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Sociologie du cinéma et de ses publics



Le cinéma s’est imposé comme la pratique culturelle la mieux partagée, au point d’investir nos vies : c’est aux films, aux acteurs, aux histoires humaines contées que nous faisons le plus communément référence pour exprimer une part de nous-même. 
Qu’est-ce qui a permis au cinéma d’occuper cette place? 
Comment le « ciné » s’est-il installé, au cœur de la cité, avec ses rites et ses codes?
Pourquoi les films nous « parlent » autant? 
Selon quelles modalités les recevons-nous? 

En synthétisant les réponses apportées par la sociologie à ces questions, cet ouvrage est devenu un outil de référence pour les sociologues de la culture comme pour les étudiants en cinéma et les professionnels de ce secteur. 

La présente édition, actualisée, poursuit l’analyse en montrant comment la pratique du cinéma évolue vers une relation de plus en plus personnalisée avec les films qui émaillent nos vies. 

Ce qu'en dit Olivier Seguret dans le quotidien Libération, dans l'article "Un peu de sociologie..."

Soit dit sans aucune moquerie, lorsqu'on tombe sur la couverture d'un livre portant le titre Sociologie du cinéma et de ses publics, c'est un étrange et coupable sentiment d'anachronisme qui, d'abord, nous étreint. Réflexe sans doute idiot mais explicable : lorsqu'il remue encore, le microcosme intellectuel expert en cinéma n'est, ces temps-ci, obsédé que par lui-même et son avenir périlleux, sur lequel pèsent des menaces moins subtiles que la sociologie. Aussi, lorsque quelqu'un vient perturber l'atmosphère avec tout le docte recul que lui confère sa discipline scientifique, un automatisme suspicieux, soyons honnêtes, nous fait froncer le sourcil.De surcroît, les deux amants ne font plus très bon ménage, depuis quelques lustres maintenant : l'approche du cinéma par la sociologie ou celle de la sociologie par le cinéma ont été mises sous le boisseau de l'affadissement politique général, voire ringardisées, et il n'y a guère plus de débat bien vivant autour de ces problématiques. Cela ne les empêche pas de rester des enjeux fondamentaux, comme le démontre très simplement l'auteur de cet essai, Emmanuel Ethis, récidiviste en la matière puisqu'il a obstinément bûché la question dans divers travaux et ouvrages publiés depuis la fin des années 90.Celui qu'il vient de faire paraître enfonce le clou dans deux dimensions. D'abord une synthèse de l'histoire des idées apportées au cinéma par la sociologie, et vice versa, avec le bonus d'un cours de rattrapage idéal aux cinéphiles qui auraient buissonné l'Ecole de Francfort et, plus inédit, un rapide inventaire du legs offert sur ce sujet par les cultural studies anglo-saxonnes, souvent négligées sous nos latitudes provinciales. Ensuite, la tentative moins classique de faire le point sur toutes les questions qui touchent à la «réception des œuvres» par leurs publics et à la très délicate définition du «goût» en matière de films, questions sur lesquelles l'éclairage change aussi vite que les époques, et qui forment donc la part la plus fraîche du livre, voire la plus aventureuse. Les lignes qui tentent de cerner l'étrange rituel que continue de constituer aujourd'hui la «conversation» autour des films, sport presque naturel et pratiqué à tous les étages de la société, donnent une bonne idée du caractère extrêmement fugace et de la définition presque liquide de l'objet réellement convoité par l'auteur : la place symbolique, encore dominante et universelle, que nous avons bien voulu accorder, humains, à l'étrange royaume des ombres électriques.Il faut prendre ce travail pour ce qu'il est et respecter la modestie manifeste à laquelle il tient : il ne s'agit pas pour l'auteur de rouler tambour en faveur de révélations ni produire des thèses invérifiables, de triturer le paradoxe ou de transformer par quelque moyen sa matière première en prétexte à batifolage poétique. Il reste sévèrement dans les clous de sa discipline, et ses pages gardent en toutes circonstances la clarté bien taillée d'un jardin à la française, dont Emmanuel Ethis aurait élagué au sécateur la moindre complaisance qui éloignerait l'ouvrage de sa mission : pédagogique, didactique et universitaire avant tout.Cette façon de travailler et de penser n'est sans doute pas une super stratégie de séduction, mais cette austérité constitutive qui nous laissait sceptique au départ fonde, bien entendu, toute la valeur de ce petit livre dont le déphasage n'est que justice. Toute sa force et son air frais sont là : dans sa tour d'ivoire, son écart du monde, son ermitage.

Ce qu'en dit Christian Paigneau du site "Objectif cinéma", dans l'article paru dans la rubrique Médiathèque, "Sociologie du cinéma et de ses publics d’Emmanuel Ethis"

Cinéma CinémaLe cinéma, ses rites, ses codes. Le cinéma, sa place, ses enjeux. Le cinéma des cinéphiles mais le cinéma avec ses gros parkings. Le cinéma du samedi soir, le cinéma du reste de la semaine. Bref, le cinéma avec tout ce qu’on oublie de savoir sur lui.

Bouffée d’air fraisVoila un petit livre malin et utile. Une fois n’est pas coutume, cela fait rudement plaisir d’entendre parler cinéma par quelqu’un dont la profession n’est pas liée à la base au domaine cinématographique ou critique. L’auteur, un peu extra terrestre donc, étudie le cinéma à la manière martienne, c’est-à-dire comme une fourmilière qu’il aurait sous ses yeux et nous la donne avoir comme tel. Parlant chiffre sans jamais lassé, sans prétention non plus mais avec pas mal de pertinence.


