, une opportunité qui peut devenir projet si l’auteur est vivant et qu’il accepte de venir nous parler. L’envie crée l’envie lorsqu’au détour du livre on décide de découvrir un autre livre du même auteur, puis son œuvre, puis la place de cette œuvre dans l’histoire de la littérature. Lorsque le livre qu’on aime est adapté au cinéma ou dans une série, alors on prend goût à confronter le film au texte. On se forge un esprit critique. La pratique, la rencontre, les connaissances forment les trois piliers de ce que l’on nomme éducation artistique et culturelle (EAC).
03 juin 2021
L’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle du Cnam pour suivre la première et la seule formation nationale niveau Master en éducation artistique et culturelle
Briser des murs, ériger des ponts
La création de l’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle (Inseac) au sein du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) répond à la volonté conjointe des ministères de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de la Culture et de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, du Conseil Régional de Bretagne, du Département des Côtes-d’Armor, de Guingamp-Paimpol Agglomération, de la Ville de Guingamp et du Conservatoire national des arts et métiers de déployer le premier lieu dédié à la formation, à la recherche à l’animation et la production de ressources en éducation artistique et culturelle (EAC).
Les formations de l'Inseac s'adressent aux étudiantes et étudiants, enseignantes et enseignants, artistes, médiatrices et médiateurs culturels, animatrices et animateurs socio-éducatifs et élues et élus locaux avec pour objectif l’accompagnement au développement des projets d'éducation artistique et culturelle et la création d’un environnement favorable à l’essor de l’EAC sur l'ensemble du territoire national.
A la rentrée universitaire de septembre 2021, l'Inseac ouvre deux formations accessibles en formation initiale et continue :
02 juin 2021
À propos de la généralisation du Pass Culture... Entretien
04 mars 2021
L'ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE, principe actif et référence internationale des politiques culturelles (Extraits de la Postface de l'ouvrage coordonné par Eric Fourreau)
- s’assurer que l’EAC soit accessible à tous en tant que composante fondamentale et durable du renouveau qualitatif de l’éducation ;
- s’assurer que la conception et la transmission des activités et des programmes liés à l’EAC soient de grande qualité ;
- appliquer les principes et pratiques de l’EAC pour contribuer à relever les défis sociaux et culturels du monde contemporain.
L’expérience internationale de l’éducation artistique et culturelle, c’est avant tout une inflexion dans notre manière d’envisager les bonnes pratiques, point sur lequel Helena Maffli insiste lorsqu’elle cite les écoles hongroises, tchèques, slovaques ou bulgares, des écoles où la cohabitation entre musique « savante » et traditionnelle est pratiquée. Les traditions régionales et folkloriques sont enseignées avec une excellence pédagogique et connaissent un rayonnement exceptionnel, au même niveau que la musique ou la danse classique et parfois au-delà. Ainsi, en Bulgarie, la technique vocale particulière à ce pays et les traditions régionales sont enseignées aux enfants et aux jeunes dans les écoles. De fait, la prise de conscience de l’importance de l’EAC est parfois plus ancienne dans des pays où la politique culturelle est moins structurée qu’en France, pays où souvent de nombreuses initiatives privées ou associatives ont pu voir le jour, en commençant par la dynamisation consubstantielle de l’éducation. On compte parmi ces pays Belgique, Danemark, Norvège, Autriche, Malte et Irlande, où des organisations et des réseaux d’artistes et de structures culturelles ont été créés pour encourager l’EAC et mieux la valoriser. Que ce soit pour la richesse des corpus artistiques à faire connaître, au-delà des grands maîtres classiques européens ou des civilisations disparues, ou pour mener un dialogue avec d’autres pratiques qui peuvent la nourrir, l’éducation artistique et culturelle telle que nous la concevons en France en nous frottant aux expériences internationales gagne à poser à nouveau ses fondamentaux, surtout lorsque Emmanuel Macron, le président de la République, inscrit en tête de sa politique culturelle un pourcentage simple qui résonne bien plus qu’un simple slogan : le 100 % EAC. Une nécessité, un rappel à l’ordre, une convocation du sens des projets que nous menons en direction de notre jeunesse, des familles, des amis, des collectifs et des artistes qui font vivre l’art et la culture dans notre pays. En 2016, la France s’est dotée d’une charte pour l’éducation artistique et culturelle1en 10 points afin de rendre explicite en des mots simples son ambition qualitative qui, articulée à l’objectif 100 % EAC, est propre à réinscrire durablement notre art et notre culture dans notre histoire, une aventure de coresponsabilité entre tous les acteurs qui contribuent à construire et réaliser cette ambition. Cette coresponsabilité vers le 100 % EAC devrait bel et bien constituer l’alpha et l’oméga d’une nouvelle référence internationale, si elle parvient à donner à tous les mêmes bases, la même confiance en soi, pour que chacun puisse raconter une expérience esthétique commune dans laquelle il pourra inscrire l’histoire éclairée d’un citoyen du monde : la sienne.