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26 juin 2009

NOS JOURS ET NOS NUITS AVEC MICHAEL ET FARRAH...

À vous autres hommes faibles et merveilleux qui mettez tant de grâce à vous retirer du jeu...

« Pour ceux qui ont la chance de poursuivre leurs études, les années qui suivent le baccalauréat sont sans doute la période la plus intense de la fréquentation des salles de cinéma. Au-delà de cette fréquentation elle-même, quelques visites dans les logements étudiants suffisent à se convaincre de la place, à la fois matérielle et symbolique, que le cinéma peut occuper dans leur quotidien. Affiches grand format qui s’appliquent sur la place murale la plus centrale, photos d’actrices ou d’acteurs qui se mélangent pêle-mêle aux photos d’amis, de famille ou d’amours, pages de magazine en papier glacé déchirées ou soigneusement découpées pour être collées telles quelles sur la porte ou les murs de la chambre. En lieu et place, les posters nous accompagnent jours et nuits et nous permettent, au sens plus propre que figuré de vivre et dormir avec nos icônes. Ainsi, l’imagerie de nos acteurs et de nos stars s’installe dans nombre d’intérieurs estudiantins comme autant de fragments de miroirs, supports esthétiques des choix, des attraits ou des inclinations qui viennent afficher sur les murs l’expression d’un «soi culturel» en formation.


Avec la même force que les posters de Farrah Fawcett ou Michael Jackson de nos années lycées, l’imagerie cinématographique fournit de fait une sorte d’imagerie de transition qui conduit l’adolescent et le jeune adulte vers une imagerie plus adulte et plus solennelle (photographies, reproductions de tableaux, peintures originales). Sans doute faut-il voir là un différentiel dans le pouvoir d’imagination suscité par l’image d’un monde de l’imagerie à l’autre. Si ce rapport singulier des étudiants à l’affiche de cinéma caractérise bien une relation particulière à l’œuvre cinématographique, il joue également un rôle essentiel dans les processus de présentation de ce soi culturel. Lorsqu’on est étudiant, cette présentation de soi institue avec ceux qui entrent dans notre chambre le ton de possibles affinités et «trie» quasi immédiatement ceux qu’elle met en confiance et ceux qu’elle va éloigner d’emblée. En ce sens, l’affiche de cinéma, support délégué de l’œuvre qu’elle représente, devient également support délégué d’une «mise en accord» relationnelle avec ceux qui vont habiter avec la même proximité les films de notre vie. Au même titre que les autres objets culturels qui façonnent profondément notre personnalité tout au long de notre vie, les films et les stars que l’on déclare aimer nourrissent nos parentés sociales et, par conséquent, excluent ceux qui ne sauraient entrer dans notre famille culturelle ». Farrah, Michael, Je vous suis reconnaissant, infiniment, vous êtes de ma famille. (extrait du 128, Sociologie du cinéma et de ses publics)