Sociologie SociologieOn apprend ainsi une foule de petites choses passionnantes dont on ne va surtout pas ici faire un inventaire complet afin de garder un plaisir futur intact. Quelques exemples toutefois comme lorsque l’on y découvre le très amusant code de bonne conduite spectateur édité à l’âge d’or des ciné palaces ou que l’on apprend qu’Avignon n’est pas que la ville théâtrale que l’on sait mais qu’elle est aussi la ville la plus cinéphilique de France que l’on ne sait pas (Bon. A ce sujet, il faut préciser que l’auteur dirige aussi le département de la communication à l’Université d’Avignon mais on le croit tout de même de bonne foi). Le livre s’intéresse au cinéma comme lieu de vie et s’interroge sur la place physique et sentimentale qu’il a prise dans nos villes. L’essai multiplie et alterne, interrogations et pistes de réflexion. On apprend ainsi le rôle complémentaire des multiplexes qui renvoient presque malgré eux mais généreusement un peu de leur public dans les salles d’art et d’essais. Que 30 à 40% des spectateurs ne savent pas du tout ce qu’ils vont voir, que les genres au cinéma sont là pour nous faire faire l’économie d’une réflexion. Le livre abat quelques clichés, apprend des choses et nous informe surtout sur un domaine où l’on peut facilement se laisser emporter par la croyance de tout connaître déjà.Un livre à conseiller à tous les publics (cinéphiles ou mangeurs de pop-corn). Un essai qui renferme une succession de petits chapitres qui nous font découvrir tout le plaisir et toute la joie d’être encore, un peu, ignorant en sa, ou ses, chapelle(s) respective(s).



  • Broché: 126 pages
  • Editeur : Armand Colin; Édition : 2e édition (20 mai 2009)
  • Collection : 128
  • ISBN-10: 2200355939
  • ISBN-13: 978-2200355937
Fnac.com - 9,31 €
Amazon.fr - Format Kindle - 7,99 €
L'ouvrage est également disponible sur itunes à 7,99 €

(Nota : la troisième édition de cet ouvrage est actuellement en préparation et sera disponible à partir de la rentrée universitaire 2013)


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LES FILMS DE CAMPUS, l'université au cinéma

Avec Damien Malinas


Les films de campus mettent en scène l’université, des étudiants, un campus, une bibliothèque. Ils se sont imposés dans le paysage cinématographique et sont devenus un genre à part entière. Car, tout comme le western ou le polar, le film de campus se plie à des règles bien précises et obéit à une dramaturgie très codifiée. Il est aussi le regard fantasmé sur un univers universitaire où se construit l’identité des jeunes. Le Lauréat, Docteur Jerry et Mister Love, Meurtres à Oxford, Scream, Le péril jeune, La revanche d’une blonde... Autant de films familiers et populaires qui prouvent que nous sommes tous des spectateurs de films de campus. D'évidence, ces oeuvres figurent rarement dans le palmarès de nos films préférés si tant est que l’on s’amuse à en dresser la liste. Et quand bien même l’on citerait Indiana Jones ou Will Hunting que ceux-ci ne seraient pas explicitement convoqués au titre de «films de campus», mais plutôt à celui de «film d’aventure» ou «comédie dramatique». Plus qu’un genre invisible, le film de campus est un genre que l’on se plaît à dissoudre dans le bain de genres plus prononcés. Ainsi, Piranha 3D du réalisateur français Alexandre Aja se présente-t-il avec les attributs d’un « film d’horreur américain » alors même que son propos initial vise expressément par l’entremise d’un authentique film de campus à dénoncer la frustration sur laquelle est construite l’Amérique d’aujourd’hui. En effet, Piranha 3D met en scène le phénomène du Spring break, cette semaine durant laquelle les étudiants américains s’accordent tous les excès avant de clôturer leur parcours universitaire et qui, selon Alexandre Aja, est l’expression ultime de la frustration puritaine en cours aux États-Unis : « les filles pendant près de huit jours, pourront être des nanas qui montrent leur seins quand on leur offre un collier, où n’importe quelle fille doit embrasser une autre fille pendant cette période, où les mecs vont tout à coup se désinhiber et faire des trucs complètement fous. Ils s’accordent cette liberté absolue pendant une semaine et y repenseront toute leur vie avec une nostalgie extrême alors qu’ils seront enfermés dans leurs petites existences bien rangées ». Parce qu’ils nous tendent un miroir qui nous expose comment se construisent nos identités incertaines, nos films de campus nous fascinent autant qu’ils nous embarrassent. Ils nous fascinent car ils mettent la focale sur ce moment singulier de notre vie où nous devenons des adultes autonomes, où nous exprimons avec toutes sortes de rituels, d’expériences et d’excès nos adieux à l’enfance, où nous faisons des choix parmi les plus déterminants pour le reste de notre vie. Mais nos films de campus nous embarrassent aussi, précisément parce qu’ils nous renvoient à des choix que nous n’avons pas fait, à d’autres vies que nous aurions peut-être pu vivre, à une jeunesse dont nous aurions pu profiter pour tenter tant d’autres écarts de conduite propres à forger des souvenirs que nous n’avons transformés qu’en regrets. On y pense en regardant ces films, et puis on l’oublie. C’est ainsi. Les films de campus possèdent cette double vertu de nous aider à nous accepter tels que nous sommes et, selon que l’âge qui est le nôtre, de nous épauler pour imaginer ce que nous pourrions être ou ce que nous aurions pu être.

