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31 janvier 2015

DE L'URGENCE DE S ‘ANCRER ENFIN DANS LE XXIe siècle grâce à nos universités, ultimes fabriques d’avenirs

La mise en fiction de certains faits historiques nous aide souvent à prendre le champ nécessaire pour comprendre rétrospectivement comment, seule, la conjugaison d’événements sociaux, de mutations technologiques, d’aspirations politiques ancrées et non encore réalisées, permettent de passer d’une époque à une autre, de construire une nouvelle modernité. Ainsi la remarquable série Downton Abbey de Julian Fellowes montre-t-elle comment juste après la Guerre 1914-1918, en Angleterre comme en France et en Allemagne, nous sommes entrés véritablement dans le XXe siècle, avec l’invention du téléphone, de nouveaux métiers comme la dactylographie ou la sténographie permettant aux femmes de s’affranchir de leur domesticité et de revendiquer leur droit de vote, avec les effets collatéraux du naufrage du Titanic réputé pourtant insubmersible,  avec la mise en place d’écoles d’ingénieurs et de lieux de recherche fédérateurs, avec la revisitation par le peuple et la nouvelle bourgeoisie de l’imposition des valeurs portées par les représentants de l’ancienne noblesse. Ce qui a façonné le «mental» du XXe siècle repose de façon cardinale sur l’appropriation progressive des conséquences sociales diffuses de ces faits qui se sont croisés à l’intersection de la sortie de cette première Guerre Mondiale, guerre qui était avant tout le résultat objectif d’une crise générale d’une société encore édifiée à l’aune du XVIIIe. En transposant aujourd’hui les questions que nous laisse entrevoir la mise en fiction de Downton Abbey, on comprend que les crises financières, idéologiques, politiques et sociales dans lesquelles nous sommes plongés ne nous ont pas encore permis de tourner la page de tout ce qui nous attache encore au «mental» de notre vieux XXe siècle. Et pour cause, nous n’avons pas encore forgé collectivement un projet politique stratégique qui s’impose presque de lui-même lorsqu’un pays doit se reconstruire après une guerre, mais qui peine à se mettre en œuvre lorsqu’une société tient avant tout à perpétrer ce qu’elle suppose être ses acquis et ses avantages sociaux, qu’il s’agisse de ceux des élites comme de ceux des moins favorisés. Le véritable problème est d’ordre sociologique car les acquis et les avantages sociaux sont surtout devenus des acquis et des avantages catégoriels. Au reste, rien d’étonnant dans une société où nos élites, non sans cynisme, ont dévoyés les valeurs républicaines de l’égalité, de la liberté et de la fraternité pour séparer méticuleusement leur “progéniture” du reste de la société en leur conférant des privilèges de filiation via notamment les modalités de sélection des lieux de formation qui leur sont majoritairement réservés, des lieux hypocritement drapés du voile d’une apparente méritocratie. C’est bien cette illusion méritocratique qu’il faudrait d’ailleurs analyser finement pour comprendre les contours et les limites contemporaines de ce système entretenu à grands frais dans ses logiques les plus archaïques. 