Ce qu’en dit Emmanuel Davidenkoff, Directeur de la rédaction de l'Etudiant et chroniqueur sur France Info, dans l’article paru sur le site www.huffingtonpost.fr «Les lycéens français préfèrent les campus américains»


Le meilleur plan de valorisation de l'université française consiste peut-être à investir massivement dans la production cinématographique et littéraire. C'est la thèse qui traverse le passionnant ouvrage d'Emmanuel Ethis et Damien Malinas Les films de campus (Armand Colin, 2012). Par la force des choses, le livre se concentre sur la production américaine. Les universités y sont omniprésentes. Théâtres et actrices du drame dans The Social Network, Will Hunting ou Docteur Jerry et Mister Love, elles apparaissent aussi comme simple référence à travers la profession exercée par les personnages -Indiana Jones est universitaire, tout comme le héros de L'homme qui en savait trop (Hitchcock).

De tels exemples foisonnent, auxquels il faut aussi ajouter les films centrés sur les jeunes, dont le registre s'étend de la comédie graveleuse façon American Pie au drame dépressif (Less Than Zero par exemple). La littérature n'est pas en reste, qu'elle livre une magistrale fresque comme le fait Tom Wolfe dans Moi, Charlotte Simmons, vertigineuse et cynique plongée dans la vie d'un campus, ou qu'elle se contente, là aussi, de situer socialement ses personnages dans le sérail universitaire, y compris dans des thrillers à succès (le Jack Ryan de Tom Clancy effectue une partie de sa carrière comme professeur d'Histoire à l'Académie navale d'Annapolis).

Scénaristes et romanciers nourrissent ainsi depuis des décennies l'imaginaire nord-américain en offrant l'image de l'université tout à la fois lieu de tous les possibles, société en réduction, espace privilégié de questionnement des valeurs communes -le bien, la science, le droit, le progrès, l'éthique, etc.-, et théâtre des bouleversements intimes qui marquent l'entrée dans l'âge adulte. Le rayonnement de ces films et, dans une moindre mesure, de ces romans, étant international, il est probable qu'un lycéen français se fait une image beaucoup plus riche et plus précise de la vie sur un campus américain que de la vie dans une université française -le mot "université" étant ici à prendre au sens large: classes préparatoires et grandes écoles ne sont guère plus représentées.

Comment créer le désir pour des espaces qui ne résonnent pas dans l'imaginaire? Comment donner envie de devenir chercheur quand aucune image valorisante n'est associée à ce métier? Comment faire valoir l'intensité de ce qui se joue intellectuellement, socialement, affectivement, professionnellement, sans le secours des représentations? S'il fallait établir le bien-fondé de la thèse d'Emmanuel Ethis et Damien Malinas, il suffirait de rappeler l'effet de L'auberge espagnole de Cédric Klapisch, que tous les étudiants Erasmus ont vu et qui constitue à ce jour la plus belle campagne de promotion en faveur de la mobilité européenne (ce que confirme la très sérieuse recherche du politologue Vincenzo Ciccheli sur Les mobilités étudiantes, parue en 2012 aux Presses de Sciences Po). Elle tend à prouver que l'idée d'investir dans les représentations n'est peut-être pas si incongrue qu'il y paraît.



Ce qu’en dit Céline Manceau, Rédactrice en chef adjointe à L'Etudiant, dans l’article paru sur le site www.huffingtonpost.fr « Le prof d'université: héros du grand écran »
Après avoir visionné quelque 650 films de campus, Emmanuel Ethis, professeur des universités en sociologie et président de l'université d'Avignon et son comparse, Damien Malinas, maître de conférences, dressent le portrait robot des profs d'université dans les films dont ils sont les héros.
"Les films de campus accentuent volontairement la description des comportements éthiques et moraux des professeurs exceptionnels qu'ils dépeignent. Et pour cause, ces professeurs de fiction -même lorsqu'ils sont inspirés de personnages réels- sont censés susciter en nous une certaine admiration", écrivent-ils dans Les films de campus, l'université au cinéma (Armand Colin, octobre 2012).
Le héros est alors, soit très compétent mais totalement immoral (Cf. Le silence des Agneaux), soit très positif, en ce sens où ses recherches vont l'amener à la découverte de la vérité (Docteur Kinsey, Un homme d'exception...) sans pour autant être parfait car son "héroïsme a souvent pour contrepartie un caractère monomaniaque hypertrophique qui trouve dans la cité savante qu'est l'université un lieu de prédilection pour s'exprimer et s'épanouir socialement".
Que nous apprennent les films de campus ? Que "l'université est censée être le lieu de tous les possibles" et que, donc, les films de campus "sont les révélateurs des représentations les plus utopiques ou les plus dystopiques de notre relation aux savoirs et au progrès, ce vers quoi l'on est susceptible de tendre suivant les choix individuels ou collectifs que l'on est amené à faire".
Finalement, "si l'on s'amusait à ranger dans l'ordre chronologique tous les films de campus tournés depuis les origines du cinéma, on apercevrait en creux l'histoire de notre relation à la connaissance, et avec elle, l'évolution des enjeux éthiques que nous plaçons dans la science depuis plus d'un siècle", soulignent Emmanuel Ethis et Damien Malinas.
Vous vous demandez... A qui reviendrait le "César du meilleur rôle" d'enseignant-chercheur dans un film de campus ? Quels films de campus américains pourraient faire l'objet d'un "remake" français ? Quels romans de campus mériteraient leur "adaptation cinématographique"? Quelle université française serait la mieux placée pour servir de "décor" à un film de campus?


  • Broché: 126 pages
  • Editeur : Armand Colin
  • Collection : Albums Cinéma Armand Colin
  • ISBN-10: 2200255640
Fnac.com - 15,01€


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La petite fabrique du spectateur : Être et devenir festivalier à Cannes et à Avignon


Ce qu'en dit Laurent Delmas, journaliste à France Inter

C'est un petit livre que l'on peut glisser dans sa poche pour le lire en picorant : "La petite fabrique du spectateur, être et devenir festivalier à Cannes et à Avignon". Soit une série de textes courts publiés en leur temps par "Synopsis" (regrets éternels) et par Libération et rassemblés pour la première fois par Emmanuel Ethis. Autant de portraits et d'analyses d'une position si particulière, celle du spectateur. Pour Cannes spécifiquement, ils sont au nombre de 13, soit 13 petits précipités sociologiques réalisés à chaud, in vivo durant une édition comme une autre du Festival. Ils s'appellent Antonin, Gary (né une année où le Festival attendait un autre Gary sur ses marches avant d'être annulé pour cause d'envahissement de la Pologne par Hitler...), Damien qui a trouvé son "garçon formidable" à lui en composant un numéro de téléphone entendu dans le film du même nom, ou bien encore Sylviane, l'infirmière et future médecin qui est née au cinéma ou presque avec "La Grande bouffe",... On vous laisse le soin de les découvrir tant ils sont savoureux, étonnants et même parfois déconcertants. Tous inversent la vision d'un spectateur passif, amorphe et non-créatif. Tous donnent raison à Régis Debray qui s'inquiète depuis longtemps d'une mise en accusation du spectateur dont la position généralement assise révélerait la nature conservatrice voire réactionnaire. "Tous créateurs" serait le slogan des Modernes. Oui, mais, comme le suggérait le médiologue inspiré, à force de vouloir vider la salle de spectacle au profit de sa seule scène, qui regardera, écoutera, comprendra les artistes et sera ému, bouleversé, déstabilisé par eux ? Bonne question en effet. Et pour que le spectacle soit, il faut aussi des spectateurs ! A trop l'oublier, les partisans de l'art par tous et partout finiront bien par culpabiliser les spectateurs. Ce qui serait un comble. alors, oui, ces portraits de festivaliers cannois à la fois singuliers et normaux nous réjouissent et nous donnent envie de les retrouver dans quelques petites semaines sur la Croisette.

Ce qu'en dit Alain Riou sur le site "CinéObs", dans l'article intituléCiné-livres : les conseils de lecture d'Alain Riou

C'est la saison des films de plein air. Le revers de cette délicieuse médaille, c'est qu'il faut attendre tard que la nuit soit complètement tombée. Et pour meubler son impatience, rien ne vaut un bon livre. De cinéma, bien sûr. En voici quelques-uns, (relativement) récents, et qui peuvent pousser à la méditation.Pour commencer, un petit livre court, mais dense, du bien nommé Emmanuel Ethis, président de l'université d'Avignon et sociologue spécialisé dans l'étude du cinéma, et plus précisément de son public. On avait déjà lu de lui « les Spectateurs du temps, une sociologie de la réception du cinéma », ainsi que «Sociologie du cinéma ». Dans « la Petite Fabrique du spectateur », sous-titré : «Etre et devenir festivalier à Cannes et à Avignon », il compare le public du cinéma avec celui du théâtre, tournant, comme Edgar Morin, autour de l'idée qu'on en apprend plus sur l'être humain à l'extérieur des salles, dans les rues.

Ce qu'en dit Armelle Héliot sur son blog "Le Grand Théâtre du Monde" (extraits de son article du 26 juillet 2012) : Avignon : et si on lisait Ethis avant de partir ?

Président de l'Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse, ce sociologue est spécialisé dans l'analyse des publics et travaille sur deux territoires particulier, Cannes et Avignon. Un petit ouvrage composé de portraits brefs, des personnages croqués par de remarquables collaborateurs, vient de paraître. Ce petit livre qui réunit vingt-six portraits, des croquis rapides, est amusant et plein d'enseignement. Pas besoin de leçon liminaire.On n'oublie pas que certains des livres de l'équipe de ce brillant universitaire sont épais et même lourds ... Mais s'ils n'étaient pas ainsi, ils ne seraient pas les ouvrages de référence qu'ils sont.Nous, on préfère cette "Petite fabrique". Assez aléatoire : pourquoi eux plutôt que d'autres, les textes, on les connaissait pour en avoir lus certains dans Libération. Ici, à l'élégante étroitesse du volume, répond la vivacité des plumes, des notations. Cela n'est savant que parce que c'est délibérément vif.Alors, oui, lisons Emmanuel Ethis et ses amis. On peut aussi lire son blog et par exemple le discours qu'il a adressé au Président de la République, le 15 juillet dernier, en l'accueillant dans le jardin de la rue de Mons, à la Maison Jean-Vilar.
  • Broché: 126 pages
  • Éditeur : Éditions Universitaires d'Avignon
  • ISBN-13: 978-2-35768-028-9

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    De la Culture à l'université - 128 propositions


    La commission "Culture et Université" pilotée par Emmanuel Ethis, président de l'Université d'Avignon, avait pour objectif d'encourager et de valoriser la culture à l'université. 
    Le rapport présente les 128 propositions de la commission, axées autour de 7 thématiques : pratiques et productions artistiques et culturelles à l'université ; patrimoines numérisés, cultures numériques et culture du numérique dans les études supérieures ; diversités culturelles, sociabilités et socialisations à l'université ; culture générale et mobilités sociales des étudiants ; ancrages et ouvertures culturelles des universités au cœur de leur territoire ; information, diffusion et valorisation des événements et productions culturels de l'université ; présences et affirmations de l'université et de ses représentations dans les mondes de l'art, de la culture et des médias.