En France, cette fin du mois de mai 2014 voit converger des chiffres qui ne sont plus des symptômes mais des preuves avérées de la crise globale que nous traversons : chômage en hausse, augmentation des votes extrêmes, multiplication des foyers d’épidémie de gale, éducation du primaire au lycée en berne, construction du logement étudiant en retard de vingt ans,… Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les jeunes vont jusqu’à incorporer l’idée qu’ils évolueront dans un monde où leur situation générale sera, de fait, moins bonne que celle de la génération qui les a précédé. L’ascenseur social n’est pas en panne, il ne fait en réalité que descendre. Pourtant le fait qui, plus que tout autre, devrait retenir notre attention ces jours-ci pour nous faire comprendre la nécessité de penser sans attendre notre XXIe siècle passera sans nul doute très vite à la trappe de l’actualité alors même qu’il devrait résonner comme un ultime signal : en effet, après avoir déjà commis quelques saccages dans leur école en 2010, des étudiants d’HEC viennent à nouveau de vandaliser leur école. On a affaire ici à un événement qui va bien au-delà d’un simple fait divers. On le sait, selon nombre de classements, HEC arrive en tête des grandes écoles de commerce en France et possède une solide réputation internationale. Alors pourquoi, lors d’une fête, des étudiants réputés triés sur le volet décident-ils de détruire le campus qui est censé les faire réussir et les inscrire durablement dans les clubs les plus élitaires qui soient ? Et si la jeunesse promise à avenir sans nuage – au fond – refusait-elle d’elle même sans trop savoir pourquoi ni comment l’exprimer cette destinée dans laquelle leurs aînés souhaitent la confiner. Lorsque «La crème de la crème» pour reprendre le titre éponyme du récent film de Kim Chapiron, la nouvelle génération promise à occuper les meilleurs postes stratégiques doute à ce point d’elle-même, c’est bien le glas de tous les archaïques de nos modes de transmission qui résonne. Se projeter dans l’avenir suppose d’abord de rêver à un avenir collectif en déposant nos promesses d’avenirs dans notre appareil de transformation d’enseignement supérieur et de recherche qui n’a de cesse de se réformer sans réellement s’imposer dans nos têtes comme le plus beau lieu de fabrique de futurs. C’est un presque un paradoxe. À croire que les réformes successives et pourtant pour partie nécessaires que subissent notamment les universités seraient pensées sans objectif ni projet. Beaucoup sont ceux qui sont prêts à le croire, à commencer par certains de nos médias qui, complaisants avec les «grandes écoles», semblent souvent renvoyer d’une année à l’autre les mêmes copiés-collés d’une représentation terne, fatiguée, incroyablement triste de nos universités. Lorsqu’on interroge les journalistes eux-mêmes, certains admettent d’ailleurs en coulisse que leur rédaction ne prend pas les sujets positifs, car ceux-ci sont bien moins « vendeurs ». C’est donc là que nous sommes rendus, à nous délecter que de représentations dépressives, à considérer que sont moins vendeurs des sujets sur une jeunesse exaltante, sur des découvertes scientifiques qui nous permettent de nous dépasser, sur la fierté de voir nos enfants réussir ensemble ? Si c’est une réalité, elle traduit dans les faits quelque chose d’assez malsain, ce qu’avait d’ailleurs fort bien décrit en son temps le sociologue Siegfried Kracauer lorsqu’il constatait qu’en 1929, dans l’Allemagne en crise, les publics se précipitaient dans les cinémas pour y voir des films plus sombres encore que ce qu’ils vivaient afin se doper au malheur, s’imaginant ainsi mieux dotés que ce dont ils n’étaient encore que spectateurs. Mauvais signe qui a aboutit à la structuration d’un des pires régimes politiques que l’humanité a connu, ce qui devrait, en temps de recrudescence de peste brune, nous faire plus que réfléchir. 

Revenons à nous. En effet, il est urgent d’affirmer collectivement que le devenir de nos universités devrait s’écrire comme une Success Story permanente et que les réformes qui structurent l’enseignement supérieur et la recherche ont bien pour projet majeur et magistral de rassembler nos étudiants, nos enseignants, nos chercheurs plutôt que de les séparer en institutions trieuses et en querelles stériles de légitimité : rassembler les filières dites d’élites et celles où l’on forme à l’esprit critique, les formations professionnalisantes et les centres de recherches, nos réformes doivent continuer à porter ceux qui en sont les acteurs pour imaginer et partager ce beau projet commun de former notre jeunesse enfin réunie le temps de ses études supérieures. Le lieu de formation et de recherche lisible et visible sur le plan international et européen porte bien le nom d’université et l’université de demain doit être en nature et en finalité celle où l’on formera ensemble des élites ouvertes et généreuses, des professionnels de tous niveaux de formation, des intellectuels et des artistes qui osent penser le monde, des chercheurs inspirés par tous ceux qui les ont entouré au moment de leurs études, des lieux de formation tout au long de la vie. C’est là le premier défi qui nous ancrera véritablement dans le XXIe siècle désormais tant attendu. Ce défi est le premier que nous devrions relever car il faut être convaincu que toutes les mutations sociales et culturelles se subsument sous ce défi-là, un défi qui a quelque chose d’ultime. Le manquer reviendrait à s’enfermer définitivement dans l’idée qu’aucune voie d’avenir ne pourra prétendre être une voie de progrès global. Le réussir, c’est nous entrainer dans un mouvement global vers une reprise de confiance utile et une reconnaissance nécessaire vis à vis des générations présentes et à venir pour leur permettre une destinée plus belle que la nôtre inspirée avant tout par une transmission sociétale partagée, fraternelle, égalitaire et généreuse. 