    Voici deux extraits des « retours de presse » consacrés au travail de notre commission Culture et Université suite à la conférence organisée par la Conférence des Présidents d'Université ce 26 mai 2011 à la Défense (merci à Clarisse Fabre du Monde et à Élodie Lestrade de l’AEF)


    Ce qu'en dit Clarisse Fabre du Monde, dans l'article paru dans l'édition du 29.05.11

    Culture à l'université... Peut mieux faireParce que les étudiants sont un peu l'angle mort des politiques culturelles. Parce que leur budget culture tourne autour de 6 ou 7 euros par mois. Parce que une trentaine d'universités en France seulement sont équipées d'un lieu conçu pour une activité artistique, galerie d'exposition, studio d'enregistrement ou salle de répétition. Parce que l'esprit ciné-club a tendance à se perdre...Pour toutes ces raisons, il y avait urgence à rassembler des réflexions et des idées pour ancrer la culture dans l'université, de la "fac" de lettres à celle de médecine. Sans négliger les nombreuses initiatives qui existent déjà, de Montpellier à Lille, et ne demandent qu'à se répandre.En mars 2009, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, avait installé une commission culture et université et chargé son président, Emmanuel Ethis, sociologue et président de l'université d'Avignon, de formuler des "préconisations" pour que la culture ne soit pas qu'un "accessoire" dans un cursus.Intitulé "De la culture à l'université, 128 propositions", le document a été remis à la ministre en octobre 2010. Il serait peut-être tombé dans l'oubli, si la Conférence des présidents d'université (CPU) n'avait décidé de le faire connaître à un plus grand nombre. Jeudi 26 mai, Emmanuel Ethis présentait une synthèse de ce travail lors d'une rencontre organisée par la CPU, à la Défense (Hauts-de-Seine) - en l'absence de Mme Pécresse et du ministre de la culture, Frédéric Mitterrand. Les 128 propositions ont été éditées (Armand Colin) et 3 000 exemplaires circulent actuellement dans les facultés. Le rapport est téléchargeable sur le "socioblog" de M. Ethis.Entre autres pistes, il s'agirait de développer les moyens attribués aux radios étudiantes, de promouvoir un dispositif du type "étudiants au cinéma", d'organiser des cafés littéraires mensuels, de créer un statut d'étudiant associé à un festival.Les experts vont jusqu'à proposer que les cérémonies étudiantes, comme les remises de diplôme, soient davantage ritualisées de manière à véhiculer un "imaginaire" des universités françaises...La culture doit nourrir le rayonnement international, lit-on entre les lignes, ce que demandait la ministre dans sa lettre de mission, en mars 2009 : les campus en France doivent devenir des hauts lieux de production culturelle […] pour "attirer des étudiants" et "refonder l'image des universités".




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    Aux marches du palais, Le festival de Cannes sous le regard des sciences sociales



    [Extraits de la préface de Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, Délégué artistique]

    À l’instar de tout projet artistique, le Festival International du Film de Cannes n’échappe pas à une double constance rituelle : fait de tout ce que l’on y met - un regard sur le monde du cinéma, des découvertes, des espoirs, des doutes parfois – , il prend corps et trouve chaque année une identité singulière dans l’espace de la rencontre avec ses publics. C’est précisément cet espace-temps cannois du partage, qui est aussi celui où le festival nous échappe toujours un peu, que le présent ouvrage nous propose de découvrir.Sous le regard des sociologues et des anthropologues que nous avons accueillis, le Festival de Cannes se dévoile à travers l’attention que lui portent ses spectateurs, célèbres ou anonymes, cinéphiles avertis ou simples amoureux du septième art. Tous n’appartiennent pas au monde du cinéma et pourtant, comme le dit Emmanuel Ethis, “ le monde du cinéma leur appartient ”.En tentant de produire une écoute renouvelée des talents, des cinématographies, des genres, des modes, des nouvelles écritures, le Festival de Cannes a su conforter internationalement sa position de sentinelle de l’art nouveau. Ce que nous apprend ce livre, c’est que ce souci pionnier qui est le nôtre, s’est toujours construit sous la vigilance bienveillante de nos spectateurs proches ou lointains. Et, ce n’est pas sans surprises que nous pénétrons et comprenons, au détour de chaque contribution de cet ouvrage, la réalité de l’imaginaire collectif qui institue le Festival de Cannes en ses formes. C’est pourquoi nous nous réjouissons de ce premier véritable regard sociologique construit “ aux marches du palais ”.Nous espérons que cet ouvrage contribuera, pour tout un chacun, à appréhender le Festival par-delà les représentations qui le réduisent trop souvent aux images de strass et de paillettes ; car, la réalité du rendez-vous cannois est aussi celle qui nous est livrée ici : celle d’une diversité de regards, celle d’une profondeur cinéphilique partagée par les festivaliers, celle enfin qui préserve au Festival de Cannes la force d’un des derniers grands rites des mondes contemporains.


    • Broché: 259 pages
    • Editeur : La Documentation Française (1 avril 2001)
    • Collection : Questions de Culture
    • ISBN-10: 2110048328
    • ISBN-13: 978-2110048325
    Fnac.com - 17,10 €


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    Avignon, le public réinventé, Le festival sous le regard des sciences sociales


    Dès ses origines, le Festival d’Avignon s’est bâti en affichant une volonté originale dans la manière de « fabriquer » son public. L’objectif revendiqué par l’équipe menée par Jean Vilar était d’attirer dans l’ancienne cité des Papes des spectateurs écartés jusque-là du théâtre, auxquels il s’agissait de rendre le goût du spectacle vivant et de donner des motifs de curiosité pour l’art dramatique. Qu’en est-il aujourd’hui, plus de cinquante ans après ?
    A quoi ressemblent les spectateurs d’Avignon en ce début de XXIe siècle ? Forment-ils enfin cette communauté que Vilar avait imaginée ?
    En s’appuyant sur une enquête de terrain conduite entre 1996 et 2001, cet ouvrage propose de partir à la découverte de ce public de la culture fort singulier que forment les spectateurs du Festival d’Avignon. Singulier par ses motivations, par ses pratiques, par ses désirs de rencontre, le public du festival se découvre ici avec entre les mains l’une des clefs majeures des renouvellements culturels à venir.

    • Broché: 344 pages
    • Editeur : La Documentation française (1 juillet 2002)
    • Collection : Questions de Culture
    • ISBN-10: 2110052031
    • ISBN-13: 978-2110052032
    Fnac.com - 19 €
    Amazon.fr – 25,54 €


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    Avignon ou le Public participant : Une sociologie du spectateur réinventé

    Avec Jean-Louis Fabiani, Damien Malinas.

    Jamais l'on n'avait consacré quinze ans d'enquête, quinze ans à un seul et même terrain d'observation pratiqué et porté par trois générations de sociologues autour d'une volonté commune de comprendre ce que sont les " publics du Festival d'Avignon ". Nombre d'artistes - metteurs en scène, comédiens ou techniciens - décrivent leur passage par " Avignon " comme une expérience relevant presque d'un rituel professionnel. Nous découvrirons ici qu'il en est de même côté " public "... Faire le Festival d'Avignon relève d'une expérience singulière, idéale et idéalisée dans une carrière de spectateur. Et pour cause, le projet du Festival d'Avignon s'est bâti en affichant une volonté originale dans la manière de " fabriquer " son public. Cette part du contrat pensée en direction du " public " constitue, en effet, un des moteurs de la forme festivalière à l'œuvre. Si l'idéologie qui baignait le développement de la culture d'après-guerre l'espère " populaire ", le public, lui, n'a eu de cesse de se réinventer au gré des métamorphoses du Festival. L'objectif de départ d'Avignon, revendiqué comme tel par l'équipe Vilar, fut d'attirer dans l'ancienne cité des Papes des spectateurs écartés jusque-là du théâtre, auxquels il s'agissait de rendre le goût du spectacle vivant et de donner des motifs de curiosité pour l'art dramatique. " Un art collectif comme celui du théâtre ne peut témoigner valablement dans l'unique Paris ", déclare Vilar. Il faut à cette fin être en mesure de " réunir, dans les travées de la communion dramatique, le petit boutiquier et le haut magistrat, l'ouvrier et l'agent de change, le facteur des pauvres et le professeur agrégé ". C'est ainsi que s'élabore la légende d'Avignon et de son public. En s'évadant des théâtres clos, le théâtre du Festival s'impose comme un fait exemplaire et symbolique de décentralisation culturelle. Construit dans la longue durée, le public d'Avignon est entré dans le XXIe siècle, doté aujourd'hui d'une expertise sans précédent, qui fait de lui, ce public dont Vilar avait rêvé et avec lequel Archambault et Baudriller travaillent désormais : le public participant.


    • Broché: 231 pages
    • Editeur : L'Entretemps Editions (9 juin 2008)
    • Collection : Champ théâtral
    • ISBN-10: 2912877946
    • ISBN-13: 978-291287794
    Fnac.com 24,10 €
    Amazon.fr 24,10 €


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    Le Bruit du monde : le geste et la parole


    Sous la direction de Laure Adler, Emmanuel Ethis, Damien Malinas

    Dans les lieux de culture et de savoir, les bruits du monde s'entendent, s'écoutent. Dans leurs propos, dans leurs sensibilités, dans leurs mémoires, la création artistique comme la recherche scientifique transforment et performent une conscience du monde et celle d'être au monde. Par le geste et la parole, le récit prend corps et fait sens, résonne et raisonne.
    L'écho provoqué par les comédiens, metteurs en scène, chorégraphes réalisateurs, hommes et femmes des mondes de l'art et du spectacle redessine les formes de notre regard sur le monde.

    Éditions Universitaires d'Avignon - 6 €





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    Les spectateurs du temps, Pour une sociologie de la réception du cinéma


    La sociologie de la réception essaie de tirer toutes les conséquences du fait - souvent rappelé et plus rarement exploré - que les œuvres picturales, musicales " ou cinématographiques " comme les œuvres littéraires n'existent et ne durent que par l'activité interprétative de leurs publics respectifs. Cette citation rappelée par Emmanuel Ethis nous propose un programme ambitieux de recherche sur la réception des œuvres d'art. [...] Ce dernier insiste, dans sa recherche, sur l'importance de la notion de temps, terme qu'il faut mettre au pluriel tant dans la vie sociale s'entrecroise sans se confondre une multitude d'appréhensions des temps : celui de la vie, du travail, de la souffrance et de la joie, et dans les activités artistiques celui de la rencontre avec l'œuvre, et avec le temps qui y est inscrit, précédé par le temps de l'attente de l'œuvre et suivi par celui de son inscription dans la mémoire. [...] L'histoire n'a pas d'autre vitesse, en effet, que celle que notre mémoire est capable de lui donner. [...] Cette réflexion sur le temps montre l'importance que cette question a dans l'analyse de la réception et c'est une des originalités fortes de ce travail que d'avoir abordé cette question à partir de cette entrée inhabituelle et pourtant féconde et heuristique [...]. L'ouvrage d'Emmanuel Ethis nous propose ici sur la base d'une enquête exemplaire non seulement un apport de connaissances nouvelles sur les rapports des spectateurs aux films, mais aussi une méthode d'investigation nouvelle et originale.
    [Extrait de la préface de Bruno Péquignot, Professeur à la Sorbonne]