20 janvier 2015

LE CULTE DE LA CULTURE : les classes moyennes et la culture

Comment définiriez-vous les classes moyennes ?
La première définition est simple : les classes moyennes sont celles qui relèvent d’un certain niveau d’imposition défini par les revenus. Dans cette catégorie, on trouve aussi bien des professions intermédiaires, des employés et même une partie des cadres. Ou bien on peut aussi définir les classes moyennes par ce qu’elles ne sont pas : ni la frange la plus riche, ni la frange la plus pauvre de la population…C’est un ensemble flou et finalement attrape-tout. Or en tant que sociologue, je m’intéresse aux modes de vie, ce qui me semble une façon plus intéressante « d’entrer » dans la question. L’attachement aux loisirs et le niveau de diplômes rentrent en ligne de compte et on devient de fait plus fin dans son analyse.

Quels seraient les marqueurs culturels liés aux classes moyennes ?
Dans « La préparation du roman », un très beau cours dispensé au Collège de France, Roland Barthes dit cette phrase : « Ils laisseront la culture aux classes moyennes ». La formulation peut apparaître condescendante au premier abord mais il est important de s’arrêter dessus. Ce sont justement dans les classes moyennes que nous allons trouver le plus d’ « agitation culturelle ». C’est là où tout se passe, où la création est repérée et repérable. Les classes moyennes sont consommatrices de culture. Elles confirment les tendances et parfois les lancent. Contrairement aux idées reçues, ses membres ne sont pas des suiveurs.  Leur identité passe par des choix culturels.

Vous parliez de Roland Barthes. Justement, dans « Mythologies », il semble se moquer de certains référents culturels qui parlent aux classes moyennes : l’acteur photographié chez Harcourt, Minou Drouet...
Plus que de la moquerie, je parlerais d’ironie.  Il évoque la mythologie moderne de l’homme moderne, cet accès aux choses auxquelles les classes moyennes aspirent et qui sont transmises hors modèle scolaire. C’est la logique même de démocratisation. Pierre Bourdieu, lui, parlait de la « bonne volonté culturelle » des classes moyennes. Je ne fais pas partie de ces sociologues qui se plaisent à mettre à mal sa pensée, car je pense que ceux qui vont au théâtre ou au cinéma font preuve d’une réelle sincérité. Ils ne le font simplement pas pour se « positionner » socialement. Et on ne peut pas leur donner n’importe quoi à voir ou à lire.

C’est pourtant un préjugé qui a la peau dure…
Prenons un exemple. Les professionnels se plaignent du tassement de la fréquentation des salles de cinéma. Mais parce que les « fabricants » de culture traitent mal leur public.  Si « Intouchables » a remporté un tel succès, c’est parce que ce film, porté par un beau scénario était aussi empreint de valeurs fortes. Proposer un « Intouchables 2 » serait une hérésie et les spectateurs ne seraient certainement pas dupes. Passé un certain âge, nous savons revendiquer nos choix. Nous souhaitons exister à travers ce que nous aimons. Et les gens savent très bien ce à quoi ils ont à faire.

Justement, le cinéma n’est-il pas le medium culturel d’excellence pour les classes moyennes ?
A mon sens, c’est en tous les cas le plus bel instrument de démocratisation culturelle. D’abord parce qu’il est à un prix qui convient à tout le monde. Dès les années 30-35, on y met en scène des récits grandioses tirés de la littérature ou de la mythologie. Surtout, le 7ème Art met l’art de l’acteur à la portée de tous. Avec les Fairbanks, Pickford, Chaplin, la figure du « grand comédien » s’impose dans l’inconscient collectif et donne des normes de ce qu’est un « grand acteur ». Et aujourd’hui, quand vous voyez que les cinémas proposant la retransmission de l’ouverture de la saison au Metropolitan Opera font salle comble, on peut se dire que cette dimension de propagation de la culture ne s’est pas perdue en route.

Concernant le théâtre, il y a les établissements publics et privés. Les classes moyennes ont-elles une préférence ?
Non, elles se partagent entre les deux. Le théâtre public va être un théâtre de formation, d’éducation artistique avec la présentation d’œuvres exigeantes. Le privé va plutôt être le lieu du délassement, plus « routinisé » : on y va pour voir des « effets » attendus par le spectateur. S’ils n’y sont pas, il y a déception. Mais si l’objet n’est pas le même, dans les deux cas, le plaisir ressenti est identique.

On parle souvent des Trente Glorieuses comme l’âge d’or des classes moyennes. C’est également la période où la culture de masse se développe avec l’apparition du transistor, du Livre de Poche, l’émergence de grands festivals populaires. Voyez-vous une corrélation entre les deux ?
Effectivement, les Trente Glorieuses vont affirmer et confirmer ce qu’on pouvait attendre de cette « culture de masse ». Malraux en a été un des ingénieurs avec la fondation de Maisons de la Culture ou la création du label « Art et essai » pour le cinéma. Mais le mouvement avait débuté en amont. Avec les congés payés de 1936 se pose la question de l’occupation du temps libre. Et comment utiliser ce temps pour l’éducation populaire. Ce à quoi le sociologue Joffre Dumazedier répondait par les « 3 D » : il montrait que ce temps disponible n’était pas qu’une simple récupération sur le temps de travail mais qu’il permettait délassement, divertissement et développement.  Ce n’est pas un hasard si Jean Vilar installe son Festival à Avignon, une ville qui se trouve sur la route des vacances… Attention toutefois: Les Trente Glorieuses impulsent un mouvement mais des différences subsistent. « Mon oncle » de Jacques Tati le montre bien. Dans cette France des années 50, se téléscopent l’ancienne classe moyenne, celle incarnée par Tati lui-même, celle des fortif’ ou de la proche banlieue. Et la nouvelle classe moyenne avide de progrès et représentée par la sœur dans le film. Ces deux-là vont finalement se rassembler pour regarder la télévision.

Justement, la télévision a été un vrai passeur de culture. On pense aux grandes fictions de l’ORTF, aux émissions littéraires de Dumayet et Desgraupes…
Effectivement, la télévision a été un vrai moyen d’appropriation de la culture. Et l’ORTF a joué un vrai rôle de démocratisation. Si vous regardez des archives sur le site de l’INA avec des programmes comme « Monsieur Cinéma » ou « Lecture pour tous », de Desgraupes et Dumayet, vous verrez combien la langue est riche. Les journalistes y emploient un vocabulaire élargi qui permet pourtant à tous d’avoir une compréhension des choses. Prenons l’exemple du feuilleton Belphégor : vous imaginez ? Juliette Gréco, le Louvre, un héros mystérieux. On est loin du fantôme de supermarché ! Cette télévision avait pour vocation de faire partager le beau. Aussi, je trouve cela plutôt rassurant quand je vois qu’Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture parle d’exigence culturelle et s’élève contre la diffusion, sur des chaînes publiques, de programmes de « scripted-reality ».

Vous parlez d’Aurélie Filipetti. Or c’est la première fois depuis longtemps qu’on a justement une Ministre de la Culture issue des classes moyennes… Les précédents –Mitterrand, Albanel, Donnedieu de Vabres- provenaient de la bourgeoisie.
À mes yeux, elle représente l’une des figures les moins attendues sur l’échiquier politique. Elle est la porte-parole de la jeunesse, d’une aspiration des classes moyennes à avoir le meilleur sur le plan artistique et culturel. Alors que le ministère de Frédéric Mitterand n’était au service que de lui-même, il me semble qu’elle a compris qu’il fallait que nous nous ressaisissions pour mettre en place de véritables collectifs autour des arts et de la culture et faire rayonner la culture française.

Il y a deux sortes d’établissements dont nous n’avons pas parlé et qui, pourtant, sont très importants dans la diffusion de la culture chez les classes moyennes : la bibliothèque et le conservatoire.
En effet, ils constituent tous deux des lieux de culture et de formation. Ils offrent une vision du potentiel culturel auquel on a à faire. En pénétrant dans une bibliothèque, on fait l’expérience physique d’une entrée dans la culture. Nous nous situons de façon concrète au milieu de livres et prenons conscience de façon tangible de tous les savoirs que renferme l’endroit. Au conservatoire, on passe de l’auditeur à l’acteur. On stimule la création et l’ouverture d’esprit. 
C’est ici que naissent les créateurs de demain. Et je crois que cela véhicule une idée d’importance quant à l’éducation artistique. Ces lieux rappellent à ceux qui les fréquentent que la culture n’est pas seulement l’affaire d’une élite qui en hériterait «naturellement». Mais qu’elle est avant tout question de transmission. Et que chacun y a droit.

[On retrouvera cet entretien dans l'intégralité du dossier consacré à la culture et aux classes moyennes dans le magazine Muze n°77 octobre/novembre/décembre 2014]

16 janvier 2015

POUR PIERRE-LOUIS SUET, notre doyen, notre ami, un hommage...