    • Broché: 326 pages
    • Editeur : L'Harmattan (15 janvier 2006)
    • Collection : Logiques sociales
    • ISBN-10: 2296000118
    • ISBN-13: 978-2296000117
    Fnac.com - 26,13 €
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    Pour une po(ï)étique du questionnaire en sociologie de la culture: le spectateur imaginé



    Ne désespérons pas de la sociologie d’enquête ! Nous vivons aujourd’hui l’épuisement d’un certain nombre des modèles culturels qui ont dominé la vie sociale en France depuis l’après-guerre, et dont la genèse est souvent plus ancienne. Ce ne sont pas seulement les formes institutionnalisées de la vie culturelle qui sont en cause, mais aussi les dispositifs techniques et idéologiques qui ont vu le développement du discours et des pratiques des sciences sociales à propos de la culture. Il n’est pas indifférent que les principes fondateurs des politiques culturelles publiques à visée à la fois encyclopédique et démocratique, telles qu’on les a connues à partir du ministère d’André Malraux, aient été ébranlés à peu près en même temps que la théorie sociologique de la légitimité culturelle. L’incertitude règne sur les fins de l’action publique en matière de culture, comme en témoignent les débats de l’été 2003 à propos des intermittents du spectacle, où l’on constate le caractère de plus en plus flou de la notion d’intérêt public dans ce domaine. Le scepticisme domine lorsqu’on rapporte, comme l’a fait régulièrement la sociologie française depuis le milieu des années soixante, des comportements culturels à des positions de classe, ou à une « formule génératrice des pratiques » selon les termes de Pierre Bourdieu. L’assurance tranquille que procure l’autorité du savoir institutionnel s’effrite. Dans une telle situation, les sociologues sont souvent tentés par la fuite en avant : l’incertitude conduit à la débâcle méthodologique et au narcissisme nihiliste. Le risque est grand alors de tout perdre en renonçant aux mérites d’une grande tradition explicative au motif que le mode de penser en termes de légitimité culturelle a perdu une bonne partie de son pouvoir de conviction.
    Emmanuel Ethis a choisi une autre voie. Il a développé sa personnalité de chercheur dans un cadre particulier, celui de la Vieille Charité de Marseille : en cet endroit plutôt improbable de la France hyper-centralisée culturellement et intellectuellement, plusieurs chercheurs se sont progressivement regroupés autour de Jean-Claude Passeron, en dehors de toute unité doctrinale ou d’allégeance épistémologique, pour repenser les outils par lesquels nous rendons ordinairement compte des objets culturels. Les résultats des recherches menées dans ce magnifique cadre baroque ne correspondent pas à la volonté d’un quadrillage systématique de l’objet, pas plus qu’à un canon interprétatif : chacun y fait entendre sa voix, sans grand souci de l’amplification. D’autres chercheurs plus centraux, ou peut-être plus opportunistes, ont parlé plus fort et occupent aujourd’hui le centre de la scène sociologico-médiatique. L’histoire des sciences sociales reconnaîtra sans doute les mérites de ce moment marseillais de la sociologie française, dont Emmanuel Ethis est un beau « produit ». Il déploie aujourd’hui ses activités à l’Université d’Avignon, dans un groupe de recherche et d’enseignement sur la culture et la communication : les recherches menées en ce lieu décentralisé mais exempt de tout provincialisme attirent aujourd’hui fortement l’attention. Ce livre permettra de mieux cerner une personnalité de chercheur et un style de travail dont l’originalité est frappante. Emmanuel Ethis y prend au sérieux la dimension « fabriquée » du questionnaire, mais non au sens péjoratif de l’expression.
    Au lieu de se contenter de repérer les limites ou les biais du questionnement standardisé en sciences sociales, comme le font ordinairement nombre de nos collègues, Emmanuel Ethis nous installe d’emblée dans la dimension d’un faire qui traite l’enquêté comme un acteur qui se défie, se défile et finalement adapte le questionnement à la vision qu’il a de lui-même et de sa relation à l’offre culturelle. C’est de cette inadéquation constitutive, et irréductible que part la réflexion du sociologue. « Je ne suis pas un spectateur comme les autres » lui disent les plus insolents de ses interlocuteurs : le sociologue peut ranger le filet à papillons, mais il n’a pas perdu au change. Il sait désormais empiriquement qu’il n’a jamais affaire, à Avignon, à Cannes ou ailleurs, aux fameux idiots culturels de Garfinkel, mais à des individus qui prennent position par rapport au questionnement sociologique dont ils sont l’objet et qui contribuent, dans un véritable faire ensemble, à un ébranlement des formes routinisées de l’investigation de la condition du spectateur. Nourri par des lectures philosophiques mais aussi par sa propre expérience de spectateur, comme en témoignent les nombreuses références filmiques qui rythment le texte, le retour réflexif que pratique Emmanuel Ethis dans les pages qui suivent est un témoignage convaincant du fait qu’il existe encore un véritable amour du métier de sociologue.