Pierre-Louis Suet entouré de sa fille Eve-Marie et de son fils Arnaud le jour de la remise de ses Palmes académiques




Cher Pierre-Louis, Cher Doyen,
Tu es mon plus vieil ami ici et je te dois une grande partie de ce que je suis. Celle de m’avoir offert mon premier cours à l’université d’Avignon après avoir été mon professeur. Et quel professeur, celui qui concilie la culture humaniste avec le talent qu’il faut pour nous rappeler que l’imagination doit aussi arriver à l’heure et qu’elle ne souffre aucun retard. Comme je te l’ai dit lorsque tu m’as fait l’honneur de te remettre les palmes académiques, tu sais offrir à chacun d’entre nous l’une des choses les plus précieuses qui soit car tu sais nous donner confiance en nous, alors même que nous sommes maladroits et que nous le savons, tu nous montres que tu es fier de nous, alors même qu’on ne mérite pas toujours cette fierté, tu nous apprends le courage d’être là chaque jour pour nous rappeler avec force que nous sommes là par vocation et que nous devons mériter notre place, pour nos jeunes, pour nos étudiants dont tu es si fier, nos étudiants dont tu parles si longtemps après qu’ils nous aient quitté pour vanter leurs mérites et leurs talents. Tu te souviens de tous. Tu es toi aussi un homme de talent, tu as tous les talents, manuels, intellectuels, spirituels, le sens de la réplique bien sentie et tu sais aussi nous apprendre à tous le courage et mieux que le courage encore, le fait de nous dire à tous, de ne jamais nous décourager.

Cher Pierre-Louis, Cher Doyen,
Il est important que je te dise que ce qui nous amène souvent à nous surpasser lorsqu’on a la chance de croiser ton chemin, c’est la peur de te décevoir. On en parle tous si souvent entre nous : ne pas décevoir Pierre-Louis. On dit de certaines personnes qu’elles sont « entières » pour signifier qu’elles sont droites, intègres, passionnées, qu’elles ont des valeurs indéfectibles, solides, imparables. Je crois que tu te reconnaitras dans ce mot «entier», Cher Pierre-Louis, et dans ces qualités suprêmes dont tu es habité que sont celles de la loyauté et de la fidélité : fidèle à Chantal qui est autant ton amour que ton amoureuse, à tes enfants, à ton petit fils dont tu étais si fier de me montrer les premières photos, à ta maman, à ta famille, à tes valeurs, à tes étudiants, à ton équipe, à ton département, à ta faculté, à tous les personnels que tu côtoyais, fidèle à tes principes, à ton caractère bien trempé, à ton métier, à ton université, à ta ville, à Laroue, à Saint-Cloud, à ta jeunesse, à tes amis, fidèle à la vie que tu aimais tant, que tu voulais parfaite, pleine, fidèle à cette volonté de relever tous les défis, les plus improbables, les plus incroyables,… Il y a une expression que j’aime beaucoup «fétichiste de l’impossible», je crois qu’elle te va à merveille. Tu fais partie de ces personnes d’exception qui rassurent et dont le regard réchauffe le cœur. C’est un privilège inouï d’être ton ami et de mériter cette amitié fidèle. Et, comme nos étudiants qui parlent si bien de toi l’ont écrit dans le couloir de ta salle de multivision : Pierre-Louis, tu es notre nombre d’or.

Cher Pierre-Louis, Cher Doyen,
En tant que Président de notre université, j’écris régulièrement des messages sur le mail de notre établissement destinés à toute notre communauté universitaire. Il arrive souvent, parfois, que des collègues me répondent. Parfois pas. Toi Pierre-Louis dans les cinq minutes qui suivent chacun de mes messages, tu as toujours été le seul à m’envoyer toujours, toujours, à ton tour un message d’encouragement, de bonne réception, un petit signe, un petit baume pour le cœur et l’âme. Cette semaine, tu ne m’as pas répondu, Pierre-Louis, et pourtant mon mail parlait de toi. Je te jure, Pierre-Louis, je te jure que je me suis surpris à attendre longtemps ta réponse, les yeux rivés sur mon écran… Je sais, nous savons tous ici, que tu mettais un point d’honneur à être ponctuel pour tous à tous tes cours, à tous tes rendez-vous, je voulais te dire, mon ami, que pour une fois, nous aurions tous voulu que tu sois très en retard pour ce rendez-vous que tu nous donnes aujourd’hui. Je voulais te dire encore et encore combien tous, nous t’aimons ici, nous t’admirons et saches bien surtout que nous n’aurons de cesse, Cher Pierre-Louis, de penser à toi et de te remercier.