    [Extrait de la préface de Jean-Louis Fabiani, Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales]



    • Broché: 194 pages
    • Editeur : Editions L'Harmattan (2 mai 2004)
    • Collection : Logiques sociales
    • ISBN-10: 2747561542
    • ISBN-13: 978-2747561549
    Fnac.com - 16,15 €
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    Culture & Musées N°7. / Figures du corps au cinéma : body is comedy



    La question du traitement du corps est centrale dans l’histoire du cinéma. Les formes primitives de ce medium ont simultanément exploité les manières habituelles de montrer les corps dans les arts forains dont il est le prolongement indirect, et inventé de nouvelles possibilités de les mettre en scène, de les représenter ou de les faire disparaître et réapparaître à volonté. Pour certains cinéastes des origines, ces frictions entre le corps et le cinéma occupent même une place essentielle dans un dispositif où ce que l’on regarde s’impose comme une épreuve du voir assimilée aux possibles et impossibles distinctions entre le réel et l’irréel. De fait, la définition du corps montrable a été un enjeu essentiel dans la production de normes et la constitution d’un espace de possible transgression. Les limites du corps montrable, décent, aseptisé dessinaient en creux d’autres espaces, illicites, obscènes, où s’éprouvaient d’autres manières de filmer les corps et leurs interactions. Dire que le corps est comédie, c’est d’emblée signaler que l’une des propriétés du cinéma, depuis ses origines, est de centrer l’attention sur la dimension spécifique de la corporéité dans la vie sociale.

    • Broché
    • Éditeur : Actes Sud (28 juin 2006)
    • Collection : ESSAIS SCIENCES
    • Langue : Français
    • ISBN-10: 2742761462
    • ISBN-13: 978-2742761463
    Amazon.fr - 18,34 €


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    Cannes hors projection

    Revue Protée Volume 31, n°2, automne 2003, collectif

    C’est en 1955, dans la revue Les Temps Modernes, que le Festival international du film de Cannes fait, pour la première fois, l’objet d’une description « hors projections ». Elle est signée par le sociologue Edgar Morin :
    Il est bien connu que le véritable spectacle du Festival n’est pas celui qui se donne à l’intérieur, dans la salle de cinéma, mais celui qui se déroule à l’extérieur, autour de cette salle. À Cannes ce ne sera pas tant les films, c’est le monde du cinéma qui s’exhibe en spectacle. […] Le vrai problème est celui de la confrontation du mythe et de la réalité, des apparences et de l’essence. Le festival, par son cérémonial et sa mise en scène prodigieuse, tend à prouver à l’univers que les vedettes sont fidèles à leur mythe. Tout, dans l’économie interne du Festival, dans ses manifestations quotidiennes, nous démontre qu’il n’y a pas d’une part une vie privée, quotidienne, banale des vedettes, et d’autre part une image idéale et glorieuse, mais que la vie physique des stars est à l’image de l’image cinématographique, vouée aux fêtes, aux plaisirs et à l’amour. La vedette est entièrement contaminée par son image et se doit de mener une vie cinématographique. Cannes est le lieu mystique de l’identification de l’imaginaire et du réel. […] Images merveilleuses, exquises de spontanéité, aussi rituelles que celles des films. Tout contribue à nous donner l’image d’une vie élyséenne. Donner l’image est le terme exact, car il s’agit de poser, autant pour le public de Cannes que pour l’univers entier par le truchement de la photographie, de la télévision et des actualités. C’est le double de l’univers festivalesque qui importe.
    Depuis les années 1950, le Festival de Cannes, en tant que « double de l’univers festivalesque », a conquis un espace de plus en grand important hors de ses salles de projection. Au reste, s’il abrite toujours ces dernières, le Palais du festival est également devenu aujourd’hui le lieu de l’organisation festivalière, du marché professionnel, des journalistes et des spectateurs accrédités ; et, tous vont, durant douze jours, coopérer à faire de ce Palais du festival – sorte d’immense bunker de béton en bord de mer – le temple sacré du septième art. Quant à la ville de Cannes, elle se drape d’une profusion de signes tout droit sortis du grand écran pour rappeler, de toute part, à ceux qui participent à la fête cannoise ou qui traversent simplement les lieux, qu’ici, le spectacle est permanent, que nul ne saurait se dérober à la révérence au monde du cinéma sous toutes ses formes. Au demeurant, il n’y a plus réellement de promeneurs, au sens traditionnel du mot, sur les abords de la Croisette ; ceux-ci ont laissé place à des « pèlerins » en quête contemplative de corps exhibés et fugaces de stars en chair et en os.
    L’ambition de ce numéro de Protée est de présenter quelques angles inédits d’où l’on peut analyser et comprendre comment s’effectue, à Cannes, ce travail de mise en conformité du cinéma hors projections avec les attentes d’une ville et de ses festivaliers. Le foisonnement des signes qui fondent le décor cannois vient affirmer l’omniprésence du monde du cinéma au point qu’on peut apprécier, non sans étonnement, toutes les significations qu’est susceptible de recouvrir ici un des articles du règlement de la première édition du festival, qui précisait que la manifestation avait pour principal objectif de « développer l’art cinématographique sous toutes ses formes ». Si l’objectif déclaré du Festival de Cannes demeure la promotion du cinéma international, les six textes du dossier qui suit nous proposent de découvrir la manière dont cet objectif cannois est ourlé – hors projections – d’un imaginaire entretenu tant dans l’esprit des festivaliers anonymes ordinaires présents, dans le mode de relais qu’instaurent les médias depuis la manifestation, dans la façon signifiante dont fonctionne la sélection que dans la manière dont la ville, elle-même, se redéfinit.


    • Broché: 115 pages
    • Éditeur: Université du Québec à Chicoutimi
    • ISBN-13:
    -->0-300-35200-X Decitre.fr - 10,07€